Au sein d’une exploitation agricole, toute production nécessite la combinaison de trois facteurs: le capital foncier, le capital d’exploitation et le capital travail (NATOLOJANAHARY, 2011). Ce sont les piliers d’une agriculture malgré les évolutions dans le secteur. A Madagascar, la superficie moyenne des exploitants agricoles est de 45ares (BRIET P. 2007). Elle est marquée par des divisions en plusieurs petites parcelles avec une polyculture dispersée. Le niveau d’équipement agricole est essentiellement manuel d’où la demande en main d’œuvre élevée.
Les systèmes de cultures pratiqués dans le pays sont essentiellement pluviaux, ce qui entraîne la concentration de travail à certaine période et une forte demande de main d’œuvre. Si la demande est supérieure à l’offre (capacité de travail de la main d’œuvre familiale inférieure) l’exploitant a le choix entre diminuer la demande ou augmenter l’offre en décalant ou laisser certaines opérations. Le nombre insuffisant d’actifs de la famille disponibles pour les travaux agricoles requiert un apport de main d’œuvre de l’extérieur. Selon Sandron (2007), ce marché est socialement segmenté dans la mesure où les offreurs et demandeurs d’emplois sont issus d’une même communauté et entretiennent des relations relativement proches.
La typologie des exploitations agricoles à Madagascar
Il s’agit d’une classification des exploitations agricoles à Madagascar. Elle va servir de base dans l’étude de la main d’œuvre salariée agricole du pays.
Présentation de la typologie des exploitations agricoles malagasy
Une typologie est une démarche méthodique consistant à définir ou étudier un ensemble de types, afin de faciliter l’analyse, la classification et l’étude de réalités complexes. Dans cette situation, c’est une catégorisation par main d’œuvre correspondant à des facteurs déterminants qui permettent de distinguer clairement les types .
Caractéristiques des catégories d’exploitations
D’après la typologie, il y a trois types d’exploitation agricole à Madagascar. Pour mieux comprendre le recours à la main d’œuvre salariée .
Exploitation familiale :
L’exploitation familiale est une forme d’organisation de la production agricole caractérisée par des liens qui unissent la famille et l’unité de production avec un recours au travail familial. La priorité d’un agriculteur familial est de faire vivre les siens grâce à son exploitation agricole.
Les membres de la famille participent aussi à d’autres activités que la production agricole, localement ou en migrant. L’exploitation dépend de la main-d’œuvre familiale, mais elle peut embaucher des travailleurs de façon temporaire, échanger de la main-d’œuvre avec ses voisins ou dans un cadre de relation familiale plus large. Les relations réciproques sont importantes ici pour les échanges des facteurs productifs ou des produits (BELIERES, 2014).
D’après, la typologie dans l’étude faite par David BENZ, l’exploitation agricole à Madagascar est caractérisée par la dominance des exploitations familiales. En général, elle se caractérise par les spécificités suivantes :
– des exploitations constituées en moyenne de 4 à 6 personnes,
– une répartition des tâches entre les membres du ménage (femme, homme, enfants),
– de petites superficies disponibles (30 à 200 ares),
– un faible niveau de mécanisation,
– un recours à l’entraide entre familles de la communauté rurale et aux échanges non marchands,
– une faible utilisation d’intrants et d’engrais chimiques,
– la prédominance des cultures vivrières (riz, maïs, manioc),
– des revenus issus d’activités de polyculture-élevage et de la pluriactivité (salariat, artisanat, commerce),
– des dépenses affectées essentiellement à la nourriture et un faible accès aux crédits (IMF) en raison d’un taux d’intérêt jugé trop élevé. (Année internationale de l’Agriculture familiale à Madagascar, 2014).
Exploitation patronale :
L’exploitation patronale est constituée d’exploitations relevant de formes familiales dans la mesure où elle en partage de très nombreuses caractéristiques, mais elle s’en distingue par un recours structurel au travail salarié. L’agriculture patronale désigne des formes d’organisation de la production agricole dont les exploitations combinent du travail familial et du travail salarié permanent qui introduit le rapport salarial dans le fonctionnement de l’exploitation agricole.
La famille possède la majorité du capital et, au moins, un de ses membres gère l’unité de production. Le capital relève essentiellement du patrimoine familial, mais il ne faut pas exclure les participations externes à la sphère familiale, sous réserve que celle-ci conserve la maîtrise des décisions d’affectation des ressources (BELIERES, 2014). Après l’exploitation familiale, c’est l’exploitation patronale qui est le plus pratiqué à Madagascar avec un pourcentage de 34%. A Madagascar, l’exploitation patronale est surtout composée par les mains d’œuvres familiales avec un recours à la main d’œuvre salariée temporaire car la présence des salariés permanents dans l’exploitation est de 1% selon la typologie des exploitations agricoles à Madagascar.
Exploitation capitaliste :
L’exploitation capitaliste désigne des formes d’organisation de la production agricole dont les exploitations mobilisent exclusivement du travail salarié. A Madagascar, le nombre des exploitations capitalistes est encore faible par rapport à l’effectif des deux autres types .
Elle se définit par l’appropriation privée des moyens de production par une personne morale. Ensuite il y a le rapport salarial entre le détenteur des moyens de production et les travailleurs quel que soit leur niveau de qualification. Pour finir, par la recherche d’un certain niveau de rémunération du capital investi via le taux de profit, l’exploitation capitaliste cherche à maximiser ses bénéfices (BELERES, 2014). A Madagascar, l’exploitation capitaliste ne représente que 0.6% des exploitations agricoles. Elles sont surtout localisées dans les zones à grandes productivités agricoles comme dans les greniers à riz de Madagascar.
Différence entre mains d’œuvres temporaire et permanent :
Les ouvriers agricoles font partie de la main d’œuvre flottante qui participe aux travaux de labour, repiquage, sarclage et récolte. Ils sont engagés de façon permanente ou saisonnière à un taux fixé d’avance.
D’après Le Bourdiec dans son ouvrage « Hommes et les paysages du riz à Madagascar » ; les salariés permanents sont l’apanage des grandes plantations spécialisées dans les produits tropicaux. Pour les maintenir sur place, on leur accorde souvent quelques ares de rizières dont ils peuvent garder la récolte. Ce premier exemple souligne la complexité des modes de fairevaloir : « ici, salariat et droit d’usage des terres se combinent sans porter préjudice ni au salarié, ni à l’employeur. Le cas se complique au moins une fois dans l’année, au moment de la coupe ou de la récolte, qui nécessite un afflux d’ouvriers agricoles saisonniers : ceux-ci demandent des salaires et une ration de riz comparables aux autres pour compenser le droit de culture qu’ils n’ont pas ! ».
Les journaliers, par contre sont plus difficiles à saisir car l’offre de l’emploi est extrêmement fluide et en dehors des migrations saisonnières connues, comme celle qui se dirige tous les ans vers l’exploitation du Lac Alaotra, il est malaisé de les dénombrer. Dès qu’ils en ont la possibilité, un cultivateur ou une repiqueuse cherche à louer ses bras pour accroître ses revenus. Par conséquent, la seule façon de déterminer l’ampleur du recrutement journalier ou épisodique réside dans l’analyse du taux de rémunération.
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Table des matières
INTRODUCTION
1 MATERIELS ET METHODES
2 RESULTATS
2.1 La typologie des exploitations agricoles à Madagascar
2.2 Les caractéristiques de la main d’œuvre agricole à Madagascar
2.3 Importance de la main d’œuvre salariée agricole pour chaque catégorie d’exploitation
3 DISCUSSIONS
3.1 Une exploitation agricole disposant une quantité abondante de main d’œuvre familiale
3.2 La MOS saisonnier permet d’avoir du travail même en période morte
CONCLUSION
Bibliographie
ANNEXE