La transmission du patrimoine à travers les testaments
Historiographie
Vaste sujet qu’est celui de la mort. Depuis toujours, les hommes et les femmes ont dû faire face à cette fin inévitable qui est celle de la vie. Dans notre société contemporaine, l’humain défie la mort et repousse toujours plus loin les limites de la médecine. La possibilité d’une vie éternelle grise et fascine ce dernier. C’est aussi le cas dans des sociétés plus éloignées de la nôtre. Même si cette volonté d’éternité n’est pas construite de la même façon, elle est bien présente. La mort est à appréhender différemment. Dans cette société angevine de la fin du Moyen Âge, l’angoisse face à la mort se construit plus dans une logique religieuse d’accession au salut et à une vie éternelle, céleste, après la vie terrestre. Les hommes et les femmes agissent pour leur salut et prennent des dispositions. Ces dispositions révèlent une acceptation de cette imminence de la mort. Les hommes et les femmes de notre époque sont différents. Ils agissent eux aussi pour cette éternité mais ils n’acceptent pas toujours cette fatalité qu’est la mort.
Il est donc intéressant de se pencher sur ce sujet de la mort dans des sociétés différentes de la nôtre. Cette étude sur la mort inscrit l’historien qui s’y intéresse dans son temps et lui permet d’appréhender les différentes attitudes de l’humain face au décès. Il est d’autant plus intéressant de s’y pencher pour la période du Moyen Âge car celle-ci est« entourée d’un voile obscur assez morbide ». Dans l’imaginaire collectif, le Moyen Âge est accablé par les pires fléaux. Les hommes et les femmes subissent les guerres, les épidémies, la famine et la mort prématurée. La mort paraît monnaie courante dans ces sociétés passées. L’intérêt de l’historien est de se détacher de cet imaginaire collectif.
L’histoire culturelle, un nouveau regard posé sur les testaments
Fille de l’histoire des mentalités, l’histoire culturelle s’impose dans les années 1980. C’est le domaine de la pensée claire selon M. Vovelle. Il faut attendre les années 1980 pour voir apparaitre des travaux portant sur « l’ici-bas » avec de nouveau des études sur les testaments. On voit un renouveau du travail sur la mort, l’individu est pensé comme un sujet pensant, réfléchissant à la mort et à tout ce qu’elle engendre chez lui. Selon Dominique Kalifa l’histoire culturelle centre son regard sur les activités humaines et leur interprétation culturelle, c’est-à-dire « l’histoire sociale des représentations ». C’est une histoire qui va s’intéresser à l’humain en tant qu’être biologique mais aussi en tant « qu’individu culturel » pensant et acteur. Par extension, on peut donc s’intéresser à la capacité d’action d’un individu face à sa propre mort avec la mise en place d’un testament.
L’aube du XXIe siècle et le second renouveau de l’étude des testaments
Depuis quelques années, nous voyons une évolution du regard posé sur la source testamentaire. La mort n’est plus le seul objet d’étude. Les historiens mettent l’accent sur l’individu en tant que tel, on fait « parler les morts par leurs testaments ». On interroge les sources pour savoir comment l’individu s’inscrit dans la société de son époque, comment il vit, comment il interagit avec son environnement social, ce qu’il pense. On ne s’intéresse plus à ce que la mort provoque chez les individus. En effet, le regard s’inverse, l’idée étant de savoir ce que l’individu pense de la mort et comment, par l’intermédiaire des sources traitant de la fin de vie, on peut reconstituer l’environnement et les cadres de vie des hommes et des femmes de la fin du Moyen Âge. Les historiens étudient désormais « les configurations sociales dans lesquelles les relations entre les vivants et les défunts se sont trouvés enchâssées ». L’historien s’intéresse donc beaucoup plus aux cercles familiaux, aux cercles sociaux de transmission par l’intermédiaire des sources sur la mort.
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Table des matières
INTRODUCTION
Historiographie
État des sources
Présentation de la source
Bibliographie
LA TRANSMISSION MATÉRIELLE À TRAVERS LES TESTAMENTS EN ANJOU À LA FIN DU MOYEN ÂGE : COUTUME, PATRIMOINE, CERCLES SOCIAUX
1. Les mécanismes de la transmission
Ce que dit la coutume en matière de transmission
Les facteurs d’évolution de ces mécanismes de transmission
L’individu et sa place par rapport à la coutume
2. La transmission du patrimoine à travers les testaments
Le cadre de vie matériel des angevins à la fin du XVe siècle
Le patrimoine : révélateur de la place de l’individu dans la société ?
Une existence de « biens sexués » ?
3. Une « sociologie de la transmission »
Le testament comme outil sociologique
L’ancrage sociale du testateur et les cercles sociaux de transmission
Questions sur la parenté
CONCLUSION GÉNÉRALE
ANNEXES
Éditions de textes
Normes d’édition
1.1. Archives départementales de Maine-et-Loire, 5e 121-1092, testament de Jeanne de la
Haye, 10 juillet 1522
1.2. Archives départementales de Maine-et-Loire, 5e 5 531, testament de Bertrand
Lebouteiller, 29 août 1540
1.3. Archives départementales de Maine-et-Loire, 5e 121 1094, testament de Pierre Leroy,
15 juillet 1523
1.4. Archives départementales de Maine-et-Loire, 38G 3, testament de Perrine le Mal, 27
janvier 1522
TABLE DES ILLUSTRATIONS
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