La transformation du paysage urbain londonien

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La décision d’une ca ndidature

Les Jeux Olympiques de 2004 étant confiés à Athènes et connaissant l’alternance généralement mise en oeuvre dans la désignation des villes hôtes suivant les continents, a BOA décida qu’une candidature européenne et donc britannique ne possédait que peu de chances d’aboutir en vue de remporter l’organisation des JO de 2008. Le projet de préparation d’une candidature n’a plus été considéré comme une priorité même si les quatre groupes de travail se réunissaient régulièrement entre 1997 et 2000 visant une candidature pour les Jeux de 2012 sans avoir pour autant de budget et d’engagement officiel de la part des autorités et parties prenantes. La période précédant l’officialisation de la candidature Olympique de Londres a permis de construire les fondations du projet londonien dont la reconnaissance et l’adhésion politique étaient les objectifs principaux à atteindre. Cette étape de pré-candidature a apporté à Londres les grandes orientations de son projet, aussi bien urbaines qu’institutionnelles, ce qui a par la suite permis de lancer concrètement la candidature Olympique de Londres.
C’est le manque de coordination du gouvernement local qui avait en partie fait défaut à Londres lors des élections précédentes où la BOA lui avait préféré Birmingham et Manchester. Le manque de lisibilité dans la gouvernance locale de la capitale a été effacé en 2000, lorsque le poste de Maire de Londres et la Greater London Authority (GLA) furent créés. La GLA, composée du Maire et d’une assemblée élue couvre les 32 municipalités de l’agglomération londonienne et a pour objectif de déterminer les stratégies de gouvernement de la ville en promouvant son développement économique, social et urbain. Le nouveau poste de Maire quant à lui donne le devoir à la personne élue de produire un plan afin de guider le développement urbain de la ville14. Ces autorités locales nouvellement créées ont permis d’apporter à Londres une vision plus cohérente de sa gestion territoriale, offrant un interlocuteur désigné pour les enjeux fonciers et de transports.
Bien avant l’officialisation d’une candidature, de nombreux sujets doivent être explorés par le Comité National Olympique du pays afin de repérer les enjeux cruciaux qu’implique une candidature Olympique. Dans un premier rapport rédigé en 2000, la BOA examine les emplacements pouvant répondre à la tenue des JO avec le Village Olympique (village des athlètes) comme principal élément et présente trois scénarios potentiels pour accueillir les compétitions sportives (Fig. 6) :
– L’Ouest de Londres : Cette première proposition mettait le stade réhabilité de Wembley au centre de la candidature, dispensant ainsi le projet de la construction d’un nouveau stade Olympique. Cette idée d’accueillir les JO à l’Ouest de Londres promettait un lien historique avec les Jeux de 1908 et 1948 ainsi que des facilités logistiques, représentées par la proximité de l’aéroport d’Heathrow. Ce scénario fut pourtant abandonné et les solutions de repli de Northholt et de Southall n’apportaient pas les garanties nécessaires sur la disponibilité des terrains.
– Le Nord-Est de Londres (Picketts Lock) : Cette option fut envisagée du fait de la recherche à l’époque d’un site pour accueillir un stade d’athlétisme national mais n’a pas été retenue à cause des difficultés d’accès liées à son éloignement du centre ville de Londres et de la non concrétisation du projet de stade pour les championnats du monde d’athlétisme de 2005.
– L’Est de Londres (Stratford) : L’alternative de proposer des Jeux à l’Est de Londres fut envisagée suite aux problèmes aperçus à Wembley et avait pour avantage d’offrir de grands espaces libres ainsi que des accès corrects et faciles. Les emplacements alors repérés sont Hackney Wick / Eastway et Stratford Rail Lands.
Pour orienter les choix, obtenir des informations et prendre des décisions, la BOA s’appuyait sur des critères importants et correspondant aux impératifs Olympiques tels que l’accessibilité (liaison par routes et voies ferrées), l’héritage (utilisation de sites existants dans la mesure du possible), les temps de trajet (au maximum inférieur à 30 minutes depuis le village des athlètes) ou encore la conformité aux exigences des Fédérations Internationales (espace suffisant pour les aires de compétition). L’étude fut approfondie et de nouveau présentée en 2001 au maire et à la GLA qui se positionnaient en premier lieu pour des Jeux à l’Est de Londres où les possibilités de réhabilitation étaient plus importante que dans les deux autres options. Le rapport a par la suite été poursuivi avec de nouveaux éléments, enquêtes et analyses, jusqu’en 2002 où les conclusions de l’étude furent rendues publiques et à l’issu de quoi la BOA vota à l’unanimité en faveur d’une candidature éventuelle. Puis, c’est Londres qui, en novembre 2002 fut désignée comme la ville qui allait porter les espoirs Olympique de la Grande-Bretagne pour les Jeux de 2012. C’est à partir de ce choix de la BOA de porter la candidature de Londres que les différents soutiens ont commencé à émerger, ce qui permis à Londres d’améliorer la crédibilité de son projet.
Dans le processus de candidature Olympique, un dossier doit témoigner d’un soutient important de nombreuses parties prenantes sous peine de voir ses chances de succès se réduire par preuve de manque de confiance. Les trois principaux appuis dont nécessite une candidature sont le Comité National Olympique (ici BOA) qui la soumet au Comité National Olympique, les autorités locales qui sont les signataires du Contrat Ville Hôte ainsi que les garants des terrains et infrastructures de transport et le gouvernement qui fournit les garanties financières à l’organisation et enfin l’approbation politique d’un tel projet. Afin de proposer un dossier solide pour tenter d’accueillir les Jeux de 2012, la BOA a entamé dès 2000 une campagne de promotion de la candidature de Londres auprès des acteurs importants du dossier. C’est à partir de janvier 2003 que le gouvernement britannique commença à montrer son adhésion au projet Olympique par le biais du Ministère de la Culture, des Médias et des Sports (DCMS) qui dans un premier temps affichait de sérieux doutes sur les chances réelles de réussite du projet londonien. Le soutient de la candidature par le gouvernement britannique qui rejoignait ceux du maire de Londres, de la GLA et de la BOA, eut pour effet immédiat d’officialiser la création du comité de candidature ‘Londres 2012 Ltd’ le 19 août 2003. Une équipe de candidature fut alors formée, dont la charge était de préparer une proposition centrée sur la construction d’un nouveau stade Olympique à l’Est de Londres.
L’appui gouvernemental inconditionnel nécessaire à la bonne préparation d’un dossier efficace s’est exprimé au lancement de la candidature par la création d’un certain nombre d’organismes aidant à superviser les problèmes liés à la future candidature de Londres. Le comité ministériel sur les Jeux Olympiques (MISC 25) avait pour rôle de superviser la progression du processus de candidature tandis que la commission d’enquête du DCMS orientait son travail sur les questions liées aux coûts et aux besoins qu’impliquent des préparatifs Olympiques, alors que le groupe parlementaire pluripartite Olympique était utilisé comme outil veillant à assurer le soutient de tous les partis et de toutes les régions du Royaume-Uni. Malgré certains éléments de politique internationale qui ont poussé le gouvernement britannique a repousser sa participation à la candidature de Londres telle que la crise en Irak de 2003, la candidature Olympique est revenue au premier plan des préoccupations des autorités nationales, ce qui a conduit l’Etat à accorder officiellement son «soutient sans réserve à la candidature»15.
Au niveau régional, depuis leur création en 2000, le maire de Londres et la GLA se sont toujours portés en faveur d’une candidature londonienne en exprimant publiquement leur adhésion au projet dès 2002, sept mois avant le gouvernement britannique. Pour ces entités locales, les préoccupations premières étaient de s’assurer de la compatibilité de possibles Jeux avec le Plan de Londres, qui expose les ambitions urbaines du maire pour la ville. La cohérence d’un tel projet avec les plans à long terme de Londres qui visaient à réhabiliter l’Est londonien a apporté les garanties suffisantes à la GLA pour soutenir considérablement le dossier de candidature de Londres. La mairie de Londres s’est également engagée dans le projet à travers son représentant élu Ken Livingston grâce à la confiance qu’elle avait placé dans l’ambition de réhabiliter une partie de l’Est de la capitale et dont les JO apparaissaient comme une opportunité inespérée de mener à bien une idée préalablement envisagée. Par ailleurs, il était également important que le reste du Royaume-Uni puisse participer à la candidature de telle sorte à ce que les Jeux ne soient pas perçus comme étant la propriété de Londres, c’est pourquoi l’équipe de la candidature de Londres 2012 a créé le Groupe des Nations et Régions (NRG) afin «de représenter les intérêts de toutes les parties du Royaume-Uni et pour garantir que les propositions de la candidature de Londres auraient des répercussions positives sur l’ensemble du Royaume-Uni»16. Ainsi, la candidature de Londres a pu être partagée dans toute la Grande-Bretagne dont 81% de la population s’est révélée favorable à la candidature de Londres pour les Jeux de 201217 (Fig. 7).
Jusqu’alors, Londres a su convertir son ambition onirique en candidature officielle en se basant sur son expérience Olympique, organisatrice des JO de 1908 et 1948 ainsi que sur son attachement fidèle au Mouvement Olympique. Avec la volonté d’enrayer la série négative de candidatures Olympiques initiées par les villes de Birmingham et de Manchester la ville de Londres a cherché à faire preuve d’un soutient inconditionnel de la part des acteurs majeurs de la future candidature. La préparation d’un pays à porter une ville candidate pour accueillir les Jeux Olympique relève donc de multiples facteurs et la simple volonté n’est pas suffisante pour mettre en oeuvre un dossier solide et cohérent.
L’idée d’une candidature pour une ville n’émerge pas de manière hâtive mais est issue d’une réflexion et d’études entamées des années auparavant et doit témoigner de soutiens consistants de nombreux partenaires avant même son officialisation. Cependant, ce travail en amont n’est que la première étape d’un processus Olympique, long, exigeant et éprouvant qui implique un investissement considérable de la part des candidats. La décision de la candidature de Londres pour obtenir l’organisation des Jeux Olympiques de 2012 a conduit la capitale britannique à monter un dossier visant à concurrencer les villes de New York, Madrid, Leipzig, Paris, Moscou, Rio de Janeiro, La Havane et Istanbul, elles aussi élues par leur CNO respectif. Les années qui suivirent furent intenses dans la planification et la programmation du projet Olympique qui devait faire passer Londres du statut de ville candidate à celui de ville hôte des Jeux de la 30ème Olympiade en 2012.

le parco urs olympique

Obtenir l’organisation des Jeux Olympiques apparait pour une ville, sa région, son pays, comme une occasion propice à l’investissement et à des modifications urbaines importantes au vu des possibilités et avantages offerts par la tenue de ce mégaévènement.
L’accueil des JO étant perçu par de nombreuses villes comme une chance rare, une sélection doit être faite parmi les villes portées candidates afin de désigner l’unique ville hôte de l’Olympiade. Cette période de compétition entre les agglomérations candidates permet au CIO de prendre connaissance et questionner les dossiers afin d’avoir un aperçu clair et approfondi des stratégies proposées par chaque ville candidate dans l’optique de l’accueil des Jeux. Une période de deux ans s’engage alors, depuis le choix des Comités Nationaux Olympiques de porter une candidature jusqu’à l’élection de la ville hôte par les membres du CIO, où la préparation minutieuse des projets doit aboutir «à la tenue de Jeux excellents, sans concession quant à l’aire de compétition pour les athlètes mais répondant aux besoins de la ville et de la région afin d’assurer un héritage durable et positif»18.
Le chemin jusqu’à l’élection de la ville hôte se décompose en deux grandes périodes qui sont la phase d’invitation et la procédure de candidature. La phase d’invitation, mise en place seulement depuis le processus de candidature pour les Jeux de 2024 est une période située en amont de l’officialisation des candidatures des villes et ouvre le dialogue entre le CIO et les futures villes candidates. Lors de cette période, l’objectif du CIO est d’orienter les villes vers la prise en compte de certaines notions importantes comme l’héritage et la durabilité afin que leur projet puisse répondre à leurs besoins de développement sur le long terme. C’est seulement à l’issue de cette phase d’invitation, qui ne demande pas d’engagement formel, que les CNO décident de s’investir ou non dans la procédure de candidature en nommant officiellement une ville candidate (Fig. 8). Deux ans avant l’élection de la ville hôte et neuf ans avant la tenue des Jeux Olympiques, la procédure de candidature s’enclenche, décomposée en trois grandes étapes. Le dossier de candidature que constitue chaque ville se divise en 17 thèmes et doit être déposé en trois parties, une à la fin de chaque grande étape pour être soumis à l’analyse de la commission d’évaluation du CIO. Ce dossier présente l’ensemble des réponses officielles apportées aux problématiques et questions posées par le CIO et doit exposer précisément la manière dont la ville conçoit et prévoit d’organiser les Jeux sous différents aspects. Après chaque remise de dossier, la commission exécutive du CIO confirme le passage des villes candidates à l’étape suivante.
La première étape de la procédure de candidature offre la possibilité aux villes candidates d’exprimer leurs intentions concernant la vision, le concept des Jeux et la stratégie envisagée pour mener à bien ce projet. Cette phase permet non seulement aux villes d’élaborer de solides fondements à leur concept devant entrer en conformité avec les plans de développement de la ville préétablis, mais également de chercher à obtenir un soutien national, aussi bien de la part du grand public que des futurs acteurs importants du projet Olympique.
L’étape deux permet au CIO de s’assurer que les villes candidates possèdent les dispositifs techniques nécessaires et suffisants en regardant la gouvernance proposée, les aspects juridiques et le financement des sites de chaque projet. C’est ici le soutien politique mais aussi des partenaires publics et privés qui est étudié, de telle sorte à vérifier que la candidature soit suffisamment solide pour faire face à de futurs défis d’une ampleur égale à l’importance de l’Olympisme dans la préparation et l’organisation des Jeux. Au cours de cette phase, le CIO invite les villes à participer au programme des observateurs aux Jeux Olympiques, faisant part de la stratégie d’apprentissage du CIO et porté par le transfert de connaissances (TOK). Le forum d’échange entre le CIO, la ville hôte des Jeux précédents, les Comités d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO) existants et les villes candidates a pour but de faire bénéficier les possibles futures villes hôtes des compétences acquises par les anciennes villes organisatrices en leur faisant découvrir et expérimenter les rouages et coulisses des Jeux.

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Table des matières

Introduction
_ Avant-Propos
I _ Londres, théâtre des Jeux Olympiques de 2012
II _ 1 _ Stratford et la Lower Lea Valley
II _ 2 _ Les différents sites de compétition
II _ 3 _ Les équipements sportifs
II _ 4 _ Le nouveau visage de l’Est londonien
I _ 4 _ Le cadre institutionnel Olympique
I _ 5 _ Le projet «Londres 2012»
Un vaste lieu dégradé
Le parc Olympique, coeur du projet
Le vélodrome, pour la pérennité
L’Olympisme et la nécessié du transport
L’organisation de la gouvernance
Le concept de la candidature
La réhabilitation du site, première étape
Les infrastructures existantes de renommée mondiale
Le stade Olympique, transformation symbole
Stratford, nouveau noeud des réseaux de transport
La construction du parc, deuxième étape
Les équipements temporaires, force de Londres 2012
Le stade de Beach Volleyball, Londres pour décor
Westfield Stratford City, deuxième méga-projet pour Stratford
Le LOCOG, institution centrale
Londres comme décor de la célébration Olympique
L’ODA, organe aménageur
L’héritage comme maître-mot des Jeux
II _ La transformation du paysage urbain londonien
III _ 1 _ Les Jeux Olympiques, une simple étape
III _ 3 _ L’Est londonien, un territoire régénéré
III _ 4 _ L’héritage de 2012
III _ 2 _ Le parc Olympique, héritage de la pensée urbaine anglo-saxonne 2012 : la configuration Olympique
De village Olympique à East Village
L’héritage direct
L’espace urbain anglais
2015 – 2015 : Les transformations post-JO
La convergence du parc Olympique
L’héritage indirect
Le parc Olympique, nouvel espace commun londonien
2015 – 2030 : Le Stratford hérité
La stratégie urbaine future pour l’Est londonien
Londres 2012, pionnier de nouveauxJeux Olympiques
La relance de la création d’espace urbain
_ Conclusion
_ Acronymes
_ Bibliographie

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