La transformation du muscle en viande

La transformation du muscle en viande

Revue des travaux antรฉrieurs

En production animale, les muscles squelettiques sont dโ€™une importance majeure. En plus de permettre le maintien de la posture, la locomotion, de contribuer ร  la thermogรฉnรจse et au mรฉtabolisme de lโ€™animal, les muscles squelettiques sont une source trรจs importante de protรฉines en alimentation humaine. Ils composent entre 35 et 60 % de la masse corporelle des animaux dโ€™รฉlevage. Le muscle squelettique est constituรฉ dโ€™environ 70-78% dโ€™eau, 19-25 % de protรฉines, 1-6 % de lipides, 1-2 % de sucres et 1-2 % de sels minรฉraux (Pearson et Young 1989; Geay et al. 2001). Le muscle squelettique a la capacitรฉ de sโ€™adapter tant sur le plan morphologique, physiologique que mรฉtabolique ร  divers stimuli; un caractรจre bien dรฉcrit par le terme plasticitรฉ (Pette 2001). La synthรจse et la dรฉgradation protรฉiques jouent un rรดle clรฉ dans ce processus. La complexitรฉ de la structure myofibrillaire requiert une rรฉgulation rigoureuse du renouvellement protรฉique afin de prรฉserver lโ€™intรฉgritรฉ musculaire. Selon les conditions auxquelles le muscle est soumis, la plasticitรฉ mรจnera ร  un gain (hypertrophie) ou ร  une perte (atrophie) de masse musculaire.

Le muscle squelettique est constituรฉ de milliers de fibres musculaires, unitรฉ structurale du muscle, de vaisseaux sanguins qui permettent lโ€™apport et lโ€™รฉlimination des substrats nรฉcessaires au bon fonctionnement des cellules, de cellules nerveuses qui sont responsables de la transmission de lโ€™influx nerveux, dโ€™adipocytes qui servent de rรฉserves รฉnergรฉtiques et de tissus conjonctifs qui jouent un rรดle de tissu de soutien et de protection (Bailey et Light 1989; Lawrence et Fowler 2002). En effet, chacune des fibres est entourรฉe de tissu conjonctif appelรฉ endomysium. Une enveloppe plus รฉpaisse de tissu conjonctif regroupe plusieurs fibres afin de former les faisceaux; il sโ€™agit du pรฉrimysium (Lawrie 1998). Cโ€™est dโ€™ailleurs dans ce tissu que lโ€™on retrouve la majoritรฉ des vaisseaux sanguins irriguant le muscle. Les diffรฉrents faisceaux sont finalement regroupรฉs en muscle par une gaine encore plus รฉpaisse appelรฉe รฉpimysium. Cette diffรฉrentiation trรจs hiรฉrarchique et dรฉfinie entre ces tissus est trรจs utile dโ€™un point de vue didactique afin de dรฉcrire la matrice extracellulaire, mais reste, selon certains auteurs, une approche simplifiรฉe (Gillies et Lieber 2011). Lโ€™arrangement tridimensionnel de ces tissus et leurs interactions seraient beaucoup plus complexes et de nombreuses questions demeurent sans rรฉponse pour le moment quant ร  leur nature (Gillies et Lieber 2011). Le muscle est donc constituรฉ dโ€™un agencement de faisceaux qui lui confรจrent forme et fonction, tandis que ces derniers sont constituรฉs dโ€™un agencement de fibres (Figure 1.1).

Morphologie

La fibre musculaire est lโ€™unitรฉ structurale du muscle. Il sโ€™agit dโ€™une cellule trรจs allongรฉe pouvant mesurer quelques centimรจtres (Pearson et Young 1989). Elle est formรฉe par la fusion de plusieurs cellules lors du dรฉveloppement embryonnaire (Picard et al. 2002). Elle possรจde donc plusieurs noyaux et est dite plurinuclรฉรฉe. Chez ces cellules, le cytoplasme se nomme sarcoplasme et on y retrouve la myoglobine, une chromoprotรฉine responsable dโ€™emmagasiner lโ€™oxygรจne au sein des muscles (Livingston et Brown 1981; Pearson et Young 1989). Des mitochondries sont รฉgalement prรฉsentes de mรชme que le rรฉticulum sarcoplasmique responsable de la rรฉgulation calcique. Dans le sarcoplasme on retrouve รฉgalement des enzymes, des lysosomes, des granules de glycogรจne et des lipides (Pearson et Young 1989; Dufour et Renou 2002). Par contre, ce qui est particulier chez ces cellules, cโ€™est la prรฉsence de milliers de fibrilles organisรฉes de maniรจre trรจs structurรฉe. Les fibres musculaires sont constituรฉes ร  lโ€™image des faisceaux dโ€™une certaine faรงon, cโ€™est-ร -dire quโ€™elles regroupent un ensemble de myofibrilles parallรจles qui occupe prรจs de 80 % du volume de la fibre (Pearson et Young 1989; Figure 1.2).

La myofibrille est lโ€™รฉlรฉment qui confรจre aux cellules musculaires leur principale fonction soit la capacitรฉ de contraction. Elle est constituรฉe de deux types de myofilaments, soit un dit รฉpais et principalement composรฉ de myosine et un dit mince et composรฉ dโ€™actine (Figure 1.2). Cโ€™est dโ€™ailleurs ces myofilaments qui confรจrent lโ€™apparence striรฉe au muscle squelettique. ร€ la surface des myofibrilles, on observe une alternance de bandes sombres aussi nommรฉes bandes A et de bandes claires aussi nommรฉes bandes I. La bande A est composรฉe de filaments dโ€™actine et de myosine, la bande I de filaments dโ€™actine et la zone H (zone claire au centre de la bande A) de myosine (Pearson et Young 1989; Lawrie 1998). Au centre des bandes I on retrouve la ligne Z qui lie les filaments dโ€™actine ensemble. Au centre des bandes A, on retrouve la ligne M oรน sโ€™attachent les queues de myosine. Les filaments รฉpais se dirigent dans des directions opposรฉes ร  partir de la ligne-M, et ce, vers la ligne Z. On appelle sarcomรจre lโ€™unitรฉ de la myofibrille comprise entre deux lignes Z. Le sarcomรจre est formรฉ par la moitiรฉ dโ€™une bande I, une bande A et une seconde moitiรฉ de bande I. Lorsquโ€™il y a contraction, les filaments dโ€™actine ยซ glissent ยป vers le centre des filaments de myosine engendrant un raccourcissement des sarcomรจres qui se manifeste par des bandes I plus courtes et des bandes A constantes. La myosine et lโ€™actine sont donc les protรฉines dont lโ€™interaction produit la contraction.

La myosine est une protรฉine hexamรจrique composรฉe de deux chaรฎnes lourdes et quatre chaรฎnes lรฉgรจres (deux alcalines et deux de rรฉgulation; Pearson et Young 1989). Les chaรฎnes lourdes sโ€™entrelacent en double hรฉlice dans la partie C-terminale pour former la partie fibreuse de la protรฉine, responsable de la structure en filament. Elles deviennent globulaires dans la partie N-terminale pour former deux tรชtes. Chacune des tรชtes est ยซ enveloppรฉe ยป par deux chaรฎnes lรฉgรจres (une de chaque type) responsables de la rรฉgulation de la vitesse de contraction (Pearson et Young 1989). Les tรชtes ont la capacitรฉ dโ€™hydrolyser lโ€™ATP, de se lier ร  lโ€™actine et de changer de conformation (Pearson et Young 1989). Il existe plusieurs isoformes des chaรฎnes lourdes et lรฉgรจres de myosine et leur assemblage dรฉtermine les caractรฉristiques mรฉtabolique et physiologique de la fibre (Pette et Staron 2000). Cโ€™est dโ€™ailleurs pour cette raison que la myosine est aujourdโ€™hui un marqueur molรฉculaire important pour dรฉterminer le type de fibre musculaire (Pette et Staron 2000). Lโ€™actine est une protรฉine globulaire (G-actine) qui se retrouve sous forme polymรฉrisรฉe dans les myofilaments (F-actine) formant ainsi un double filament hรฉlicoรฏdal (Pearson et Young 1989). Les filaments minces sont formรฉs de lโ€™agencement de ce filament hรฉlicoรฏdal le complexe de la troponine (TnI qui se lie ร  lโ€™actine, TnT qui se lie ร  la tropomyosine et TnC qui se lie au calcium) et la tropomyosine (Pearson et Young 1989; Lawrie 1998). Le complexe de la troponine (I, T et C) et la tropomyosine sont des protรฉines impliquรฉes dans la rรฉgulation calcique de la contraction. Il existe diffรฉrents isoformes de lโ€™actine qui sont trรจs semblables les uns aux autres ne variant que de quelques acides aminรฉs (Clark et al. 2002).

La transformation du muscle en viande

Suite ร  lโ€™arrรชt de la circulation sanguine lors de la mort de lโ€™animal, lโ€™apport en oxygรจne aux diffรฉrents muscles et organes est compromis. Bien quโ€™un certain mรฉtabolisme aรฉrobie puisse perdurer pour les muscles en contact avec lโ€™air ร  la surface des carcasses, cโ€™est plutรดt le mรฉtabolisme anaรฉrobie qui prend le relai pour assurer la production dโ€™รฉnergie pendant un certain temps aprรจs la mort de lโ€™animal. Lโ€™ATP nรฉcessaire aux cellules musculaires est produite grรขce aux rรฉactions faisant intervenir la crรฉatine phosphokinase (CPK), la myokinase ainsi que la glycolyse anaรฉrobie. En ce qui a trait ร  ces rรฉactions, disons que la myokinase permet de convertir deux ADP en ATP et AMP, tandis que CPK permet la production dโ€™un ATP suite au transfert dโ€™un groupement phosphate de la crรฉatine phosphate (CP) vers un ADP (CP + ADP + H+ โ†” crรฉatine + ATP; Pearson et Young 1989). Pour sa part, la glycolyse est une suite de rรฉaction permettant de convertir une molรฉcule de glucose en deux molรฉcules de pyruvate et deux ATP : Glycogรจne Glucose + 2 ADP + 2 NAD+ + 2 Pi 2 Pyruvate + 2 ATP + 2 NADH +2H+ + 2 H2O Cette rรฉaction est commune aux voies anaรฉrobie et aรฉrobie. Ce qui diffรฉrencie ces voies, cโ€™est lโ€™ensemble des rรฉactions permettant de rรฉgรฉnรฉrer les NAD+ nรฉcessaires en prรฉsence ou en absence dโ€™oxygรจne. En effet, lorsque la voie anaรฉrobie est empruntรฉe, le pyruvate est rรฉduit en lactate via la lactate dรฉshydrogรฉnase (LDH), ce qui permet de rรฉgรฉnรฉrer le NAD+ (Figure 1.4).

Aprรจs une courte pรฉriode pendant laquelle la CP fournit lโ€™ATP nรฉcessaire, la glycolyse anaรฉrobie prend donc la relรจve et engendre la production dโ€™acide lactique lors de la rรฉgรฉnรฉration du NAD+, ce qui, combinรฉ ร  lโ€™hydrolyse de lโ€™ATP qui produit des ions H+, a pour effet dโ€™abaisser le pH de la viande (Pearson et Young 1989; Ferguson et Gerrard 2014). Au fur et ร  mesure que le pH chute, certaines enzymes participant au mรฉtabolisme anaรฉrobie sont inactivรฉes, notamment la phosphofructokinase qui a rรฉcemment รฉtรฉ identifiรฉe comme principale responsable de lโ€™arrรชt de la glycolyse postmortem (England et al. 2014). Le pH final de la viande (ou pH ultime) dรฉpendra des rรฉserves de glycogรจne et il devrait รชtre de 5,5-5,7 si la chute est normale. Lorsque la glycolyse anaรฉrobie cesse, ou ne permet plus le maintien dโ€™une quantitรฉ suffisante dโ€™ATP, le rigor mortis est atteint. ร€ ce stade, la concentration en ATP est trop faible pour permettre la sรฉparation du complexe actomyosine. Les tรชtes de myosine ne peuvent plus se dissocier des filaments dโ€™actine et le muscle passe dโ€™un รฉtat pantelant ร  un รฉtat ferme (rigiditรฉ cadavรฉrique). La vitesse de la chute du pH et de lโ€™atteinte du rigor mortis varient en fonction de la typologie des fibres et des rรฉserves รฉnergรฉtiques et par le fait mรชme elles varient entre les muscles, les animaux et les espรจces animales (Pearson et Young 1989; Lawrie 1998; Honikel 2004b). Des facteurs externes comme le stress des animaux avant lโ€™abattage et la tempรฉrature de refroidissement des carcasses ont รฉgalement des impacts importants sur ces processus physiologiques (Pearson et Young 1989; Lawrie 1998).

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Table des matiรจres

Rรฉsumรฉ
Abstract
Table des matiรจres
Liste des tableaux
Liste des figures
Remerciements
Avant-propos
Introduction
Chapitre 1 Revue des travaux antรฉrieurs
1.1 Le muscle
1.1.1 Structure gรฉnรฉrale
1.1.2 La fibre musculaire
1.1.3 La transformation du muscle en viande
1.2 La tendretรฉ de la viande : une caractรฉristique complexe
1.2.1 Duretรฉ de base et collagรจne
1.2.2 Contraction musculaire lors de lโ€™รฉtablissement du rigor mortis
1.2.3 Lโ€™attendrissement de la viande
1.3 La stimulation รฉlectrique et lโ€™amรฉlioration de la tendretรฉ
1.3.1 Prรฉvention du ยซ cold shortening ยป
1.3.2 Altรฉration physique des fibres musculaires
1.3.3 Impact sur la protรฉolyse
1.3.4 Importance majeure du couplage pH-tempรฉrature
1.3.5 Impacts sur les autres paramรจtres de qualitรฉ
1.3.6 Diffรฉrentes mรฉthodes de stimulation
1.4 Conclusion gรฉnรฉrale, objectifs et hypothรจses de recherche
1.4.1 Conclusion gรฉnรฉrale
1.4.2 Objectifs
1.4.3 Hypothรจses
1.5 Rรฉfรฉrences
Chapitre 2 Effects of low voltage electrical stimulation and aging on heavy lamb meat quality
2.1 Rรฉsumรฉ
2.2 Abstract
2.3 Introduction
2.4 Materials and methods
2.4.1 Animal management
2.4.2 Laboratory analyses
2.4.3 Statistical analysis
2.5 Results and discussions
2.5.1 Animals
2.5.2 Temperature and pH decline
2.5.3 Color and drip loss
2.5.4 Cooking loss, tenderness and sensory analysis
2.6 Conclusions and implications
2.7 Acknowledgements
2.8 References
Chapitre 3 Use of electrical stimulation and chilling to enhance heavy lamb meat tenderness
3.1 Rรฉsumรฉ
3.2 Abstracts
3.3 Introduction
3.4 Materials and methods
3.4.1 Treatments and samplings
3.4.2 Laboratory analyses
3.4.3 Statistical analysis
3.5 Results and discussion
3.5.1 Carcasses
3.5.2 Temperature and pH decline
3.5.3 Color
3.5.4 Cooking loss and tenderness
3.5.5 Temperature at pH 6.0
3.6 Conclusions and implications
3.7 Acknowledgements
3.8 References
Chapitre 4 Assessment of postmortem proteolysis and proteases activity to understand lamb meat tenderness and tenderization
4.1 Rรฉsumรฉ
4.2 Abstract
4.3 Introduction
4.4 Materials and methods
4.4.1 Sampling
4.4.2 Groups formation
4.4.3 Meat quality measurements
4.4.4 Proteolysis: troponin-T and desmin degradation
4.4.5 Proteases: calpains, calpastatin and caspase 3/7 activities
4.4.6 Oxydation
4.4.7 Statistical analysis
4.5 Results
4.5.1 Carcass traits and muscle characteristics
4.5.2 Proteolysis: troponin-T and desmin degradation
4.5.3 Proteases: calpains, calpastatin and caspase 3/7 activities
4.5.4 Oxidation
4.6 Discussion
4.7 Conclusions and implications
4.8 Acknowledgements
4.9 References
Conclusion gรฉnรฉrale
Rรฉfรฉrence

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