LA THEORIE, LES MODELES EGC APPLIQUES A DES VILLES SEMI-URBAINES AFRICAINES
Les ménages : l’embrouillamini des ethnies.
Le compte des ménages est le compte le plus important à étudier dans une matrice de comptabilité sociale surtout dans le cas des pays en développement où la distribution des revenus aux ménages est liée à la lutte contre la pauvreté71. Une clarification au niveau des ethnies a été jugée nécessaire même si ce facteur ne rentrera pas forcément en compte dans la désagrégation du compte des ménages. La province du Sud-Ouest regroupe un grand nombre d’immigrés qui sont pour la plupart originaires de la province du Nord-Ouest. En 1990, les immigrés représentaient 16% de la population rurale totale et plus de la moitié de la population de la zone volcanique inférieure. Les immigrés de la province de l’Ouest arrivent en deuxième position, en représentant 8% de la population totale. Les habitants des plateaux (Nord-Ouest et Ouest) représentaient ainsi 62% des agriculteurs de la zone volcanique inférieure et 39% de ceux du couloir de Kumba (Almy et Besong, 1990 : 11). Les étrangers ont commencé à s’installer au Sud de la province au début du siècle, attirés ou poussés à travailler dans les plantations des colons. Une fois sur place, ils se sont rendu compte que la terre était meilleure et plus vaste que chez eux, et ils ont commencé à faire venir leurs familles et à acheter des terrains. De nos jours encore, les travailleurs de la CDC épargnent pour pouvoir acheter la terre auprès des autochtones et ils s’installent de manière permanente. Il n’y a que quelques villages qui résistent à la tentation de vendre la terre, et dans quelques-uns uns d’entre eux dans les zones volcaniques inférieures et supérieures, il n’existe plus de terres du domaine public.
Les facteurs de production
Une terre fertile mais rare
La production de la province du Sud-Ouest est répartie en deux secteurs, un secteur paraétatique constitué de vastes plantations commerciales, et un secteur privé fragmenté en 65 000 petites exploitations en 1990, dont 90% avaient une superficie inférieure à 5 hectares (Almy et Besong, 1990). Les plantations produisent du caoutchouc, des bananes, de l’huile de palme et quelques-unes une d’entre-elles produisent du poivre noir, le tout étant destiné à l’exportation. Ces plantations fournissent un emploi et des services sociaux pour une grande partie de la main-d’oeuvre rurale. Les petits exploitants agricoles produisent du café, du cacao, du plantain, du manioc, du maïs, des arachides, de l’huile de palme, des fruits etc. Tous ces produits sont aussi destinés à l’exportation mais seuls le café et le cacao sont officiellement reconnus comme des produits d’exportation.La moitié de la population agricole de la province du Sud-Ouest, et c’est aussi le cas des agriculteurs de Muea, souffre d’une rareté de la terre engendrée par la proximité des grandes plantations et leur propre surexploitation de cultures arboricoles (café et cacao en premier lieu, caoutchoucs et huile de palme plus rarement). Cette rareté de la terre se traduit par une diminution des périodes de jachères, des problèmes de fertilité et des difficultés temporaires d’accès à la terre. Cela se produit précisément là où les activités agricoles et les marché de produits vivriers sont les plus importants, en particulier à Muea. Sur l’ensemble de la région, 28% de la terre de la zone volcanique inférieure, 8% de « Sands », et 4% du corridor de Kumba, sont incorporés dans les grandes plantations. Ces chiffres excluent les grands planteurs privés de cacao, de caoutchouc et d’huile de palme, la plupart d’entre eux étant situés dans le couloir de Kumba, « Sands », et Mamfe (Almy et Besong, 1990 : 15).
Le capital
Le capital est ici soit celui du facteur terre, soit celui des activités urbaines. Ces deux éléments ont été regroupés dans la matrice de comptabilité sociale en un seul compte, le compte « location ». Il ne regroupe en effet que les dépenses réelles de location des exploitations agricoles et de la location des locaux pour l’exercice des différentes activités urbaines de la ville. On suppose implicitement que le prix non-observable du facteur terre est assimilé au compte du travail familial, ainsi que le prix non-observable de l’utilisation du capital des activités urbaines. C. La main-d’oeuvre agricole et urbaine.
La main-d’oeuvre salariée rurale
Les coûts de préparation de la terre sont très importants dans la province et ils constituent la partie la plus pénible de l’activité agricole. Avant la crise, les agriculteurs dépensaient en moyenne 75 000 F CFA dans de la main-d’oeuvre rurale salariée jeune, masculine et n’exploitant pas de cultures de cacao, pour la préparation de la terre (Almy et Besong, 1990: 17). Dans les départements de Manyu, la main-d’oeuvre saisonnière était constituée de Nigérians et d’habitants des hauts-plateaux. Le travail en commun effectué par l’intermédiaire des Njangy était aussi pratiqué à Manyu ; ailleurs, il était payant. Le travail qui est effectué par des personnes rémunérées est souvent identique au travail tournant des Njangy ; tout dépend de l’urgence du travail à accomplir. Les méthodes de travail en commun des Njangy sont jugées plus agréables même si elles ne sont pas forcément les plus efficaces. Les coûts de main-d’oeuvre, à la journée, sont moins élevés dans le système des Njangy que dans le système de la main-d’oeuvre rémunérée ordinaire, moyennant en contrepartie de la nourriture et des boissons ; d’autant plus que les groupes de Njangy effectuent rarement les tâches spécialisées et laborieuses pour lesquelles les rémunérations élevées sont destinées. A la suite de la crise, les deux systèmes ont réduit leur activité, les agriculteurs ne pouvant plus assurer aussi confortablement la nourriture et les salaires
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Table des matières
Table des matières
INTRODUCTION
I. LA PROBLEMATIQUE : DETERMINER LES IMPACTS DE MESURES MACRO-ECONOMIQUES SUR UN VILLAGE
A. L’environnement d’un village et les impacts de mesures exogènes
B. Une compréhension de l’ensemble de l’économie villageoise
C. La modélisation par une méthode spécifique : le niveau méso-économique
II. LES APPROCHES ET LES OUTILS ACTUELS POUR APPREHENDER LA REALITE VILLAGEOISE
A. L’approche micro-économique peut être quantitative ou qualitative mais elle est toujours spécifique
B. L’approche basée sur les Matrices de Comptabilité Sociale (MCS) : un tableau complet mais statique
C. Les modèles EGC : l’intégration des MCS et des comportements micro-économiques des agents dans un modèle dynamique de prix et de quantité
III. LES DONNEES DE LA RECHERCHE
A. Le Cameroun : un pays riche et hétérogène frappé par la crise
B. Une région anglophone dynamique et liée économiquement au Nigeria
C. Une ville semi-urbaine, pluri-ethnique et constitué d’entrepreneurs
IV. UN PLAN EN TROIS PARTIES
A. La théorie : l’état de la recherche sur les MCS et les modèles EGC de village
B. La description de la ville : la construction et l’analyse des différents comptes de l’économi
C. Le modèle EGC : la construction du modèle et résultats des simulations
PARTIE I : LA THEORIE, LES MODELES EGC APPLIQUES A DES VILLES SEMI-URBAINES AFRICAINES
INTRODUCTION
CHAPITRE I: LES MODELES EGC INTEGRENT LES COMPORTEMENTS MICRO-ECONOMIQUES ET LES MCS DANS DES SYSTEMES DYNAMIQUES
A. L’approche micro-économique est spécifique mais elle ne saisit pas les interactions entre les ménages
B. Les Matrices de Comptabilité Sociales (MCS) mettent en évidence les interactions mais elles sont statiques
C. Les modèles d’équilibre général calculable (EGC) intègrent les comportements des agents avec les MCS dans un système dynamique de prix et de quantité
CHAPITRE II: LES MATRICES DE COMPTABILITE SOCIALES (MCS)
A. Les matrices de comptabilité sociale : des TES élargis
B. Le Tableau d’Entrées-Sorties (TES)
C. Typologies et applications aux villages : les cas de l’Inde, du Kenya, et du Mexique
CHAPITRE III: LES MODELES D’EQUILIBRE GENERAL CALCULABLES (EGC)
A. Au-delà de la MCS : les modèles d’équilibre général de village
B. La structure des modèles EGC : les paramètres du modèle
C. Les contraintes des modèles EGC
CONCLUSION
PARTIE II: LA VILLE
INTRODUCTION : PRESENTATION DE LA VILLE ET DE SON ENVIRONNEMENT
A. L’héritage allemand de la période coloniale, de 1884 à 1960
B. La période post-coloniale, de 1960 à nos jours
C. Ecologie de la province du Sud-Ouest
D. Histoire de la ville
CHAPITRE I: LA CONCEPTION DES SYSTEMES D’INFORMATION
A. Les leçons de Ndioum Walo (août 93)
B. La stratégie d’approche
C. La préparation de l’enquête auprès des ménages de la ville (311 ménages)
D. Les informations complémentaires : enquêtes et entretiens
E. Conclusion : les leçons de Muea
CHAPITRE II: LES INSTITUTIONS
A. Le gouvernement local et national
B. Les ménages : l’embrouillamini des ethnies
C. L’usine locale « Maggi ».
CHAPITRE III: LES FACTEURS DE PRODUCTION
A. Une terre fertile mais rare
B. Le capital
C. La main-d’oeuvre agricole et urbaine.
D. Un excédent brut d’exploitation très élevé
CHAPITRE IV: LES ACTIVITES ET LES PRODUITS
A. Le secteur agricole vivrier : un marché régional dynamique
B. Les autres secteurs de l’agriculture
C. Le secteur urbain
D. Les services du gouvernement
E. Les services des ménages : les loyers
CHAPITRE V: LE CAPITAL ET L’EPARGNE : LES ASSOCIATIONS FINANCIERES
A. Les associations financières au Cameroun
B. La collecte de l’information
C. L’organisation des associations
D. Les activités des associations financières
E. Quelques aspects particuliers des associations financières
F. Conclusion
CHAPITRE VI: LES ECHANGES AVEC L’EXTERIEUR: LE RESTE DU CAMEROUN
CONCLUSION
PARTIE III: LE MODELE
INTRODUCTION
CHAPITRE I: L’ELABORATION DU CADRE DE LA MODELISATION: DES INFORMATIONS A LA MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE DE LA VILLE
A. Les informations
B. Les flux économiques de la ville
C. La matrice de comptabilité sociale de la ville
D. Les caractéristiques économiques de la ville
CHAPITRE II: LES MODELES LINEAIRES ET NON-LINEAIRES DE LA VILLE
A. La maquette de base de la modélisation
B. Un modèle simple linéaire: la matrice de comptabilité sociale
C. Un modèle non-linéaire plus complexe: le modèle d’équilibre général calculable
CHAPITRE III: LES RESULTATS DES SIMULATIONS DES POLITIQUES SECTORIELLES ET MACRO-ECONOMIQUES APPLIQUEES SUR LA VILLE
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
TABLES SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
INTRODUCTION
PARTIE I, LES MODELES EGC APPLIQUES A DES VILLES SEMI-URBAINES
PARTIE II, L’ENVIRONNEMENT DE LA VILLE ET LA CONCEPTION DES SYSTEMES D’INFORMATION
PARTIE II, LE CAPITAL ET L’EPARGNE
INDEX
« Un paysan doit attendre longtemps sur
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