La théorie de l’esprit et le traitement des émotions à l’école

La Théorie de l’Esprit est un terme qui peut paraitre étranger mais dont le concept est généralement plus familier. En effet c’est une aptitude cognitive (Duval et al., 2011) qui permet d’attribuer des états mentaux inobservables tels que les désirs ou les croyances aux personnes qui nous entourent. On pourrait confondre cette notion avec l’empathie, cependant la dimension cognitive diffère, l’empathie étant plus portée par le versant affectif contrairement à la Théorie de l’Esprit. La compréhension des émotions jouant un rôle primordial dans le développement de l’enfant (Cuisinier & Pons, 2011), c’est un concept qui fait partie intégrante de cette Théorie de l’esprit. C’est pour cette raison que la compréhension de ses propres émotions et de celles des autres afin de développer sa ToM est un apprentissage fondamental du cycle 1 à l’école.

L’expression et la compréhension des émotions est un apprentissage fondamental chez le jeune enfant. Il aura pourtant fallut attendre l’année 2015 pour que l’éducation aux émotions s’affirme durablement dans les programmes de l’Éducation Nationale (Ministère de l’Education Nationale, 2015). Dès lors, il est dorénavant communément admis que l’école maternelle a un rôle fondamental à jouer sur ce volet en favorisant la réflexion autour de ces dernières, notamment par l’intermédiaire de la littérature. Il n’en demeure pas moins que le cercle familial a également toute son importance dans ce processus et qu’il doit travailler de pair avec l’institution pour favoriser un continuum d’apprentissage non seulement sur les émotions, mais plus largement sur le développement de la théorie de l’esprit (ToM).

La théorie de l’esprit et le traitement des émotions à l’école

Le concept de théorie de l’esprit

La théorie de l’esprit (ToM) est un concept plutôt récent à l’échelle de la psychologie. En effet, ce terme complexe fut proposé par Premarck et Woodruff en 1978 dans leur étude « Does the chimpanzee have a theory of mind ? ». Dans cette étude, ils ont observé les comportements des chimpanzés à l’égard des humains, et ont ainsi pu constater que ces primates se montraient empathiques avec ces derniers. Ils ont également mis en évidence que les chimpanzés étaient capables de prédire les actions humaines. Ils ont donc proposé une première définition de cette théorie, cette définition ne fera qu’évoluer par la suite.

Cette théorie correspond à l’attribution des états mentaux à autrui, mais elle comprend également la compréhension des liens entre les états mentaux attribués et le comportement des autres. C’est ce qui constitue un lien avec l’adaptation sociale. Effectivement, l’acquisition de la ToM nécessite d’adapter son comportement et son attitude selon les comportements et les attitudes que l’autre manifeste. L’autre étant lui-même compris et analysé en référence aux états mentaux qu’il infère chez ses semblables (Nader Grosbois & Thirion-Marissiaux, 2011). La ToM représente également selon d’autres auteurs « la capacité à pouvoir répondre au comportement d’autrui» (Barisnikov et al., (2002), cité par Nader-Grosbois & Thirion Marissiaux, 2011, p.25) et à adapter son comportement en fonction de celui des autres.

Les différentes recherches effectuées ont montré que les nombreux auteurs ayant effectué des travaux sur cette théorie ne s’accordent pas concrètement sur une seule et unique définition universelle du concept. Nonobstant, elles contiennent beaucoup de similarités.

Duval et al. (2011) précisent dans leur définition que les états mentaux inférés à autrui peuvent être de différentes natures : des croyances, des désirs ou encore des intentions. Finalement, selon Astington et Edward (2010), ce concept se rapporte à la compréhension des différentes personnes de son entourage en tant qu’être fonctionnel possédant un mental. Ils précisent que chacun utilise cette théorie afin d’expliquer son propre comportement face aux autres. Dans leur ouvrage, NaderGrosbois et Thirion-Marissiaux (2011) citent Tourrette et al., (2000) pour ajouter que la ToM est une étape fondamentale et surtout nécessaire pour garantir un développement normal des habiletés sociales.

Ainsi, en s’appuyant sur les différentes données évoquées précédemment, nous retiendrons que la théorie de l’esprit, apparue en 1978, représente une capacité permettant aux individus d’attribuer aux autres ainsi qu’à eux-mêmes des états mentaux inobservables (Nader-Grosbois & Thirion-Marissiaux, 2011).

Fonctionnement de la théorie de l’esprit

Fonctionnement général de la théorie de l’esprit

Pour Duval et al., (2011)la ToM n’est pas considérée comme une théorie psychologique, mais plutôt comme une aptitude cognitive. Il s’agit d’une capacité de métacognition étant donné qu’avoir conscience de l’état mental d’un autre individu et de pouvoir se le représenter, signifie être capable de construire une métareprésentation. La métareprésentation se différencie de la représentation par le fait qu’elle constitue la représentation d’une représentation qui est elle-même une perception directe de l’environnement (Duval et al., 2011). Étant donné que la ToM permet de raisonner sur ce que la personne face à nous ressent ou croit, et d’avoir des pensées concernant les siennes, elle suppose un circuit relationnel. Ce circuit implique donc une reconnaissance qui pourrait être de nature cognitive ou émotionnelle, concernant les autres et soi-même, et qui est actualisée dans l’échange (Duval et al., 2011). Duval et al. (2011) décrivent dans leur étude expérimentale deux natures possibles de la théorie de l’esprit. Une première, de nature cognitive, qui comprend la capacité à se représenter les états épistémiques d’autrui, donc les connaissances qu’ils ont sur le monde. Elle est nommée comme étant la ToM « froide » et permet d’inférer et de comprendre les croyances, les intentions ou encore les pensées d’autrui, tout en étant indépendante d’une connotation émotionnelle quelconque. La seconde est décrite comme étant une ToM « chaude » et de nature affective. Elle décrit la capacité à se représenter les états affectifs d’autrui et permet ainsi la déduction et la compréhension de leurs émotions et leurs sentiments. Cela signifie qu’elle permet d’interpréter la signification émotionnelle des actions et des intentions des autres, ainsi que leur valence, tout cela dans un contexte social. Il existe également une ToM de 1er ordre, qui est l’articulation entre les représentations donc la réalité physique et les métareprésentations. En d’autres termes, elle constitue les représentations que l’on peut avoir de l’état mental d’autrui lorsque l’on adopte sa perspective. Et en opposition à celle-ci, une ToM de 2ème ordre qui elle représente l’articulation entre la réalité mentale propre à un individu et celle d’autrui (Duval et al., 2011, figure 2).

Nos processus cognitifs sont regroupés sous le terme commun de cognition sociale. Il désigne l’ensemble des processus cognitifs, tels que la perception, la mémorisation ou encore le raisonnement, qui sont impliqués dans nos interactions sociales. Il s’agit, plus précisément, de la capacité que possède l’humain à intégrer les stimuli sociaux qui sont à notre disposition dans notre environnement proche. Cette intégration permet ensuite d’adapter notre comportement aux situations d’interactions sociales. La cognition sociale comprend également notre capacité à interpréter et prédire le comportement d’autrui, et cela grâce à ses contenus mentaux comme par exemple ses croyances ou ses émotions (Moreau & Champagne-Lavau, 2014). La ToM fait donc pleinement partie de la cognition sociale, elle en est même un aspect central. En effet, selon Moreau et Champagne-Lavau (2014, p.276) « elle est le processus par lequel nous attribuons des états mentaux aux autres et comprenons que leurs comportements ne sont pas dus au hasard mais dirigés par leurs intentions, désirs et connaissances à propos du monde ». La ToM requière des processus mentaux comme la perception des autres et de soi-même, mais également l’utilisation des connaissances sur les règles qui déterminent les interactions sociales (Duval et al., 2011).

Il existe neuf états mentaux : l’attention, les intentions, les émotions, la perception visuelle, les simulacres (les imitations), les croyances, les désirs et l’acte de penser (Flavell, 1999, cité par Nader-Grosbois & Thirion Marissiaux, 2011). Certains états mentaux, comme les croyances, les fausses croyances, la capacité de faire semblant ou d’imaginer, sont des états mentaux épistémiques. Pour pouvoir comprendre ces derniers, il faut tout d’abord avoir la capacité de comprendre les intentions et les désirs qui sont eux, des états volitionnels, c’est à dire qu’ils sont relatifs à la volonté. (Wellman & Banerjee, 1991) .

La ToM, ayant pour principe général d’inférer les états mentaux d’une personne, nécessite l’interaction de deux mécanismes fonctionnels. Il s’agit des mécanismes précurseurs et des processus non spécifiques des stimuli sociaux, comme la mémoire de travail, le langage ou encore les fonctions (Moreau & Champagne-Lavau, 2014). Ces deux mécanismes doivent agir en parallèle pour que les états d’une personne soient correctement inférés (Duval et al., 2011).

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Table des matières

INTRODUCTION
INTRODUCTION NOEMIE RONDEAU
INTRODUCTION INES PEREIRA
CADRE THEORIQUE
1. La théorie de l’esprit et le traitement des émotions à l’école
1.1 Le concept de théorie de l’esprit
1.2 Fonctionnement de la théorie de l’esprit
1.2.1 Fonctionnement général de la théorie de l’esprit
1.2.2 Mécanismes cognitifs de bas niveau : les précurseurs de la théorie de l’esprit
1.2.3 Mécanismes cognitifs de haut niveau
1.3 Le développement de la théorie de l’esprit et des émotions
1.3.1 Développement de la théorie de l’esprit
1.3.2 Développement des émotions
1.4 Lien entre théorie de l’esprit et émotions
1.5 Place de la théorie de l’esprit et des émotions dans les programmes scolaires
2. L’album jeunesse pour favoriser la théorie de l’esprit
2.1 Qu’est-ce qu’un album jeunesse ?
2.2 La place de l’album jeunesse à l’école et dans les programmes scolaires
2.3 Album jeunesse et apprentissages
2.4 Album jeunesse, théorie de l’esprit et émotions
PARTIE PRATIQUE
1. Formulation de la problématique
2. Méthodologie de recueil et analyse des données
2.1 Sélection des ouvrages destinés à l’analyse
2.2 Construction de la grille
2.3 Hypothèses de recherche
3. Résultats
3.1 Présentation générale
3.2 Aspects textuels
3.3 Vocabulaire relatif aux émotions
3.4 Rapport entre texte et image
3.5 Émergence de questionnements
4. Discussion
4.1 Interprétation des résultats
4.2 Limites
4.3 Prolongements
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
RESUME

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