La théorie de la politesse
La relation interpersonnelle (axe horizontal et axe vertical)
L’auteure définit l’ensemble des relations interpersonnelles comme les «relations qui se construisent, par le biais de l’échange verbal, entre les interactants eux-mêmes. » (Ibidem, 9). Elle explique que toute interaction porte en soi une valeur relationnelle. Elle établit deux types d’axes : l’axe horizontal et l’axe vertical. Par ailleurs, Kerbrat-Orecchioni souligne que la relation interpersonnelle est déterminée par la situation de communication et qu’elle subit également d’autres influences telles que celle des participants à l’interaction. Autrement dit, la relation verticale et la relation horizontale font l’objet de négociation par les interactants. Il existe dans l’interaction un certain nombre d’indicateurs qui permettent l’établissement, la maintenance ou la négociation de la relation. Ces indices sont d’ordre verbal, paraverbal et non verbal.
L’axe horizontal (distance vs familiarité)
Ce niveau renvoie au fait que les interactants se montrent proches ou distants dans l’interaction. Kerbrat-Orecchioni précise : On parle d’une situation « familière » (vs « formelle ») lorsqu’elle produit sur l’interaction des effets analogues à ce qui se passe quand les participants sont eux-mêmes familiers l’un à l’autre (Ibidem, 39). Pour mesurer l’aspect de distance ou de familiarité qui s’installe parmi les interactants dans le phone-in, il faut observer les différents marqueurs qui renvoient à la relation horizontale. Il s’agit notamment des « marqueurs verbaux » et « paraverbaux ». Pour ce qui est des marqueurs verbaux, il s’agit de l’emploi des « termes d’adresse » (pronoms et appellatifs), des « honorifiques » (termes exprimant de la déférence à son destinataire), ainsi que du « choix de la langue » utilisée. Quant aux marqueurs paraverbaux, il s’agit des données prosodiques et vocales (débit, intensité articulatoire, etc.). Il y a également des indices « non verbaux », cependant cela n’intéresse pas notre analyse, vu que l’aspect visuel est absent dans notre corpus radiophonique.
Le changement de voix
La voix représente un point important dans l’étude de l’ethos. Cet élément prosodique constitue une resource précieuse pour l’animateur. Elle lui permet d’exercer ses différents rôles dans le phone-in, et ce, en fonction du contexte, entre autres, le comportement interactionnel de l’auditeur-appelant et le type de sujet soulevé dans l’appel. L’animateur est doué d’une voix chaude, rieuse et énergique. Une voix qui accompagne et berce les auditeurs la nuit. De manière générale, Benamara discute avec les auditeursappelants en gardant ce ton « doux et énergique » qui lui permet de manifester à la fois une sympathie et une empathie pour ces derniers. Cette voix standard46 est constamment manifestée dans la plupart des appels enregistrés dans l’émission (ex. le cas de la demande de conseils ou d’informations, la discussion d’un problème personnel). Elle est donc mise au service de l’ethos de solidaire, de plaisant, de sérieux, d’écouteur et de pédagogue. On a toutefois observé quelques écarts par rapport à la voix standard de l’animateur, et ce, dans le cas des conflits radicaux (échange à caractère agonal) entre les deux interactants. En effet, il utilise une voix autoritaire pour imposer son point de vue (ethos de débatteur, ethos de supérieur) lorsqu’il y a des dérapages de la part de la personne qui appelle (ex. l’appel analysé en 3. 1.). En somme, Benamara semble savoir exploiter sa voix en la modifiant, l’ajustant ou l’adaptant selon les différentes situations interactionnelles pour la mettre au service de son ethos.
|
Table des matières
INTRODUCTION Cadre théorique. L’ethos dans l’analyse du discours en interaction. Vers l’analyse des interactions L’influence des sciences humaines L’analyse conversationnelle L’ethnographie de la communication et la sociolinguistique interactionnelle La microsociologie de Goffman L’influence des courants linguistiques La linguistique de l’énonciation Les actes de langage L’analyse du discours en interaction (l’ADI) L’analyse en rangs Genres de l’oral et activités discursives La théorie de la politesse Brown et Levinson Kerbrat-Orecchioni La notion d’ethos L’origine antique L’ethos aristotélicien L’ethos des orateurs grecs et romains L’ethos dans la rhétorique classique L’apport des sciences du langage contemporaines La linguistique de l’énonciation De Goffman à l’analyse des interactions Conclusion Chapitre Présentation du corpus L’interaction médiatique Franchise de nuit, une interaction radiophonique Constitution du corpus Enregistrement du corpus Transcription des données Le contexte de l’émission L’objectif Le cadre spatio-temporel Le cadre participatif Le contexte en situation d’interaction L’apparition des éléments contextuels dans le phone-in L’interactivité dans Franchise de nuit L’intervention de l’auditeur Conclusion La relation interpersonnelle dans le phone-in L’axe de la distance L’axe de la dominance L’ethos de l’animateur au pluriel L’ethos d’expert L’ethos de pédagogue L’ethos de débatteur L’ethos de plaisant L’ethos de sérieux L’ethos d’écouteur L’ethos de journaliste L’ethos de défenseur de ses concitoyens et de l’intérêt général Les stratégies mises en œuvre au service de l’ethos La stratégie de l’interruption Le changement de voix La stratégie de l’injonction La stratégie de politesse Conclusion CONCLUSION GENERALE BIBLIOGRAPHIE ANNEXES Emission du 12/12/2009 Emission du 26/12/2009
Télécharger le rapport complet