La théorie de développement psychosocial d’Erikson

La théorie de développement psychosocial d’Erikson

Plusieurs auteurs ont éclairé certains aspects de la complexité du développement humain sous différents angles. Freud est probablement le plus connu avec sa théorie du développement psychosexuel. Erik H. Erikson est aussi l’un des auteurs qui a contribué significativement à mieux saisir cette complexité. Il a été parmi les pionniers à introduire la notion de développement s’échelonnant tout au long de la vie. L’origine de sa théorie datant déjà de plusieurs années, elle s’est raffinée ou ramifiée au fil du temps et elle a inspiré plusieurs théoriciens ou chercheurs pour leur propre pensée et théorie. Même si la théorie d’Erikson est moins présente dans le courant psychologique actuel, elle n’en demeure pas moins pertinente lorsque l’on désire considérer le développement et la compréhension de l’être humain. La première section vise entre autres à résumer sa théorie sur le cycle de vie, son évolution à travers les années et comment elle se relie à la pathologie. Elle comporte donc tout d’abord quelques éléments de la pensée d’Erikson, suivi de la présentation de sa théorie originelle des différents stades du cycle de vie et les notions qui y sont rattachées. Suivent ensuite une section sur le principe épigénétique et une autre faisant état des échelles de mesure de cette théorie, puis une section sur certaines critiques de la théorie d’Erikson et des différences sexuelles en lien avec ce modèle. La section suivante présente l’expansion du modèle d’Erikson. Par la suite, une partie spécifie les compétences et forces adaptatives développées par Erikson et un autre segment souligne l’apport de l’élément dystone. Enfin, une partie rend compte de la conception de la psychopathologie selon Erikson, suivie des liens plus spécifiques entre son modèle et la psychopathologie.

Pensée d’Erikson

De par son histoire personnelle, Erikson manifestait une grande insécurité en ce qui a trait à la recherche et à la défmition de sa propre identité. Cette quête et cette insécurité l’ont accompagné tout au long de sa vie (Hoare, 2002). Selon Berzoff (2011), la théorie d’Erikson est en grande partie fondée sur sa propre histoire et sur sa lutte pour son identité. Par ailleurs, malgré sa contribution considérable à la compréhension du développement humain et son apport aux connaissances de la psychologie, et en dépit d’une grande reconnaissance publique, particulièrement dans les années ’60, Erikson n’a jamais été vraiment reconnu par le monde psychanalytique (Wallerstein, 1998). Il était un idéaliste, un créateur, un artiste et un marginal (Hoare; Douvan, 1997). Sa pensée différait de celle de Freud sur certains aspects. Selon Hoare (2005), Freud avait une vision mécanique de la psyché humaine. Il percevait le concept du soi comme un processus d’identification aux parents, soit des introjectes parentaux, ayant lieu avant l’âge scolaire et étant selon lui à peu près immuable tout au cours de la vie (Schwartz, 2001).

Ce processus se complétait pendant les années préscolaires, au cours de la formation du Surmoi, à la fm de la période du conflit oedipien et le sens du soi demeurait donc à peu près inchangé au cours du reste de la vie (Schwartz, 2005). Selon Hoare (2002), Freud considérait l’humain comme un être psychosexuel, et qu’ une fois la maturité génitale atteinte, la tâche de l’adulte ne consistait qu’à aimer, travailler, puis mourir, tout en se battant contre des forces instinctuelles négatives qui ne sont jamais éliminées. Freud voyait la psyché comme étant un système fermé et intact, laissant ainsi peu de place à la possibilité de tout développement une fois l’ individu devenu adulte, et peu de latitude également pour l’intersubjectivité, pour l’influence de l’environnement (Hoare, 2005). Celui-ci est perçu alors seulement comme une réalité qui gravite autour de l’ individu, mais sans le pénétrer (Hoare, 2005).

La pensée d’Erikson se démarque de celle de Freud. En effet, elle met l’accent sur l’ identité, comparativement à la sexualité, comme base fondamentale du bien-être psychologique (Berzoff, 2011). Erikson a influencé grandement le champ du développement humain en particulier celui de l’adulte (Douvan, 1997) en introduisant entre autres l’idée que le développement ne s’arrêtait pas à la période oedipienne (Eagle, 1997), mais qu’ il allait bien au-delà du processus d’ identification et des introjects parentaux de l’enfance (Schwartz, 2001). Contrairement à la vision de Freud, la pensée d’Erikson a été considérée comme un système ouvert, en ce sens qu’ il ne voit pas la psyché comme limitée, mais plutôt que la personne est perméable à de nouveaux développements, aux autres et à la société à chaque moment de sa vie (Hoare, 2002, 2005). L’une des plus grandes contributions et innovations dans la pensée d’Erikson est d’ ailleurs l’inclusion de l’élément social comme caractéristique importante dans le processus du développement de l’humain.

Erikson a été le premier à émettre l’ idée que le monde social existe dans la psychologie de chaque personne (Hoare, 2002) et dans la formation de son identité (Berzoff). Selon Erikson, l’ identité d’une personne n’est pas uniquement individuelle, mais elle est incluse à l’intérieur de la société et elle est aussi dépendante de l’ identification que la société fait de cette personne (Erikson, 1959, 1963: cité dans Eagle). En introduisant la notion sociale, Erikson changeait ainsi la perspective psychosexuelle telle que défmie par Freud en perspective psychosociale (Hoare, 2005). Pour lui, s’ il n’ y a pas de contact avec autrui, il n’ y a ni croissance ni vie possible (Erikson & Erikson, 1998). Cette interaction entre l’individu et la société comme contribution au développement de la personnalité s’établit d’ailleurs très tôt chez l’humain (Douvan). En fait, Erikson perçoit la personne comme un tout, comme un être biopsychosocial, en considérant les interactions entre le corps, l’ égo et le système social, ensemble et non opposés l’un à l’autre (Erikson, J. M., 1988; Hoare, 2002; Kishton, 1994). Ainsi, pour Erikson, le Soi et l’ identité sont déterminés par les aspects biologique, psychologique et social (Berzoft). Par ailleurs, la variable environnement n’ inclut pas seulement l’entourage immédiat de l’individu, mais également le contexte social dans lequel il évolue et même l’époque dans l’histoire sociale, soit l’aspect sociohistorique (Douvan; Wallerstein, 1998). D’ ailleurs, Erikson a observé différents peuples et il a même développé la psycho biographie à partir de l’étude de personnages connus afm de mieux saisir le rôle de l’anthropologie dans le développement humain (Douvan; Kishton). Pour Erikson (1972), le développement individuel, la succession des générations et la structure de la société se développent ensemble, mutuellement.

Description des stades

Le cycle de vie est le thème central de la théorie d’Erikson. Il est articulé dans un modèle dans lequel différents stades se succèdent tout au long de la vie. Erikson débute son modèle à la fm des années ’30 en identifiant uniquement quatre stades, soit: la petite enfance (oral, anal, génital), la latence, la puberté et l’ajustement hétérosexuel (Friedman, 1999). Pendant quelques années, le modèle a peu progressé puisqu’Erikson rencontrait des difficultés à conceptualiser l’aspect psychosocial (Friedman). Il appert qu’un évènement familial important, la naissance d’un enfant avec le syndrome de Down en 1944, précipite la famille dans une crise qui aurait apporté des éléments à la pensée d’Erikson à propos du développement humain (Friedman). Il s’associa alors avec sa femme, Joan M. Erikson, pour élaborer et parachever le modèle avec huit stades de développement (Friedman). La théorie du cycle de vie a été présentée pour la première fois en 1950 (Erikson, J. M., 1988; Friedman). Bien que la charte initiale comporte déjà les huit stades de développement associés à chaque étape de la vie, Erikson a poursuivi l’étude des différentes étapes au fil de son propre processus de vie (Douvan, 1997).

Les cinq premiers stades correspondent de très près aux stades de développement psychosexuel de Freud, malS l’apport important d’Erikson est d’avoir étendu le développement sur toute la vie adulte et d’avoir introduit l’aspect psychosocial (Berzoff, 2011 ; Kishton, 1994). À l’origine, le modèle était donc représenté par une simple diagonale (Erikson, 1980), telle qu’elle apparaît au Tableau 1 à la page suivante. Le rationnel de ce choix d’utiliser la diagonale prendra davantage sens plus avant dans le chapitre. À chaque stade correspondent un élément positif-syntone et un élément négatif-dystone associés au degré de résolution du stade (Erikson et al., 1986/1989). Si la personne résout de façon positive l’enjeu d’un stade particulier, elle acquiert l’élément syntone plus en harmonie avec soi et l’environnement, alors que si la résolution s’avère négative, elle développe la composante dystone caractérisée par une plus grande dysharmonie avec soi et l’environnement. Chaque stade implique une relation mutuelle entre la personne et son environnement, selon une certaine intensité, y compris même entre le nourrisson et sa mère (Erikson et aL). Il importe donc à présent de défmir les éléments de base de chacun des stades. Ceux-ci sont présentés selon une synthèse des écrits d’Erikson et d’autres auteurs qui les ont défmis.

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Table des matières

Introduction
Contexte théorique
La théorie de développement psychosocial d’Erikson
Pensée d’Erikson
Description des stades
Stade 1 : Confiance – Méfiance
Stade 2 : Autonomie – Honte et Doute
Stade 3 : Initiative – Culpabilité
Stade 4 : Travail (Industrie) – Infériorité
Stade 5 : Identité – Confusion des rôles
Stade 6 : Intimité – Isolation
Stade 7 : Générativité – Stagnation
Stade 8 : Intégrité – désespoir.
Principe épigénétique
Échelles de mesure et vérification du modèle
Critiques et différences sexuelles
Expansion et variante du modèle
Modèle de Newman et Newman
Le neuvième stade
Compétences et forces adaptatives
L’élément dystone
Conception de la psychopathologie
Modèle d’Erikson et la psychopathologie
Troubles de la personnalité
Définition de chacun des troubles de la personnalité
Groupe A
Trouble de personnalité paranoïaque
Trouble de personnalité schizotypique
Trouble de personnalité schizoïde
Groupe B
Trouble de personnalité borderline
Trouble de personnalité narcissique
Trouble de personnalité histrionique
Trouble de personnalité antisociale
Groupe C
Trouble de personnalité dépendante
Trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive
Trouble de personnalité évitante
Trouble de personnalité passive-agressive
Étiologie des troubles de personnalité
Groupe A
Trouble de personnalité paranoïaque
Trouble de personnalité schizotypique
Trouble de personnalité schizoïde
Groupe B
Trouble de personnalité borderline
Trouble de personnalité narcissique
Trouble de personnalité histrionique
Trouble de personnalité antisociale
Groupe c
Trouble de personnalité dépendante
Trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive
Trouble de personnalité évitante
Trouble de personnalité passive-agressive
Recherches empiriques
Questions de recherche
Méthode
Participants
Instruments de mesure
Questionnaire d’informations générales
Inventaire de perception de soi
Pré-test
Qualités psychométriques de la version originale de l’ IP D
Qualités psychométriques de la traduction française de l’ IP D
Inventaire de perception de soi (suite)
Qualités psychométriques de la version française du questionnaire pour le Stade 9
Inventaire de personnalité
Déroulement de l’expérience
Identification des analyses statistiques
Résultats
Analyses descriptives des principales variables
Présentation des résultats
Stades de développement et troubles de personnalité
Résolutions des stades de développement et
échelles complètes des troubles de personnalité du MMPI-2
Corrélation canonique
Corrélations de Pearson
Régression linéaire multiple
Pôles positifs et négatifs
Corrélations canoniques
Corrélations de Pearson
Régression linéaire multiple
Exploration des autres variables
Autres variables du MMPI-2
Échelles de validité
Désirabilité sociale
Niveau de dépression
Manque d’estime de soi
Indicateurs négatifs au traitement
Variables sociodémographiques
Genre
Statut matrimonial
Scolarité
Thérapeute
Discussion
Discussion des résultats
Résolution des stades de développement et échelles de trouble de personnalité
Liens entre les deux groupes de variables
Liens généraux
Direction de la relation entre les variables
Liens prédicteurs
Troubles de personnalité
Groupe A
Échelle de trouble de personnalité paranoïaque
Échelle de trouble de personnalité schizotypique
Échelle de trouble de personnalité schizoïde
Groupe B
Échelle de trouble de personnalité borderline
Échelle de trouble de personnalité narcissique
Échelle de trouble de personnalité histrionique
Échelle de trouble de personnalité antisociale
Groupe C
Échelle de trouble de personnalité dépendante
Échelle de trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive
Échelle de trouble de personnalité évitante
Échelle de trouble de personnalité passive-agressive
Stades de développement
Stade 1 : Confiance – Méfiance
Stade 2 : Autonomie – Honte et Doute
Stade 3 : Initiative – Culpabilité
Stade 4 : Travail (Industrie) – Infériorité
Stade 5 : Identité – Confusion des rôles
Stade 6 : Intimité – Isolation
Stade 7 : Générativité – Stagnation
Stade 8 : Intégrité – Désespoir
Stade 9 (Gérotranscendance-Non gérotranscendance)
Pôles des stades de développement et échelle de trouble de personnalité
Liens généraux
Liens prédicteurs
Troubles de personnalité
Groupe A
Échelle de trouble de personnalité paranoïaque
Échelle de trouble de personnalité schizotypique
Échelle de trouble de personnalité schizoïde
Groupe B
Échelle de trouble de personnalité borderline
Échelle de trouble de personnalité narcissique
Échelle de trouble de personnalité histrionique
Échelle de trouble de personnalité antisociale
Groupe C
Échelle de trouble de personnalité dépendante
Échelle de trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive
Échelle de trouble de personnalité évitante
Échelle de trouble de personnalité passive-agressive
Stades de développement
Stade 1 : Confiance – Méfiance
Stade 2 : Autonomie – Honte et Doute
Stade 3 : Initiative – Culpabilité
Stade 4 : Travail (Industrie) – Infériorité
Stade 5 : Identité – Confusion des rôles
Stade 6 : Intimité – Isolation
Stade 7 : Générativité – Stagnation
Stade 8 : Intégrité – Désespoir
Stade 9 (Gérotranscendance-non Gérotranscendance)
Modèle d’Erikson
Autres variables du MMPI-2 et aspects sociodémographiques
Autres variables du MMPI-2
Échelles de validité
Désirabilité sociale
Niveau de dépression
Manque d’estime de soi
Indicateurs négatifs au traitement
Variables sociodémographiques
Genre
Statut matrimonial
Scolarité
Thérapeute
Forces et limitations
Forces de la recherche
Limitations de l’étude
Apports et recommandations
Apports
Recommandations
Conclusion
Références
Appendice A : Informations générales détaillées des participants
Appendice B : Les instruments de mesure
Appendice C : Figures reliant les quatre groupes de scores T des échelles de
trouble de personnalité et les stades de développement
Appendice D : Analyses statistiques détaillées

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