Il est certain que les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (Ntic) ne cessent de se développer, et connaître l’informatique est devenu une nécessité. En effet, les Ntic connaissent un essor considérable et atteignent la société. Le langage informatique est désormais universel dans tous les domaines tels que l’industrie, l’aéronautique, l’administration, etc. Dans ce contexte de développement des nouvelles technologies et conformément à la formule connue « l’école doit comme toute autre institution, et peut être avant toute autre institution, épouser son temps », les Ntic sont également introduites dans le domaine de l’enseignement : utilisation de didacticiel, de multimédia, d’Internet, de cours en ligne et diverses activités de l’enseignant peuvent bénéficier des outils informatiques : devoir surveillé assisté par ordinateur (D.S.A.O.), environnement d’apprentissage multimédia (EAM), tests, suivi… Cette application des TIC au processus de l’éducation vise un changement, de comportement et de valeurs dans l’apprentissage et dans l’enseignement, qui permettra un certain nombre de développements pédagogiques. Madagascar parvenu à l’ère de la mondialisation n’échappe pas à cette évolution technologique aussi bien dans l’éducation que dans les autres secteurs. Ainsi, l’usage des TIC est il recommandé officiellement dans le système éducatif malgache. Effectivement, l’article 15 de la loi 2004-04 du 26-07-04 (Annexe 6) portant orientation générale du Système d’éducation, d’Enseignement et de formation à Madagascar, stipule que l’école doit assurer la maîtrise de la langue maternelle avec au moins deux langues étrangères et la maîtrise des Technologies de l’Information et de la Communication. Cette décision ministérielle est renforcée, trois années plus tard (2007), par le Madagascar Action Plan (M.A.P.) qui propose comme stratégie d’amélioration du système d’enseignement secondaire, l’introduction des TIC dans le programme scolaire . Ce nouveau cadre programmatique entraîne une nouvelle approche du coté des acteurs pédagogiques et de nouvelles perspectives du processus éducatif.
Le constructivisme : importance des connaissances dans l’apprentissage
Primauté de la construction des connaissances
Le constructivisme développe l’idée de la connaissance construite par l’apprenant au moyen d’expériences. Autrement dit, c’est dans l’apprentissage constructiviste que l’individu construit ses connaissances à partir d’expérience antérieure ou la connaissance par l’expérience. Il est un sujet actif qui participe à la construction de sa connaissance. Connaissance acquise, selon Victor Tinio, (2005 : 9) « grâce à un processus actif dans lequel il transforme l’information, construit l’hypothèse et prend des décisions à base de modèles mentaux ».
Le constructivisme est né en réaction, entre autres, du behaviorisme qui limite l’apprentissage à la répétitivité et à l’association stimulus-réponse où l’apprenant n’est qu’un imitateur, un répétiteur. L’enseignement est purement transmissif, donnant à l’enseignant le rôle du seul détenteur du savoir et de la vérité et où l’apprenant n’est qu’un simple récepteur passif. Mais, il ne s’agit pas de supprimer les répétitions ni d’abandonner les imitations mais d’introduire une méthode qui fait travailler activement le raisonnement, qui permet à l’apprenant de se construire.
La théorie constructiviste selon Jean Piaget
Jean Piaget (1896-1980) psychologue et pédagogue, emprunte le terme constructiviste au mathématicien hollandais Brouwer. Dans sa théorie, Jean Piaget transpose les modèles du développement biologique à la construction de la connaissance et du développement de l’intelligence où le sujet est au cœur du processus. Pour lui, trois processus concourent à la construction des structures cognitives à savoir l’assimilation qui est l’incorporation par l’organisme d’éléments nouveaux puisés sans un milieu environnemental, l’accommodation qui se fait par rapport à l’environnement, au milieu duquel évolue l’individu et l’équilibration (la stabilisation) de ces deux processus qui montre que l’homme est perpétuellement en phase de tension .
L’extension de cette théorie à l’apprentissage suppose l’idée que l’apprenant, confronté à l’environnement, est capable de construire sa propre connaissance. Il est un constructeur actif de sa propre connaissance et participe donc au processus de découverte. Il est ainsi placé au cœur du processus d’apprentissage où il est l’acteur principal. Il est important qu’il soit au centre de l’apprentissage parce qu’il va construire lui-même son savoir à partir de ses propres acquis. Il y a tendance à la valorisation de l’apprenant puisqu’il participe au processus de découverte. Il découvre puis assimile cette découverte par rapport à son environnement où il adapte les nouvelles informations dans son répertoire de connaissances pour les équilibrer, les ajuster par rapport à ses propres expériences. L’approche constructiviste aide l’apprenant à construire ses savoirs. Ainsi, dans l’apprentissage, toute opération mentale de l’apprenant passe par les trois étapes suscitées: il est déjà détenteur de connaissances « empiriques » auxquelles s’ajoutent des informations nouvelles acquises par des découvertes. Puis, il va accommoder ces nouveaux éléments dans son répertoire de connaissances ; accommoder parce que cette opération peut engendrer une certaine perturbation et créer un conflit dans son esprit et c’est ici qu’intervient le processus d’équilibration où il va essayer de stabiliser les éléments nouveaux à ceux déjà existants. Cette opération va augmenter son habileté à affronter différentes situations.
Constructivisme et didactique par les TIC
Cette théorie pédagogique a été reprise par la didactique contemporaine dans le sens où elle cadre avec les applications modernes de l’ordinateur. En effet, selon Maguy Pothier, (2004 : 182) le sujet en question qui n’est autre que l’apprenant va construire lui-même ses connaissances au moyen des TIC grâce à ses réflexions et à ses interactions. Et selon Perkins (1992), les technologies nouvelles favorisent une approche pédagogique centrée sur l’élève car permet « l’utilisation active de ses connaissances et de ses habiletés ». Dans ce sens, quelques auteurs tels que Perkins (1992), Papert (1986, 1991, 1993), avancent la combinaison du constructivisme et des TIC et démontrent l’efficacité et la rentabilité de cette combinaison des procédures d’enseignement de l’approche pédagogique constructiviste avec l’apport des nouvelles technologies.
La théorie socio constructiviste : importance de la dimension collaborative de l’apprentissage
La relation du savoir avec l’environnement social
Le socio constructivisme repose sur l’idée selon laquelle l’acquisition de connaissances durables est favorisée par la prise en compte du champ social dans laquelle elle est située . L’accent est mis sur la dimension relationnelle de l’apprentissage, c’est-à-dire la relation apprenant-apprenant et enseignant apprenant. Cela facilite l’appropriation de l’apprentissage par l’élève. Les échanges permettent à l’apprenant de construire ses propres connaissances et l’aident à progresser: c’est une application concrète de l’apprentissage coopératif. Dans une perspective socio constructiviste, on estime que « les connaissances, tout comme les compétences, s’élaborent en contexte précisément dans celui de situations éducatives variées à l’intérieur desquelles des sujets réalisent des projets d’apprentissage ». Avec le socio constructivisme, l’enseignement favorise l’expérience de l’apprenant de sorte que l’enseignant n’a pas de vérité à donner car l’apprenant se construit et construit son intelligence par rapport à son vécu. L’enseignant sera un guide, un médiateur, qui crée des situations problèmes que l’apprenant va résoudre. Il s’agit alors d’une nouvelle orientation de l’intérêt pédagogique à savoir la centration de l’enseignement sur l’apprenant. Il y a ainsi un déplacement de paradigme de l’enseignement à l’apprentissage selon J. G. Brooks et M. G. Brooks, (1996) . Cette nouvelle orientation demande de l’enseignant une nouvelle approche dans le processus d’éducation d’où l’introduction de nouveaux outils pédagogiques.
Lev Vygotski et le socio constructivisme
Lev Vygotski (1920) reprend l’idée de Jean Piaget et la développe en affirmant que l’apprenant a besoin du champ social pour son apprentissage. Ainsi, l’apprentissage est conçu comme « une activité de construction par l’individu dans un contexte social» . Il naît de l’interaction du sujet avec la situation d’enseignement et les acteurs de la situation.
En outre, les penseurs affirment que puisque l’apprenant construit ses propres connaissances, il agira dans le cadre de ses intérêts donc se sentira motivé dans les situations d’apprentissage dans lesquelles il a l’occasion de s’engager, de découvrir avec ses pairs. Son activité est alors associée à un motif, à une action, à un but et à des conditions nécessaires à son exécution. Mais dans l’acte d’apprentissage, cela n’implique pas l’effacement de l’enseignant ni la suppression totale des imitations mais le problème c’est de voir comment introduire une méthode qui développe les opérations mentales et psychocognitives. Et la théorie socio constructiviste appliquée aux nouvelles technologies répond à ce souci. En effet, le recours aux TIC concourt à la consolidation de la motivation et au développement des habiletés intellectuelles de l’apprenant.
Socio constructivisme et didactique par les TIC
Egalement reprise par la didactique contemporaine, la théorie socio constructiviste est appliquée à l’apprentissage des langues via les nouvelles technologies. Les TIC aident à la mise en œuvre de l’apprentissage collaboratif qui doit être développé étant donné qu’il permet à l’élève de s’engager dans la construction du savoir par eux-mêmes et avec leurs pairs. Plusieurs auteurs s’unissent pour affirmer cela. Parmi eux, il y a Perkins (1992 :43) qui pense que la technologie favorise une approche pédagogique centrée sur l’élève, permet des interventions personnalisées et un rapprochement entre l’enseignant et l’élève. En effet, cela va influencer les caractéristiques affectives de l’élève (sa motivation pour l’apprentissage, l’image qu’il se fait de lui-même), et ses comportements qui faciliteront son apprentissage. Victor Tinio (2006 :15) avance également que « l’apprentissage renforcée par les TIC encourage la collaboration et la communication entre étudiants et enseignants », ce qui permet aux élèves la construction et l’intégration des nouveaux savoirs.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRE EPISTEMOLOGIQUE ET CONTEXTUEL DE LA RECHERCHE
I-1 CADRE REFERENTIEL : LES THEORIES CONSTRUCTIVISTE ET SOCIO CONSTRUCTIVISTE
I -1-1 Le constructivisme : importance des connaissances dans l’apprentissage
I-1-1-1 Primauté de la construction des connaissances
I-1-1-2 La théorie constructiviste selon Jean Piaget
I-1-1-3 Constructivisme et didactique par les TIC
I-1-2 La théorie socio constructiviste : importance de la dimension collaborative de l’apprentissage
I-1-2-1 La relation du savoir avec l’environnement social
I-1-2-2 Lev Vygotski et le socio constructivisme
I-1-2-3 Socio constructivisme et didactique par les TIC
I-1-3 Outil didactique numérisé et les perspectives constructiviste/socioconstructiviste
I-1-3-1 Objectifs et intérêt pédagogiques des matériels didactiques
I-1-3-2 Outillage didactique classique
I-1-3-3 Outillage didactique par les T.I.C.E.
I-2 LES SCIENCES DE REFERENCE POUR L’ELABORATION D’UNE METHODE DIDACTICIELLE
I-2-1 : Sciences humaines
I-2-1-1 La relation langue / culture dans l’apprentissage
I-2-1-2 Apprentissage de langue et perspective interculturelle
I-2-2 Sciences de l’éducation
I-2-2-1 Didactique et pédagogie
I-2-2-2 La didactique des langues
I-2-2-3 La transposition didactique : la transformation du savoir en objet d’enseignement en fonction des objectifs pédagogiques donnés
I-2-2-4 Didactique des langues et politique linguistique
I-2-2-5 Quelques courants pédagogiques du système éducatif malgache
I-2-3 Sciences cognitives
I-2-3-1 Cognition et apprentissage
I-2-3-2 Cognition et TIC : opérations mentales mobilisées dans l’appropriation de connaissances par les TIC
I-3 REPERES CONTEXTUELS ET PROBLEMES POUR L’INTEGRATION DES RESSOURCES NUMERIQUES
I-3-1 Situation et politique linguistique de Madagascar, système éducatif malgache, statut de la langue française
I-3-2 Qu’est ce que le plurilinguisme ?
I-3-3 : Fondement de l’intégration des TIC dans le contexte du système éducatif malgache
I-3-3-1 Didactique du français langue d’enseignement et place de la production écrite
I-3-3-2 Objectifs généraux et spécifiques du français
I-3-3-3 Intégration des TIC au niveau universitaire
I-3-3-4 Intégration des TIC au niveau du secondaire
I-3-4 Obstacles posés par l’intégration des TIC dans le système éducatif
I-3-4-1 Obstacles de l’intégration des TIC au niveau de l’infrastructure
I-3-4-2 Facteurs humain et culturel bloquant l’intégration des TIC
I-3-4-3 Obstacles de l’intégration des TIC au niveau des instructions officielles
CONCLUSION
DEUXIEME PARTIE APPLICATION DU SOCIO CONSTRUCTIVISME A L’ENSEIGNEMENT DU FRANCAIS VIA LES TICE
II -1 LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE ET ETAT DES LIEUX
II-1-1 Outillage méthodologique utilisé
II-1-1-1 Protocole classique suivi
II-1-1-2 Protocole spécifique : expérimentation
II-1-2 Partie descriptive et exploratoire des lieux d’investigation
II-1-2-1 Niveau macro : le système éducationnel malgache
II-1-2-2 Niveau méso : quelques établissements de la ville et de la périphérie
II-1-2-3 Niveau micro: le processus d’enseignement/ apprentissage
II-2 PROCESSUS D’ELABORATION DU CEDEROM
II-2-1 Théorie du contenu du cédérom
II-2-1-1 Approche théorique du contenu du cédérom
II-2-1-2 Les sous systèmes pour l’élaboration du dispositif
II-2-2 Analyse descriptive du cédérom
II-2-2-1 Le public visé par le cédérom
II-2-2-2 Choix et analyse du corpus de travail
II-2-3 La typologie du cédérom
II-2-3-1 Le cédérom comme produit fini
II-2-3-2 L’interface graphique et l’interface de navigation du produit
II-2-3-3 Présentation générale et fonctionnement du didacticiel
II-2-3-4 Présentation des supports pédagogiques utilisés dans le cédérom
CONCLUSION
TROISIEME PARTIE INVESTIGATIONS SUR LE TERRAIN, EXPERIMENTATIONS ET PISTES DE RECOMMANDATIONS
III -1 OBSERVATION DE CLASSE
III-2 EXPERIMENTATIONS ET RESULTATS
III-2-1 Expérimentations sur la validité ou non du dispositif
III-2-1-1 Première expérimentation : présentation du lycée et déroulement de l’expérimentation
III-2-1-2 Deuxième expérimentation : présentation du lycée et déroulement de l’expérimentation
III-2-1-3 Synthèse des deux expérimentations
II-2-1-4 Les résultats des questionnaires : première et deuxième expérimentation
III-2-2 Problèmes, suggestions et pistes de recommandations
III-2-2-1 Les problèmes d’intégration des TIC dans l’éducation
III-2-2-2 Les suggestions et pistes de recommandation
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES