La thématique du féminisme dans Harraga

Qu’est-ce que le féminisme ?

   Le féminisme est « une doctrine qui préconise l’extension des droits, du rôle de la femme dans la société »tel que le définit le dictionnaire Le Robert, cela correspondrait à l’entreprise des femmes qui tentent de rétablir leurs droits naturels que la force du préjugé leur avait retirés. Le féminisme est avant tout une prise de conscience et une révolte individuelle puis collective contre la ségrégation sexuelle et socioprofessionnelle qui encastre la femme dans les cases inferieures de la société. Le féminisme fait appel aussi à la lutte pour améliorer ces rapports et cette condition d’où ce féminisme qui est un ensemble de mouvements à la fois social, culturel et intellectuel qui s’est imposé d’abord au sein de la culture occidentale, aux Etas –unis d’abord et en Europe ensuite pour se transmettre ensuite sous formes divers à toutes les régions du monde. Le féminisme vise en effet, un but commun qui est d’instituer et de parvenir à l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Parmi les luttes du féminisme sous toutes ses formes, nous déduisons les objectifs suivants :
 L’appui à l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre patriarcat.
 La quête de la liberté et de l’émancipation des femmes, qui offre aux mouvements féministes une grande volonté de mobilisation et d’amélioration.
 Le rejet des binarités, confiner les hommes et les femmes dans des rôles sociaux différents en mettant en valeur les qualités d’hommes.
 La lutte pour une importante justice sociale.
 L’appui et la sauvegarde des droits de femmes.
 La fin de la tyrannie et des discriminations envers les femmes et la création de nouveaux accords sociaux.

Le Féminisme dans la littérature

  Le terme féminisme a longtemps été attribué à tort à Charles fournier, il pourrait être emprunté à Alexandre Dumas fils qui écrivait en 1872 son essai dans l’homme femme : « les féministes, passez-moi ce néologisme, disent : tout le mal vient de ce qu’on ne veut pas reconnaitre que la femme est l’égale de l’homme, qu’il faut lui donner la même éducation et les même droits qu’a l’homme. » Des propos qui suggèrent que le combat contre les inégalités sociales et les maux sociaux, doit commencer par la mise en place de l’égalité dans la chance à l’éducation et aux droits entre l’Homme et la femme. Dès le XI siècle, après Christine De Pizan, d’autres femmes écrivent aussi pour défendre le sexe féminin et l’égalité des sexes. Olympe de Gouge est la première à adresser dans la déclaration de la femme et de la citoyenne qui est un texte juridique français, rédigé en septembre 1971, demandant la complète assimilation légale, politique et sociale des femmes. Ecrivant ainsi : « la femme nait libre et demeure libre égale en droits à l’homme », l’auteur y défend avec ardeur les droits de la femme, pratiquement dans tous ses écrits elle demandait à ce que les femmes soit associées aux débats politiques et aux débats de la société « la femme à le droit de monter à l’échafaud : elle devait aussi avoir le droit de monter à la tribune. ». Elle proclame l’égalité des droits civils et politiques entre les deux sexes.

La littérature féministe chez les écrivaines maghrébines d’expression française

   Depuis le début du siècle dernier, beaucoup de femme étrangères ont écrit sur le Maghreb, surtout en Algérie dans les années 20 et 30. Certaines d’entre elles ont même pris des pseudonymes arabes (comme Seddik Ben El Outa ou encore Benta Djebel) qui ont intrigué les lecteurs. Mais ce qui nous intéresse dans notre travail, c’est les écrivaines algériennes, tunisienne et marocaines qui écrivent dans le courant de la littérature maghrébine de la langue française depuis les années 40, pour exprimer leurs envies, leurs espoirs, leurs révoltes et leurs refus. Ainsi plusieurs de ces femmes ont pris la plume pour se placer en tant qu’un sujet à part entière, mais aussi, s’exprimer sur tout ce qui touche le vécu social comme la guerre, l’exil et la quête identitaire…. L’Algérie a vu le plus grand nombre d’elles comparé aux deux autres pays, et leur nombre ne cesse de s’accroitre au fil du temps. Elles sont de plus en plus nombreuses à publier romans, recueils de nouvelles et recueils de poèmes, sans parler d’essais ou de témoignages.
 Tunisie :La période allant entre 1936 et 1942 a connu l’apparition de la revue féministe « Leila », et même si celle-ci n’avait pas marqué les esprits, elle soulignait néanmoins l’existence d’une pensée féministe. La promulgation du code du statut personnel (la Majalla) en 1956 est un atout qui a fait la promotion du statut de la femme et a rallumé l’envie de s’affirmer dans l’esprit de nombreuses Tunisiennes. Les années qui ont suivi l’indépendance en 1956 ont vu l’apparition de la revue Faiza de l’Union Nationale des Jardins du Nord (Tunis, Salammbô), parue en 1982. Si la majorité des romans publiés après l’indépendance reste sans grands intérêts esthétique et thématique, a l’image de Ahlem de Farida Hachemi ou bien Fruits perdus de Behidja Gaaloul, il aurait pourtant fallu attendre l’année de 1986 pour voir la révélation Hélé Béji qui se distingue avec son roman L’Œil du jour (Paris, Maurice Nadeau). La narratrice ravive dans L’Œil du jourses souvenirs d’enfance, et entreprend peu à peu la restitution du royaume enchanté d’autrefois. Elle fut marquée par la présence de sa grand-mère qui lui rappelle les vieilles traditions, mais constate que ce monde est en pleine mutation. . Islam Pride, derrière le voile de Hélé Béji, expose la situation de la femme tunisienne et atteint aussi l’universalité d’un message féministe qui a pour récepteur les femmes du monde entier, pour dénoncer l’oppression que subissent les femmes.
 Maroc :Le premier roman écrit des mains d’une marocainne fut publié en 1982, il s’agit de Aïcha la rebelle de Halima Ben Haddou. Cela a ouvert la porte à d’autres écrivaines qui lui ont aussitôt emboité le pas comme Badia Hadj Naceur, Leila Houari et Farida Elhany Mourad. Loin d’être provocateur, le roman raconte l’histoire d’amour d’une fille « Aicha »dans le Rif marocain, adoptée par un colon au moment de l’occupation espagnole, celle-ci se bat pour garder les siens qui l’ont rejetée. L’auteur s’identifie à la rébellion de la jeune fille et souligne la volonté d’être et de s’affirmer. Le roman de Badia Hadj Naceur paru en 1985, Le Voile mis à nu (Paris, Arcantère) est de loin plus audacieux. En tombant amoureuse d’un Français, l’héroïne Yasmina qui est issue d’une grande famille à Tanger se voit d’orze-et-déjà hors des normes de la société et de la religion. Elle quitta alors le Maroc après la mort de son amant et part s’installer en France. Une fois là-bas, la jeune fille mène une vie d’excès et de débauche passant des bras d’un homme à des bras d’un autre en passant même par ceux des femmes s’offrant ainsi à la luxure, sans oublier les soirées bien arrosées par toutes sortes d’alcool. On pourrait dire que l’héroïne est une petite bourgeoise qui a mis les pieds en d’hors de la grande maison et veut jouir de la vie. La narratrice ne décrit pas dans son roman l’évolution d’une société mais plutôt celle de certain cas sociaux à travers Yasmina, considérée comme un cas d’émancipation extrême. L’errance de la jeune fille souligne une quête identitaire face à une image de soi qui est à la dérive. Peut-être que l’auteur veut nous montrer où peuvent mener le déracinement et l’imitation machinale, néanmoins ce roman reste le plus « osé » des romans féminins maghrébins de cette période. Nous ne pouvons pas quitter l’écriture féministe marocaine sans parler de Fatima Mernissi. Sociologue et enseignante à l’université Mohamed V au Marc, ses écrits traitent de la question des femmes en terre d’islam. Elle a publié nombre d’ouvrages qui traitent de la condition de la femme sous divers aspects, politiques, social, religieux …, comme Le Monde n’est pas un Harem, Sexe ; Idéologie, Islam publié en 1985 est l’un de ses ouvrages les plus lus. L’importance de ces ouvrages s’explique au tour des thèmes de la condition féminine dans les pays arabo-musulmans.
 Algérie :L’Algérie a connu le plus grands nombre de publications de femmes par rapport aux deux pays cités au-par-avant. Nous citerons quelques écrivaines qui ont osé mettre au centre de leurs écrits la femme et exposer la condition de celle-ci dans les sociétés arabo-musulmanes telle que Djamila Débèche, WassylaTamzali ,Hawa Djabeli, Laila Sebbar Malika Mokhadem … Djamila Debèche qui fut l’une des deux premières (avec TaousAmrouche) à traiter des problèmes sociaux. En effet, Djamila Debèche n’a pas hésité à introduire dès ses premiers écrits le sujet relation à la condition féminine. Ainsi, ses deux romans phares : Leila jeune fille d’Algérie (1947) et Aziza (1955) sont le terrain où la femme retrouve sa voix et son existence en tant que sujet dans le discours social, ils sont également le terrain où les tabous sont broyés. Dans le premier roman, Leila, femme cultivée et indépendante, retournée dans sa famille conservatrice  du sud, a failli subir les contraintes d’un mariage forcé imposé par son oncle tyrannique si ce n’est l’intervention d’une amie française. Cette jeune fille trouve sa vocation en se mettant à l’aide des femmes musulmanes. Dans son second roman intitulé Aziza, ici aussi Djamila Debèche ne s’écrit pas en tant qu’une femme objet mais en tant que femme libre. Nous ne pouvons pas ne pas citer dans cette catégorie de femme Assia Djebar, ses romans se déroulent dans une société algérienne, scindée en deux catégories séparées, la catégorie homme qui représente la vie publique et celle des femmes qui représente la vie privée, des femmes cloitrés à la maison. Prenons un de ces romans qui explicite bien le féminisme dans la plume d’ Assia Djebar. Dans L’Amour, la fantasia Assia Djebar donne la voix aux femmes, elle n’écrit ni à elles ni pour elles, mais elle écrit avec elles. Aicha kassoul dans la revue du CRASC d’Oran nous confirme que les écrivaines citées auparavant traitent de nouvelle thématique, et déclare : « Tournant rapidement le dos au problème de l’assimilation et de l’aliénation, les discours des femmes revendiquent le droit d’être une personne à part entier (…) aux discours de partis et de liberté, sont montées au créneau les voix d’opprimées et la revendications des droits de la citoyenne à part entier parallèlement à la remise en cause des tabous et des visions étriquées ou réductrices .. » Cette citation souligne un aperçu thématique qui prend d’autres sujets abordées par les femmes, après les thèmes de guerre et l’exil, assimilation. Les nouveaux thèmes abordent la condition de la femme, elles revendiquent leurs droits et un statut appart entière.Nous tenons à souligner que notre détour par la littérature maghrébine et féminine en particulier est motivé par le fait de prouver que le féminisme dans l’écriture littéraire n’est pas si nouveau et que cette thématique s’est imposée à la société maghrébine, particulièrement chez les intellectuelles et les écrivaines car, celles-ci conscientes du rôle de la femme en tant qu’individu et en tant qu’être social, luttent pour une place au Soleil et pour leur liberté. Dès lors la lutte et le rêve féministe deviennent tellement importants que cela interpelle même les hommes. Mais la question que nous nous posons est la suivante : comment s’exprime le féminisme chez les hommes ? C’est dans ce sens que nous interrogeons le roman Harraga de Boualem Sensal, qui nous semble un roman féministe.

Le féminisme chez Boualem Sansal dans le roman Harraga

   Notre questionnement est suscité par le fait que l’émigration clandestine qui est censée être la préoccupation centrale de l’œuvre comme son titre le signale occupe une place secondaire. L’histoire s’intéresse à Lamia, le personnage principal et la seule narratrice. Sansal l’a souligné en tout début du roman dans une page adressée « Au lecteur », « ce texte est l’histoire de Lamia. Poussée par la vie dans la plus profonde des solitudes (…) le mieux est de l’écouter dire elle-même son histoire. » nous comprenons par cet exergue qu’il s’agit d’une histoire d’une femme, mais de quelle histoire s’agitil ? En nous intéressons au contexte de la publication de l’œuvre, notamment les interventions de l’auteur dans la presse, notre lecture se focalise davantage sur les préoccupations féministes de l’écrivain et cela constitue pour nous l’un des fils conducteur de notre interprétation. C’est le cas de cet extrait d’une interview accordée par l’auteur à la revue Jeune Afrique, qui attira notre attention :
– Jeune Afrique /l’intelligent : jusqu’à présent les femmes tenaient très peu de place dans vos romans. Subitement, elles bondissent au premier plan. Il y a trois personnages principaux dans Harraga, deux femme et une maison pourquoi ?
– Boualem Sansal : Dans nos pays, il y a le monde des hommes et celui des femmes, qui sont différents. On ne se rencontre qu’au lit et au cimetière. Une histoire qui relierait des hommes et des femmes seraient artificielle. Or on m’a souvent reproché, eu Europe, à propos de mes ouvrages précédents, l’absence des femmes. J’ai voulu donc écrire un roman de femmes. Le monde Sansalien, dans ce roman, semble divisé en deux, celui des hommes et celui des femmes enfermées dans une sphère privée, incomprises, soumises dans une société patriarcale et misogyne et celui des hommes, intolérants, arbitraires et assoiffés de pouvoir.Sansal avec ce roman Harraga parait répondre à la demande de ses lecteurs qui lui reprochent l’absence des femmes. C’est par le biais de ses personnages féminins que Sansal véhicule le féminisme de ces femmes révoltées contre les institutions sociales qui les oppriment. Ces femmes qui bravent la ligne interdite à la quête de liberté et surtout du droit de vivre. Les révoltes de la narratrice se lisent tout au long du roman, des révoltes féministes qui empêchent l’émancipation de la femme dans une société phallocratique, gouvernée par un islamisme fanatique. De l’autre côté le drame de Cherifa, adolescente, enceinte qui n’a aucun choix que de fuguer, pour dissimuler sa grossesse dans une société fanatique, hypocrite qui n’aura aucune pitié. Une liberté qu’elle paiera au prix de sa vie, C’est toute l’errance de la jeunesse algérienne livrée à elle-même que Sansal dénonce de façon symbolique à travers ce personnage.

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Table des matières

Introduction Générale
CHPITRE I : La thématique du féminisme dans Harraga
Introduction
1- Problématique du féminisme 
1.1. Qu’est-ce que le féminisme ?
1.2. Le féminisme dans la littérature
1.3. La littérature féministe chez les écrivaines femmes magrébines d’expression française
1.4. Le féminisme chez Boualem Sansal dans le roman Harraga
2- Les investissements thématiques dans le roman Harraga 
2.1. Thème et thématologie
2.2. Identifications des thèmes du récit Harraga
2.2.1. Le thème Harraga, une métaphore
2.2.2. Le thème de la révolte
2.2.3. L’islam et la femme
2.2.4. Le thème du mariage
Conclusion partielle
CHAPITRE II : Etude narratologique 
Introduction
1. La narration du récit 
1.1. La stucture du roman Harraga
1.2. La focalisation
1.3. Le statut du narrateur
1.3.1. Relation narrateur avec l’histoire
1.3.2. Le niveau narratif
2. Les personnages dans Harraga
2.1. Qu’est-ce qu’un personnage en littérature ?
2.2. Les personnages référentielles « réels »
2.3. Grille d’analyse des personnages selon le model sémiologique de Philippe Hamon
2.3.1. L’être
2.3.2. Le faire
2.3.3. L’importance hiérarchique
2.4. Application de la grille d’analyse selon le model sémiologique de Philippe Hamon sur le personnage féminin « Lamia »
2.4.1. L’être
2.4.2. Le faire
2.4.3. L’importance hiérarchique
Conclusion partielle
Conclusion générale
Bibliographie

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