La thématique du commerce dans les villes moyennes
Cette première partie est consacrée au sujet du commerce dans les villes moyennes. Le choix de se focaliser sur les villes moyennes tient au fait que la progression de la vacance commerciale y est plus rapide et forte que dans les métropoles et que la commune de Chambéry est une ville moyenne. L’accent sera mis sur la progression de la vacance commerciale, la fragilisation des commerces de proximité et ses causes. Il sera aussi question des dynamiques de renouveau et de redéploiement qui portent actuellement les commerces de proximité. Cette partie du mémoire n’est pas centrée sur la ville de Chambéry mais sur les villes moyennes françaises et tout particulièrement celles qui connaissent une vacance commerciale structurelle. I,1) Les raisons d’œuvrer au maintien d’un tissu commercial de proximité dense et diversifié.
Le commerce joue un rôle central dans l’animation, l’attractivité ou la qualité de l’image d’un centre-ville. La présence d’une offre commerciale abondante et diversifiée est une des caractéristiques majeures qui caractérise la ville. Le tissu commercial d’une cité apparaît comme un miroir du dynamisme ou du déclin de celle-ci. Il envoie des signaux forts aux passants, qui laissent une impression, nourrissent des sentiments, et reflètent une part de l’identité locale.
Il remplit plusieurs fonctions essentielles, que ce soit en permettant aux habitants de se procurer des denrées alimentaires, des biens de première nécessité ou des biens matériels conforment aux désirs du ou des consommateurs. Par ailleurs, la vitalité d’un centre-ville est étroitement liée à la densité et à la qualité de son tissu commercial de proximité. Celui-ci draine des flux de passants et de consommateurs et participe activement à rendre un centre-ville attrayant et animé.
Les commerces de proximité représentent avec les espaces publics, les services publics ou encore les équipements dédiés aux divertissements, des lieux de sociabilité. Ils peuvent favoriser le tissage de liens sociaux, la convivialité et rendent possible des rencontres. Lorsque le tissu commercial de proximité décline, l’intensité de la vie sociale communale tend à s’appauvrir.
L’image d’une commune peut pâtir du déclin du commerce, la multiplication des vitrines vides, des enseignes dégradées et des panneaux à vendre ou à louer apposés sur les vitrines des commerces peuvent susciter chez le passant, qu’il soit habitant de la commune ou simple touriste, une impression de morosité ambiante, de tristesse et un sentiment de déclin.
Au vu de la diversité des fonctions des commerces de proximité, il apparaît impératif d’œuvrer à stopper au plus vite cette tendance qui se traduit par un dépérissement du tissu commercial de proximité, avec son lot de conséquences néfastes.
La progression de la vacance commerciale dans les villes moyennes
La spécificité de la problématique de la vacance commerciale dans les villes moyennes
La problématique de la désertification commerciale se pose avec de plus en plus d’acuité dans un nombre grandissant de communes, tout particulièrement les communes de petite et moyenne taille. Les métropoles sont d’avantage préservées, le taux de vacance commerciale est fréquemment inférieur à 5 %, la vacance commerciale est même un phénomène mineur dans les métropoles qui se distinguent par une forte vitalité économique et un accroissement démographique.
Au vu du diagramme ci-dessus on s’aperçoit que les centres villes de grandes métropoles sont relativement épargnés par le phénomène de la vacance commerciale avec un taux de 7% pour les agglomérations de 250 000 à 500 000 habitants et de 6,8% pour les agglomérations de plus de 500 000 habitants. Il s’agit d’une des conséquences des économies d’agglomération, les métropoles bénéficient d’une meilleure résistance à la vacance commerciale car elles offrent à leur commerce, de par la concentration de leurs activités et la qualité de de leurs infrastructures de transport, des débouchés commerciaux plus que proportionnels à leur poids de population. Les chiffres montrent que la problématique de la vacance commerciale concerne essentiellement les petites et moyennes villes, et plus marginalement les grandes villes. Bien sûr, toutes les petites et moyennes villes ne sont pas confrontées à un déclin commercial se traduisant par une hausse rapide et importante de la vacance commerciale. Il y a des villes de taille modeste qui bénéficient d’une conjonction de facteurs favorables au dynamisme du commerce local, que ce soit sur le plan économique, touristique, démographique ou géographique.
La diversité des villes moyennes confrontées à une forte vacance commerciale
Si la problématique de la vacance commerciale est commune à la plupart des villes moyennes, elle ne trouve pas forcement sa source dans des causes identiques. Ainsi, on peut identifier six catégories différentes, déterminées en fonction de l’origine de la dévitalisation du tissu commercial, bien que le problème de la vacance commercial ne soit jamais la conséquence d’une seule et unique cause. Comme tout phénomène complexe, il résulte d’un faisceau de facteurs qui en se combinant affectent durement le tissu commercial de proximité.
Dans le premier groupe, on retrouve les communes moyennes dont la vacance commerciale est avant tout la résultante d’une situation économique et sociale locale difficile. Dans ces communes, le taux de chômage est toujours supérieur à 10 %, au-dessus de la moyenne nationale, le tissu productif est menacé par les mutations économiques en cours, le taux de pauvreté est comme le taux de chômage situé dans une fourchette supérieur à la moyenne nationale. Dans ce groupe de communes, le déséquilibre entre le centre et la périphérie est moins important dans l’explication de la progression de la déprise commerciale que la fragilisation du profil socio-économique de la commune. Les auteurs du rapport La Revitalisation du centreville regroupe dans cette catégorie les villes d’Elbeuf, d’Evreux et de Forbach.
Le second groupe réunit les villes moyennes qui sont confrontées à un fort déséquilibre entre l’offre commerciale de proximité implantée dans le centre-ville et l’offre commerciale offerte par les grandes surfaces périphériques. Un déséquilibre particulièrement prononcé a pour effet de déstructurer l’ossature commerciale communale et même plus largement intercommunale.
Lorsque le développement des grandes surfaces périphériques s’avère excessif, au regard de la croissance de la consommation et affranchi d’une volonté d’assurer une bonne cohérence urbanistique aux différents projets, cela a pour effet d’affaiblir les commerces de proximité, ce qui se traduit a plus ou moins long terme par une hausse de la vacance commerciale dans le centre-ville. Dans cette catégorie, on retrouve les communes de Voiron, de Saint-Brieuc et de Chambéry.
Dans le troisième groupe, il y a les villes moyennes dont l’affaiblissement du tissu commercial est principalement dû à un phénomène plus global de dévitalisation, qui se traduit par une perte importante d’équipements et de services publics. Pour ces communes, le phénomène de dévitalisation est donc multidimensionnel, la dimension commerciale de la ville s’inscrivant dans un mouvement de déclin globale. Dans ce cas précis, il est particulièrement difficile d’amorcer une dynamique de régénération du tissu commercial, puisque les causes du déclin sont très profondes, et que les politiques visant à la reconquête des commerces de proximité n’ont que très peu d’emprise sur des dynamiques et des dynamiques lourdes et bien souvent durables. La ville de Chartres est citée comme un exemple des communes moyennes qui sont confrontée à un phénomène de dévitalisation globale.
La quatrième catégorie recouvre les communes qui font face à une fragilisation de leur tissu socio-économique qui se conjugue à l’existence d’un déséquilibre de la périphérie et de la centralité. Dans ce cas le tissu commercial de proximité est menacé dans sa pérennité par une baisse du pouvoir d’achat des ménages, et par une forte attraction des grandes surfaces commerciales périphériques des consommateurs au détriment des commerces de proximité.
Dans cette catégorie, le taux de vacance commerciale est souvent supérieur à 15 %, et les politiques urbaines et commerciales peinent durement à enrayer une spirale récessive qui tend à affaiblir, à déstructurer et à dévitaliser pour longtemps le tissu commercial. Parmi les villes qui appartiennent à cette catégorie, les auteurs du rapport citent les communes de Mulhouse, de Béthune, de Carpentras, de Lens ou de Carcassonne.
Le cinquième groupe rassemble les communes qui pâtissent à la fois d’une fragilisation du tissu socio-économique et d’un phénomène de dévitalisation plus globale qui recouvre une multitude de domaines, à la fois commercial, économique, mais aussi dégradation du parc de logements avec une hausse prononcée de la vacance. C’est dans cette catégorie que la problématique de la vacance commerciale est la plus lourde en raison de la diversité et de la profondeur des phénomènes divers qui concourent à dévitaliser la cité dans toutes ses dimensions dont évidemment le commerce. On retrouve dans cette catégorie les communes de Charleville Mézières, de Béziers et d’Argentan. A noter que la ville de Bézier connaît un taux de vacance commerciale supérieur à 25 %.
Enfin, dans le sixième et dernier groupe, il y a les communes qui subissent à la fois les effets néfastes découlant d’un fort déséquilibre entre l’offre commercial de centre-ville et les grandes surfaces commerciales périphériques et un mouvement de dévitalisation plus globale. Il y a dans cette catégorie des villes comme Thonon-les-Bains, Saint-Nazaire et Pau.
On a vu que la problématique de la vacance commerciale ne se pose pas forcément dans les mêmes termes d’une ville à une autre et que les causes premières du déclin des commerces de proximité peuvent variées dans l’espace. De surcroît, ce phénomène n’a pas la même intensité d’une commune à une autre. En effet, si dans la ville de Chartres la vacance commerciale se situe dans une fourchette de 7,5 à 10 %, dans des villes comme Nevers, Béziers, Orange ou
Lens, le taux de la vacance commercial monte de 15 jusqu’à 25 %, ce qui traduit un phénomène très marqué de dévitalisation du tissu commercial de proximité. Pour ces villes, le déclin est généralement global, la mort du commerce étant un symptôme et le révélateur de lourds dysfonctionnements.
Les documents d’urbanisme régissant l’urbanisme commercial à Chambéry
Le document d’aménagement commercial
C’est la loi Solidarités et Renouvellement Urbain a initié la prise en compte de la thématique commerce dans les documents d’urbanisme, dans les SCOT et les Plan Locaux d’Urbanisme (PLU), tout en donnant aux collectivités territoriales un ensemble d’outils afin de définir les localisations préférentielles pour le commerce. La loi de Modernisation de l’économie (LME) datant du 4 août 2008, est à l’origine de la création des Commissions Départementales d’Aménagement Commercial, qui ont pour mission de délivrer les autorisations d’exploitation commerciale, en fonction de critères d’aménagement du territoire et de développement durable avec le souci de la cohérence avec le projet de territoire.
La loi du 12 juillet 2010 portant Engagement National pour l’Environnement confirme le rôle croissant des documents d’urbanisme en matière de régulation des implantations commerciales, en faisant du DAC un élément de contenu obligatoire des SCOT, tout en le dotant de moyens de régulations plus ambitieux, néanmoins ce document d’urbanisme se doit de respecter le principe de libre concurrence.
Le Document d’Aménagement Commercial est un document d’urbanisme qui se doit de fixer la stratégie de développement commercial et la localisation préférentielle du commerce traduite par des orientations. Il détermine également le périmètre des zones d’aménagements commerciaux. Ces zones sont définies conformément à plusieurs exigences. A l’intérieure de ces zones l’implantation des commerces est conditionnée au respect de certaines prescriptions.
Celles-ci sont définies en considération des exigences de l’aménagement du territoire, de protection de l’environnement ou de qualité de l’urbanisme spécifiques à certaines parties du territoire couvert par le schéma. Leur délimitation qui suppose un tracé à la parcelle et non une simple localisation ne peut reposer sur l’analyse de l’offre commerciale existante ni sur une mesure de l’impact de cette dernière de nouveaux projets de commerces. On retrouve bien ici l’esprit de la LME, ce sont les critères d’aménagement et de développement durable qui priment, à l’exclusion des critères économiques et concurrentiels.
Ces éléments s’imposent aux opérations de plus de 5 000 mètres carrés de surface de plancher, ainsi qu’aux PLU une fois la modification du SCOT rendue exécutoire. Les autorisations d’exploitation commerciale sont délivrées en compatibilité du DAC. Les seuils de demande d’autorisation sont fixés à 1000 mètres carrés de surface de vente. Le DAC ne permet pas à lui seul de mettre en œuvre de la Métropole Savoie en matière d’urbanisme commerciale. Cette dernière doit impérativement être relayée dans le cadre des PLU dans l’optique de définir une stratégie commerciale en phase avec le contexte local.
Le Document d’Aménagement Commercial de Métropole Savoie définit quatre axes majeurs, L’axe numéro 1 prévoit de favoriser le maintien et l’implantation des commerces au sein des centralités commerciales existantes. Il est précisé qu’il faut veiller à rechercher l’implantation des commerces en densification ou en continuité des linéaires existants, dans le périmètre des zones urbanisés et centrales et d’encadrer autant que possible les implantations commerciales en-dehors des centralités commerciales. L’axe 2 du DAC insiste sur l’objectif d’optimisation et de renforcement du maillage du territoire en commerce via la valorisation des pôles commerciaux existants, le renforcement de la diversité commerciale dans les secteurs qui disposent d’une offre commerciale faiblement de limiter les déplacements vers les grands sites marchands. L’axe 3 vise à limiter la consommation de foncier en donnant la priorité au renforcement des centralités commerciales existantes afin d’atténuer l’étalement urbain imputable à l’extension de la surface dédiée au commerce dans les zones périphériques des communes. Enfin, l’axe 4 a pour objectif de renforcer la qualification des zones commerciales et les entrées de ville afin de diminuer leur impact sur l’environnement, réduire leur impact visuel et sonore mais également afin de favoriser l’implantation des commerces dans les zones qui sont desservies par les transports en commun.
Les orientations fixées par le PADD du PLU de Chambéry en matière commerciale
Le PLU de la ville de Chambéry comporte dans son Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), plusieurs orientations relatives au commerce. Elles sont réunies dans le chapitre 3 et s’inscrivent dans une relation de compatibilité avec les prescriptions du Document d’Aménagement Commercial du Schéma de Cohérence Territorial de Métropole Savoie.
Préserver l’équilibre du tissu commercial existant
Cette première orientation préconise de mener des politiques de soutien à l’offre commerciale du centre-ville, qui doit être renforcée, pour pouvoir faire face à la concurrence des pôles commerciaux périphériques (Les Landiers, Saint Alban/Bassens), ou extérieurs à l’agglomération. La préservation du tissu commercial de proximité est un enjeu central. Il est également écrit que la zone des Landiers doit pouvoir moderniser son appareil commercial, améliorer la qualité de ses aménagements et affirmer son caractère d’entrée de ville. Il y a donc une volonté d’assurer un équilibre de l’ossature commercial du territoire.
Soutenir le dynamisme du commerce du centre-ville
La seconde orientation stipule que le maintien et le développement du commerce au centreville passe aussi par une la mise en œuvre de politique protéiforme, avec une politique active de réhabilitation du patrimoine bâti, de dissuasion de la vacance dans l’habitat, d’un traitement qualitatif de l’espace public, et d’une amélioration de l’accessibilité. Le PADD insiste sur la nécessité d’assurer une répartition géographique pertinente des équipements publics pour conforter l’activité commerciale. L’enjeu affirmé est de renforcer l’attractivité du centre-ville par le biais d’actions de soutien au commerce du centre, en soutenant la professionnalisation des commerçants, le développement des services à la clientèle, l’animation du centre-ville, et pour la part revenant à la seule collectivité, un traitement qualitatif des espaces publics.
Conforter l’offre commerciale existante dans les quartiers d’urbanisation récente
Enfin la troisième orientation du troisième chapitre du PADD, prévoit que dans les zones d’urbanisation récente, les programmes d’aménagement doivent intégrer l’enjeu du développement commercial. De même, dans les quartiers d’habitat social, la requalification des centres commerciaux existants et le renouvellement de l’offre commerciale doivent être envisagées lorsque cela est possible, en s’appuyant sur les dispositifs de la politique de la Ville.
Historique du commerce de proximité à Chambéry
Les auteurs du rapport Dossier FISAC
Commune de Chambéry Opération Urbaine, en date du mois de novembre 1998, estime en se basant sur l’analyse du paysage commercial de la commune de Chambéry et des données relatives au tissu commercial des communes appartenant à l’agglomération chambérienne, que la densité commerciale de celle-ci est assez forte, avec une cellule commerciale pour 41 habitants, mais non exceptionnelle. Quant au taux de vacance commerciale, il était en cette année 1998 « acceptable », bien que de fortes disparités existaient déjà en la matière.
Secteur Ville Ancienne/Rue Croix d’Or-Rue d‘Italie-Faubourg Montmélian
A l’échelle de la commune de Chambéry, la vacance commerciale se situe autour de 10 %, ce qui signifie qu’elle est de nature structurelle. Cependant, on constate que d’une rue à l’autre, le taux de vacance commerciale diffère dans des proportions importantes. Il y a un nombre majeur de rues ou la vacance commerciale est mineure voire inexistante. A l’inverse, plusieurs rues sont confrontées à une forte vacance commerciale. La plupart des cellules commerciales vacantes sont même localisées dans un nombre restreint de rues. Il s’agit des rues Croix-d’Or, du Faubourg Montmélian, et dans une moindre mesure de la rue Sainte-Barbe et de la rue d’Italie.
Cela signifie que la commercialité de Chambéry est globalement bonne et que la déprise commerciale n’est pas une fatalité.
La rue Croix-d’Or était dans un passé encore récent l’une des rues marchandes les plus dynamiques de la commune de Chambéry. La vacance commerciale était alors résiduelle et éphémère. Le problème de la vacance commerciale a commencé à s’enraciner dans cette rue depuis quelques années. Aujourd’hui le tissu commercial de la rue Croix-d’Or est très fragilisé, les locaux commerciaux vacants se multiplie et la dynamique de déclin qui est à l’œuvre semble gagner en ampleur. On dénombre 12 commerces vacants dans cette rue, sur un total de 57 commerces. Le taux de vacance commerciale est donc supérieur à 20%, ce qui est très important.
Secteur Place de Genève-Boulevard de la Colonne-Rue de Boigne
Ce secteur recouvre des rues marchandes aux profils très différents. Le paysage commercial de la rue Veyrat est dominé par les commerces spécialisés dans les services à la personne et par les restaurants et bars. Alors que la vacance commerciale est faible dans cette rue, elle est plus marquée dans la rue Sainte-Barbe, qui est moins fréquentée.
La place de Genève est une des places les plus dynamiques et marchandes de Chambéry. Elle est très fréquentée et bénéficie de la présence du site des halles, qui est une véritable locomotive commerciale qui attire des flux de passants importants. La présence de grandes enseignes comme Monoprix ou la FNAC a entrainé une dynamique de revitalisation commerciale dans les rues adjacentes. C’est le cas de la rue Bonivart, qui était il y a encore peu, une rue sinistrée.
Depuis plusieurs années, cette rue voit son paysage commercial se développer.
La centralité commerciale de proximité du quartier des Hauts-de-Chambéry
Le quartier des Hauts-de-Chambéry est situé dans la partie nord de la commune de Chambéry. Son urbanisation remonte aux années 1970. Il concentre de nombreux logements sociaux et est classé quartier prioritaire de la politique de la ville. Sa population présente un profil socio-économique caractéristique des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), avec un taux de pauvreté et de chômage nettement supérieur à la moyenne communale.
La réalité commerciale de ce quartier ne peut être appréhendée sa prise en compte de ses spécificités socio-économique, mais aussi urbanistiques.
La faiblesse des revenus des ménages limite le pouvoir d’achat de la population. Les consommateurs des QPV sont guidés par la recherche de prix bas, ce qui impacte la physionomie du paysage commercial. Cependant, ils souhaitent aussi pouvoir choisir entre des gammes, marques et prix de produits variés, comme les ménages pourvus d’un pouvoir d’achat plus élevé. L’importance de la contrainte budgétaire ne présume pas de la complexité des arbitrages entre le prix, la qualité, la valeur symbolique et le plaisir retiré des produits choisis.
Le quartier des Hauts-de-Chambéry, bénéficie du soutien de l’établissement public national d’aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA), qui est un organisme dont la mission principale est d’aider les collectivités territoriales à reconquérir les zones commerciales au sein des quartiers en difficulté. Plusieurs opérations ont pu voir le jour grâce à ce soutien, dont la restructuration du site commerciale des Combes. La principale artère commerciale est située Avenue d’Annecy. Les commerces de proximité restent néanmoins peu nombreux, même le long de cette avenue. En outre, le tissu commercial de proximité pâtit d’une faible diversité commerciale. Les commerces de détail alimentaires sont peu nombreux. Il y a un hypermarché Super-U qui fait office de locomotive commerciale et un marché hebdomadaire qui rencontre un vif succès et permet ainsi de pallier partiellement le déficit de commerces alimentaires.
Il y a deux facteurs en plus de la faiblesse des revenus qui peuvent expliquer en partie la fragilité des commerces de proximité et la faiblesse de la densité et de la diversité commerciale. On peut citer la mauvaise image du quartier auprès de la population de l’agglomération chambérienne, alimentée par les faits-divers dont la presse locale se fait l’écho. La réputation de quartier dangereux des Hauts-de-Chambéry représente un frein au dynamisme des commerces de proximité, très rarement fréquentés par des clients extérieurs au quartier. Le second facteur est la concurrence des grandes surfaces commerciales implantées dans la zone des Landiers, dont l’hypermarché Carrefour.
En se basant sur une étude réalisée par le Groupe d’Etudes Urbaines (GETUR) en 1982, on s’aperçoit que la zone commerciale des Landiers, mais aussi celle de la ville de Bassens, étaient déjà très fréquentées par les habitants du quartier. Il en va de même pour les commerces ducentre-ville de Chambéry.
Enquête auprès des commerçants du centre-ville de Chambéry
Une enquête a été réalisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Savoie au mois de mars 2008, auprès d’un large panel, puisque la plupart des commerçants du centre-ville de Chambéry ont été sollicités. Il en ressort les résultats suivants :
Tous secteurs d’enquête confondus, les commerçants du centre-ville portent une appréciation plutôt positive de leur environnement. Les principales qualités concernent le cadre urbain (69 % d’opinion positive), les transports en commun (65,5 %), et la proximité d’administrations ou d’établissements générateurs de flux de clientèle. Certains professionnels ont par ailleurs spontanément mis en avant « l’ambiance entre commerçants ». Les commerçants interrogés ont une appréciation plutôt positive, mais plus nuancée sur l’attractivité de l’offre commerciale qui les entoure (52,4 % d’avis positifs contre 36,9 % d’avis négatifs). De même, les flux piétonniers sont considérés comme un atout pour 53,6 % d’entre eux, et un point faible pour 36,9 %.
Comme pour beaucoup de centres ville, l’accessibilité automobile et le stationnement sont les points névralgiques de l’activité commerciale. Les flux automobiles restent un atout pour 38,1 % des commerçants, un point faible pour 16,7 %, et 45,2 % des interrogés les considèrent comme un élément neutre. C’est le stationnement qui focalise l’essentiel des opinions négatives, avec 27,4 % d’opinions positives contre 67,9 % négatives. Le deuxième point faible constaté par les professionnels concerne la diversité commerciale et une certaine tendance au rétrécissement de l’offre commerciale (16,7 %). Une meilleure animation de la rue ou du quartier est souhaitée par 10,4 % des commerçants interrogés. Dans ce droit fil, certains professionnels souhaitent un meilleur embellissement de leur quartier à l’occasion des fêtes (3,1 %). Enfin, la propreté des rues et des façades est perçue négativement par 9,4 % des professionnels.
L’éclosion de formats commerciaux novateurs
Le tissu commercial de la ville de Chambéry bien que frappé par une vacance commerciale structurelle durable, n’est toutefois pas figé et condamné à un long déclin irrémédiable. En effet, on constate l’apparition de nombreux commerces atypiques et novateurs.
Ils sont des signes palpables de la capacité de renouveau des centralités commerciales de proximité de la commune, tout particulièrement celle du centre-ville. On voit ainsi s’installer dans le paysage commercial chambérien des épiceries fines, des food-truck ou encore des concepts store. Cependant, l’essentiel de ces nouveaux commerces se concentrent dans un périmètre assez restreint, au sein de l’hyper-centre de la commune. Toutefois, des commerces atypiques parviennent à s’implanter dans des rues et des ruelles au bâti dégradé et situées à l’écart des flux les plus importants de passants. C’est le cas, par exemple, de la Forge des Halles, un concept store récemment installé à Chambéry dans la rue Bonivard.
Un concept store est un type de magasin pour lequel il n’existe pas réellement de définition.
Le terme de concept store est souvent utilisé pour des magasins indépendants qui innovent dans le domaine de l’offre et de la mise en scène de cette offre ou qui ont souvent une thématique ou une vocation particulière. Par définition la notion de concept store est transitoire si le modèle se généralise et perd donc de son originalité. La Forge des Halles est un concept store qui s’est spécialisé sur le thème du recyclage et du réemploi. Il propose de découvrir un univers dédié à la récupération de matériaux et à la consommation dite responsable.
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Table des matières
Introduction
I ) La thématique du commerce dans les villes moyennes
I,1) Les raisons d’œuvrer au maintien d’un tissu commercial de proximité dense et diversifié
I,2) La progression de la vacance commerciale dans les villes moyennes
I,2,a) La spécificité de la problématique de la vacance commerciale dans les villes moyennes
I,2,b)La diversité des villes moyennes confrontées à une forte vacance commerciale
I,3) Les causes plurielles du déclin de la commercialité
1,3,a) Un déclin à mettre en perspective avec les mutations qui affectent le commerce sur le temps long
I,3,b) La rupture de l’équilibre commerces de proximité/grandes surfaces commerciales périphériques
1,3,c) L’émergence de nouvelles formes de concurrence
1,4) Les métamorphoses du tissu commercial de proximité
II) Les centralités commerciales de proximité de Chambéry, entre déclin et renouveau
II,1) Présentation du territoire chambérien
II,1,a) Chambéry, centralité commerciale majeure de la Communauté d’Agglomération de
Chambéry Métropole Cœur des Bauges
II,1,b) Les polarités et pôles commerciaux du territoire chambérien
II,2) Les documents d’urbanisme régissant l’urbanisme commercial à Chambéry
II,2,a) Le document d’aménagement commercial
II,2,b) Les orientations fixées par le PADD du PLU de Chambéry en matière commerciale
II,3) Historique du commerce de proximité à Chambéry
II,4) Diagnostic sur la commercialité du centre-ville de Chambéry et du cœur de quartier des hautsde-Chambéry
II,4,a) La centralité commerciale de proximité du centre-ville de Chambéry
II,4,b) La vacance commerciale dans le centre-ville
II,4,c) SWOT centre-ville de Chambéry
II,4,d) La centralité commerciale de proximité du quartier des Hauts-de-Chambéry
II,4,e) SWOT quartier les Hauts-de-Chambéry
II,4,f) Enquête auprès des commerçants du centre-ville de Chambéry
II,4,g) Une forte hétérogénéité des dynamiques commerciales
II,4,h) L’éclosion de formats commerciaux novateurs
II,5) Les actions menées par la ville de Chambéry en soutien à la commercialité
III) Quels leviers pour engager une revitalisation commerciale ?
III,1) Intégrer la dimension commerciale dans un projet urbain global
III,2) Quel traductions réglementaires dans les documents d’urbanisme pour atteindre cet objectif ?
III,2,a) La protection des linéaires commerciaux
III,2,b) La mise en œuvre de dispositions permettant de renforcer les possibilités en matière de diversité commerciale
III, 3) Une politique foncière volontariste
III,4) La définition d’une stratégie commerciale intercommunale
III,5) La mobilisation d’un dispositif de soutien à la redynamisation des centres villes
III,6) Mener une politique de revitalisation commerciale en phase avec les mutations à l’œuvre
dans le champ du commerce
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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