La tentative de suicide
Ethiopathogénie de la schizophrénie :
La schizophrénie est une psychose d’évolution chronique touchant environ 1% de la population mondiale [1]. Elle atteint l’adulte jeune (avant 45ans).Au Maroc, cette maladie touche 5,6% de la population[ 2]. A l’heure actuelle ; l’étiologie de la schizophrénie reste méconnue mais toutes les études s’accordent à dire qu’elle est multifactorielle impliquant : -facteurs génétiques : le patrimoine génétique aurait un rôle dans la schizophrénie [3]. En effet, la présence d’un membre de la famille atteint de schizophrénie augmente le risque de développer cette maladie [4]. Lorsqu’il s’agit de jumeaux homozygotes, le risque devient très important et dépasse 50%.Plusieurs recherches se sont intéressées à ce sujet et ont défini certains gènes comme marqueurs de risque. Il s’agit des gènes NRG1 et DTNBP1 [5].La région 22q11 est également incriminée en raison de la fréquence élevée des psychoses chez les sujets délétés pour ce fragment du chromosome 22[6]. -facteurs biologiques : il s’agirait d’un désordre biochimique en rapport avec un trouble du métabolisme de la dopamine et plus exactement un dysfonctionnement de la voie dopaminergique méso limbique [7].
C’est pour cette raison que la plupart des substances antipsychotiques ont une action dopaminergique. Un autre neurotransmetteur, le glutamate et en particulier la fonction diminuée de son récepteur NMDA est aussi incriminée dans la survenue de la maladie [8]. -facteurs infectieux : l’hypothèse d’une participation infectieuse au déterminisme de la schizophrénie a été confortée par la reconnaissance d’un déséquilibre saisonnier des naissances chez les patients schizophrènes [9-10]. L’infection grippale a été la plus étudiée en raison d’un parallélisme entre la schizophrénie et les fluctuations annuelles des infections grippales [11].L’exposition à ce virus pendant la première moitié de la gestation augmenterait de sept fois le risque de schizophrénie à l’âge adulte [12].Le cytomégalovirus (CMV) a également été incriminé dans la schizophrénie. Les infections bactériennes à tropisme neurologique semblent également intervenir dans la survenue de troubles psychotiques mais avec une association plus faible [13].Du coté des parasites, la toxoplasmose semble aussi accroitre le risque de schizophrénie [14 –15]. -facteurs nutritionnels : les conséquences tragiques de la famine survenue dans une partie des Pays-Bas au cours de l’hiver 1944-1945 se sont avérées intéressantes pour les épidémiologistes d’aujourd’hui. Trois publications à ce jour indiquent que les enfants des femmes soumises à cette famine en cours de grossesse ont eu un risque environ deux fois supérieur de développer une schizophrénie [16 – 17- 18].Il semble aussi qu’un indice de masse corporelle : IMC élevé (supérieur à 30) avant la grossesse augmente de près de trois fois le risque de développer une schizophrénie chez la progéniture [19].Il a été également rapporté que l’absence d’allaitement maternel constituait un facteur de risque de la schizophrénie [20],cependant cette hypothèse n’a pas été confirmée lors d’autres études [21].
Réhabilitation et remédiation cognitive :
Parallèlement à la recherche de nouveaux médicaments pro-cognitifs,deux modèles de réhabilitation cognitive ont peu à peu émergé[62].Dans l’un d’entre eux qualifié de thérapie d’adaptation cognitive(TAC),les déficits cognitifs sont indirectement ciblés au travers d’interventions compensatoires visant à modifier l’environnement du patient et lui permettre ainsi de contourner ses déficits [63].Dans un second modèle, qualifié de thérapie de remédiation cognitive (TRC),les déficits cognitifs sont directement ciblés au travers d’exercices cognitifs répétés [64].Les résultats disponibles à ce jour indiquent qu’une grande variété de stratégies de remédiation cognitive sont à même d’améliorer des fonctions comme la mémoire de travail, l’attention [65] ,la perception des émotions [66]et les fonctions exécutives [67]. Cette amélioration s’accompagnerait d’une modification de l’activité cérébrale comme l’ont récemment montré des études associant IRM fonctionnelle et remédiation cognitive[68].
Psychoéducation : La sévérité et la chronicité de la schizophrénie sont essentiellement associées à un manque de conscience du trouble et à une mauvaise compliance thérapeutique. Les techniques psychoéducatives ont été développées pour mieux informer les patients et leur famille sur la maladie et les traitements. Les techniques psychoéducatives peuvent être individuelles ou groupales, elles font appel à différents supports (écrits, vidéo) et à différentes stratégies (cognitive et comportementale, psychologiques). Un effet bénéfique des techniques psychoéducatives a été montré au niveau du fonctionnement social, de la qualité de vie [69] et de la compliance thérapeutique [70]. Dans ce cadre, et pour soutenir les objectifs orthopédagogiques chez les patients, les techniques psychoéducatives auprès des familles visent à informer sur la maladie et sur la prise en charge , à réduire la culpabilité et l’isolement des familles, à adapter leurs attentes et leurs attitudes à l’égard du malade et à améliorer les communications intrafamiliales [71-72].
Facteurs sociodémographiques :
Le contexte social des patients a suscité beaucoup d’intérêt chez certains auteurs qui ont décrit son impact sur la DUP et par conséquent sur le pronostic ultérieur. Selon Morgan et Al (2005), dans une étude prospective concernant 495 patients suivis pendant 2ans, une plus longue DUP est associée à plusieurs facteurs notamment le sexe masculin, le célibat, la solitude et l’absence de domicile fixe. La nature de la symptomatologie initiale a également été décrite comme facteur prédictif dans la DUP ainsi un début aigu alarme la famille et mène à une demande de soin plus précoce [77]. Wenderink et al (2005), dans une étude prospective, ont suivi pendant un an 157 patients afin de dégager les déterminants de la DUP. Les résultats concluent que les sujets célibataires et de sexe masculin ont une plus longue DUP [78]. En 2006, Elen Pek et al ont mené une étude à propos de 334 patients et ont conclu que le célibat et le chômage étaient liés à une DUP plus longue [79].
En 2005, une étude menée à Hong Kong par Eric Yu-hai Chen sur 131 patients a montré que la présence dans la famille d’un autre membre atteint de schizophrénie réduirait significativement la DUP par une détection précoce des symptômes et donc une demande de soins (80]. Victor peralta (2004) et son équipe ont mené une étude à propos de 100 patients qui a révélé l’influence des facteurs socioéconomiques sur la DUP .Ainsi un niveau socioéconomique bas et/ou une absence de solidarité sociale augmenteraient cette durée [81]. M.T Compton et al (2003) ont réalisé une étude à propos de 10familles de patients schizophrènes qui a montré l’influence du degré de sensibilisation de la famille par rapport aux changements de comportement des patients et son retentissement sur la DUP. En effet, une famille qui perçoit et reconnaît des symptômes de la maladie recourt à une demande de soins plus rapide et donc la DUP est nettement réduite [82].
L’accès aux soins : La DUP est fortement liée aux conditions d’accès aux soins, en effet plus l’accès est facile et rapide et plus la DUP est courte [84]. Amanda Skate et ses collègues ont mené une étude concernant 42 patients en 2002 et ont conclu que les patients ayant les plus courtes DUP étaient ceux qui avaient un contact régulier avec leur médecin généraliste [85]. En 2005, une étude a été réalisée par Lynda Tait et ses collègues qui a mis en évidence le rôle des médecins généralistes dans la détection des premiers signes de schizophrénie. Ainsi, ces derniers étant le premier contact avec les patients peuvent en reconnaissant les symptômes raccourcir énormément la DUP en les référant dans des services de psychiatrie [86]. Ashok Malla et son équipe ont mené une étude à propos de 188 patients et ont conclu l’importance d’avoir un bon programme sanitaire de prévention primaire afin de réduire la DUP et d’améliorer le pronostic de la schizophrénie [87]. En 2003, Julia Fuchs et ses collègues ont réalisé une étude à propos de 96 patients qui a montré que malgré les efforts fournis par les médecins généralistes dans la détection des symptômes de la schizophrénie, les professionnels de la santé mentale restent les meilleurs dans ce domaine [88].
Influence du retard diagnostique sur le pronostic de la schizophrénie : Plusieurs études ont été faites afin d’établir le lien de causalité entre la DUP et le pronostic ultérieur de la schizophrénie. C’est un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre depuis déjà dix ans. En 1999, Thomas H .Mc Glashan et ses collègues ont analysé toutes les études publiées jusqu’en 1998 qui se sont intéressées à la DUP comme étant une variable clé dans la schizophrénie. Les résultats concluent que plus la DUP est longue et plus le pronostic de la maladie est mauvais [89]. K .Larsen et al (1999) ont suivi 43 patients pendant 1an après leur premier épisode de schizophrénie et ont conclu que 56% seulement étaient en rémission. Ce pourcentage correspond aux patients avec des DUP courtes. Ceci montre que la DUP est un puissant déterminant pronostique [90]. En 2000, Richard J. Drake et son équipe ont mené une étude concernant 248 patients vus 3mois après leur premier épisode de schizophrénie. Les résultats concluent que la DUP influence le pronostic à court terme de la schizophrénie [91]. K. Black et ses collègues (2000) ont réalisé une étude concernant 19 patients revus après 1an de leur premier épisode de schizophrénie. Il en ressort que les patients ayant de courtes DUP ont une meilleure réponse au traitement [92].
Selon Barnes et al (2000) ont comparé deux groupes de patients ayant des DUP différentes et ont évalué leur réponse au traitement antipsychotique. Ils ont constaté que les patients avec de courtes DUP ont répondu favorablement au traitement [93]. M. G. Harris et al (2005), dans une large étude prospective, ont suivi pendant 8ans 318 patients ayant présenté un premier épisode de schizophrénie mis sous traitement antipsychotique. Ils ont constaté que les patients dont la DUP excédait 1an avaient mal évolué. Il ressort de cette étude que la DUP est un facteur déterminant du pronostic à moyen et long terme [94]. Max Marshall et son équipe (2005) ont analysé 26 études publiées traitant du sujet : DUP et son influence sur le pronostic. Ils ont conclu à la présence d’une modeste association entre la DUP et la réponse thérapeutique et le pronostic ultérieur de la maladie[95]. Swaran P .Singh et ses collègues (2007) après une revue de la littérature ont trouvé qu’une longue DUP était clairement liée à une mauvaise réponse thérapeutique et un pronostic médiocre [96]. Lors d’une étude faite en 2008, les patients dont la DUP excédait 1an avaient plus de risque de développer une résistance au traitement et de fréquentes rechutes [97].
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Table des matières
INTRODUCTION
PATIENTS ET METHODES
I- Patients de l’étude
1- Type de l’étude
2- L’échantillon
3- Le questionnaire
4- le déroulement de l’enquête
4-1-Durée de l’étude
4-2- Modalités d’inclusion
4-3- Description
5- Considérations éthiques
II- Méthode statistique
RESULTATS
1- L’âge
2-Le sexe
3- La situation familiale
4-Les enfants
5- Niveau d’étude
6-Les antécédents
7- La profession
8- La symptomatologie clinique
9- La personne consultée
10- Le diagnostic donné à la famille
11- La réponse au traitement
12- Le diagnostic selon le DSM IV R
13- Les habitudes toxiques
14- La DUP
ANALYSE BIVARIEE
1- Le sexe
2- L’âge de début du trouble
3- La situation conjugale
4- La situation professionnelle
5- La personne consultée
6- Le guérissage traditionnel
7-L’isolement social
8- La tentative de suicide
9- La réponse au Trouble
DISCUSSION
CONCLUSION
ANNEXES
RESUMES
BIBLIOGRAPHIE
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