Quel peut-être le rôle du masseur-kinésithérapeute dans la gestion de la tendinopathie patellaire ? On peut en effet se demander quelles sont ses compétences dans ce domaine médical. L’intérêt pour ce sujet est d’abord né d’expériences personnelles.
Joueuse de Badminton en compétition, et entraîneur bénévole de club, je rencontre assez souvent des sportifs souffrant de blessures ou douleurs. Ils se manifestent d’autant plus qu’ils savent que je poursuis des études de masso-kinésithérapie et me sollicitent pour des diagnostics ou me demandent des conseils pour se remettre au plus vite. Ainsi j’ai été frappée par la fréquence de douleurs récidivantes aux genoux au niveau du tendon patellaire, notamment chez les jeunes joueurs. Ces derniers tentent différents traitements plus ou moins efficaces et finissent généralement par utiliser des antalgiques ou des contentions pour limiter la douleur pendant les matchs. Cette atteinte peut diminuer grandement leur performance et persister sur de longues périodes, les obligeant à réduire leur niveau d’entrainement et donc affectant leur progression. De plus, ces douleurs, non seulement handicapantes lors de la pratique, ont aussi une répercussion dans la vie quotidienne de ces sportifs. Les positions prolongées en genoux fléchis font souffrir, les étudiants ressentent une gêne lors de longs cours en amphithéâtres, les personnes devant conduire un certain temps se plaignent de douleurs et doivent parfois réaliser des pauses pendant leurs trajets pour étendre leur genou. Enfin, les travailleurs qui exercent avec des postures accroupies ou des fentes fréquentes sont souvent gênés aussi.
Par ailleurs, j’ai eu la chance de réaliser un de mes stages de 3ème année auprès du MasseurKinésithérapeute (M-K) de l’équipe de France de Badminton, Jacques Hélier. J’ai suivi plusieurs fois par semaine les joueurs et je les ai aussi accompagnés sur un Championnat d’Europe. J’ai ainsi pu observer le rôle du M-K dans le sport de haut niveau, notamment pour ce qui concerne les diagnostics et traitements des pathologies. Cela m’a permis une fois de plus de remarquer la fréquence des pathologies tendineuses chez ces sportifs de haut niveau : tendinopathies de la coiffe des rotateurs, du talon d’Achille et du tendon patellaire .
Un sport en pleine expansion
Malgré des racines asiatiques, le badminton est né en Angleterre en 1873. On raconte qu’un jour, des officiers de retour des Indes se sont réunis dans le château du Duc de Beaufort. Évoquant le jeu indien du « poona », qui se pratiquait avec une raquette et une balle légère, ils décident d’entamer une partie en remplaçant la balle par un bouchon de champagne auquel ils attachent quelques plumes. Séduits par leur découverte, ils choisissent alors de faire connaître ce jeu sous le nom du château où il est né : Badminton.
Crée en 1934, la fédération internationale de badminton (IBF) compte aujourd’hui plus de 135 pays affiliés. Même si la domination demeure largement asiatique, les Européens progressent et commencent à rivaliser aujourd’hui avec les nations reines (Chine, Indonésie, Malaisie, Japon) comme le prouvent les résultats aux derniers Jeux Olympiques de Rio. En effet, 4 médailles ont été rapportées par les Européens, dont une en or pour l’espagnole Carolina Marin en simple dame. En France, le badminton est le sport le plus pratiqué en milieu scolaire pour la 5ème année consécutive. (2) Le nombre de licenciés connaît une hausse chaque année, avec en 2015-16, 186 183 joueurs répertoriés contre 145 091 en 2009-10. Sport mixte par excellence, le badminton touche un public varié. Son aspect ludique est attractif pour les jeunes comme pour les adultes. La pyramide des âges des joueurs licenciés sur la saison 2015-2016 est présentée ci-après. On observe un pic majeur autour de 10 et 18 ans. Une diminution du nombre des joueurs est constatée aux alentours des 20 ans, puis l’effectif remonte après les 25 ans. Cela peut s’expliquer par les exigences des études supérieures qui nécessitent un arrêt de la pratique chez les étudiants. (3)
Physiologie et déplacements
Dans le cas de cette étude, nous allons nous intéresser uniquement à la physiologie des membres inférieurs, responsables des contraintes sur le genou. Le badiste doit, pour couvrir son terrain, se déplacer de façon très rapide en dépensant le moins d’énergie possible. Les déplacements sont de différents types : vers l’avant, vers l’arrière, sur les côtés et enfin le joueur peut réaliser des sauts lors des attaques. L’effort est de type intermittent, avec des points d’une durée moyenne de 5 à 10 secondes, suivis de phases de récupération équivalentes. Pour se déplacer efficacement et de manière économique sur le terrain, le joueur doit être précis et coordonné dans ses mouvements. Pour cela, il allie les pas chassés et les pas courus. Le type de déplacement varie en fonction de la direction de celui-ci : vers l’avant, vers l’arrière ou sur le côté au niveau du mi-cours. Il varie également en fonction du temps dont dispose le joueur, en cas de situation offensive ou défensive.
Phase d’attente et de reprise d’appui :
Lorsque le joueur s’est replacé et attend la frappe de l’adversaire, il se met en position, genoux fléchis, en appui sur les avant-pieds, de façon à pouvoir réagir le plus vite possible. Pour changer de direction rapidement, le joueur effectue un sursaut d’allégement au moment de la frappe de l’adversaire. Ce sursaut est suivi d’une poussée vers la direction souhaitée, venant principalement de la jambe située à l’opposé. Les genoux sont fléchis, l’effort est explosif. Ce déplacement, bien réalisé, ne semble pas excessivement contraignant pour le genou puisqu’il sollicite en grande partie le triceps sural. Mais il est bien souvent mal réalisé lors de l’apprentissage, avec un saut trop important qui augmente la contrainte sur le tendon patellaire.
Fentes avant :
Lorsque l’adversaire effectue un amorti (volant qui tombe vers l’avant du terrain), le joueur se déplace vers l’avant et réalise une fente. A noter qu’au badminton, la fente avant se réalise toujours avec le membre inférieur « côté raquette » en avant et l’autre en arrière. C’est à dire que les droitiers mettent leur jambe droite en avant et les gauchers la gauche.
Ce mouvement va solliciter, au niveau des deux membres inférieurs, les quadriceps, les muscles fessiers et les Ischio-jambiers. Le quadriceps se contracte en excentrique pour freiner et contrôler le mouvement. La contrainte sur les tendons patellaires est donc importante. On peut noter que le genou-raquette (droit pour les droitiers donc et gauche pour les gauchers) est particulièrement sollicité car, en raison de sa flexion beaucoup plus importante, le quadriceps travaille dans une amplitude extrême.
Le tendon patellaire
De la micro à la macrostructure
La structure interne du tendon rotulien connait une organisation hiérarchique, comme on peut le voir sur cette illustration (28). Elle va d’un élément microscopique qui sont les fibres collagéniques, mesurant entre 20 et 150 nanomètre, jusqu’au tendon qui lui a une circonférence de 2 à 12 mm. Du plus petit au plus grand élément qui constitue le tendon, on note une organisation des fibres constituée en un faisceau primaire puis plusieurs faisceaux primaires qui constituent un faisceau secondaire appelé fascicule. L’ensemble de ces fascicules constitue le faisceau de fibres tertiaires et l’ensemble de ces fibres tertiaires constitue enfin le tendon.
Biomécanique du tendon
La fonction du tendon est de transmettre la force de la contraction du muscle à l’articulation. Il permet à toute cette force produite de se concentrer en un seul point : celui de son insertion. C’est un élément viscoélastique qui est capable d’emmagasiner de l’énergie pour la restituer secondairement. La résistance à l’étirement de cette structure est partielle, en raison de sa raideur et de sa rigidité. Elle est considérée comme peu ou pas extensible.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : CONTEXTE
A. Le Badminton
1) Un sport en pleine expansion
2) Règles
3) Physiologie et déplacements
B. La tendinopathie patellaire
1) Le tendon patellaire
2) Biomécanique du tendon
3) Les atteintes du tendon
C. Les facteurs de risques de la tendinopathie patellaire
1) Facteurs de risques extrinsèques
2) Facteurs de risques intrinsèques
PARTIE 2 : MATERIELS ET METHODES, RESULTATS ET DISCUSSION
A. Matériels et méthodes
1) Recherche bibliographique
2) Elaboration et diffusion d’un questionnaire
B. Résultats
1) Caractéristiques de l’atteinte
2) Caractéristiques générales des joueurs
3) Caractéristiques spécifiques des joueurs
4) Contexte et activités extra-badminton
5) Bilan des résultats
C. Discussion
1) Limites de l’étude
2) Analyse de l’étude
3) Utilisation des résultats
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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