Savoir-faire mondial et transfert de technologie
La Décennies de la femme (1975-1985) décrétée par les Nations Unies a été marquée par la Conférence Mondiale des femmes à Nairobi en 1985 et a établi un plan d’action sur les stratégies Prospectives. Un vaste mouvement en faveur des femmes, tant au niveau international, national et régional ont assurée la mise en application de ce plan d’action suivant la politique de leur Gouvernement. C’est ainsi qu’entre 1985- 1995, décennies de la IVème Conférence Mondiale sur les femmes à Beijing, les agences du système des Nations Unies ont uni leurs efforts avec des ONG des différents pays pour évaluer la contribution des femmes, tant du point de vue social, économique, politique ou culturel. Les ONG des femmes se sont multipliées et renforcées, favorisées en cela, par la révolution technologique. La mondialisation et le progrès technique offrent aux femmes des chances d’accéder plus facilement à l’information, à de nouveaux emplois et de nouveaux produits, à de nouvelles et plus larges possibilités de communiquer entre elles. Les organisations occidentales s’en servent essentiellement pour assurer la participation des femmes aux grandes assises internationales. Autre nouveauté de la dernière décennie du XXe siècle : les organisations de femmes ont pris une part active à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le Développement à Rio de Janeiro (1993), à la Conférence mondiales sur les Droits de l’Homme à Vienne (1993), à la Conférence internationale sur la population et le développement au Caire (1994), et bien sûr, à la IVème Conférence Mondiale sur les femmes à Beijing (1995), s’assurant ainsi que l’approche genre sera appliquée à tous les domaines de la vie internationale et nationale. A Madagascar, beaucoup d’ONG et d’associations d’obédience laïque et confessionnelle sont parvenus depuis les quatre décennies à maîtriser un savoir-faire dans la valorisation du statut et du travail féminin urbain, jusque dans les régions rurales les plus éloignées. Les expériences ont été divulguées pour faire respecter les acquis en droit, c’est- à dire à la femme en général, sans aucune forme de ségrégation. Les transferts des technologies afférentes à ces expériences ont été opérés et continuent de l’être à travers diverses institutions publiques et privées laïques ou confessionnelles nationales, internationales ou mondiales. Il y a actuellement des fermes-écoles (Tombontsoa à Antsirabe et Soanavela à Mahitsy) qui ont pour but de fournir des emplois aux jeunes et de fabriquer des produits tels que des outils aratoires, des brouettes, des métiers à tisser. Elles enseignent des techniques qui répondent aux besoins de la population rurale. L’espace métiers d’Anosimasina Itaosy, un service rattaché aux ministères de l’agriculture et d’élevage organise des stages afin de former des femmes aux activités génératrices de revenus et dans la promotion de coopératives pour la culture de mûrier, l’élevage de ver à soie, le tissage, la vannerie. Pour les femmes Dorkasy, le concept de technologie appropriée est introduit au cours de la plupart des ateliers rencontres itinérants, organisés dans les synodes régionaux. Ces ateliers, visent à réunir les femmes pour qu’elles échangent leurs connaissances et leurs idées, qu’elles identifient les besoins des familles rurales et qu’elles élaborent des projets répondant à ces besoins grâce à une approche intégrale. Des femmes Dorkasy de la région de Manjakandriana ont fabriquée des savons noirs (savony gasy) lors de pénuries au marché local. Les savons des femmes rurales, ensemble de compétences et de techniques agricoles non encore formalisées peuvent enrichir d’éducation formelle en mode de transmission. Par exemple, l’usage du fumier et du compost, des légumineuses et de l’association des cultures, reconstitue la fertilité du sol. Ces savoirs, détenus surplus net par les femmes, jettent les bases d’une agriculture écologique. Trop souvent faute d’information, d’éducation et de communication, l’école ignore acquis par tradition orale. La transmission scolaire est verticale, livresque et s’adresse la plupart aux hommes. A Ambatondrazaka, dans les régions de l’Itasy le poisson fait vivre plusieurs milliers de personnes : les pêcheurs, les transformatrices, les transporteurs, les commerçants. Il constitue une ressource alimentaire très importante. Pourtant, faute de moyens de conservation et de transformation suffisants presque un quart de poisson pêché est perdre avant d’arriver au consommateur. Alors que Madagascar a l’occasion de jouir des avantages à travers un organisme dénommé TABITA. Certains responsables de TABITA expriment leurs grands intérêts d’échanger des informations et des résultats d’expériences sur l’introduction de technologie appropriée pour améliorer les vies des familles malgaches. Ces femmes, ayant des antécédents dans le domaine de développement ont acquis de compétence au cours des visites d’échanges d’expérience. Les femmes ont réalisé que beaucoup de techniques de conception simple peuvent être introduire pour les aider aux multiples tâches quotidiennes et on devrait faire tous les efforts possibles pour les diffuser largement. Dans son plan d’action triennal, TABITA envisage outre la réalisation de projets pilotes dans des villages sélectionnées afin d’y faire des tests d’acceptabilité et d’utilité des fours améliorés, ou d’autres techniques sur la transformation, la conservation, le stockage et la commercialisation des produits agricoles. TABITA s’efforce de développer et produire avec les agences de financement et les ministères concernés avec des artisans locaux. Des séminaires sont organisés sur les méthodes améliorées de séchage et de stockage des produits alimentaires.
Aspects socio juridique économique et institutionnelle de la production des femmes
A Madagascar, à l’instar des autres pays en développement les femmes sont de véritable force de travail. En zone rurale, les femmes sont en activité permanente entre les activités domestiques et les activités agricoles. Selon les études sur l’emploi du temps des femmes en milieu rural, elles occupent entre 16 et 18 heures de leur temps quotidiennement. L’enquête Permanente sur les Ménages (EPM) de 2001 a estimé la population malgache à 15 660 000 individus dont 78.1% résident en milieu rural. C’est une population jeune, avec un âge moyen de 21.1 ans. Près de 19% des ménages sont dirigés par les femmes (incluant les situations de divorce, séparation ou de veuvage). L’âge moyen d’un chef de ménage est de 42 ans. Le ménage moyen compte 5.1 individus mais ce nombre est moins élevé en milieu urbain (4.5 individus) qu’en milieu rural (5.2 individus). Les femmes rurales sont donc engagées pour l’essentiel, à travers le travail de production sur les terres familiales, dans les activités de subsistance, et aussi, dans certaines régions, dans les cultures d’exportation. Depuis la première conférence des Nations Unies pour les femmes, tenue à Mexico en 1975, les possibilités de perfectionnement offertes à la gent féminine se sont améliorées à l’échelle mondiale. Cependant, les contraintes institutionnelles, juridiques, socio économique et culturelles, auxquelles les femmes n’échappent pas, quel que soit le pays, les empêchent d’avoir accès aux mêmes possibilités que les hommes. Par l’étude effectuée sur ces différents aspects, nous voulons mettre en exergue les conditions particulières dans les quelles les femmes participent au développement rural. En premier lieu se pose le problème d’accès des femmes aux facteurs de production. L’organisation agrofoncière et socio économique de notre pays fait apparaître que la terre appartient à l’homme. La femme ne jouit pas d’un droit de propriété, ni don d’héritage de la terre, si ce n’est ellemême qui fait partie des biens à hériter. Quant au deuxième facteur de production que constitue l’outillage, on peut observer que si l’ensemble du monde paysan continue d’intervenir dans la production avec des outils rudimentaires. L’introduction de certains facteurs de production moderne tels que tracteurs, engrais et semences perfectionnées ne profite qu’à certains agriculteurs plus nantis et aux agroindustries. La femme rurale se trouve totalement exclue d’une quelconque possibilité de mécanisation de l’agriculture avec comme conséquence énorme de sa force de travail et une productivité moindre. La politique d’enseignement adoptée vise non seulement à doter en écoles les régions les plus reculées mais consacre également beaucoup d’efforts pour que les filles puissent accéder au même titre que les garçons à l’éducation. La politique gouvernementale pour al décentralisation a entraîné ces derniers temps une multiplication, un réhabilitation d’établissement scolaire, et un recrutement de personnel enseignant dans les niveaux un et niveau deux. Le nombre d’effectifs des écoles primaires a augmenté. Cependant le taux de fréquentation des filles des établissements scolaires commence à diminuer dans les classes de 6ème. La plupart des familles rurales n’arrivent pas à prendre en charge les frais de scolarité de leurs enfants car la baisse de pouvoir d’achat a entraîné la dégradation progressive de leur niveau de vie.
Les besoins de la femme rurale
Pour la femme malgache du milieu rural, nourrir sa famille reste un grand problème. Les conditions de vie d’approvisionnement en produits de première nécessité (PPN), l’ignorance, certaines coutumes rétrogrades, font que la malnutrition et la sous-alimentation sévissent encore dans la plupart de nos campagnes. Au niveau de la production, de la conservation, des denrées alimentaires, la femme malgache joue un rôle de premier plan dans nos campagnes tant que le mode demeure artisanal, utilisant les méthodes aratoires traditionnelles. Elles contribuent largement au soutien des communautés dont la subsistance dépend de la production familiale. Mais le plus souvent, elle est confrontée à d’immenses difficultés dans le rôle de productrice de produits vivriers :
• lorsque la communauté grandit, son travail s’accroît, mais la production reste malgré tout insuffisante ;
• l’ignorance des méthodes culturales modernes rend pénible les travaux des champs ;
• le passage de la production artisanale à la production industrielle qui, en soi est un progrès social, présente des inconvénients pour la femme qui se trouve ainsi privée des petites ressources qu’elle pourrait tirer de la commercialisation d’une partie de sa production ; ceci réduit sa capacité d’acquérir les denrées complémentaires à l’alimentation de la femme.
Responsable de la transformation des denrées alimentaires, et de la préparation des repas, la femme rurale ne possède pas toujours les connaissances élémentaires des besoins nutritionnels, et de la façon de tirer la meilleure partie des produits alimentaires existants. A cela s’ajoute le problème de l’eau qui est souvent une denrée rare dans certaines de nos régions. Il faut parfois parcourir entre 1 à 5 km à pied pour aller chercher l’eau ; de même pour le bois de chauffage qui est parfois difficile à trouver. En milieu rural le rôle traditionnel des femmes montre avec qu’elles apportent une contribution agricole tout en étant responsable du bien-être de leur famille. Seulement, leur vie n’est souvent que surmenage physique. Pour résumer, nous pouvons dire qu’en matière de nutrition, les besoins réels de la femme rurale en tant que première responsable de la subsistance de la famille se présentent comme suit :
• l’éducation en matière nutritionnellement ;
• l’assouplissement des coutumes pour permettre aux femmes de manger leur part de mets riches et nourrissants ;
• l’abolition de certains tabous alimentaires ;
• l’acquisition par les femmes de connaissances leur permettant d’utiliser des produits alimentaires disponible ou qu’elles pourraient faire pousser sur place, de façon à préparer des repas nutritifs pour la famille ;
• l’accroissement de la production alimentaire grâce à l’adoption des technologies appropriées ;
• le perfectionnement des installations d’emmagasinage des produits alimentaires ;
• la disposition d’un approvisionnement plus aisé et amélioré en combustible ;
• l’amélioration des méthodes de conservation des produits alimentaires ;
• l’installation de système d’approvisionnement en eau dans les zones rurales ;
• l’espacement des naissances.
Ensuite, chacun connaît l’importance du rôle que jouent le logement et l’environnement pour ce qui est du bien être de la famille. En effet, une maison sert d’abri à une famille et permet à ses membres de jouir du confort et des avantages. Ces avantages comprennent entre autres : intimité, sécurité, endroit pour s’occuper des enfants, de les éduquer, de les laisser jouer, de se reposer et dormir, de garder les biens de la famille. En matière de logement nous pouvons retenir comme besoins réels et potentiels de la femme rurale :
• l’amélioration de l’habitat et de l’environnement ;
• l’éducation des femmes en vue de la création des conditions pour une utilisation plus judicieuse de l’espace et des matériaux d’aménagement du milieu.
|
Table des matières
1ère Partie : L’évolution de la structure des femmes rurales dans le processus de développement
Chap I : Profil de la TABITA à travers les expériences au niveau nationale et au niveau internationale
I.1 Savoir-faire mondial et transfert de technologie
I.2 Fonctionnalité de la TABITA
Chap II : Identités des besoins de la femmes rurale et des attentes participatives de la TABITA
II.1 Aspects socio-juridique économique et institution de la production des femmes
II.2 Niveau et mode d’intervention social de la TABITA
Conclusion partielle
2ème Partie : L’option d’une technologie appropriée dans la valorisation du statut et du travail féminin
Chap III : Le déséquilibre entre compte d’exploitation et budget de ménage
III.1 Le travail productif au sein du ménage
III.2 Rapport entre besoins réels et besoins potentiels
Chap IV : Gestion du temps féminin par la TABITA
IV.1 L’emploi du temps journalier
IV.1.1 Le travail effectif
IV.1.2 Le temps de fatigue
IV.2 Le temps de rationalisation
IV.2.1 Réduction du temps ménagères par l’adoption de technologie appropriée
IV.2.2 Rentabilisation du temps disponible dans d’autres secteurs d’activité
Chap V : La prise en compte du potentiel masculin
V.1 L’Etat du marché local du travail
V.2 La sous utilisation du travail masculin
Conclusion partielle
3ème Partie : Prospectives de renforcement de capacité techniques de la femme
Chap VI La femme comme base et moteur de développement rurale
VI.1 L’intégration de la femme à la maîtrise polyvalente du petit machinisme agricole
VI.2 L’initiation de l’homme
Chap.VII Pour un Etat de qualité
VII.1 Financement extérieure et approche verticale
Conclusion
Bibliographie
Télécharger le rapport complet