Classification des risques
Plusieurs classifications des risques ont été proposées par différents auteurs. La catégorisation des risques requiert de préciser les thèmes traités. Pour cela, plusieurs critères peuvent être pris en compte dont les principaux sont la nature des risques traités et leurs fréquences d’apparition. Par conséquent, chaque organisme devant traiter tout type de risques créera ses propres catégories en tant qu’outil de gestion.
Les risques se distinguent aussi selon leur origine. On peut les classer selon deux catégories : les risques d’origine naturelle et les risques d’origine anthropogénique. Par abus de langage, on parlera dans la suite de la thèse de risques naturels et de risques anthropogéniques ou anthropiques.
Risques naturels : sont une menace découlant de phénomènes géologiques ou atmosphériques aléatoires, qui provoquent des dommages importants sur l’homme, les biens, l’environnement.
Risques anthropogéniques : sont engendrés par l’activité humaine, menaces d’un événement indésirable engendré par la défaillance accidentelle d’un système potentiellement dangereux et dont on craint les conséquences graves, immédiates comme différées, pour l’homme et (ou) son environnement.
D’autres auteurs classifient les risques en quatre familles : les risques naturels, les risques technologiques, les risques liés aux guerres et conflits, les risques liés aux catastrophes de société (émeutes, famines, etc.) (Breysse, 2009a).
LES RISQUES DANS LA CONSTRUCTION
Depuis l’Antiquité, l’homme s’est toujours préoccupé de la meilleure manière de construire son gîte en matière de sécurité, de confort et de durabilité pour sa famille, des châteaux pour son royaume, et des temples pour ses morts. Au cours des temps, l’art de construire s’est transmis de génération en génération, et, à chaque époque de l’humanité, des techniques nouvelles et des améliorations ont été inventées et introduites dans la manière de construire, pour offrir une sécurité maximale vis-à-vis des aléas de la nature (séisme, inondations catastrophiques, vents, etc.) et des risques anthropiques, apporter plus de confort et se protéger de tout ce qui peut altérer la quiétude des usagers. Ainsi donc, on attend que les projets de constructions assurent notre protection. C’est heureusement le cas dans la plupart des situations mais les défaillances existent et le risque zéro n’existe pas. En effet, les constructions sont en interaction avec le milieu naturel toujours insaisissable dans sa complexité ou son évolution dans le temps. Ils peuvent être la cause d’agressions de l’environnement ou, au contraire, être conçues pour le protéger (Deneufbourg, 2000 in Breysse, 2009a).
Les questions liées au risque dans la construction, ainsi que le management du risque dans ce domaine sont assez récents, notamment en France.
Les paramètres incertains en géotechnique
Les termes «aléatoire», «incertain», «variabilité», «erreur» sont couramment employés pour caractériser l’hétérogénéité des sols, mais leur sens, en particulier en géotechnique, est souvent mal compris ou mal employé (Dubost, 2009). Plusieurs chercheurs ont essayé d’expliciter ces termes. On peut citer à titre d’exemple, Favre (2000, 2005) côté francophone, Baecher et Christian (2003), Lacasse (1996, 2007) coté anglo-saxon.
Un phénomène est dit aléatoire quand son résultat est variable, non ou mal maitrisé ; ce qui correspond dans tous les cas de figure à un phénomène imprévisible. Par contre, on qualifiera un phénomène d’incertain si son résultat est inconnu et non vérifié. Une propriété d’un sol, pour un lieu donné, a une valeur «vraie» ou «probable». La mesure que l’on fait de cette propriété donne une valeur approchée de la valeur vraie. La différence entre la valeur vraie et la valeur mesurée est appelée erreur. Cette dernière est reliée à la notion d’incertitude.
Risques géotechniques d’origine anthropique
Les risques géotechniques d’origine anthropique ne sont pas provoqués par un phénomène naturel, mais par une action humaine. Il peut arriver que les risques anthropiques aient comme évènement initiateur des erreurs liées à l’observation, à l’enquête, au modèle , l’humain restant la source principale de telles erreurs. Après l’effondrement de la bulle financière de la South Sea Compagny en 1720, Isaac Newton a déclaré «je peux prévoir le mouvement des corps célestes, mais pas la folie des hommes».
En effet, il s’est produit et se produit, un peu partout dans le monde, tout autant qu’en Algérie, des mouvements de terrain provoqués, de tous types et de toutes ampleurs ; on en observe là où se trouvent des aménagements de terrain et des constructions, tant en zones urbaines que non urbaines ; ils affectent les ouvrages et leurs abords et quand cela arrive, ce sont souvent des effondrements en zones urbaines, ou d’autres types d’accidents sur des chantiers de terrassement. La suppression d’une butée de pied de versant peut activer un glissement par la modification du moment moteur (Besson, 2007).
Malgré l’état actuel des connaissances, il est encore fréquent de constater des instabilités, suite à des travaux et à une mauvaise anticipation de la stabilité. Certains sites et/ou certaines activités en relation avec le sol et le sous-sol, y prédisposent : ce sont les versants à pentes raides, les falaises ou les bords de torrents, les sols argileux ou marneux, les régions pluvieuses, les grands terrassements, les ouvrages souterrains et plus généralement, où que ce soit, tous les aménagements, ouvrages et travaux mal conçus, mal implantés et/ou mal construits (Martin, 2007).
L’IMPORTANCE DE LA GEOTECHNIQUE DANS LES PROJETS DE CONSTRUCTION
La géotechnique est l’ensemble des activités liées aux applications de la mécanique des sols, de la mécanique des roches et de la géologie de l’ingénieur. C’est un domaine essentiellement empirique que l’on pourrait presque considérer comme un art si on la comparait aux autres branches du génie civil (Allal & Benachenhou, 2011).
L’histoire de la géotechnique est un bon exemple de l’évolution générale des sciences appliquées ; c’est une technique aussi vieille que l’humanité et connue de toutes les civilisations. Dès l’antiquité, il y avait évidemment des géotechniciens en Mésopotamie, en Egypte, et dans tout le bassin méditerranéen, qui ont permis de construire des ouvrages dont nous admirons les vestiges à ce jour. Ils utilisaient des techniques empiriques, sans cesse améliorées, comme celles communes à tous, qui consistent à adapter la charge appliquée à la capacité portante du sol, en jouant sur les dimensions et la profondeur d’ancrage des fondations ; nous continuons à le faire. En effet, un des caractères spécifiques de l’homme est sa constante volonté d’adapter le milieu naturel à ses propres besoins ; choisir une grotte pour l’habiter, exploiter une carrière de silex, construire une cité lacustre, ériger un mégalithe, etc. comptent sans doute parmi les premiers actes géotechniques de l’homme. Hormis quelques rares incursions, le plus souvent aidées, dans l’eau et l’air, l’être humain se limite à son élément de prédilection : la terre. Ce souci de pérennité est dicté par la recherche d’une protection de son habitat et de son activité. Ainsi, pour l’homme, le sol donne l’image même de la stabilité. Ni les modifications locales par érosion ou sédimentation, ni les séismes ne mettent en cause cette référence. Alors, quand le sol se dérobe, l’homme est désemparé.
COMPLEXITE ET GESTATION DE L’APPROCHE SYSTEMIQUE
La grande aventure intellectuelle de la fin du 20ème siècle aura été la découverte de l’extraordinaire complexité du monde qui nous entoure. Complexité du cosmos, des organismes vivants, des sociétés humaines, mais aussi de tous ces systèmes artificiels conçus par les hommes et qui sont, comme l’entreprise, aussi bien de facture technique, organisationnelle, économique et sociale. Le phénomène de mondialisation des échanges, qu’ils soient commerciaux, financiers ou culturels, ne fait qu’accélérer cette prise de conscience de la complexité et en accentuer les effets.
Certes, la complexité a toujours existé même si sa perception est récente. Ceci dit, l’accélération de la diffusion mondiale des savoir via internet, les changements dans les modes de communication, la concurrence de plus en plus rude, la complexification des projets, la nécessité de mettre en place des processus d’amélioration continue, et un environnement en perpétuel changement suscitent un certain nombre de questionnements. Les managers, toujours en recherche d’avantages compétitifs et d’une amélioration de la productivité avec une priorité accordée au client de plus en plus accrue, se rendent compte que les méthodes usuelles ne permettent pas de prendre suffisamment en compte cet accroissement de complexité. Comment réagir pour, en même temps, anticiper les changements, améliorer l’efficacité et l’efficience de l’organisation, et lutter contre les résistances au changement ? Il faut tout simplement changer ses modes de pensée et trouver une autre démarche.
Cette autre approche, fondée sur de nouvelles représentations de la réalité prenant en compte l’instabilité, l’ouverture, la fluctuation, le chaos, le désordre, le flou, la créativité, la contradiction, l’ambiguïté, le paradoxe, en fait la complexité, est alors requise. Cette démarche porte un nom, c’est l’approche systémique.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1 LES RISQUES GEOTECHNIQUES DANS LA CONSTRUCTION
1. INTRODUCTION
2. CONCEPTS DE RISQUE, DEFINITIONS, CLASSIFICATION
2.1 Concepts et définitions
2.2 Classification des risques
3. LES RISQUES DANS LA CONSTRUCTION
4. LES RISQUES GEOTECHNIQUES
4.1 Les paramètres incertains en géotechnique
4.2 Risques géotechniques d’origine naturelle
4.3 Risques géotechniques d’origine anthropique
5. L’IMPORTANCE DE LA GEOTECHNIQUE DANS LES PROJETS DE CONSTRUCTION
6. LES DIFFERENTES MISSIONS D’INGENIERIE GEOTECHNIQUES SUIVANT LA NORME NF P 94-500 : 2013
6.1 Schéma d’enchainement des missions types d’ingénierie géotechnique
6.2 L’importance de la norme dans la maitrise des risques géotechnique tout au
long du cycle de vie du projet
7. CONCLUSION
CHAPITRE 2 DE LA NECESSITE DE L’INTEROPERABILITE DANS LES PROJETS DE
CONSTRUCTION
1. INTRODUCTION
2. L’ACTE DE CONSTRUIRE
3. ROLES ET RESPONSABILITES DES INTERVENANTS DANS L’ACTE DE CONSTRUIRE
3.1 L’environnement de la construction et les parties prenantes
3.2 Les différents intervenants dans l’acte de construire
3.3 La relation entre les acteurs et les types de contrat
4. LE PROCESSUS DE COMMUNICATION ET D’ECHANGE D’INFORMATIONS
4.1 La réunion
4.2 Les différents types de documents
4.3 Le mode (le flux) d’échange de documents
5. L’INTEROPERABILITE DANS LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION ET LE CONCEPT DU TRAVAIL COLLABORATIF
5.1 Importance de la collaboration
5.2 Définitions et types d’interopérabilité
5.3 Les barrières de l’interopérabilité
5.4 Processus collaboratif : Concepts et définitions
5.5 Typologie des outils de travail collaboratif
6. DE LA MISE EN ŒUVRE D’UNE COLLABORATION A L’INTEROPERABILITE
7. CONCLUSION
CHAPITRE 3 LA SYSTEMIQUE : UNE APPROCHE NECESSAIRE POUR LA GESTION DES RISQUES
1. INTRODUCTION
2. COMPLEXITE ET GESTATION DE L’APPROCHE SYSTEMIQUE
3. DU SYSTEME A LA SYSTEMIQUE
3.1 La complexité
3.2 Le système
3.3 La globalité
3.4 L’interaction
4. LA SYSTEMIQUE : UNE METHODE
4.1 L’investigation systémique
4.2 La modélisation qualitative
4.3 La modélisation dynamique
5. L’APPROCHE SYSTEMIQUE APPLIQUEE AUX PROJETS DE CONSTRUCTION
5.1 Le projet de construction, un système
5.2 Le projet de construction, un système complexe
5.3 La Modélisation systémique du projet de construction
6. DE LA NECESSITE DE L’APPROCHE SYSTEMIQUE DANS LA GESTION DES RISQUES
6.1. Niveau de complexité en gestion des risques
6.2. Représentation du processus de danger
7. LA GESTION DES RISQUES PAR LA METHODOLOGIE MADS-MOSAR
7.1 Le modèle général de danger MADS
7.2 La méthodologie MOSAR
8. CONCLUSION
CHAPITRE 4 APPLICATION DE LA METHODE MADS MOSAR A UN PROJET ROUTIER
1. INTRODUCTION
2. METHODOLOGIE
2.1 Méthode MOSAR / Démarche de référence
2.2 Description des étapes du module A (Perilhon, 2000, 2007)
3. MISE EN ŒUVRE DE LA METHODE MOSAR
3.1 Présentation du projet d’étude
3.2 Etape par étape : résultats
4. GESTION ORGANISATIONNELLE DES RISQUES
5. CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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