La structure des trois marchés financiers
LES ASPECTS THEORIQUE ET EMPIRIQUE DE LA RELATION ENTRE LES MARCHES FINANCIERS ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
La relation entre le développement des marchés financiers et la croissance économique est une question complexe qui a fait l’objet de plusieurs travaux théoriques et empiriques. Des travaux qui ont débouchés sur des conclusions, dans la plupart des cas contradictoires, tant pour ce qui concerne la nature de cette relation que pour le sens de la causalité entre les deux sphères. Le but de la détermination de la nature de la relation entre les marchés financiers et la croissance économique est important pour les économistes et les pouvoirs publics, dans la mesure où, l’action de ces derniers dépend des résultats des recherches entretenues dans le domaine. L’action en effet des pouvoirs publics vise l’optimisation du rôle des marchés financiers dans le processus du développement économique, en offrant des services financiers qui répondent aux besoins de l’économie réelle et/ ou la stimulant à travers deux canaux de transmission : le financement du capital et de l’innovation. Globalement, la plupart des travaux ayant traité de la relation entre les marchés financiers et la croissance économique ont mis l’accent sur un certain nombre de questions :
-Quelle est la place des marchés financiers dans le développement des systèmes financiers ?
-Quels sont les critères qui expriment le niveau de développement des marchés financiers ?
-Les marchés financiers sont t ils en relation avec la croissance économique ?
-Et, dans le cas où cette relation existe : quel est son sens ?
Les réponses à ces questions ont fait l’objet de plusieurs travaux théoriques et empiriques que nous allons essayer de résumer au cours de ce chapitre. Ce dernier est divisé en deux sections : une section qui porte sur l’évidence empirique et une autre qui concerne le cadre théorique de la relation entre le développement des marchés financiers et la croissance économique. Dans la première section nous allons aborder, principalement, trois approches : la hiérarchie financière ; la structure des systèmes financiers et la croissance économique ; et la relation entre les marchés financiers et la croissance économique. La deuxième section comporte deux approches concernant le fondement théorique de la relation entre les marchés financiers et la croissance économique : Une approche institutionnelle qui débat de la relation entre le développement des marchés financiers et la croissance économique, à travers l’exercice de leurs différentes fonctions ; et une approche instrumentale concernant les spécificités des comportements des prêteurs et emprunteurs vis-à-vis des frictions des marchés (coûts de l’information et de transaction) et les facteurs qui déterminent le choix optimal de la structure de financement des firmes (dettes et titres).
La structure des systèmes financiers et la croissance économique
Sur le plan structurel, les systèmes financiers peuvent être classés à base bancaire ou à base de marchés financiers. Les travaux empiriques, initiés par Goldsmith (1969) et complétés par Allen et Gale (2000) et Demirguc Kunt et Levine (2001), avaient pour objectif de démontrer lequel des courants théoriques le plus évidents dans le sens de la contribution de la finance à l’explication de la croissance économique. En effet, trois principaux courants sont en conflits à savoir le courant qui défend le mérite de la structure des systèmes financiers à base : bancaire ; de marchés financiers ; et les systèmes financiers globalement développés. Demirguc-Kunt et Levine (2001) estiment que Goldsmith (1969), était le premier à s’intéresser à la relation entre la structure du système financier et la croissance économique. Il essaya d’évaluer si la structure financière influence la trajectoire de la croissance économique formulant sa question comme suit : est ce que la mixité des marchés et des intermédiaires qui fonctionnent dans une économie influence son développement? Goldsmith (1969) resume sa motivation à l’étude comme suit: « one of the most important problems in the field of finance, is the effect that financial structure and development have in economic growth”2. Bien que, Goldsmith (1969) ait abouti à démontrer que les intermédiaires financiers en général et les banques en particulier tendent à devenir de plus en plus larges au fur et à mesure que les pays avancent économiquement3, mais, pour manque de données, il n’a pas abouti à réaliser l’objectif escompté. Pour cela, il avait espéré que d’autres chercheurs puissent achever ce qu’il avait commencé4.
La deuxième tentative empirique concernant la relation entre la structure du système financier et la croissance économique a été réalisée par Allen et Gale(2000)1. Ces derniers, ont réalisé une étude importante concernant la comparaison des systèmes financiers. Ils ont intégré dans leur étude comparative (entre les systèmes allemand et japonais et celui des Etats-Unis et du Royaume uni) des détails sur la relation structure financière et croissance économique. Ils ont opté pour une comparaison concernant les principales fonctions des marchés financiers, des banques et d’autres institutions financières ainsi que la constitution des portefeuilles des ménages et d’autres agents. Ils soulignent l’importance capitale de la structure du système financier dans l’explication de la croissance économique.
Cependant, leurs résultats ne peuvent être généralisables sous caution, car d’une part, l’échantillon considéré est de taille réduite (non représentatif) et les pays qui le forment sont d’un groupe homogène de très haut niveau de revenu, d’autre part. En plus l’étude ne s’intéresse qu’au mérite particulier des deux structures (soit à base de marchés financiers et ou à base bancaire) sans prendre en considération l’aspect production de services financiers et celui évoquant l’importance du cadre juridique et institutionnel, les deux principaux critères qui expriment le développement global du système financier²². En vue de remédier aux insuffisances relatives aux deux études précédentes, Beck T; Demirgüç-Kunt A, Levine R, and Maksimovic (2001)2, T. Beck and R. Levine (2001)3, Levine (2002)4, ont étendu leur étude sur des échantillons de pays plus larges, et sur des périodes de temps importantes pour produire des résultats supplémentaires concernant le rôle de la structure du système financier dans la croissance économique. Ils ont intégré deux autres volets importants dans la détermination du développement global du système financier à savoir la production des services financiers et l’importance du cadre juridique et institutionnel.
Le rôle particulier des marchés financiers dans la croissance économique Les études empiriques qui ont traité de la relation entre les marchés financiers et la croissance économique sont récentes. Elles tentent de spécifier le genre de cette relation, son sens et les facteurs de développement des marchés financiers qui peuvent être à l’origine de cette dernière. Atje et Javanovitch (1993)1, ont réalisé une étude de panel sur le développement des marchés financiers et la croissance économique portant sur 40 pays couvrant la période (1980 à 1988). Demirguc Kunt et Levine (1995)2, ont fourni une investigation descriptive des différents indicateurs susceptibles d’exprimer le développement des marchés financiers3. Levine et Zervos (1996, 1998)4, ont introduit d’autres indicateurs de développement des marchés financiers dans le modèle standard de croissance des coupes transversales et qui sont établies à partir du travail de Demirguc Kunt et Levine (1995). Rousseau et Wachtel (2000)5, ont utilisé deux mesures de développement des marchés financiers à savoir le ratio de capitalisation et le ratio de transactions pour un échantillon de 47 pays à marchés financiers actifs dans les régressions de panel sur la période allant de (1980 à 1995). Par ailleurs, ils ont introduit le modèle (VAR) pour examiner la causalité et l’interaction dynamique des variables de développement des marchés financiers sur la croissance économique6. Arestis, Demetriades et Luitel (2000)7, Beck et levine (2001)8, et Levine et Beck (2002)9, ont réalisé une étude de panel de 40 pays sur la période (1976-1998), en utilisant utilisant des techniques de (GMM) développées pour des panels dynamiques. Les nouvelles techniques utilisées réduisent les faiblesses des études précitées et améliorent, par conséquent, les résultats concernant l’évaluation de l’impact des marchés financiers et des banques sur la croissance économique.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : LES ASPECTS THEORIQUE ET EMPIRIQUE DE LA RELATION ENTRE LES MARCHES FINANCIERS ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Introduction
1.Le survol de la littérature empirique
1.1. La hiérarchie financière
1.2. La structure des systèmes financiers et la croissance économique
1.2.1. La spécification économétrique
1.2.2. Les indicateurs de la structure du système financier
1.2.3. Les indicateurs de développement de l’ensemble du système financier
1.2.4. Les autres variables
1.2.5. Les résultats
1.3. Le rôle particulier des marchés financiers dans la croissance économique
1.3.1. Les indicateurs de développement des marchés financiers
2.L’approche théorique
2.1. L’approche institutionnelle
2.1.1. La justification théorique de l’émergence et développement des intermédiaires et marchés financiers
2.1.2 La réduction des coûts de transaction et d’information
2.1.3. Le contrôle des dirigeants des entreprises
2.1.4. L’assurance de la liquidité
2.1.5. La gestion des risques
2.2. l’approche instrumentale
2.2.1. Les problèmes d’asymétrie d’information et la structure de financement de la firme
2.2.2. Les variables coûts et risque et le choix de la structure de financement
2.2.3. Le bénéfice de l’introduction des entreprises en bourse pour le refinancement
CHAPITRE II : LES SYSTEMES FINANCIERS DE L’ALGERIE, DU MAROC ET DE LA TUNISIE: EVOLUTION ET NIVEAU DE DEVELOPPEMENT
Introduction
1.L’historique des trois systèmes financiers
2.L’évolution du niveau de développement global des trois systèmes financiers
3.La structure des trois systèmes financiers et performance des institutions
3.1. La taille des systèmes financiers
3.2. Le nombre et nature des institutions financières des trois pays
3.3. L’évolution structurelle de l’activité des différents compartiments des systèmes financiers de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie
3.4. L’efficacité et performance des institutions financières maghrébines
3.5. La gestion des risques de crédit et performance des bilans des institutions financières des trois pays
CHAPITRE III : L’EVALUATION DE L’EFFICACITE DES TROIS SYSTEMES FINANCIERS DE L’ALGERIE, DU MAROC ET DE LA TUNISIE
Introduction
1.Le cas de l’Algérie
1.1. L’analyse des propriétés statistiques des données
1.2. La relation de cointégration
1.3 L’estimation du modèle à correction d’erreurs
1.3.1. Le système d’équations
1.3.2. La validation du modèle à correction d’erreurs
2.Le cas du Maroc
2.1. L’analyse des propriétés statistiques des données
2.2. La relation de cointégration
2.3. L’estimation du modèle à correction d’erreurs
2.3.1. Le système d’équations
2.3.2. La validation du modèle à correction d’erreurs
3.le cas de la Tunisie
3.1. L’analyse des propriétés statistiques des données
3.2. La relation de cointégration
3.3. L’estimation du modèle à correction d’erreurs
3.3.1. Le système d’équations
3.3.2. La validation du modèle à correction d’erreurs
4.L’interprétation des résultats et comparaison des trois systèmes financiers, de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie sur le plan de l’efficacité d’allocation des ressources
CHAPITRE IV : LA PERFORMANCE ET NIVEAU DE DEVELOPPEMENT DES MARCHES FINANCIERS DE L’ALGERIE DU MAROC ET DE LA TUNISIE
Introduction
1.L’aperçu historique du cadre juridique et règlementaire
2.La gestion des trois bourses
3.Le contrôle et la surveillance des trois bourses
4.La structure des trois marchés financiers
5.L’évolution des principaux indicateurs
5.1. L’évolution de la taille des trois marchés financiers
5.1.1. L’évolution du nombre de sociétés
5.1.2. L’évolution de la capitalisation boursière
5.1.3. La répartition sectorielle de la capitalisation boursière
5.1.4. La concentration
5.2. L’évolution du volume des transactions sur les trois bourses
5.3. L’évolution du ratio de rotation
5.4. L’évolution de la structure règlementaire
6.L’estimation de la performance de la bourse de Tunis et de Casablanca
6.1. L’application de l’analyse ARCH sur la série des rentabilités mensuelle du TUNINDEX
6.1.1. L’estimation du processus générateur de données du TM
6.1.2. Les tests sur les résidus et la spécification ARCH.
6.2. L’application de l’analyse ARCH sur la série des rentabilités quotidiennes de l’indice TUNINDEX
6.2.1. L’estimation du processus Tj
6.2.2. Les tests sur les résidus et la spécification ARCH
6.3. L’application de l’analyse ARCH sur les rentabilités mensuelle du MASI
6.3.1. L’estimation du processus MM
6.3.2. Les tests sur les résidus et la spécification ARCH
6.4. L’interprétation des résultats et comparaison des deux marchés sur le plan de la performance.
CONLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
RESUMES
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