La stratégie des bailleurs comme causes des inégalités de logement ?

Une précarité qui ne cesse d’augmenter

Avant d’aborder les causes de la diversification des espaces d’habitations, nous devons établir quels types de familles monoparentales habitent le territoire. Nous choisissons donc d’établir des typologies en fonction de divers facteurs économiques et sociodémographiques. En outre, nous utilisons les statistiques multivariées pour aboutir à des catégories de familles monoparentales. Pour ce faire, nous mobilisons plusieurs paramètres nous paraissant essentiels à la dissociation des profils de monoparentaux. Afin d’y parvenir, nous recourrons à une ACP (Analyse en composante principale). Cette analyse factorielle permet de retenir les valeurs covariantes ensembles (négativement ou positivement) et ainsi permettre de retenir les variables significatives. Nous retenons donc 11 variables dont 3 purement économiques, 4 socio-démographiques et 4 liées au logement.
L’analyse effectuée, nous pouvons donc croiser nos données via la méthode de classification ascendante hiérarchique (CAH). Cette méthode nous permet d’aboutir à la création de classes plus ou moins homogènes et différentes entre elles. Ces classes se caractérisent par leur variance interne et externe. Ainsi, plus la variance intra-classe est faible, plus les classes sont homogènes. A contrario, une variable interclasse élevée représente des classes hétérogènes entre elles. Dans notre cas, la variance intra -classe est relativement faible (37%) tandis que la variance interclasses est de 63%. La CAH parait donc pertinente car des ressemblances et des différences sont repérées et classées.
Le graphique ci-dessous révèle les sur et sous-représentation des variables au sein de notre classification. Nous démontrons donc que quand une variable propose 50 % entre l’urbain et le périurbain, c’est qu’il n’y a pas de sur ou sous-représentation. Cet histogramme met en opposition l’urbain et le périurbain. L’urbain se caractérise par son appartenance au pôle de Caen. Nous sous-entendons donc, bien que l’urbain peut se retrouver partout, il se décline davantage par son atmosphère, son paysage et sa fonctionnalité de pôle central regroupant la majorité des flux (Démographiques, économiques, etc). Le périurbain répond à une logique davantage résidentielle. Nous considérons alors comme périurbain toutes les communes gravitantes autour du pôle principal. Cette vision est très critiquable.
Néanmoins, elle structure et se structure par rapport à une réalité économique et sociale.
En effet, les migrations pendulaires sont très fortes dans l’aire urbaine caennaise. Ainsi, nous postulons que l’espace périurbain est, pour les monoparentaux, une relique de leur histoire familiale, c’est dans cet espace que ces dernières ont construit leur famille. Si elles le peuvent, elles restent dans ces espaces. A contrario, l’urbain est un espace « refuge » où les coûts peuvent être ajustés. Ces familles sont donc moins dépendantes de la voiture et les services sont plus proches. Toutefois, ces postulats doivent se relativiser au prisme del’analyse des classes qui composent ces catégories.
A contrario de la classe B1, les classes A sous-représentent les femmes. La classe A1 est la plus clivante, composée de parents âgés et insérés professionnellement (sans emploi avec 15 points de pourcentages en dessous de la moyenne), cette classe est qualifiée d’aisée. Installée dans des communes relativement éloignées du pôle urbain, cette classe pourrait abriter le plus souvent des veufs et veuves ayant un enfant relativement âgé. Toutefois, le faible effectif couplé à une présentation de communes peu peuplées nous alerte quant à la viabilité de cette classe.
La classe A2 diffère légèrement par sa plus grande proportion de femmes (mais toujours sous-représentées). Elle représente également des parents diplômés (environ 60 %), mais connaissant quelques difficultés dans l’emploi avec un recours au temps partiel et au CDD.
En outre, leur position à l’interface entre Caen et Bayeux laisserait penser que ces familles sont dans le foyer de leur ancien ménage. Ainsi, quand ces familles étaient « complètes », les deux parents occupaient deux postes, un à Bayeux l’autre à Caen. Toutefois, cette hypothèse reste à nuancer car aucun autre élément ne peut l’étayer.
Les classes périurbaines représentent des familles monoparentales relativement aisées avec des enfants assez âgés. Elles sont le reliquat des anciennes familles qu’elles formaient avec leur compagnon. De fait, par leur diplôme, leur insertion profes sionnelle et leur monoparentalité tardive, ces familles sont restées dans leur logement d’origine. A l’échelle communale, nous avons donc un périurbain regroupant des familles monoparentales relativement aisées. L’urbain serait-il alors le creuset de la précarité ? Ou bien serait-il plus complexe ?
Comme nous le savons, la jeunesse est dévalorisante dans l’insertion professionnelle, or la jeunesse est la principale caractéristique des familles monoparentales urbaines. Les classes C1 et C2 en sont des exemples certains.
La Classe C1 sur-représentée par les femmes concentre de nombreuses fragilités. La part des sans-emplois est la plus importante parmi toutes les autres classes. De plus, pour les femmes travaillants, le recours au temps partiel et au CDD est conséquent. Ajouté à cela, la présence d’enfants de moins de 3 ans qui engendrent de nombreuses difficultés vis -à-vis de leurs gardes, vous obtenez une classe cumulant des fragilités socio-économiques.
En moindre mesures, la classe C2 qualifie des monoparentaux moins touchés par la précarité, mais souffrant de quelques difficultés. Aussi, malgré la présence d’enfants de moins de 3 ans, ces familles sont davantage insérées professionnellement.
A l’opposée, de ces deux classes, la typologie D1 représente des monoparentaux insérés professionnellement disposant de diplômes élevés. De plus, ils n’ont pas d’enfants de moins de 3 ans.
La typologie urbaine représente une dichotomie entre les familles précarisées avec des difficultés professionnelles hébergées dans le parc social, et des familles aisées du parc privé.
Nous remarquons également que les familles précaires disposent d’une moyenne d’emménagement faible. Nous pensons donc que quand les ressources ne permettent plus de vivre dans leur résidence, celles-ci en changent. Ou bien, ces dernières se font chasser par leur conjoint qui garde l’appartement forçant ces femmes à quitter le domicile conjugal avec leur enfant. Bien sûr, ces hypothèses restent à confirmer par du travail de terrain et non de l’analyse statistique.
La description des profils faites, nous pouvons donc analyser comment ces derniers se répartissent dans l’espace. Aussi, la cartographie des typologies sur le SCoT de Caen ci dessous révèlent des différenciations spatiales quant à la division sociale de l’espace.
Les profils A1 et A2 se répartissent aux bornes du périmètre du SCoT de Caen. Nous les retrouvons donc le plus souvent dans des villages ou petites villes (moins de 2000 habitants) sauf rares exceptions. Leur lieu d’emploi est moins évident que les autres. Aussi, nous pensons qu’une partie travaille sur Bayeux, tandis que l’autre travaille sur Caen. En effet, la présence de diplômés du supérieur indique des emplois davantage présents dans les pôles urbains. La classe B1 est plus hétérogène dans sa répartition avec tout de même une présence plus importante dans la frange Nord et Est du SCoT. Toutefois, l’observation des cartes ainsi que notre connaissance du territoire, nous met en garde quant à l’interprétation de cette carte. En effet, le prix du parc immobilier évoluant positivement avec la proximité de la côte, nous pensons donc que les monoparentaux du Nord disposent de plus de ressources que ceux de l’Est et du Sud-Est.
Les profils C1 se répartissent principalement dans les quartiers prioritaires de Caen et Hérouville-Saint-Clair, leur dépendance au logement social contraignant leur répartition.
Aussi, le parc privé n’a que peu d’influence dans leur localisation.
Les profils C2 sont plus complexes à analyser. Scindés en deux sur le pôle urbain de Caen, les deux profils répondent à une logique du parc privé et public. Ainsi, ces familles cherchent à habiter des logements peu chers mais dans le pôle urbain. Nous les retrouvons donc dans la partie Sud (Ifs, Fleury-sur-Orne, Louvigny) où les prix du parc locatif sont moins élevés que ceux de Caen (10 à 11 euros le m² pour 12.5 euros le m² pour Caen). Par ailleurs, nous retrouvons de nombreux logements sociaux dans ces espaces pouvant accueillir des familles monoparentales. La même logique s’opère au Nord sur les communes de Blainville-sur-Orne et Colombelles, avec la présence d’un parc public et privé peu cher. D’ailleurs, nous suspectons les logements sociaux de dévaloriser le parc privé dans certains quartiers permettant aux familles monoparentales de se loger dans le parc privé. Ainsi, selon le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) le prix des logements privés dans les QPV sont le plus souvent inférieurs aux logements sociaux. Cette analyse reste à relativiser et pourra être détaillé dans une autre recherche.
La Classe D1 présente des monoparentaux disposant de logements principalement dans le centre de Caen. Leur localisation, indépendante au parc public, se retrouve dans le Sud deCaen. Aussi les quartiers proches des QPV semblent particulièrement prisés.
En outre, les monoparentaux « aisés » du périurbain tendent à se concentrer dans le Sud et l’Ouest du SCoT à une certaine distance de Caen. L’une des hypo thèses pour expliquer ce phénomène pourrait être une mise en monoparentalité tardive. En effet, ces typologies auraient gardé la maison du ménage originel. Celle-ci étant déjà payée, il n’y aurait aucun intérêt à déménager. Ces monoparentaux serait donc le plus souvent divorcés ou veufs. A l’opposé, les familles monoparentales très précaires se concentrent dans les quartiers prioritaires de l’agglomération, ainsi que sur les communes d’Ifs et d’Hérouville-Saint-Clair.
Les espaces où les familles moins précaires habitent (bleu clair) sont corrélés avec ceux ayant une évolution importante ces dix dernières années. Cela suppose donc qu’il y a davantage de familles monoparentales avec diplômes mais précaires, du fait qu’elles n’ont qu’un seul revenu, devant en outre se loger dans le parc social. A contrario, là où il y a une diminution des familles monoparentales (centre de Caen) se trouve les monoparentaux urbain aisés. On suppose donc que les familles monoparentales aisées (urbaines) sont de moins en moins présentes ou sont juste dispatchées dans d’autres espaces.
En bref, l’analyse de la typologie des familles monoparentales nous présente des profils diverses habitant des espaces différenciés. Ainsi, des monoparentaux du périurbain sont davantage « aisés », tandis que ceux urbains sont plus précaires. Plusieurs logiques soustendent cette observation. Nous pensons que les familles précaires cherchent à réduire leur espace de vie afin de réduire les coûts. En outre, ces logements se trouvent principalement dans les centres urbains. Nous pensons également que la temporalité de la mise en monoparentalité influe sur le choix du logement. En effet, une famille installée dans le périurbain depuis de nombreuses années dispose d’une insertion professionnelle relativement importante, d’un prêt pratiquement remboursé et de certains liens sociaux avec le voisinage. Si la famille se sépare, alors le parent seul pourra dans certains cas garder la maison et y rester. A contrario, si une femme se sépare de son compagnon durant la grossesse, le choix d’un logement peut être beaucoup plus difficile. Le réseau familial peut aider. Toutefois, si celui-ci est inefficient, le parent isolé devra trouver un logement seul sans garant, entrainant donc l’acquisition d’un logement de piètre qualité ou un logementsocial.

Modifiant le paysage social

Au sein du SCoT de Caen, les programmes pour la rénovation urbaine sont appliqués sur des territoires à forts enjeux stratégiques. Aussi, concernant les programmes entre 2004 et 2014, seuls quelques quartiers caennais, ainsi que certaines communes de l’agglomération sont retenus. Le programme compte donc :
o Pour Caen, les quartiers de la Guérinière, Grâce de Dieu, Pierre Heuzé, Calvaire Saint Pierre et l’îlot Ribot
o Pour Hérouville Saint-Clair, les quartiers des Belles portes, du Val et du Grand Parc
o Les communes d’Ifs et Colombelles
Ces opérations, dont l’objectif principal est de démolir des grands ensembles afin de dédensifier et reconstruire, contribuent donc à reconfigurer le paysage social des quartiers. Récemment, la modernisation du parc social s’est affirmée par la reconfiguration du tissu des bailleurs sociaux. En outre, ces derniers, déjà affaiblis par la baisse de l’aide personnelle au logement (APL), sont contraints par la loi ELAN de fusionner entre eux afin de diminuer les coûts de fonctionnement et donner une image de modernité. Cette restructuration engendre la constitution de trois grands bailleurs sociaux sur le territoire du SCoT de Caen
La Mer. Leur organisation répond à un besoin d’asseoir leur influence auprès de tous les acteurs du logement social (habitant du parc social, élus ect…). Cette organisation basée sur un maillage du territoire par l’intermédiaire d’agences locales permet d’établir un lien de confiance entre eux et le demandeur de logement. Toutefois, cette proximité parait illusoire lorsque la démarche d’attribution est analysée.

Un rapport de force déséquilibré entre le demandeur et le bailleur

Le demandeur d’un logement social est particulièrement passif par rapport à sa demande.
Apparaissant en amont de la demande, il n’intervient pas durant la procédure d’attribution. Au mieux, des agents de terrain le représente lors des commissions d’attribution. Par conséquent, le système est particulièrement opaque pour les acteurs extérieurs à une structure HLM. Cependant, les études ethnographiques participent à la clarification des processus d’attribution (Bourgeois, 2013). Le schéma ci-contre retrace le parcours d’un individu durant sa demande. La commission d’attribution qui siège lors des décisions représente trois types d’acteurs aux objectifs multiples : la collectivité, l’Etat et l’organisme HLM. Dès lors, les décisions aboutissent au résultat du rapport de force entre ces trois acteurs.

Une répartition spatialement différenciée des familles monoparentales dans le parc social du SCoT

Une association familles monoparentales / logement social fortement corrélée …

Dans notre recherche, nous avons partiellement démontré la relation entre familles monoparentales et logements sociaux. Toutefois, cette relation n’est pas encore établie dans l’espace. Pour y remédier, nous allons faire une analyse bivariée entre ces deux variables.
Pour ce faire, nous allons débuter par démontrer que ces deux variables covarient ensembles. C’est-à-dire établir la relation linéaire entre deux variables. Ainsi, le coefficient de corrélation (ou Pearson) est mesuré. Ce dernier a l’avantage de prendre en compte les différences d’unité entre x et y. La Covariance est alors standardisée. Ainsi, dans notre analyse, les familles monoparentales seront considérées comme une variable dépendante (X), tandis que les logements sociaux seront la variable explicative (Y). Les calculs seront effectués sur Excel.
Pour être significatif, le coefficient de Pearson doit être proche de -1 ou 1, si celui-ci est proche de 0 les variables sont indépendantes. Dans notre cas, le Coefficient de corrélation est égal à 0,86. La relation entre les deux variables parait donc forte. Néanmoins, pour confirmer notre première intuition, il faut projeter nos variables dans un graphique afin de réaliser notre régression linéaire. La droite créée résume en passant au plus près de tous les points l’information. Afin d’aider à l’interprétation, nous avons calculé le coefficient de détermination ou R². Celui-ci s’échelonne de 0 à 1, il permet de rendre compte du total de l’information synthétisée par la droite. Pour faire simple, la droite résume 75 % de l’information. C’est-à-dire que la répartition des monoparentaux « s’explique » à 75 % par celle des logements sociaux. Néanmoins, cette relation n’est pas une causalité, mais bienune corrélation. Nous y reviendrons plus tard.
Outre la relation entre deux variables, la régression permet d’identifier des résidus statistiques. Ces derniers se définissent comme l’intensité de l’erreur de la régression. Pour les calculer, il faut déterminer l’équation de la droite de régression ou Y’= AX+B, A étant la pente, B étant l’ordonnée à l’origine. Nous avons donc pour chaque X le point Y’ « prévu » par le modèle de régression. Nous pouvons donc connaître l’intensité des résidus en soustrayant les valeurs Y d’origine aux valeurs Y’ théorique de la régression (voir graphique de la régression linéaire). Les résidus obtenus serviront à l’élaboration d’une carte démontrant les espaces où le modèle de régression est le plus fort, mais aussi où le modèle sous-estime ou surestime la relation.
Cependant, l’analyse du graphique alerte sur la viabilité du modèle. En effet, le modèle parait représentatif jusqu’à un certain seuil (environ 25 familles monoparentales dans un carreau).
Au-dessus de ce dernier, les logements sociaux sont surreprésentés par rapport au modèle.
Cela laisserait penser à des carreaux situés dans des zones très concentrées en logements sociaux qui regrouperaient plusieurs types de ménages. In fine, il semblerait que le modèle soit moins fiable quand il y a beaucoup de logements sociaux, mais aussi quand ceux-ci sontabsents. L’association de ces deux variables est donc concluante. Ainsi, nous pouvons avancer que si le parc social (variable explicative) évolue, la répartition des familles monoparentales évoluera également.

Et différenciée spatialement

Notre étude, basée sur la relation entre répartition des logements sociaux et familles monoparentales, se prête très bien à l’analyse cartographique. En effet, suite à la régression linéaire, l’identification du lien entre les deux variables laisse penser que les monoparentaux habitent généralement dans des logements sociaux. Néanmoins, l’intensité et la spatialisation de ce phénomène restent peu évidentes. Ainsi, les résidus calculés permettent de répondre à ces problématiques. Nous intégrons donc ces résidus dans un logiciel de cartographie, puis restreignons ces derniers à tous carreaux constitués d’au moins un ménage monoparental. L’élaboration de cette carte à l’échelle du SCoT permet donc d’étudier les espaces où les résidus sur ou sous-représentent le modèle de régression.
La cartographie ci-contre démontre les espaces où la répartition des monoparentaux s’explique par la présence de logements sociaux. Si l’interprétation est peu aisée, à cause de la finesse géographique, la richesse spatiale est considérable. Ainsi, on remarque un e sous représentation du modèle au centre de Caen. Cela s’explique par la faible présence de logements sociaux par rapport au volume de familles monoparentales. Les familles dans cet espace habitent donc dans du logement privé. A contrario, les quartiers de la Guérinière, Grâce de Dieu, et Chemin Vert concentrent la majeure partie des sur-représentations. En moindre mesure, on retrouve également le quartier de la Folie Couvrechef et les communes de Blainville sur Orne et Colombelles. Dans ces territoires, les logements sociaux sont trop nombreux par rapport au modèle. Cela semble montrer que dans ces espaces les monoparentaux ne sont pas majoritaires. En outre, les couleurs claires (jaune et bleu clair) représentent les carreaux conformes au modèle, c’est-à-dire que pour une famille monoparentale, on retrouve environ 3 logements sociaux (pente de régression = 3). Cette occurrence revient sur les communes périphériques au pôle urbain et sur certaines communes littorales. Ainsi, dans ces territoires, le volume de familles monoparentales et celui des logements sociaux sont étroitement liés. Par ailleurs, on observe qu’autour de fortes sur-représentations s’agrègent des carreaux conformes au modèle. L’hypothèse probable pourrait être que les bailleurs et les familles ne veulent pas habiter ces espaces (en rouge sur la carte) et donc s’accumulent autour. La régression linéaire est donc une méthode idéale pour représenter des structures spatiales faisant le lien entre deux variables. Toutefois, elle reste très imparfaite pour notre problématique. Certes, certaines structures sont identifiées, néanmoins elles restent faibles. Une hypothèse valable pourrait être que les familles monoparentales sont diluées dans le parc social et agissent comme facteur de mixités sociales dans ce dernier.
En outre, cette démonstration atteste des foyers de concentrations de familles monoparentales dans le parc social. Toutefois, aucune indication sur le comment de cette répartition n’a pu être avancée. Nous allons donc analyser la base de données SNE de la demande sociale. Malgré sa faible précision, cette base permet d’établir les espaces où la tension entre demandes en cours et demandes acceptées sont les plus importantes. Ainsi, nous aurons certains indices quant au désir des familles monoparentales d’aller dans ces espaces.

La structuration du parc et les stratégies des bailleurs comme facteurs de différenciations spatiales des familles monoparentales

Des demandes multiples pas toujours acceptées contribuant à différencier spatialement les familles monoparentales

Les données issues de la base SNE ne sont pas agrégées dans des carreaux de 200m. En effet, elles ne sont disponibles qu’au niveau communal, amenant deux difficultés. La plus évidente est la perte d’informations engendrée par un maillage trop grossier. Cela peut être négligé sur certaines communes peu peuplées où les logements sociaux sont concentrés au même endroit. Néanmoins, dans les zones de fortes densités, cela empêche d’examiner des phénomènes plus fins. La seconde difficulté réside dans la dysmétrie de l’agrégation des diverses bases de données employés. Ainsi, les résultats devront être interprétés avec précaution et confirmés plus tard par un questionnaire ou des entretiens.
La base SNE permet de combiner les demandes en cours et les demandes acceptées des familles monoparentales. L’analyse des demandes en cours permet de voir où les familles monoparentales souhaitent vivre. On remarque que près de la moitié des demandes sont effectuées sur les communes du pôle urbain caennais. L’influence de Caen est donc importante pour ces dernières. Néanmoins, si ces familles souhaitent habiter ces endroits, en ont-elles la possibilité ? C’est ce que notre indicateur de tension va nous montrer.
En outre, par un simple rapport (demandes en cours/demandes acceptés), nous savons quelles sont les communes les plus attractives et à contrario, quelles sont les communes peu attractives. On nommera l’indice créé : l’indice de tension. Si celui-ci est proche de 1 alors le nombre de demandes acceptées est égal aux demande s en cours, la commune n’est pas « tendue ». Plus l’indicateur augmente plus la commune est « tendue », cela traduit un nombre de demandes en cours supérieurs à celles acceptées. Ainsi, parmi les communes où il y a eu au moins une demande acceptée la moyenne est de 3,33 avec un écart type de 2,8. En outre, le coefficient de variation est donc égal à 85%, cela indique une faible dispersion autour de la moyenne. L’indicateur de tension est donc proche de la moyenne pour une grande partie des communes. Néanmoins, comme dit précédemment nous nous sommes restreints aux communes disposant d’au moins une demande acceptée. Il reste un nombre non-négligeable de communes avec des demandes en cours mais sans demandes acceptées. Parmi les communes, 39 % n’ont pas de demandes acceptées, et parmi celles-ci 20 % ont enregistré plus de 20 demandes. Il semblerait donc que malgré une faible dispersion, il existerait des communes où les demandes sont importantes, mais systématiquement refusées. En outre, la cartographie statistique permettra de mieux informer cette répartition.

La stratégie des bailleurs comme causes des inégalités de logement ?

L’utilisation de l’indice tension (légèrement transformé pour la représentation cartographique) utilisé précédemment apporte de nombreuses informations une fois cartographié. Ainsi, les communes au nord de Caen sont souvent demandées par les familles monoparentales, mais leurs demandes sont rarement acceptées. De même, les demandes pour les communes au Sud sont rarement acceptées. Ce phénomène s’explique en partie par un parc locatif peu volumineux. Généralement, les demandes acceptées se portent la proche couronne et en moindre mesure sur Caen. Cela peut s’expliquer également par un parc plus fluide dans ces espaces. En effet, la forte présence de logements avec des temps de location faibles entraînent mécaniquement une offre plus importante. Par conséquent, les familles monoparentales en parc social tendent à se concentrer dans les pôles urbains et particulièrement dans la première couronne à l ’Est de Caen.
Ainsi, la répartition des familles monoparentales sur le SCoT s’explique en grande partie par la surreprésentation des logements sociaux dans ces espaces. En effet, nous l’avons vu via la régression linéaire que ces deux variables étaient liées. L’indice de tension permet de légitimer cette affirmation. De même, si ces familles n’habitent pas en logement social, elleshabitent le parc privé du centre de Caen.
La stratégie des bailleurs couplée à la structuration du parc entrainent donc une polarisation des familles monoparentales dans la frange Est (Hérouville-Saint-Clair, Colombelles, Blainville Sur Orne). A contrario, les communes du Sud dont celles de Ifs, Mondeville, et Bretteville-sur-Odon, sont parmi celles qui sont les moins acceptées alors qu’elles disposent d’un parc social important. La première explication consiste à raisonner en termes de stock.
Ainsi, les communes Sud seraient plus susceptibles de capter durablement la population rendant le parc moins fluide. En revanche, les communes de l’Est capteraient moins longtemps leur population, contribuant à fluidifier le parc. La seconde, moins évidente à prouver par la cartographie statistique, serait que les bailleurs ne souhaitent pas que les familles monoparentales soient trop nombreuses dans les communes du Sud, ces communes étant plébiscitées par d’autres types de familles. En outre, malgré les opérations du PNRU visant à dédensifier la précarisation de certains quartiers, les bailleurs continuent à concentrer les familles monoparentales dans certaines communes en difficultés (Hérouville-Saint-Clair, Colombelles). Toutefois, la commune d’Ifs parait plus contrôlée et les demandes acceptées sont moins nombreuses.
Outre la répartition des familles monoparentales, les stratégies de peuplements des bailleurs engendrent des inégalités dans la qualité des logements attribués. Ainsi, certains espaces concentrent des logements grands et de qualité tandis que d’autres concentrent des logements petits de piètre qualité. Nous allons voir dans cette dernière partie comment parleur stratégies les bailleurs engendrent des inégalités dans la qualité du logement.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
LES FAMILLES MONOPARENTALES AU PRISME DE L’ANALYSE GEOGRAPHIQUE
I.I DE LA GEOGRAPHIE DIMENSIONNELLE A L’ETUDE DE LA DIVISION SOCIALE DE L’ESPACE
I.II.I/ Acteurs et enjeux de la fabrique du logement en France
I.II.II/ Le SCoT comme échelon privilégié d’analyse ?
I.II.III Les familles monoparentales et leur logement : une relation protéiforme différenciée par le parcoursde vie.
I.III QUESTIONNEMENT ET HYPOTHESES
LES FAMILLES MONOPARENTALES A L’EPREUVE DE L’ANALYSE QUANTITATIVE ET
CARTOGRAPHIQUE
II.I PRESENTATION DES OUTILS ET TECHNIQUES QUANTITATIFS
II.I.I Enjeux et limites de l’études quantitative
II.I.II Bases de données et techniques d’analyse : de l’analyse bivariée à l’analyse multivariée
II.II L’ANALYSE SOCIO-DEMOGRAPHIQUE DES FAMILLES MONOPARENTALES SUR LE SCOT DE CAEN-LA-MER
II.II.I Des familles monoparentales pauvres fragilisées dans leur insertion professionnelle et dans
l’accession au logement
II.II.II Une concentration des familles monoparentales exclusivement dans les centres-urbains ?
II.II.III Vers une diversification du peuplement des familles monoparentales ?
II.II.IV Une précarité qui ne cesse d’augmenter
CONCLUSION SECONDE PARTIE
LA REPARTITION DES FAMILLES MONOPARENTALES DANS LE PARC SOCIAL : LE DIFFICILE EQUILIBRE ENTRE PROTECTION DES FAMILLES PRECAIRES ET RENDEMENT ECONOMIQUEDU PARC
III.I STRUCTURATION DES RAPPORTS DE FORCE DANS LE PARC SOCIAL DU SCOT DE CAEN
III.I.I Une action récente pour la restructuration du parc social
III.I.II … Modifiant le paysage social
III.I.III Un rapport de force déséquilibré entre le demandeur et le bailleur
III.II UNE REPARTITION SPATIALEMENT DIFFERENCIEE DES FAMILLES MONOPARENTALES DANS LE PARC SOCIAL DU SCOT
III.II.I Une association familles monoparentales / logement social fortement corrélée
III.II.II … Et différenciée spatialement
III.III LA STRUCTURATION DU PARC ET LES STRATEGIES DES BAILLEURS COMME FACTEURS DE DIFFERENCIATIONS SPATIALES DES FAMILLES MONOPARENTALES.
III.III.I Des demandes multiples pas toujours acceptées contribuant à différencier spatialement les familles monoparentales
III.III.II Les familles monoparentales moins prioritaires ?
III.III.III La stratégie des bailleurs comme causes des inégalités de logement ?
CONCLUSION TROISIEME PARTIE 
CONCLUSION GENERALE 
BIBLIOGRAPHIE 
OUVRAGES ET ARTICLES SUR LA FAMILLE MONOPARENTALE 
OUVRAGES ET ARTICLES SUR LE LOGEMENT 
OUVRAGES ET ARTICLES DE GEOGRAPHIE SOCIALE FEMME ET LOGEMENT 
METHODOLOGIE 
TABLE DES MATIERES
TABLE DES FIGURES
ANNEXE 

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