La solution du Labyrinthe comme métaphore de la connaissance

Introduction

Lorsque le mot labyrinthe est prononcé plusieurs idées surgissent presque instantanément.
Viennent en effet à l’esprit pêle-mêle des images de plans compliqués, d’ensembles inextricables, d’entrecroisement de voies enchevêtrées qui posent de tels problèmes d’itinéraire à celui qui s’aventure dans un endroit ainsi défini que la perspective d’une issue se révèle sinon impossible du moins problématique.
Si l’on se réfère d’ailleurs à la définition offerte par de nombreux dictionnaire à des époques pourtant différentes, force est de constater que c’est incontestablement la signification qui s’attache à ce mot :
« Antiq. Edifice composé d’un grand nombre de chambres et de galeries dont la disposition était telle que ceux qui s’y engageaient parvenaient difficilement à en trouver l’issue.
Par ext. Petit bois dont les allées s’entrelacent si bien qu’on peut s’y égarer facilement. »« Antiq. Enclos qui enfermait des bois coupés par un réseau inextricable de sentiers, des bâtiments, des galeries, aménagées de telle sorte qu’une fois engagé à l’intérieur, on ne pouvait en trouver l’unique issue.
Par ext. Se dit d’un réseau compliqué de chemins tortueux, de galeries… dont on a peine à sortir. »
« Dans l’Antiquité, vaste édifice comprenant d’innombrables salles agencées de telle manière que l’on ne trouvait que difficilement l’issue. Réseau compliqué de chemins, de galeries dont on a du mal à trouver l’issue. »
En architecture le labyrinthe renvoie à une forme et un concept qui existent depuis la mythologie. L’accumulation et l’enchevêtrement d’itinéraires multiples aboutissant à un réseau complexe incitent souvent à parler de labyrinthe à propos de ville.
Il semblera opportun d’opérer un certain nombre de distinctions entre plusieurs types de labyrinthes, en fonction notamment de leur forme, de l’objectif qu’on leur assigne, de ce pour quoi ils ont été initialement créés. Un but physique, spirituel ou mental peut animer le parcours du labyrinthe.
Dans la mythologie le labyrinthe est conçu pour qu’on s’y perde et qu’on ne puisse jamais en ressortir. Dans la légende du Minotaure, il convient de rappeler que le labyrinthe correspond à une commande passée à un architecte, Dédale, avec une consigne expressément formulée:cette construction était en fait destinée à enfermer un homme à tête de taureau qui ne devait pas pouvoir en ressortir.
Dans sa réécriture originale de cette histoire, « La demeure d’Astérion », Borges fait allusion à cefait : « Il est exact que je ne sors pas de ma maison ; mais il est moins exact que les portes de celle-ci, dont le nombre est infini, sont ouvertes jour et nuit aux hommes et aussi aux bêtes. Entre qui veut. […] Selon une autre fable grotesque, je serais, moi, Astérion, un prisonnier.
Dois-je répéter qu’aucune porte n’est fermée ? Dois-je ajouter qu’il n’y a pas une seule serrure ? »
Ce labyrinthe particulièrement complexe cache un monstre aux yeux du monde. Si quelqu’un s’aventure dans le labyrinthe il s’y engouffre à jamais et sera dévoré par le Minotaure.
La légende veut d’ailleurs que le créateur se soit lui-même montré incapable d’en sortir autrement que par la voie des airs. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le nom propre « dédale » est passé dans la langue courante pour désigner un agencement particulièrement confus.

Labyrinthe maniériste

un plan complexe

L’impression que l’on ressent parfois devant un plan de quartier ou face à un enchainement de voies qui semblent masquer leur sortie trouve un écho avec l’emploi du mot labyrinthe dans la description architecturale de villes, comme n’ont pas manqué de le remarquer de nombreux chercheurs, à l’exemple de Laurence Liégeois : « La figure du labyrinthe est souvent utilisée pour décrire et analyser l’espace urbain, par les chercheurs et les penseurs de la ville, mais aussi par les artistes qui y voient une métaphore riche de sens. Le tracé – pour certains le dédale – des rues, la diversité du bâti et la multiplicité des stimuli reçus rendent l’espace urbain difficile à appréhender d’emblée et à maîtriser, particulièrement lorsque l’individu est confronté à une ville qu’il ne connaît pas. Non seulement le labyrinthe est une figure spatiale non immédiatement intelligible, mais il est aussi celle de la contrainte, car il impose au mouvement en son sein des barrières qu’il est difficile, voire impossible de contourner, selon le degré d’ouverture du labyrinthe. »
Comme nous l’avons spécifié dans la fin de notre introduction sans une définition un peu précise des différents types de labyrinthe aucune étude, selon nous, ne saurait prétendre offrir de conclusions sérieuses. Nous proposerons donc en préalable à chacun des rapprochements entre formes de labyrinthe et organisation urbaine une approche qui s’efforcera d’expliquer non seulement le fonctionnement interne du labyrinthe mais encore l’impression qu’il contribue à produire sur les personnes qui s’y aventurent.
Le labyrinthe maniériste, dont nous proposons un exemple ici, est constitué d’un grand nombre de voies dont beaucoup se révéleront des impasses (parmi les nombreux cas observables sur l’illustration ci-après nous en signalons, en guise d’exemple, trois par des astérisques rouges).
Les multiples ramifications sans issue rendent le cheminement difficile et incertain et exigent de faire preuve d’astuce et d’intelligence pour imaginer une solution. En effet une sortie existe mais elle est unique et rien n’indique la bonne direction. On conçoit aisément que toute la difficulté réside dans le choix que l’utilisateur est tenu de faire à chaque carrefour (sur notre exemple nous voyons que dès l’entrée trois possibilités A, B, et C lui sont offertes).
Le labyrinthe maniériste correspond à celui que nous appelons dans la langue courante, le dédale, c’est une structure dans laquelle nous nous aventurons mais le nombre d’obstacles, de voies bouchées empêchent le passant d’avoir une marche fluide et un parcours prédéfini. Il peut se perdre en s’aventurant sur des voies qu’il n’avait pas prévu d’emprunter.
Dans l’optique de se perdre et de se cacher un bon nombre de labyrinthes furent construits dans les jardins. Ils permettaient, cachés derrière des haies d’arbres dans les jardins secrets, l’installation pour les utilisateurs, de jeux pédagogiques et également érotiques. Les jeux d’amour sont en effet courants à l’époque baroque, et une quête s’effectue à l’intérieur du labyrinthe « entre la dame et le chevalier. Celui-ci était censé atteindre le centre où se trouvait, le plus souvent, une tour sur laquelle montait une dame masquée, qui, une fois rejointe, révélait sa véritable identité au chevalier. » C’était le goût pour les secrets et la tromperie qui motivait le joueur à s’aventurer 14dans le labyrinthe. Les utilisateurs entrent donc dans un autre monde caché des autres où ils peuvent tout se permettre et où la tromperie anime le jeu.
On sent poindre, avec cette nouvelle forme, une version plus positive du labyrinthe : celui ou celle qui s’y perd, le fait volontairement et délibérément, par jeu et cela lui fournit l’occasion de se dissimuler aux yeux des autres, de s’isoler. L’idée d’enfermement, d’écrasement est absente elle ferait plutôt place à celle d’une protection.
Les villes qui rappellent le labyrinthe maniériste sont en général plus anciennes et sont construites sans règles d’évolution. Nous les appellerons des villes « anarchiques » car elles se développent par accumulation. Au fil des années les villes « anarchiques » s’entassent et se densifient pour former un plan d’ensemble difficilement compréhensible. Toulouse, par exemple, est une ville qui a pu évoluer avec le temps. Les habitations et constructions se sont formées au gré des nécessités mais il est intéressant de relever le changement qui s’est opéré avec l’arrivée au XIX ème siècle du plan du Préfet Haussmann. En effet les grandes percées formées ont engendré une nouvelle strate dans l’organisation de la ville. Il y a donc, dans le parcours de la ville, un ajout d’informations qui ne viennent pas forcément aider l’utilisateur. Souvent dans ces villes les rues semblent être une succession de ramifications inextricables. L’espace urbain est l’ensemble des vides non occupés par les édifices. Ces lieux vides permettent la circulation dans la ville. Cette circulation peut être plus ou moins accompagnée de complications et d’obstacles.
Il s’agira donc de définir précisément à quel utilisateur de la ville nous faisons référence car chaque moyen de transport a ses propres règles qui peuvent être, selon les cas, plus ou moins compliquées. Ainsi le piéton dispose de toutes les possibilités de parcours tandis que le 15 conducteur automobile peut voir sa voiture bloquée en raison de la taille des voies ou des sens de circulation. Enfin les moyens de transports collectifs empruntent, quant à eux, un trajet prédéfini et ne le changent sous aucun prétexte.
Afin de mieux cerner le concept de ramifications nous allons nous pencher sur le travail d’ArmelleCaron. Cette artiste s’est fixé pour objectif, dans l’une de ses démarches de « ranger les villes ».

Le Labyrinthe rhizome

Une forme proliférante, l’immensité

Au fil de nos recherches il nous et arrivé de rencontrer sur internet des jugements de valeur sur les types de labyrinthe, tel blog décrétant par exemple que l’unicursal représentait le labyrinthe par excellence (vraisemblablement pour des raisons historiques), tel site consacré à des jeux, ignorant délibérément, pour sa part, toute autre forme que le maniériste (car c’est évidemment celui qui se prête le mieux à ce genre d’activité).
Si nous ne comptons pas entrer dans ces considérations nous remarquerons toutefois que le cas du labyrinthe défini initialement par Deleuze et Guattari sous le nom de rhizome se situe sans doute un peu à part des deux autres en ce qu’il apparait comme extensible à l’infini et qu’il ne comporte à proprement parler ni entrée ni sortie, ni dedans ni dehors et que tous les points qui le constituent sont connectés entre eux. Dans l’Apostille au Nom de la Rose, Umberto Eco le présente ainsi : « … le réseau, ou […] rhizome est fait de telle sorte que chaque chemin peut se connecter à chaque autre chemin. Il n’a pas de centre, pas de périphérie, pas de sortie parce qu’il est potentiellement infini. » L’illustration qu’il fournit ensuite dans De l’arbre au labyrinthe a très 19 souvent suscité des rapprochements avec le web (dont le nom renvoie lui-même à l’image de la toile d’araignée) et son fonctionnement.
Les villes modernes ont généralement été construites selon un plan directeur. Nous les appellerons villes-système car ce sont des villes qui sont dessinées selon une logique de développement. De nombreuses villes d’Amérique Latine, par exemple, reprennent la même trame directrice. En général elles ont été construites par des colons espagnols qui répétaient le même système constructif.
Nous avons pu trouver en Amérique Latine deux types de système, le premier en cuadras et le second en anneau.
A titre d’exemple de ville-système type cuadras nous pouvons citer Buenos Aires, la capitale de l’Argentine. Située au bord du Rio de la Plata et sur un relief plat elle est limitée par une côte et elle prolifère vers l’intérieur du pays. Le système de cuadras permet facilement de s’étendre. L’avantage de ce système pour l’habitant est la facilité à savoir se situer dans la ville. En effet les noms des rues ne se modifient pas même quand celles-ci croisent des avenues, il est donc possible de trouver la destination dont on a l’adresse sans avoir à regarder sur un plan, ce qui constitue une aide considérable. Santa Cruz, ville de Bolivie, correspond, quant à elle, au système en anneau. Elle est formée par plusieurs anneaux concentriques. Tous les cercles du plus petit au plus grand sont reliés par des rayons traversants. Les anneaux ont été construits chronologiquement ce qui permet d’avoir, au centre, la structure la plus ancienne de la ville.

Le chaos et le vertige, une perte imaginaire

Selon l’affirmation de Manuel Bello Marcano, « Le labyrinthe transforme notre vision de l’espace urbain en une fascinante série de défis et d’inconvénients. Il est un système d’organisation spatiale chaotique et codifié qui se nourrit de l’erreur. […] Aujourd’hui, la ville la byrinthe est un dédale qui nous montre une vision d’ensemble au travers d’une géographie dominée par la technologie de l’information. Pourtant, elle nous séduit également avec le fourmillement constant de ses petites «erreurs» et singularités qui découlent de notre quotidien cartographique. »
La structure d’un plan de métro pourrait apparaitre comme un exemple « d’organisation 26 spatiale chaotique et codifié[e] ». En effet, par son caractère abstrait ce plan ne permet absolument pas de se situer dans la ville mais paradoxalement il facilite la compréhension du parcours car il prend du sens dans le microcosme que représentent les lignes de métro acquérant ainsi une logique interne.
Par ailleurs, il s’agit de nuancer l’impression de perte de repères ressentie par le passant car cet égarement n’est pas forcément dû à l’organisation d’un plan ou d’une structure aux multiples embranchements.
Les villes contemporaines de plus en plus modernisées ont souvent une organisation simple mais l’évolution des technologies crée des villes bien plus complexes,organisées non plus horizontalement mais par strates verticales. S’installe alors au sein de la ville une seconde organisation qui est, elle, bien plus chaotique.
Dans ces immenses mégalopoles plusieurs artistes ont essayé de montrer les méandres que les villes pouvaient produire dans la pensée. Métaphoriquement la multiplication des hypothèses et des choix produits par la ville représente la réalité complexe dans laquelle vivent les protagonistes.
Nous songeons par exemple à la ville de Tokyo qui par son effervescence humaine a 27 tendance à provoquer chez le voyageur une sensation d’égarement. En effet, la mégalopole est tellement immense et dense qu’elle donne au visiteur l’impression d’être perdu dans des méandres infinis. Ce sentiment est particulièrement bien évoqué dans le film Lost in translationde Sofia Coppola où les personnages perdus dans leur propre vie se retrouvent seuls dans une ville qu’ils ne connaissent pas. Le contraste entre ce chaos et le calme de l’hôtel Park Hyatt dans lequel ils résident est particulièrement saisissant et donne un aspect encore plus nébuleux à la ville.

Le labyrinthe unicursal

La solution du Labyrinthe comme métaphore de la connaissance

Le labyrinthe parfois qualifié de classique, puisqu’il puise son origine dans la mythologie grecque, désigné désormais sous le nom d’unicursal en raison du trajet qu’il propose, est constitué d’un parcours somme toute linéaire, ce que souligne Umberto Eco : « Le labyrinthe classique dit de Cnossos, est unicursal : en y entrant, on ne peut qu’atteindre le centre, et du centre, on ne peut que trouver la sortie. Si on « déroulait » le labyrinthe unicursal, il nous resterait dans les mains un unique fil.»
En effet malgré l’apparence complexe de son plan, souvent enveloppé en forme de spirale (voir l’illustration traditionnelle) et les multiples méandres et circonvolutions qu’il présente, il s’agit pour l’utilisateur, ni plus ni moins que de suivre docilement l’itinéraire imposé. La difficulté majeure consiste donc à atteindre le centre et, de là, à revenir sur ses pas afin de regagner la sortie. En fait, on peut imaginer qu’en raison de la longueur du parcours et des tours et des détours que réalise l’utilisateur, ce dernier s’imagine qu’il se perd irrémédiablement ce qui contribue peut-être à créer chez lui une certaine angoisse. Pourtant, comme le souligne encore Umberto Eco : « Il ne permet à personne de s’égarer : vous entrez et vous arrivez au centre, puis vous allez du centre à la sortie. C’est pourquoi au centre, il y a le Minotaure, sinon l’histoire perdrait toute sa saveur, ce serait une simple promenade de santé. Oui, mais vous ne savez pas où vous allez arriver, ni ce que fera le Minotaure. Et la terreur naîtra peut-être. »
Nous émettrons l’hypothèse que, dans ce cas précis, la perte de repères nait vraisemblablement du manque de recul par rapport à l’ensemble du système, lequel est sans doute provoqué par la hauteur des parois qui empêche une projection globale. En effet, lorsque le labyrinthe est seulement tracé sur le sol, qu’il est, par exemple, matérialisé par des pierres comme dans l’exemple ci-dessous, une personne peut mentalement imaginer le parcours qu’elle aura à effectuer et prendre alors conscience de l’absence de difficultés.
On relève des traces de ce type de labyrinthe sur des monnaies, des tableaux ainsi que sur le dallage de plusieurs cathédrales. En effet la religion a eu souvent recours à ce type de labyrinthe pour inciter à la méditation. En fait, en ce cas, la représentation est double et offre curieusement deux images opposées. D’une part, c’est la vision de l’échec d’un univers hostile, l’idée d’enfermement, d’obstacles multiples que l’être humain ne parvient pas à surmonter; le labyrinthe devient métaphore d’une lutte perdue contre les péchés. D’autre part, d’un point de vue spirituel il est associé au « chemin de Jérusalem » c’est-à-dire un pèlerinage certes qui reste accessible à tout chrétien même s’il semble compliqué. Il est alors synonyme d’une épreuve à affronter pour aboutir au salut, au terme d’un long cheminement. La perte de soi dans les méandres du labyrinthe permettait aux pèlerins de progresser vers la plénitude et d’en ressortir nouveau. Le but était donc de parcourir le circuit et de se laisser guider sans réfléchir.
On peut voir des exemples de ce second type de labyrinthe dans le pavage en marbre noir et blanc que les pèlerins devaient arpenter dans la cathédrale d’Amiens , ou dans le dallage de la cathédrale de Chartres. On en trouve encore un dans la basilique de saint Quentin de l’Aisne.
Dans la partie historique de l’étude que G. Lovito consacre au mythe du labyrinthe chez Eco, l’auteur évoque cet aspect dual du labyrinthe dans la religion chrétienne : « Selon la vision théologique médiévale, l’image du labyrinthe représente l’âme qui se perd dans les pièges dupéché et demeure emprisonnée en enfer. Ou bien, elle est représentée alors qu’elle est appelée à affronter un cheminement tortueux qui, en guise de pèlerinage, prévoit des épreuves difficiles avant d’atteindre le centre, le salut. »
Le labyrinthe unicursal, métaphoriquement, permet la découverte et la connaissance de la réalité, il appartient donc à l’être humain d’affronter cette réalité afin de découvrir les solutions qui lui permettront de se repérer dans l’espace.
La solution la plus simple, surtout pour des nouveaux venus, est de se munir d’un plan.
C’est cette stratégie qu’analyse Jacques Revel , le personnage de Michel Butor. « moi, taupe me heurtant à chaque pas dans ses galeries de boue, tel un oiseau migrateur prêt à fondre, j’ai embrassé d’un seul regard toute l’étendue de la ville […] grâce à cette image, j’étais mieux renseigné sur la structure de Bleston que n’aurait pu l’être un aviateur la survolant ». L’assimilation du plan permet d’avoir une vision d’ensemble de la ville et de comprendre la structure de celle-ci.
Le labyrinthe est de cette manière mis à plat et le parcours à partir de ce moment-là peut être fluide.
La deuxième démarche consiste à s’approprier la ville afin de ne pas s’y perdre. C’est l’une des seules manières de connaitre les « règles du jeu » du labyrinthe. L’appropriation exige de consacrer du temps à déambuler dans les rues et à découvrir tous les recoins que la ville peut recéler. A force d’arpenter celle-ci, on finit par trouver ses repères et le parcours dans la ville parait moins compliqué. « Quand on arrive dans une ville, on voit des rues en perspective. Des suites de bâtiments vides de sens. Tout est inconnu, vierge. Voilà, plus tard on aura marché dans ces rues,on aura été au bout des perspectives, on aura connu ces bâtiments, on aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue on l’aura prise dix, vingt,mille fois.
Au bout d’un temps cela vous appartient parce qu’on y a vécu » .
L’avancée des technologies facilite la connaissance de l’espace. Ainsi, le GPS (GéoPositionnementpar Satellite) offre toutes les solutions car il donne une vision d’ensemble de la ville mais en revanche aussi il offre et dicte des itinéraires. De cette manière il devrait normalement n’exister aucune possibilité de se tromper. Le parcours est donc simplifié et permet une totale compréhension. L’utilisateur fait confiance au tracé suggéré et suit les instructions sur la continuité du parcours.

Se perdre sans se perdre

Comme nous l’avons démontré auparavant, dans une ville, de multiples parcours sont tracés. Chacun d’entre eux menant à plusieurs nœuds et à plusieurs destinations. La subtilité et la particularité du labyrinthe unicursal résident dans l’impossibilité du choix puisqu’un seul parcours est possible. Il s’agit d’un parcours prédéfini qui donne l’impression que l’on s’est perdu non pas parce qu’il est semé d’embûches mais parce qu’il fait faire des détours et qu’on manque singulièrement de perspective d’ensemble. Pour en comprendre le principe il faudrait s’imaginer être embarqué dans un flux sans être capable d’en contrôler le cours. L’itinéraire serait tracé mais le parcours complexifié.

Conclusion

Nous avons maintes fois remarqué que très souvent on associait les mots ville et labyrinthe sans que cela ne corresponde vraiment à des conclusions issues d’une réflexion sur le sujet .
Cela s’explique aisément sans doute par le fait que s’égarer dans le dédale des rues est une situation que nous connaissons tous et que l’image qui surgit spontanément alors est celle du labyrinthe, comme symbole quasi obligé ou archétype caractérisé dans cette situation. Se perdre dans les méandres urbains ne se résume cependant ni simplement ni systématiquement à cela.
La ville est une machine qui prend l’individu dans ses réseaux d’engrenages que ce soit pour l’étourdir dans des ruelles étroites et sans points de vue ou pour l’engourdir dans d’immenses perspectives vertigineuses, voire même pour le déstabiliser en lui faisant sentir qu’il est étranger, qu’il évolue dans un monde qui n’est pas vraiment le sien et qu’il n’est pas parvenu à dominer complètement, dont il ne connaît pas toutes les règles de fonctionnement comme le notent les chercheurs du CETHIS dans la présentation de leur séminaire : « la ville devenant le lieu du déracinement, de l’anonymat, de la désaffiliation et donc lieu de « décivilisation » »
Même s’il s’agit d’une fiction, dont le but premier est à l’évidence de déclencher le rire, le fameux sketch de Raymond Devos dans lequel des automobilistes victimes d’une situation absurde tournent indéfiniment sur une place sans issue, pourrait sans doute rendre métaphoriquement compte de l’impression de piège pour l’individu que peuvent engendrer
certaines structures urbaines.
Cette impression peut à juste titre sembler écrasante au point que dans ses recherches sur le devenir des villes et leur évolution future Yona Friedman en vient à conclure : « La ville, en tant que mécanisme, n’est donc rien d’autre qu’un labyrinthe : une configuration de points de départ, de points terminaux, séparés par des obstacles. »
Comme nous avons pu le montrer, de multiples facteurs entrent en jeu dans la création de l’effet évoqué et il serait sans doute illusoire de croire que telle ou telle trame de ville suffit à apporter une solution. Nous avons, entre autres, examiné le cas de La Plata, qui a prouvé par exemple que son ordonnancement strict n’a pas rendu le résultat escompté.
Il n’est pas question non plus de noircir le tableau. Dans une ville, de multiples parcours sont tracés, chacun menant à plusieurs nœuds, à plusieurs destinations, et dans une certaine mesure chaque habitant propose son propre chemin et utilise l’espace libre offert pour déambuler et se laisser porter par l’organisation du tracé urbain. Un autre rapport à la ville-labyrinthe pourrait alors s’imaginer : si au lieu de subir cette perte de repères on la vivait comme un jeu et un défi, l’espace urbain deviendrait beaucoup plus fascinant à arpenter.

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Table des matières

SOMMAIRE
AVANT PROPOS
INTRODUCTION
I Le labyrinthe maniériste
1) Un plan complexe
2) Un espace clos, une réalité physique
II Le labyrinthe rhizome
1) Une forme proliférante, l’immensité
2) Le chaos et le vertige, une perte imaginaire
III Le labyrinthe unicursal
1) La solution du labyrinthe comme métaphore de la connaissance
2) Se perdre sans se perdre
3) Une ville utopique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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