La sociologie des publics des bibliothèques

La sociologie des publics des bibliothèques

Usagers et non-usagers des bibliothèques

Selon la norme rédigée par l’Organisation internationale de normalisation (ISO 2013, p.11), l’usager se définit comme le « bénéficiaire des services de la bibliothèque ». Sous cette catégorie, il est possible de distinguer :
• L’usager inscrit, qui représente la « personne physique ou morale inscrite dans une bibliothèque pour utiliser ses collections et/ou des services à l’intérieur ou à l’extérieur des locaux » (ISO 2013, p.10) ;
• L’usager actif, qui est un « usager inscrit entré à la bibliothèque ou ayant utilisé ses équipements ou ses services au cours de la période de référence » (ISO 2013, p.5) ;
• L’emprunteur actif, qui est un « usager inscrit ayant emprunté au moins un document au cours de la période de référence » (ISO 2013, p.5) ;
• Les usagers non-inscrits. En effet, nul besoin d’être inscrit pour être usager des bibliothèques. Poissenot (2000) distingue dans ce cas les « passagers », qui viennent en bibliothèque pour «passer le temps ou voir des gens, accompagner quelqu’un ou lire la presse », des « séjourneurs», qui viennent pour travailler ou lire sur place.
Par opposition, les non-usagers représentent « ceux qui restent à l’extérieur » des bibliothèques, qui ne vont pas fréquenter ces types d’équipements (Poissenot 2000).

Attentes des usagers et des non-usagers

Après adaptation au contexte de la recherche actuelle (traduction, suppression ou modification de certaines questions ou de modalités de réponse), l’outil développé par Fortunato s’est révélé plus pertinent pour éclairer les attentes (ou besoins) des élèves à l’égard des bibliothèques scolaires que pour exposer les perceptions qu’ils en ont.Les enjeux d’une analyse des besoins sont multiples:
• Évaluer un service existant ;
• Alimenter la réflexion avant de lancer un nouveau service, ou de programmer un nouvel équipement ;
• Suivre les évolutions des profils et pratiques du public (Gaudet 2011).

Utilisations et perceptions des bibliothèques scolaires par les adolescents

L’enquête réalisée par Fortunato dans le Tessin a révélé que plus de 80% des élèves sont utilisateurs des bibliothèques scolaires, un tiers s’y rendant au moins une fois par semaine.
Avec l’âge, la fréquentation diminue de manière significative, tout comme la perception positive de ces structures. Bien que les élèves utilisent toujours massivement le service de prêt des bibliothèques scolaires, l’espace est de plus en plus considéré (pour presque la moitié d’entre eux) comme un lieu de socialisation avec les pairs (Fortunato 2014). Du reste, cette fonction sociale est particulièrement importante aux yeux des adolescents :
« The social support aspects of libraries are key, especially for teens, who often have limited mobility or limited access to places where they can safely or easily hang out and socialize. » (E. Agosto et al. 2016).
La revue de littérature n’a permis de relever qu’une seule autre étude antérieure en Suisse romande traitant des besoins des adolescents à l’égard de la bibliothèque scolaire. Les résultats ont démontré que les élèves sont globalement satisfaits des services proposés : la majeure partie d’entre eux se rend plus ou moins fréquemment au centre de documentation, essentiellement pour étudier ou utiliser le matériel informatique mis à disposition. Cependant, l’étude précise que seule la moitié des élèves déclare emprunter des documents, et ce avant tout pour leur formation (Rota 2012).

Une baisse de la fréquentation expliquée par une baisse de la pratique de la lecture

En France, une enquête de grande ampleur réalisée en 2007 a confirmé la baisse de la fréquentation des bibliothèques scolaires (Perier 2007), sauf lorsque celles-ci sont utilisées comme lieu de travail, de découverte numérique ou de rencontre avec les pairs (Octobre 2015). La baisse de la fréquentation des CDI est alors corrélée à une baisse des pratiques de lecture et de la diversité des livres lus à l’adolescence (Perier 2007). En effet, aujourd’hui les jeunes comptent moins de lecteurs que les générations précédentes. Par ailleurs, plus ils grandissent et moins ils lisent (Octobre 2015). Ce constat est général et se confirme même dans les classes les plus favorisées et chez les bons élèves (Lamouroux 2015). Pourtant, le goût de la lecture semble persister durant l’adolescence, tout comme la perception de soi comme lecteur. Si la pratique diminue, le phénomène peut notamment s’expliquer par la perte de la valeur d’enjeu de la lecture. En effet, celle-ci ne semble plus apporter de profit ni pour la culture, ni pour les performances scolaires : l’école ne valorise plus autant les humanités que par le passé, la sélection scolaire se faisant au travers des matières scientifiques (Octobre 2015).
Pourtant, la lecture plaisir, positivement corrélée aux performances en compréhension de l’écrit, est un enjeu majeur souligné par PISA 2009 :« Les élèves peu intéressés par la lecture et lisant peu pendant leurs loisirs ont des compétences plus faibles que ceux éprouvant du plaisir dans ce type d’activité. »

Une baisse de la fréquentation expliquée par des perceptions négatives

En effet, Denise E. Agosto s’est intéressée dans le cadre d’une de ses études à la prédominance des nouvelles technologies dans la vie des adolescents et à leur influence sur leurs perceptions et leurs utilisations des bibliothèques scolaires et publiques (E. Agosto et al. 2016).
Parmi les raisons expliquant le refus de se rendre en bibliothèque scolaire, outre l’absence d’intérêt pour le livre et la lecture, les élèves ont mentionné :
• Le caractère inhospitalier : les adolescents ont la perception que la bibliothèque et le personnel sont inhospitaliers, et ce sentiment est renforcé par la barrière d’un règlement perçu comme trop stricte. Les bibliothèques apparaissent alors comme les lieux des interdits ;
• La barrière des connaissances : la difficulté à comprendre l’organisation des collections ainsi que les compétences nécessaires pour faire une recherche dans un livre retiennent certains jeunes ;
• La barrière de l’accès : l’accès aux ressources depuis la maison est considéré comme plus pratique et plus confortable que de se rendre jusqu’à la bibliothèque ;
• L’inadéquation des ressources : certains adolescents ne trouvent pas les documents qu’ils souhaitent et préfèrent par conséquent les acheter ;
• L’obsolescence : les adolescents ne ressentent pas le besoin d’aller en bibliothèque scolaire car ils possèdent, où qu’ils soient, une connexion Internet. Cette obsolescence perçue indique la préférence des adolescents pour les nouvelles technologies. Ainsi, les bibliothèques paraissent dépassées alors que les technologies sont particulièrement importantes et omniprésentes dans la vie des adolescents.

Une baisse de la fréquentation expliquée par les pratiques culturelles des adolescents

D’une part, les adolescents sont dans un processus de construction de soi et d’autonomisation qui implique la mise à distance des institutions et explique leur désertion des structures telles que les médiathèques (Dahan 2014). D’autre part, ils connaissent un penchant naturel pour les nouvelles technologies, ont un grand besoin d’expressivité et les réseaux sociaux, notamment, répondent à ces besoins. Ainsi, leur goût pour les échanges et le partage de manière intensive, l’instantanéité, l’image mobile, la collaboration, mettent à mal les pratiques traditionnelles de lecture (Octobre 2015).Allant dans ce même sens, l’analyse statistique réalisée par Fortunato a souligné une forte corrélation entre la possession de certains appareils électroménagers et la fréquence d’utilisation de la bibliothèque scolaire. Par conséquent, parmi les services que les élèves voudraient voir développer dans les bibliothèques scolaires, 70% d’entre eux évoquent le souhait de pouvoir emprunter une tablette, et plus de la moitié auraient besoin de plus de postes informatiques afin de naviguer sur Internet (Fortunato 2014).
De même, comme cela a pu être évoqué plus haut, l’enquête JAMES confirme que la lecture, pratiquée de manière marginale, fait face à de nombreuses autres activités, en particulier l’usage du téléphone portable et des services Internet. En effet, en 2016, 99 % des jeunes en Suisse possèdent un téléphone mobile. Pour 98% d’entre eux il s’agit d’un smartphone, et ce dès 12-13 ans. Les trois quarts d’entre eux ont également un ordinateur fixe ou portable personnel (Waller et al. 2016).

 

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Table des matières

1. Introduction
1.1 Origine, champ d’étude et nature du projet 
1.1.1 L’étude cadre de Fortunato
1.1.2 La sociologie des publics des bibliothèques
1.1.3 Le choix de la technique de l’enquête utilisateur
1.1.4 De la recherche descriptive quantitative à la recherche corrélationnelle appliquée
1.2 Les concepts à l’étude
1.2.1 Usagers et non-usagers des bibliothèques
1.2.2 Utilisations des bibliothèques
1.2.3 Perceptions des bibliothèques
1.2.4 Attentes des usagers et des non-usagers
1.2.5 Satisfaction des utilisateurs
1.3 But de la recherche
1.3.1 Objectifs généraux
1.3.2 Objectifs spécifiques
1.3.3 Questions de recherche
2. Etat des lieux 
2.1 Le contexte
2.1.1 Le système éducatif en Suisse.
2.1.2 La bibliothèque scolaire : son rôle, les normes et recommandations
2.1.3 La gestion de la qualité de service en bibliothèque
2.2 Adolescents et bibliothèques : leurs utilisations, leurs perceptions, leurs pratiques culturelles
2.2.1 Utilisations et perceptions des bibliothèques scolaires par les adolescents
2.2.2 Une baisse de la fréquentation expliquée par une baisse de la pratique de la lecture
2.2.3 Une baisse de la fréquentation expliquée par des perceptions négatives
2.2.4 Une baisse de la fréquentation expliquée par les pratiques culturelles des adolescents
3. La méthode de l’enquête utilisateur
3.1 Les considérations éthiques : collecter les données en accord avec les textes en vigueur
3.1.1 Consentement libre et éclairé des participants
3.1.2 Respect de la sphère privée : la garantie de l’anonymat et de la confidentialité
3.2 Population et échantillon
3.2.1 Population à l’étude
3.2.2 Plan d’échantillonnage : entre procédure idéale et faisabilité de la recherche
3.3 La méthodologie de la collecte des données
3.3.1 Présentation du questionnaire et de ses avantages
3.3.2 L’instrument de mesure original
3.3.3 Les modifications de l’outil : les étapes de la traduction, de la révision et du pré-test
3.3.4 La transmission du questionnaire : questionnaire en ligne auto-administré à l’aide du logiciel LimeSurvey
3.3.5 La passation du questionnaire
3.3.6 Les données sur les bibliothèques à l’étude
3.4 Préparation de l’analyse des données : le plan de traitement statistique 
3.4.1 Révision des données
3.4.2 Choix et conception des outils pour l’analyse des données
3.4.3 Traitement des données de type « Autre »
3.4.4 Traitement des données douteuses
4. Présentation et interprétation des résultats
4.1 Caractéristiques sociodémographiques de l’échantillon
4.1.1 Caractéristiques scolaires
4.1.2 Les élèves et les nouvelles technologies
4.1.3 Les élèves et les loisirs : la place de la lecture
4.2 Comparaison des usages et des attentes des élèves 
4.2.1 Fréquence de fréquentation de la bibliothèque scolaire seul
4.2.2 Raison principale de la fréquentation
4.2.3 Raisons de la non-fréquentation
4.2.4 Heure de la fréquentation : usages et attentes
4.2.5 Ressources : usages et attentes
4.2.6 Services : usages et attentes
4.2.7 Animations : usages et attentes
4.3 Ressemblances et différences avec les données collectées dans le canton du Tessin en 2014
4.3.1 Caractéristiques sociodémographiques de l’échantillon
4.3.2 Utilisation des bibliothèques scolaires
4.3.3 Attentes à l’égard de la bibliothèque scolaire
4.4 Analyse des réponses douteuses
4.5 Recommandations aux bibliothèques scolaires du canton de Vaud pour des services plus en adéquation avec les besoins des élèves 
4.5.1 Les heures d’ouverture
4.5.2 Les ressources
4.5.3 Les services
4.5.4 Les animations
4.6 Limites de la recherche et recommandations
4.6.1 La réalisation du questionnaire
4.6.2 La réalisation de l’échantillonnage
4.6.3 L’impossibilité de bénéficier d’un logiciel de statistiques
4.6.4 Les difficultés rencontrées avec le logiciel R
4.6.5 La méconnaissance des différences socio-économiques des trois communes impliquées dans l’enquête
4.6.6 Les erreurs humaines liées à la méthodologie adoptée.
5. Conclusion

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