LA SOCIETE PAYSANNE, UNE SOCIETE PROGRESSISTE

Qu’est ce que le genre rustique ?

   Le roman rustique confronte l’homme à la terre et non à la province. Vouloir l’enfermer dans la géographie et le réduire au folklore, c’est proprement, le déshumaniser et le trahir. Le roman paysan, épanoui au XIXè comptait encore tant d’œuvres au XXème siècle que sa cause était loin d’être étendue. Il imposait l’évocation d’un cadre géographique et folklorique sans se réduire néanmoins à la description d’un milieu physique et social. Tout roman régional ou régionaliste, en revanche n’est pas rustique. « Plusieurs œuvres de Flaubert comme Madame Bovary, tel récit de Mauriac constituent des romans régionaux ». Apprécier le roman rustique revenait à prendre conscience de l’existence d’un genre soumis à des règles. Peut être qualifié de rustique, en effet de champêtre ou de rural, tout roman qui s’inscrit dans le cadre exclusif de la campagne et dont les protagonistes essentiellement des paysans : tout au plus peut-on inclure dans l’horizon des champs, le petit village et admettre comme personnages épisodiques l’instituteur, le curé, le médecin. L’homme dans le roman rustique est essentiellement penché vers le sol. Pour la même raison, l’écrivain paysan évite les évocations historiques, les polémiques religieuses ou philosophiques qui tiendraient à égarer notre attention. Enfin, par dessus tout, l’auteur doit éprouver de la sympathie, de la compréhension pour ses personnages. On demande surtout qu’il ne confonde pas le paysan avec le rustre, le truand, l’arriéré, qu’il n’en fasse pas un repoussoir, un monstre aux vices débridés. Genre délimité, organisé, le genre rustique se singularise par la peinture du milieu rural. Il a donc été par excellence « le secrétaire » de la société française ataviquement paysanne : 75% de la population vivaient du sol en 1860.

George Sand et le Romantisme

   George Sand est à la fois reconnue comme un écrivain romantique et comme un écrivain qui se démarque de ce mouvement. Elle s’inscrit dans le romantisme lorsque certains thèmes ou certaines figures sont récurrents dans son œuvre romanesque. Ainsi la nature occupe-t-elle une place centrale, comme décor des romans champêtres mais aussi comme lieu de source et de ressource des héros et héroïnes en quête d’identité ; les descriptions qu’en fait Sand, notamment celles des paysages ruraux du XIXe sont exaltées, propres à l’exacerbation des sentiments. Par ailleurs, G. Sand s’affirme comme écrivain romantique dans l’exaltation extrême des sentiments et des passions avec en arrière-plan la conviction que ces passions peuvent à tout moment échouer : les hé ros Sandiens vivent passionnément leurs sentiments parce qu’ils ont à l’esprit que leur amour, leur passion, partagée ou non, peut échouer, à cause des interdits que la société fait peser sur eux. En outre, les héros sont des héros romantiques au sens où ils cherchent leur identité un sens à leur vie quête d’identité qui n’évacue ni mélancolie ni propension à la rêverie mélancolique. Ces héros construisent donc leur identité à partir des contradictions qui les animent : c’est ainsi une lutte de chacun avec soi-même. Mais G. Sand s’affirme surtout comme un écrivain romantique par sa conception de la littérature et du roman : « l’encre et le papier ont été inventés pour poétiser la vie non pour la disséquer » , conception qui met en évidence son aspiration vers le beau, le bon, l’idéal, et, à contrario, son refus du laid, du trivial, et de vulgaire. Ses romans sont ainsi non la création d’un monde comme étude de la réalité, mais la création d’un univers qui fait de la condition humaine une quête de vérité, de beau, de vrai ; c’est donc une oscillation constante entre idéal et réel, bonté et méchanceté, bienveillance et malveillance. Elle est romantique dans sa description de la nature, des milieux ruraux et de leur habitants : « au contraire d’un Maupassant ou d’un Flaubert qui ont une vision pessimiste, voire noire », les paysans sandiens, eux sont décrits comme des êtres purs, valorisés dans leurs activités quotidiennes et glorifiés dans leurs dignités d’êtres humains : l’idéalisation sandienne atteint là des sommets. Toutefois, si G. Sand s’affirme incontestablement comme un écrivain romantique, elle se détache de ce courant du XIXe siècle sur plusieurs points. En effet, si ellecherche à transfigurer la réalité pour la rendre plus belle et plus vivable, nulle part, n’est perceptible chez elle ce mépris pour une société où l’artiste ne saurait trouver sa place ni de nostalgie pour un passé d’autant glorifié qu’il n’existerait plus : G. Sand est une femme de son temps qui veut peindre une société progressiste fondée sur des valeurs tels que le goût de la vie, l’amour des enfants, le goût de la nature comme refuge mais également comme lieu de ressourcement et de richesse, la valeur de l’éducation pour faire accéder les hommes au meilleur d’eux-mêmes. Certes, nature et sentiments exaltés sont des thèmes récurrents du romantisme mais G. Sand y ajoute un thème qui la rend différente des artistes romantiques : C’est l’amour des enfants et l’attention portée à leur vie d’adultes en devenir. En effet, elle voit chez eux le moment d’une innocence naturelle dans lequel les sentiments s’expriment spontanément ; c’est aussi par ailleurs le temps de l’éducation et de la formation qui tend à rendre meilleurs les hommes. Ce goût n’a rien de suranné puisqu’elle avoue très volontiers à qui veut l’entendre, qu’ « elle aime torcher les enfants, jouer avec eux, les voir à la vie … » Ainsi G. Sand s’affirme-t-elle comme un écrivain tout à la fois prolixe, romantique par son exaltation de la nature et des passions humaines mais résolument moderne par ses aspirations pour une justice sociale et une société progressiste où l’art serait reconnu d’utilité sociale et culturelle.

Un vaste paysage exprimant la vie

   George Sand compare ce paysage au tableau de Holbein. En fait, mûrie à partir de la contemplation de ce tableau, elle a conçu sa description comme un tableau : la composition, le fond des tableaux, et les couleurs. Cette comparaison est faite
– Soit à l’aide du comparatif «comme » dans la phrase : « l’arène était vaste comme celle du tableau d’Holbein »  L’arène opposée ici au paysage qui l’encadre est le large terrain découvert au milieu duquel se passe la scène du labour. L’utilisation de l’expression « large terrain » insiste sur l’immensité de ce terrain. D’ailleurs, elle affirme clairement que le paysage est vaste
– Soit par l’utilisation de « au lieu de » qui exprime un contraste. En effet, George Sand a voulu montrer que son tableau s’oppose point par point à la gravure d’Holbein. « Au lieu d’un triste vieillard, un homme jeune et dispos, au lieu d’un attelage de chevaux efflanqués et harassés, un double quadrige de bœufs robustes et ardents, au lieu de la mort, un bel enfant, au lieu d’un image de désespoir et d’une idée de destruction, un spectacle d’énergie et de bonheur. » La vision de l’écrivain tend ici vers la vie et l’espoir. Par contre celle d’Holbein tend vers la mort. Elle conteste cette idée de mort dans le premier chapitre de l’œuvre en disant : « Non ! Nous n’avons plus affaire à la mort, mais à la vie ! ». Elle utilise le procédé d’adjectivation par opposition dans le but de rendre les images plus précises et plus explicites.

Un travail plein de grandeur

   George Sand a réhabilité le paysan, ce grand oublié de la littérature française. Elle oppose à l’existence artificielle de la ville, l’humanité profonde de la vie à la campagne. Une gravure d’Holbein dans Les Simulacres de la mort l’avait scandalisée : dans une campagne Allemande, un laboureur vieilli avant l’âge se penche sur le manche de sa charrue derrière un attelage fourbu que la mort conduisait à coups de trique. La romancière reprend à son compte l’image d’Holbein mais en lui donnant tout son sens. A la première page, elle peint la même scène mais dans une autre lumière : le crescendo des trois attelages deux, quatre, huit bœufs, le dernier magnifique escorté non plus par un squelette mais par un enfant beau comme un ange. En parlant des bœufs, ils jouent un rôle important dans le travail du paysan. Non seulement, ce sont des camarades d’attelage mais ce sont aussi des animaux magnifiques qui produisent. George Sand excelle dans les descriptions. Elle a observé le travail des bœufs. Elle n’a pas eu de peine à retracer le sillon de la charrue et le geste du laboureur aux semailles.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1° PARTIE : GEORGE SAND ET LE GENRE RUSTIQUE
I- LE GENRE RUSTIQUE
I.1 – Qu’est ce que le genre rustique
I.2 – Les origines du roman rustique
II-GEORGE SAND ET LE XIX SIECLE
II.1 – George Sand et le Romantisme
II.2 – Le parcours littéraire de George Sand
II.3 – Les romans champêtres
II.4 – La Mare au diable
II.5 – La petite Fadette
2 ° PARTIE : LE TRAVAIL DU PAYSAN ET SON CADRE SPATIAL
I- LE CADRE SPATIAL
I. 1- Un paysage édénique
1. Une atmosphère sereine
2. Un vaste paysage exprimant la vie
I. 2 – Une nature féconde
1. Les éléments de la nature dotés de beauté et de richesse
2. La nature, source d’amour
II- LE TRAVAIL DU PAYSAN, UN TRAVAIL NOBLE
II. 1- Le travail, une œuvre d’art
1. Un travail plein de grandeur
2. Un travail d’artiste
3. Le chant du laboureur
II.2 – Le travail, source d’épanouissement
3° PARTIE : LES REPRESENTATIONS IDEALES DU PAYSAN
I – LES IMAGES POSITIVES DES PERSONNAGES
I. 1- La beauté masculine
I. 2- Des femmes à multiples visages
1. Une beauté dévoilée
2. Petite et pure
II – LES CARACTERES PSYCHOLOGIQUES DES PAYSANS
II. 1- Les paysans : des êtres supérieurs
1. un esprit cultivé
2. Un esprit de sagesse
3. Un esprit avisé
4. La noblesse dans le langage
II. 2- les valeurs morales des paysans
1. L’amour de la vérité
2. La fierté
2.1 – une fierté sauvage
2.2 – une fierté de travailler
3. Le courage
III- LA SOCIETE PAYSANNE, UNE SOCIETE PROGRESSISTE
III. 1- La cohésion dans la famille
1. Le respect et la soumission
2. L’amour filial et fraternel
III. 2- Une vie sociale harmonieuse
1. La solidarité
2. La sentence de la société
3. les mœurs paysannes
3.1 Une piété sans fanatisme
3.2 Le respect de la tradition
III. 3- Un amour glorifié
1. La prise de conscience des héros
2. L’éveil de l’amour, source de trouble
3. Un mariage d’amour
CONCLUSION GENERALE

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