LA SOCIETE GRECQUE A L’EPOQUE CLASSIQUE
LES CITOYENS
Les citoyens actifs
Le citoyen est un homme libre caractérisé par un certain nombre d’avantages qui le distingue du non-citoyen. Les citoyens détiennent les prérogatives politiques. Les citoyens sont les seuls bénéficiaires du droit de possession de la terre ; seul le droit de sang détermine la citoyenneté athénienne ; il n’y a pas d’intégration. La citoyenneté accorde aussi un privilège économique : seuls les citoyens avaient la possibilité d’avoir une propriété foncière. Ce privilège s’explique par l’histoire de la démocratie athénienne ; héritier d’un passé aristocratique, le régime politique considérait l’agriculture comme le seul travail convenable d’un citoyen et il valorisa la vie de rentier.
À Athènes, le citoyen avait le droit de voter et d’être élu, mais aussi le devoir de faire la guerre, et de payer les impôts. Il relevait de la responsabilité des citoyens riches de subventionner les pièces de théâtre (liturgies). Quant aux pauvres, ils devaient être aidés financièrement par les riches pour qu’ils puissent participer à la vie politique de la cité. Pour comprendre la notion de citoyen dans une cité comme Athènes, il faut l’étudier dans le contexte de son rapport avec la démocratie, qui est le régime de la cité d’Athènes à l’époque classique. Chaque cité définit le citoyen selon son régime politique. Il n’en demeure pas moins que les cités de l’antiquité étaient indépendantes politiquement les unes aux autres.
Étymologiquement, le terme démocratie est composé de deux mots ; « démos » (peuple) et « kratos » (pouvoir) et désigne le régime dans lequel le peuple est souverain. C’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple . Dans la civilisation grecque, « démos » peut avoir différents sens. En effet, « dans les poèmes homériques, « démos » veut dire le pays, le territoire. Il s’applique aux territoires liés à une communauté. Mais, il peut parfois désigner une communauté de type personnel, non territorial. Cette pluralité, on la retrouve à Athènes à l’époque classique . » .
On remarque que de la tyrannie à la démocratie les pouvoirs du citoyen s’agrandissent de plus en plus. Dans le régime démocratique, le citoyen a plus de liberté et de responsabilité que dans les autres régimes politiques. Le citoyen est le centre de gravité de la démocratie. La pertinence de ce régime politique s’applique à lui. Le citoyen est l’élément fondamental de la démocratie. L’accession à la citoyenneté était facile avant la période classique. Car l’enfant né d’une union entre citoyens mâles et étrangers devenait automatiquement citoyen. Il prenait le statut de son père. Mais, après les reformes de Périclès, la citoyenneté n’était plus accordée qu’à l’enfant né de deux citoyens grecs. Cette nouvelle acquisition de la citoyenneté permettait à la fois de diminuer les mariages entre citoyens et non-citoyen. Au paravent, il suffisait que le père soit citoyen pour que le fils hérite le statut de son père.
Les non-citoyens comme les étrangers et les esclaves sont exclusivement bannis du domaine politique de la cité. Toujours est-il que, le fait que les femmes et les enfants sont écartés du domaine politique ne signifie pas qu’ils ne sont pas des citoyens. Le citoyen occupe une place importante dans la cité démocratique. La définition de la démocratie ne s’applique qu’aux citoyens. Si la démocratie connait un grand succès, c’est sans doute grâce à la dignité des citoyens, et de tout le reste du peuple. Ainsi, Aristote définit le citoyen comme étant « celui qui participe de façon permanente à ces pouvoirs délibératifs et judiciaires qui représente l’autorité suprême . » Pour Aristote; il faut participer à l’exercice politique pour être un citoyen au sens absolu du terme. Être citoyen donc n’est pas ici un nom ou un statut que l’on porte, mais plutôt des droits et des devoirs exercés à l’encontre de la cité.
Mais, il faut admettre que tous les citoyens ne peuvent pas faire signe de bon exemple. On remarquera toujours des citoyens, dont leurs préoccupations mettront en obstacle l’exercice de leurs devoirs politiques. Ces genres de citoyens ne sont pas considérés par Aristote comme de véritables citoyens. À partir du citoyen, l’auteur de la Politique en déduit la définition de la citoyenneté. En effet, pour Aristote la citoyenneté est conçue comme étant « la possibilité de participer aux pouvoirs politiques ». Cette détermination est l’essence du citoyen à l’époque antique. Cette prérogative n’est pas accordée à tout individu vivant dans la cité grecque. Il faut d’abord être descendant de deux parents-citoyens, communément admis en Grèce . Aristote rejoint les réformes de Clisthène sur la citoyenneté.
Les citoyens passifs
En Grèce classique particulièrement à Athènes, seuls les citoyens mâles ont accès à la vie politique. Les femmes et les enfants étaient considérés comme des citoyens passifs. Ils n’ont aucun droit dans le domaine de la politique. Ils ne jouent aucun rôle dans l’administration politique de la cité. Seul le citoyen homme est admis dans l’administration du domaine politique et militaire. La citoyenneté n’accorde en aucune manière à la femme le droit de participer à l’exercice de ces domaines. Comment la femme peut-elle être classée comme citoyenne si elle ne participe pas aux diverses activités qui définissent le citoyen ? Il faut savoir que dans le domaine de la religion, la femme joue un rôle très important et peut être considérée comme un citoyen actif. Auparavant, la femme n’avait pas beaucoup de droits, ses pouvoirs étaient limités dans le domaine familial.
Quant aux enfants, nous n’avons pas beaucoup d’informations sur eux. Il semble qu’ils n’avaient pas une grande considération dans le fonctionnement politique de la cité. Évidemment, un enfant est incapable de prendre une place dans les instances politiques, économiques et sociales d’une cité. Dans pratiquement toutes les sociétés, de l’époque antique à nos jours les enfants ont une fonction très limitée, voire aucune, dans les activités étatiques. Les lois démocratiques ne s’appliquent pas trop aux enfants. Ils dépendent entièrement de leurs mamans. En effet, la fonction fondamentale de la femme était concentrée sur les travaux domestiques. Xénophon évoque la place de la femme dans l’économique mettant en exergue la femme d’Ischomaque. Il dit que :
La place de la femme est au foyer tandis que les travaux du dehors reviennent à l’homme. Elle a la charge de faire régner l’ordre dans la maison, de bien élever les enfants, d’instruire les domestiques, et aussi, détail touchant, de les soigner dans leur maladie .
Les enfants n’ont pratiquement aucune signification dans la citoyenneté athénienne. Ils sont des mineurs qui dépendent entièrement de leurs mères. Pierre CHANTRAINE nous montre dans son commentaire que dans l’économique, Xénophon ne parle guère des enfants. Cela montre que durant cette période l’enfant ne devient un véritable citoyen athénien qu’à l’âge adulte. Cependant tout ce qu’on peut dire sur l’enfant, c’est qu’il a le droit de recevoir une bonne éducation par sa mère, lui préparant à la fonction de citoyen. C’est donc l’essence de la femme athénienne dans son foyer, mais également de toute femme engageait dans un mariage. La place première de la femme athénienne ne se trouve que dans le fief. C’est ce que révèle Djibril AGNE en ses termes.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA SOCIETE GRECQUE A L’EPOQUE CLASSIQUE
CHAPITRE I : LES CITOYENS
I. Les citoyens actifs
II. Les citoyens passifs
CHAPITRE II : LES NON-CITOYENS
I. Les esclaves
II. Les étrangers
DEUXIÈME PARTIE : SITUATION DES MÉTÈQUES
CHAPITRE III : LA SITUATION SOCIALE DES MÉTÈQUES
I. Origine des métèques
II. Le nombre de métèques
CHAPITRE IV : APPORT DES MÉTÈQUES DANS L’ÉCONOMIE ET DANS L’ADMINISTRATION DE LA CITE
I. Apport économique des métèques dans la cité
II. Les métèques dans l’administration de la cité
TROISIÈME PARTIE : CONDITION DES MÉTÈQUES DANS LA CITE GRECQUE
CHAPITRE V : CONDITION JURIDIQUE ET RELIGIEUSE
I. Le statut des métèques
II. Le droit et la religion pour ou contre les métèques
CHAPITRE VI : CONDITION MORALE DES MÉTÈQUES
I. Comportements des métèques dans la cité
II. Perception des métèques dans la cité
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE