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Méthode
Mon analyse est une comparaison sociologique. J’ai choisi les thèmes qui sont liés à la sexualité de la femme et le regard porté par la société sur cette sexualité ainsi que sa place dans le mariage. Je me suis intéressée aux événements dans l’histoire française qui apparaissent dans le livre pour voir si l’auteur utilise l’histoire chronologique française ou non.
J’ai consacré un chapitre au fait d’expliquer comment était la vie d’une femme pendant les années 60 et les événements importants dans la société française en général.
Comme appui, j’ai suivi un cours d’un sociologue français, Daniel Bertaux, donné à l’Université de Växjö ( 2003-09-17), où il a parlé des conditions des femmes françaises après la deuxième guerre mondiale jusqu’à nos jours. Mon appui historique a été le livre La Société française 1789-1970 (Dupeux, 1974), où on peut étudier les événements dans l’histoire de la république française. Pour les statistiques, je me suis servie du livre Francoscopie 2001 (Mermet, 2000), qui compare la société d’aujourd’hui avec les décennies passées. Les statistiques montrent bien le développement entre les années 50 et 70.
Finalement, pour comprendre les idées derrière le livre, j’ai étudié les passages dans Tout compte fait (Beauvoir, 1972), où l’auteur explique ses intentions avec le livre.
Les passages cités renvoient à l’édition Gallimard, 1966, et ils sont suivis des lettres BI.
Simone de Beauvoir – l’auteur et son œuvre
Simone de Beauvoir est née à Paris le 9 janvier 1908. Les parents, Georges et Françoise de Beauvoir, font partie de la bourgeoisie et la mère, qui est catholique, élève sa fille. Simone va à une école catholique pour jeunes filles et plus âgée, elle fait des études à la Sorbonne. Plus tard, elle fait la connaissance de Jean-Paul Sartre et elle trouve en lui le compagnon de sa vie.
Entre 1941 et 1943, elle enseigne la philosophie à Marseille, à Rouen et à Paris. Simone de Beauvoir publie quelques livres chez Gallimard, parmi eux L’Invitée (1943). Pendant un voyage aux États-Unis, elle rencontre Nelson Algren, un auteur, et ils deviennent amants. Mais elle retourne en France et ils correspondent jusqu’en 1964.
Elle publie des œuvres très connues : Le Deuxième Sexe ( 1949 ), Les Mandarins ( 1954 ), Les Belles Images ( 1966) et Tout compte fait ( 1972).
Plus âgée, elle soutient le Mouvement de Libération des Femmes, le MLF. Elle est très affectée par le décès de Jean-Paul Sartre en 1980. Quelques années plus tard elle tombe malade et elle est morte le 14 avril 1986.
Le personnage principal des Belles Images est Laurence, une femme mariée qui a deux enfants. Le livre raconte le monde autour de cette femme, ses problèmes et les questions qu’elle se pose dans sa vie. Même si elle est mariée avec Jean-Charles, un homme qui la traite avec tendresse, elle cherche encore l’amour. De temps en temps, elle rencontre son amant, Lucien, qui travaille dans le même bureau que Laurence. Il y a aussi des problèmes entre ses parents qui sont séparés. Catherine, une des deux filles de Laurence, réfléchit beaucoup et les autres membres de la famille trouvent que ses idées ne lui font aucun bien.
Laurence se demande souvent pourquoi elle est dans cette situation, pourquoi elle n’est pas heureuse, même si elle semble tout avoir? Sa famille ne la comprend pas. Elle commence à comprendre qu’elle n’élève pas Catherine à sa propre manière et qu’on veut faire de Catherine une image. Bien sûr, elle se révolte, premièrement contre son mari.
Le roman est une révolte contre la société et le titre des Belles Images peut être interprêté de plusieurs manières; que Laurence travaille avec la publicité et qu’elle fait chaque jour de belles images pour vendre une vie qui n’existe pas. Mais le titre peut aussi vouloir dire que le monde de Laurence est une belle image de la société qui consomme, où le lecteur voit des gens qui manquent de profondeur et qui ne peuvent pas exprimer leurs sentiments.
La voix narrative dans le livre est partagée en deux, une voix qui parle à la 3e personne et une autre qui parle à la 1ère personne. Au début, c’est la voix à la 3e personne qui est la plus forte, mais à la fin du livre, quand Laurence essaie de se trouver elle-même, c’est la voix à la 1ère personne que le lecteur entend le plus souvent. Les changements entre les deux voix montrent « le manque d’union psychique de Laurence et son sentiment d’alienation » .3
Études antérieures
Dans son livre Simone de Beauvoir – A Beginner’s guide (2002), Alison Holland étudie la vie de Simone de Beauvoir et elle présente aussi les œuvres de l’auteur. Holland raconte des rencontres de l’auteur avec des personnes importantes dans sa vie, surtout Jean-Paul Sartre. Elle a aussi consacré une partie du livre aux Belles Images, expliquant la société technocratique et le monde du personnage principal, Laurence.
Toril Moi a écrit plusieurs livres sur Simone de Beauvoir. Dans French Feminist Thought – a Reader, elle a réuni les pensées de différentes femmes françaises qui ont fait partie de l’histoire en France et qui ont lutté pour le féminisme, parmi elles Simone de Beauvoir. Moi présente une femme qui est très créative, qui a su parler aux autres femmes dans ses livres. Moi a aussi écrit un livre sur l’auteur, Simone de Beauvoir – The Making of an Intellectiual Woman (1996), où elle étudie la vie de Simone de Beauvoir et, d’une manière un peu provocatrice, sa relation avec Jean-Paul Sartre, une histoire qui n’a pas toujours été heureuse.
Dans La Double Conscience. La prise de conscience féminine chez Colette, Simone de Beauvoir et Marie Cardinal (1989), Christina Angelfors étudie le thème de la dualité chez le personnage de Laurence dans Les Belles Images. Elle analyse les relations qu’a Laurence avec ses parents, l’image idéalisée du père et de l’amour d’un point de vue psychanalytique.
La vie politique se reflète aussi dans Les Belles Images. Sexual Chemistry – a History of the Contraceptive Pill (2001) est un livre dans lequel l’auteur Lara V. Marks étudie l’histoire de la pilule et de la législation des contraceptifs dans le monde mais surtout aux États-Unis et dans les pays catholiques, parmi eux la France. Marks a aussi étudié les différences entre les pays protestants et catholiques.
Dans son livre Le Féminisme (1979), Andrée Michel étudie le mouvement féministe depuis les sociétés de chasse jusqu’à nos jours et elle montre la différence entre les sociétés matriarcales et patriarcales. L’auteur parle de Simone de Beauvoir et aussi du Mouvement de Libération des Femmes en France pendant les années 60 et 70.
Dans Könspolitiska idéer (1978), Peter Thielst présente les idées féministes de Simone de Beauvoir et ses idées existentialistes. Il montre aussi les différences entre les idées de Beauvoir et celles de Sartre.
La société française des années 60
Après la deuxième guerre mondiale, la vie change pour les femmes françaises de plusieurs manières. Les femmes avaient obtenu le droit de vote en 1944, mais d’autres changements n’ont pas eu lieu. Ce n’est que pendant les années 60 que les voix des femmes deviennent plus fortes et de nouvelles lois sont votées.
Pendant la deuxième guerre mondiale, les femmes travaillaient pendant que les hommes faisaient la guerre. Quand l’homme est revenu au foyer, la femme a dû donner son salaire au mari. Les hommes ont voulu reprendre le travail qu’ils avaient laissé pour entrer en guerre. Mais les femmes n’ont pas voulu laisser leur travail. Le résultat était un conflit, où la femme ne pouvait pas travailler à cent pour cent, mais à temps partiel. Quand elle était libre, elle restait avec les enfants au foyer. Mais le mari avait encore le droit de prendre le salaire de sa femme. Finalement, en 1965, les femmes ont obtenu le droit d’avoir un compte en banque sans la connaissance ou la permission du mari. Dès lors, elle pouvait décider de son propre argent.
La liberté sexuelle est arrivée en 1967 avec la loi Neuwirth. Maintenant, les femmes françaises pouvaient prendre « la pilule » pour se protéger contre une grossesse involontaire, sans la permission du médécin ou du mari. Mais on devait attendre longtemps la loi sur l’avortement qui n’a été votée qu’en 1975. Dans les années 60, plusieurs enfants sont nés « sous X », sans le nom du père ou de la mère, et puis adoptés.
La fameuse révolte a lieu en mai 1968. Des milliers d’étudiants universitaires, des femmes aussi bien que des hommes, se sont révoltés contre la bureaucratie et les contradictions de la société. Après cette révolte, les lois universitaires sont changées et ont rendu plus facile aux femmes le fait d’étudier.
Grâce aux changements pendant les années 60, les femmes françaises sont devenues plus libres et plus indépendantes. Avec cette indépendance est née une lutte pour l’égalité et la liberté des femmes. Cette lutte est devenue pendant les années 70 le MLF, le Mouvement de Libération des Femmes.
Les événements de mai 68 ont montré que les femmes rencontraient encore beaucoup d’obstacles, même si la loi sur la pilule était passée et la situation économique était différente. Les femmes vivaient encore dans une société fondée sur des idées patriarcales. Il est vrai qu’on peut changer les lois, mais il est plus difficile de changer les idées des hommes.
Analyse
Le mariage
Dès la première page le lecteur fait la connaissance du milieu de Laurence, de ses amis, de sa famille. L’image est parfaite ; les personnages fait des projets pour les vacances et pour l’avenir, ils passent du temps dans la belle maison de sa mère. Laurence est mariée avec Jean-Charles et ils ont deux filles, Louise et Catherine, l’aînée. Il semble que Laurence ait une vie parfaite et elle se souvient de ses premiers temps avec Jean- Charles : « Alors, pendant des jours et des semaines, je n’ai plus été une image, mais chair et sang, désir, plaisir. » (BI, p.22)
Le début du mariage semble avoir été très heureux. Laurence et Jean-Charles sont ensemble depuis plusieurs années, « Après dix ans de mariage […] » (BI, p. 27). Ils se connaissent certainement très bien. Laurence a aussi des valeurs qui soulignent qu’elle préfère un amour où l’on aime, l’amour du cœur : « Aimer d’amour ; vraie valeur. » (BI, p. 35) Laurence a dû vraiment aimer Jean-Charles quand elle l’a rencontré et elle l’aime encore, voici un exemple : « Laurence examine Jean-Charles. Elle aime rouler à côté de lui. Il regarde attentivement la route, et elle voit son profil, ce profil qui l’emouvait tant il y a dix ans, qui la touche encore. » (BI, p. 20)
Mais un mariage peut changer après une longue durée ensemble et c’est le cas du mariage de Laurence. Les sentiments qu’elle a pour son mari ont changé : « De face, Jean-Charles n’est plus tout à fait le même – elle ne le voit plus de la même manière » (BI, p. 20) La vie quotidienne est changée. Après avoir eu deux enfants, des problèmes surgissent parfois. Un mariage est coloré des différentes expériences et des événements. Il y a toujours plusieurs raisons s’il y a des conflits ou du mécontentement entre les époux. Dans le cas de Laurence, le mécontentement se montre de plusieurs manières, l’une étant qu’elle a commencé une relation avec un homme au bureau où elle travaille.
Une autre raison peut être que Laurence a perdu sa volonté d’aimer ou la volonté de faire l’amour avec Jean-Charles parce qu’elle ne trouve plus la même joie, les mêmes sentiments d’amour : « Après dix ans de mariage, entente physique parfaite. Oui, mais qui ne change pas la couleur de la vie. L’amour aussi est lisse, hygiénique, routinier. » (BI, p. 27)
Les enfants peuvent être une raison d’être mécontent, et surtout quand un homme et une femme se sont mariés jeunes, et quand ils n’ont pas eu le temps de s’habituer ensemble comme un couple. Souvent quand le couple a des enfants dans le mariage, les sentiments d’amour entre les époux peuvent disparaître à cause des enfants parce que maintenant, ils sont plus importants que l’amour. Les deux parents doivent s’occuper de quelqu’un qui ne peut pas prendre la responsabilité lui-même – l’enfant. Laurence évoque ces pensées quand elle parle du choc maternel : « Pourquoi elle a régressé pendant les premières années de son mariage, elle l’a compris, le cas est classique. L’amour, la maternité, c’est un choc émotionnel violent, quand on se marie très jeune, et qu’entre l’intelligence et l’affectivité il ne s’est pas encore établi un harmonieux équilibre. » (BI, p. 43)
Une autre raison d’être mécontent sont les questions qui touchent les rapports dans la famille, parce que ces questions font toujours réagir les parents. Quand Laurence et Jean-Charles découvrent que leur fille aînée, Catherine, crie la nuit et qu’elle pleure dans son sommeil, les opinions des deux parents divergent. Ils ont deux manières différentes de voir les problèmes de Catherine, un avis masculin et un avis féminin. Jean-Charles, qui a le soutient des autres membres de la famille, pense que sa fille a seulement une petite crise de sensibilité et que cela passera, parce que cette crise fait partie de la puberté. La solution de Jean-Charles est d’amener Catherine chez une psychologue. Mais Laurence, qui voit les problèmes de sa fille d’une autre perspective, compare avec sa propre jeunesse, quand elle avait le même âge que Catherine. Quand les deux époux discutent les problèmes, ils ne sont pas d’accord. « En tout cas Catherine est gaie, en bonne santé, elle travaille bien, dit Jean-Charles. Il n’y a pas lieu de prendre au tragique une petite crise de sensibilité. Laurence voudrait penser que Jean-Charles a raison. » (BI, p. 39)
Laurence ne trouve pas que son mari ait raison. Mais Jean-Charles est sûr et Laurence cède ; on amène Catherine chez une psychologue. Ceci montre bien que c’est le père qui prend les décisions dans la famille et la femme n’a pas les mêmes droits. Jean-Charles trouve que Laurence est trop sensible. Mais la sœur de Laurence, Marthe, veut aussi intervenir. Elle trouve que Catherine a besoin d’un modèle catholique, et pour répondre aux questions que Catherine pose, la peitite fille va se tourner vers Dieu. Marthe trouve que la société ne pourra pas accepter les idées libres de Catherine si Laurence l’élève d’une autre manière. La société catholique se montre alors comme le modèle pour un enfant qui n’a pas le droit de choisir. Marthe dit à propos de la manière dont Laurence élève sa fille: « Tu fais d’elle une exception, une exclue » (BI, p. 76)
Les idées qu’ont les autres membres de la famille de Laurence critiquent sa manière de vivre et son rôle comme mère dans une famille et une société qui est patriarcale. Il semble que le père ait le droit de prendre toutes les décisions, qu’il est le chef de la famille. Cela veut aussi dire que le mariage est fondé sur un modèle patriarcal, et cette situation peut expliquer les sentiments de Laurence. Le choc qu’elle a eu après la maternité est aussi un choc social ; maintenant elle comprend comment une famille fonctionne et elle voit le rôle de la femme dans cette relation. Pour ne pas voir les mauvais côtés du mariage, elle essaye de se réconcilier avec elle-même. Elle souligne les côtés féministes de son mari et l’égalité dans leur relation pour pallier à ses problèmes : « Ils descendent dans le garage ; Jean-Charles ouvre la portière : ‘Laisse-moi conduire, dit Laurence. Tu est trop nerveux.’ Il sourit avec bonne humeur : ‘Comme tu voudras.’ (BI, p. 85), et aussi : « Il n’a pas beaucoup de défauts, somme toute, et quand ils roulent, côté à côté, elle a toujours l’illusion […] qu’ils sont ‘faits l’un pour l’autre’. » ( BI, p. 86-87) Mais qu’est-ce que ça veut dire, être « faits l’un pour l’autre » ? Que la femme doit céder parce que l’homme , seulement parce qu’il est un homme – à cause de son sexe – a plus de pouvoir dans la relation ? Dans le cas de Laurence, ces pensées d’égalité sont basées sur une contradiction entre pouvoir, droit et égalité. Avoir le pouvoir, ce n’est pas être égal. Laurence doit en fait demander à son mari si elle peut conduire la voiture parce que si elle ne le demande pas, elle n’aura pas le droit, c’est déjà décidé que c’est un droit masculin. S’il dit non ? Elle ne peut rien faire. C’est la voiture du mari, il en est le propriétaire. Laurence explique aussi comment elle voit les maris dans la société à propos de la capacité de conduire. Après que Laurence a eu un accident avec la voiture, Jean-Charles n’est pas du tout satisfait. Il ne voit pas que Laurence aurait pu être blessée ; il pense plutôt à la voiture et à l’argent perdu, parce que la voiture est en miettes. Laurence l’explique avec ces mots : « mais finalement tous les maris sont convaincus qu’au volant ils se débrouillent mieux que leur femme. » (BI, p. 103). La femme n’est pas capable de conduire, et Laurence voit que son mari pense qu’elle n’en est pas capable.
À travers le roman, Laurence choisit de ne pas s’opposer à propos des décisions de Jean-Charles. Mais enfin, elle sent qu’elle ne peut plus tenir dans une relation patriarcale, c’est sa propre fille et elle a le droit de l’élever. Après que Jean-Charles a défendu à Catherine de passer les vacances avec son amie Brigitte, Laurence se révolte pour renforcer son statut dans le mariage, pour changer l’avenir de Catherine. Laurence ne veut pas faire de sa fille une image, une image de la société. Elle dit à Jean-Charles qu’elle prendra les décisions :
« -Je ne me calmerai pas.[…]je me guérirai toute seule parce que je ne vous céderai pas. Sur Catherine je ne céderai pas. […] Et elle ne verra plus cette psychologue. » ( BI, p. 181)
« C’est simple. C’est moi qui m’occupe de Catherine. Toi tu interviens de loin en loin. Mais c’est moi qui l’élève, et c’est à moi de prendre des décisions. Je les prends. » (BI, p. 181 – 182)
Et Jean-Charles l’écoute. Laurence peut élever sa fille. Comme je l’ai dit dans le chapitre historique (cf. Ch. 6.), c’est l’homme qui avait la plupart des droits juridiques à la maison dans la société française à l’époque. Le sociologue Daniel Bertaux a étudié les conditions des femmes et il a vu plusieurs exemples montrant que « la situation normale était que le mari était le bénéficiaire de cette situation »4, c’est-à-dire que c’était lui qui gagnait l’argent et si la femme travaillait, ce n’était pas à cent pour cent. La femme reste à la maison avec les enfants. Bertaux dit aussi que parfois, la femme ne comprend pas la vie dure dans le mariage qu’après quelques années. Après le premier enfant, la vie n’est pas si facile pour la femme. Les « règles » invisibles de la société , une société patriarcale où l’homme est le sexe le plus fort, deviennent plus claires pour la femme. Elle est souvent vue comme quelqu’un qui va soutenir l’homme mais rester à la maison. Cette situation est apparue après la deuxième guerre mondiale quand les femmes ont été renvoyées au foyer pour laisser le travail aux hommes. Le résultat : des femmes mécontentes et un mouvement de libération.
L’argent et le salaire
La question de l’argent des deux époux est aussi quelque chose qui peut montrer les rapports de force dans le mariage. Les Belles Images est un roman qui veut d’abord critiquer le matérialisme et la technocratie dans la société. Beauvoir le dit dans son essai Tout compte fait (1972), où elle écrit : « J’ai repris un autre projet : évoquer cette société technocratique dont je me tiens le plus possible à distance mais dans laquelle néanmoins je vis »5. Beauvoir montre également l’égalité dans le domaine du salaire. Elle dit : « elle [Laurence] doutait des valeurs admises dans son milieu : la réussite, l’argent. »6 Le personnage principal va justement mettre ces valeurs en question.
Laurence vit dans une famille bourgeoise. Le lecteur sait que la famille a de l’argent ; la mère a une Ferrari et une maison de campagne, le personnagesparle de voyages coûteux, aux Bermudes et à Brasilia. Évidemment, la famille de Laurence n’a pas de problèmes d’argent.
Un jour que Laurence parle avec Catherine, la petite fille veut savoir comment le futur sera et si la mère fait des choses pour aider les enfants et les pauvres dans le monde. Laurence répond : « J’aide papa à gagner notre vie. » (BI, p.29) Encore une fois se présente le système patriarcal dans le monde de Laurence, où la femme est considerée comme la salariée qui ne gagne pas beaucoup d’argent. Laurence travaille mais c’est quand même Jean-Charles qui est considéré comme le chef de la famille. Laurence a donc besoin de son mari qui gagne beaucoup plus d’argent, parce que le salaire de Laurence ne suffit pas. Mais Laurence ne semble pas penser que la situation soit inégale, pas du tout. C’est avec fierté qu’elle déclare à sa fille qu’elle gagne de l’argent elle-même ; peut-être qu’elle a cette fierté parce qu’elle sait qu’une femme a une grande difficulté de gagner plus qu’un homme.
Jean-Charles travaille dans un bureau de construction de bâtiments. Laurence est employée dans une agence de publicité, où elle fait des campagnes pour différentes entreprises. Laurence dit qu’elle se sent déchirée quand elle travaille, qu’elle n’a pas envie de travailler. Ce sentiment se montre quand elle est au travail et qu’elle ne peut pas penser aux campagnes de publicité, mais à la famille, à Catherine: « Le cœur n’y est pas. ‘Voilà bien la condition déchirée de la femme qui travaille ‘ se dit-elle avec ironie. (Elle se sentait bien plus déchirée quand elle ne travaillait pas.) » (BI, p. 28) Or, Laurence montre ici qu’elle est mieux faite pour travailler, ce n’est pas seulement une chose pour les hommes, même si elle n’est pas toujours entièrement présente quand elle est au bureau. Dans le cas de Laurence, il s’agit de quitter le foyer et de se reposer des enfants, d’utiliser ses connaissances. Mais la raison pour laquelle elle travaille n’est pas seulement son propre désir de travailler. Laurence a eu une dépression « il y a cinq ans » (BI, p. 19), et sa famille a voulu, pour la guérir de la dépression, qu’elle commence à travailler.
« Dominique lui a conseillé de sortir de chez elle, de travailler et Jean-Charles a été d’accord quand il a vu combien je gagnais. » (BI, p. 19)
Au début, ce n’est pas Laurence mais sa mère qui a voulu voir sa fille travailler et Laurence n’a pas dit non. Le fait que Jean-Charles a décidé si elle pouvait travailler ou non montre le pouvoir du mari quant à la question du travail et du salaire. Laurence a évidemment gagné beaucoup d’argent, parce que si le salaire avait été mauvais, cela aurait été mieux pour Jean-Charles de l’avoir à la maison. Le salaire a alors décidé si Laurence pouvait travailler. Il semble que dans le monde des Belles Images, le statut normal de la femme soit de demander à l’homme avant de commencer à travailler, avant de quitter les quatres murs du foyer. Ceci montre que Laurence est soumise à son mari quant à la question du travail.
Jean-Charles ne décide pas seulement du droit de Laurece de travailler, il décide aussi de l’argent en général. Quand Noël approche, les deux époux vont acheter des cadeaux ensemble en ville. Jean-Charles a déjà fait des projets pour les dépenses : « Jean-Charles a un poste de budget spécial pour les cadeaux, gratifications, sorties, réceptions, imprévus, et il le contrôle avec le même souci d’ordre et d’équilibre que les autres. » (BI, p. 128) Laurence ne trouve pas que son mari ait donné suffisamment d’argent pour un cadeau à Goya, la bonne. Elle se dit qu’elle va prendre un peu de son propre argent pour acheter quelque chose de plus joli: « Elle prendra dix mille francs dans sa caisse personnelle ; c’est commode d’avoir un métier où on touche des primes à l’insu du conjoint. » (BI, p. 128) Laurence a probablement un compte en banque, peut-être sans que Jean-Charles le sache. Laurence, ne peut rien faire au budget de Jean-Charles, mais grâce à son travail, elle peut décider de son propre argent.
Dans la société française à l’époque, la famille fonctionnait de la même manière. Mariée, la femme était toujours dépendante du salaire du mari si elle n’avait pas un travail elle-même. C’était l’argent du mari qui devait payer la nourriture de toute la famille, les vêtements des enfants et les dépenses de la maison, comme chauffage, électricité, etc. Si la femme travaillait, elle donnait souvent son salaire au mari, qui était responsable de l’argent. Mais en 1965 beaucoup de choses ont changé quand les femmes ont obtenu le droit d’avoir un compte en banque sans la permission du mari. Selon Kniebiehler, la nouvelle loi permet, « à l’épouse de gérer ses biens propres et de travailler sans l’autorisation de son mari ; mais, la loi précise, l’épouse ‘doit assumer ses obligations familiales’ » .7 Or, le mari avait encore l’autorité sur les enfants, il était le chef de la famille. À propos de ces nouvelles lois, c’était à cause du grand nombre de femmes qui travaillaient à temps partiel, qu’on devait les changer parce que la personne qui travaillait avait aussi droit à son propre argent, dit Daniel Bertaux (2003). Maintenant, les femmes pouvaient acheter leurs propres vêtements et appareils électroménagers sans demander de l’argent au mari. Mais on devait attendre jusqu’à l’année 1985 pour un changement. Cette année, les droits ont été entièrement partagés par la loi.
Surtout les femmes qui travaillaient à cent pour cent se sont tournées vers « le Comité du travail féminin, créé en 1965, pour exercer une influence politique », dit Yvonne Kniebiehler8 en parlant des femmes au travail. C’était maintenant plus facile pour les femmes si elles voulaient changer les lois, parce qu’elles avaient le droit d’exprimer leurs plaintes.
La sexualité et la contraception
Les Belles Images traitent aussi de la vie intime de Laurence avec son mari. Puisqu’ils sont mariés depuis plus de dix ans, ils ont des habitudes intimes, car ils ont aussi fait deux enfants ensemble. Voici un exemple de ces habitudes, un soir que Laurence est en train de se coucher : « […]elle enfile la mince chemise, elle est prête. (Fam-euse invention la pilule qu’on avale le matin en se lavant les dents : ce n’était pas agréable d’avoir à se manipuler) […] la chemise de nouveau glisse sur sa peau […] elle s’abandonne à la tendresse d’un corps nu. Gaieté des caresses. Plaisir violent et joyeux. Après dix ans de mariage, entente physique parfaite.» (BI, p.27)
Le lecteur peut penser qu’il existe un modèle de comment faire pour avoir une vie sexuelle parfaite ensemble. Si ce modèle existe , le lecteur peut penser que c’est une relation où la femme prend part à l’acte sexuel. Je peux appeller le modèle « être égaux », où la femme s’abandonne volontiers au plaisir, et elle n’est pas soumise mais au contraire fait l’amour par sa propre volonté et sans contrainte. Probablement, le lecteur peut dire que la relation entre Laurence et Jean-Charles est comme ce modèle. Même s’ils ont deux enfants ensemble, un fait qui peut facilement affaiblir l’amour, leur vie sexuelle continue. Il y a plusieurs exemples qui montrent leur entente physique: « Dans un instant Jean-Charles sera là : elle ne veut plus penser qu’à lui […] Et soudain il est là, il la prend dans ses bras, et la tendresse devient dans les veines de Laurence une coulée brûlante, elle chavire de désir tandis que leurs lèvres se joignent. » (BI, p. 101).
Laurence précise aussi les traits qu’elle préfère chez son mari : « Jean-Charles […] fidèle, loyal, faisant bien l’amour et souvent. » (BI, p. 67) On peut donc constater que la vie sexuelle entre Laurence et son mari est un exemple d’égalité et que Jean-Charles laisse sa femme avoir une vie sexuelle libre. Mais nous ne savons pas si Laurence fait l’amour avec son mari parce qu’elle l’aime ou parce qu’elle sent qu’elle est obligée de le faire, vu qu’ils sont mariés. A cause de la phrase, « Aimer d’amour ; vraie valeur » (BI, p. 35), le lecteur peut croire que la raison est l’amour. Pourtant, le lecteur doit savoir que Simone de Beauvoir n’a pas voulu montrer un monde beau, mais un monde laid sans vrais sentiments. Elle écrit à propos des Belles Images : « J’ai choisi comme témoin une jeune femme assez complice de son entourage pour ne pas le juger, assez honnête pour vivre cette connivence dans le malaise. »9
Elle dit aussi qu’elle a voulu faire « transparaître du fond de sa nuit la laideur du monde où elle [Laurence] étouffait ».10 On ne peut pas être sûr des sentiments d’amour ici, s’ils sont vrais ou faux.
En France ce n’était pas facile pendant les années 60 pour les femmes. Nous pouvons constater une grande différence entre la manière dont les Français voyaient les femmes et les droits qu’elles avaient. Yvonne Kniebiehler a étudié les droits des femmes et quand elle parle des opinions des hommes à l’égard des femmes, elle trouve toujours la même conclusion. Ils pensaient qu’ils n’étaient pas seulement supérieurs dans la société, mais aussi dans le domaine de la sexualité. « Leur [les hommes] domination dans le couple leur paraissait fondée en nature, tant elle était inscrite dans la forme même de l’acte sexuel. »11 Les femmes avaient aussi un autre grand obstacle si elles voulaient se libérer sexuellement. La société catholique avait des difficultés à accepter les femmes qui avaient une vie sexuelle, parce que cela n’était pas inscrite dans la religion. Au contraire, la virginité était, et est toujours, le modèle pour une femme selon le catholicisme, car l’image de la Bible est la mère de Jésus, Marie, et elle était vierge même si elle avait donné naissance à Jésus. Selon la Bible, Marie n’a pas eu besoin de faire l’amour pour devenir enceinte. Une femme qui prend plaisir dans l’acte sexuel, c’est une chose condamnée par Dieu.
Pendant ce temps, le mouvement féministe s’est mis à lutter contre le sexisme dans la société et les lois sexistes qui régnaient encore. Ces femmes ne voulaient pas céder. Le plus grand but des femmes selon le livre de Kniebiehler, c’était de changer le regard porté sur la sexualité féminine.
Laurence révèle aussi qu’elle prend la pilule, « fameuse invention, la pilule » (BI, p. 27). Ce moyen contraceptif permet à Laurence de pratiquer ses habitudes sexuelles sans angoisse, sans risque de devenir enceinte. Après deux enfants, elle choisit de se protéger pour ne pas avoir un troisième. Mais nous ne savons pas comment elle a obtenu la pilule, et si c’est aussi le désir de son mari. Elle nous indique que la pilule est une bonne méthode pour elle parce qu’avant, elle en a utilisé une autre. Laurence dit que « ce n’était pas agréable d’avoir à se manipuler » (BI, p. 27) La méthode qu’elle utilisait avant la pilule a dû être quelque chose qui était ennuyeux et compliqué. Le seul contraceptif fabriqué pour les femmes avant la pilule était le diaphragme.
Simone de Beauvoir a dit elle-même : « La libération des femmes commence au ventre. »12 L’auteur était engagé dans le mouvement féministe et cela peut être une explication de l’utilisation de la pilule dans Les Belles Images, peut-être a-t-elle voulu montrer la pilule comme une chose nécessaire pour une femme dans la vie quotidienne, comme un instrument de libération. Dans Tout compte fait, on ne trouve rien sur la question de la pilule dans Les Belles Images. On peut donc penser qu’elle a voulu contribuer à libération de la sexualité féminine, mais comment Beauvoir a-t-elle appris l’existence de la pilule ? L’auteur avait correspondu avec Nelson Algren aux États-Unis, probablement a-t-elle reçu des nouvelles de la pilule. Les pays scandinaves avaient aussi permis la pilule avant la France. On attendait seulement le vote des pays catholiques en Europe pour vendre la pilule librement.
Mais les femmes françaises ne pouvaient pas se sentir libres dans leur sexualité. Le mouvement féministe a continué la lutte, et finalement les femmes françaises ont trouvé la liberté. Comme Kniebiehler explique dans son livre quand elle parle du mouvement féministe : « La nouvelle liberté féminine dissocie la maternité de la sexualité » 13. Les femmes avaient fait un grand progrès quand elles avaient fait changer les lois. Cette nouvelle liberté était la liberté d’avaler une pilule chaque matin pour se protéger – décider des « lois » et le pouvoir de dire « non » à la maternité et « oui » à la sexualité et au plaisir, sans angoisse. Les femmes françaises n’étaient plus obligées d’être dépendantes d’un homme pour se protéger, maintenant elles se protégeaientt elles-mêmes. Le seul obstacle pour la libération complète était le fait qu’il y avait des hommes qui ne voyaient pas cette liberté comme un progrès féministe mais au contraire, selon Kniebiehler, ils pensaient qu’ ils avaient retrouvé une partenaire toujours détendue et disponible, n’avoir plus à « se retenir », « quelle chance ! »14 La femme était maintenant, selon plusieurs féministes, encore plus un instrument de plaisir pour les hommes qu’avant la pilule, parce que l’homme n’avait plus la responsabilité dans l’acte sexuel.
En 1966, les exigences de la pilule sont devenues plus fortes en France à cause de la législation aux États-Unis de 196015, et dans d’autres pays en Europe, par exemple la Suède, de 1964.16 La pilule est, comme dit plus haut, arrivée avec la loi Neuwirth en 1967. Avant cette date, la contraception était strictement contrôlée par les médecins et les pharmacies. Si une Française voulait la pilule, elle avait besoin d’une ordonnance. « Les contraceptifs autorisés ne pouvaient être vendus qu’en pharmacie sur ordonnance médicale, la cliente était inscrite sur un régistre. »17 Nous pouvons constater que les parties dans Les Belles Images qui traitent de la contraception reflètent l’époque, c’est-à-dire la fin des années soixante. Même si la loi n’était pas passée, on avait le droit de prendre la pilule avec l’ordonnance d’un médécin.
Le roman mentionne aussi l’avortement, et les pensées de Laurence au sujet de cette question. Laurence ne semble pas penser que l’avortement soit une chose nécessaire pour les femmes, au contraire.
« Les horreurs du monde, on est forcé de s’y habituer, il y en a trop.[…] les avortements.[…] On devrait penser aux enfants.[…] J’ai la réaction normale d’une mère qui veut protéger sa fille.» (BI, p. 30)
La question de la sexualité dans Les Belles Images est assez claire. Si Laurence est pour la pilule, pourquoi n’est-elle pas pour l’avortement aussi ? Peut-être nous pouvons trouver une réponse dans l’histoire française ?
L’avortement était une question sensible dans un pays catholique comme la France. L’avortement n’avait pas encore été légalisé en France en 1966, la loi a été votée en 1975. Les seuls avortements qui étaient faits étaient souvent clandestins ou faits en dehors de la France. On peut penser que ce que Simone de Beauvoir veut dire ici, ce n’est pas qu’elle est contre l’avortement, mais qu’elle est contre les avortements clandestins. Ces avortements ont mis en jeu la vie des femmes qui les ont faites.
Finalement, la sexualité de Laurence est très développée. Elle semble avoir beaucoup de liberté, plus que les femmes françaises. Elle peut décider de sa propre vie et elle prend du plaisir dans l’acte sexuel. Laurence est une femme très libérée des années 60.
La sexualité dans la société
Dans Les Belles Images, on peut voir comment la société regarde la sexualité à travers le mariage et les opinions sur la sexualité des personnages. Le travail du personnage principal, Laurence, montre aussi comment la publicité regarde la sexualité. Laurence donne chaque jour une image de « comment être, comment vivre » aux gens qui l’entourent, spécialement aux femmes. Elle essaye de vendre un style de vie. Ce que les médias montrent a beaucoup d’importance pour notre confiance en soi et pour la manière de voir les gens qui nous entourent.
Laurence travaille à l’agence de publicité Publinf où elle choisit des esquisses et des images pour vendre différentes marchandises. Les images que Laurence choisit deviendront des modèles que le monde autour d’elle va utiliser comme instruments pour juger Laurence elle-même mais aussi toute la société et surtout les femmes, parce que la publicité est quelque chose que tout le monde voit, chaque jour. Dans le roman, il n’existe pas beaucoup d’exemples montrant ces modèles, seulement un exemple, mais qui explique le modèle très bien.
Laurence a travaillé longtemps sur un projet destiné à vendre des panneaux de bois, un projet important et cher. Elle choisit entre différentes photos pour la publicité. Une photo montre une forêt avec des troncs d’arbres, d’un air mystérieux. Laurence prend une photo qu’elle trouve meilleure que les autres, et cette photo montre :
« une jeune femme en déshabillé vaporeux, souriante au milieu d’une chambre décorée de panneaux de bois. » (BI, p. 28)
La femme que Laurence choisit n’est qu’un objet, fortement sexualisée. C’est vraiment une contradiction ; une femme presque nue va vendre une marchandise si asexuée que des panneaux de bois. Cette image ne montre ni l’individualisme féminin, ni l’égalité, mais plutôt le contraire, l’image de la femme a l’air de vouloir dire : « J’ai besoin de quelqu’un pour s’occuper de moi, je ne peux pas le faire moi-même. J’ai besoin d’un homme ». C’est le modèle d’une femme dans le monde de Laurence, c’est un modèle que Laurence a choisi elle-même. Si Laurence croit que cette image peut vendre des panneaux, elle doit déjà être habituée à la pensée qu’on réussit quand on choisit d’utiliser le sexe comme une ruse de vente. Le sexisme est donc déjà répandu autour de Laurence et elle y adhère.
Dans la société française une lutte se poursuivait : libérer la maternité de la sexualité. Mais en voyant l’image de la « femme », le lecteur comprend que celle-ci était encore très objectifiée. Le mouvement féministe luttait tout le temps contre cette image et par exemple, les femmes ont demandé que « la loi antisexiste soit complétée par des dispositions permettant aux associations féministes de se porter partie civile contre toute atteinte (acte, discrimination, image) contraire à la dignité de la femme ».18
Ce n’est pas seulement en France que la société avait cette image de la « femme ». Les gens recevaient aussi en France des influences grâce aux massmédia et au cinéma. De grands succès de cinéma comme par exemple James Bond émettaient pendant les années 60 une image féminine qui n’était guère valorisante. Dans les films, les actrices, les femmes, étaient montrées comme des victimes faibles, impuissantes. Ces victimes, directement après le sauvetage, étaient portées à la chambre à coucher. Elles portaient aussi des vêtements provocants.
Dans son livre, Andrée Michel explique que dans la société, les gens avaient besoin de « démystifier l’image tronquée que les hommes avaient donnée de la sexualité féminine ».19 Ce travail a commencé avec le Mouvement de Libération des Femmes et a continué pendant les années 70. La lutte continue encore.
Conclusion
Le but de ce mémoire a été d’étudier les ressemblances et les différences entre Les Belles Images et la société française pour voir si Simone de Beauvoir a pris ses idées de la société et les a appliquées en écrivant le roman.
J’ai essayé de montrer dans quelle mesure le monde du personnage principal, Laurence, a des ressemblances avec l’histoire française. Dans quelle mesure Laurence est-elle un personnage des années 60 ? Le lecteur, pouvait-il se reconnaître dans cette femme qui essaye de vivre selon son monde mais qui s’en éloigne de plus en plus, car elle ne se sent pas à l’aise avec la société technocratique, avec la réussite, l’argent ? Cette femme qui subit les conditions féminines dans la société, comme les difficultés dans le mariage. C’est aussi difficile pour elle d’être infidèle ; elle ne sait si elle va rester avec Lucien ou non. Elle est une femmes des années 60.
Comme j’ai essayé de le montrer, Simone de Beauvoir a presenté, avec précision, Laurence comme une femme française dans le vent, qui réussit et qui essaye d’être humaine mais en même temps essaye d’échapper au cynisme de la société.
À mon avis, Les Belles Images reflètent une femme bourgeoise avec un travail à temps partiel et avec une famille qui est si proche de la réalité historique que l’auteur aurait pu parler d’une femme réelle. Beauvoir a copié la vie possible d’une femme française, elle lui a donné des traits typiques des années 60. Peut-être il aurait été plus facile de comprendre les rapports entre le roman et l’histoire française si Beauvoir avait donné plus de détails, mais il faut comprendre les petites indications. Ces indications montrent par exemple que Simone de Beauvoir a voulu critiquer les avortements clandestins.
Il serait très intéressant d’étudier les rapports de la mère de Laurence avec Gilbert. Qu’est-ce qu’il y a qui peut pousser une femme à faire presque tout pour l’amour d’un homme qui la rend malheureuse ? Pourquoi Dominique sent-elle qu’elle est sans valeur quand elle n’est pas avec Gilbert? Et pourquoi dit-elle que les gens autour d’elle la dévalorisent quand elle est âgée et seule ? Une telle recherche serait intéressante du point de vue psychologique.
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Table des matières
1. Introduction
2. But
3. Méthode
4. Simone de Beauvoir – l’auteur et son oeuvre
5. Études antérieures
6. La société française des années 60
7. Analyse
7.1. Le mariage
7.2. L’argent et le salaire
7.3. La sexualité et la contraception
7.4. La sexualité vue par la société
8. Conclusion
9. Bibliographie
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