La socialisation de l’adolescent

La socialisation de l’adolescent

Cadre théorique

Afin de mieux appréhender le hip-hop, je vais tenter de vous présenter dans les grandes lignes la culture de ce mouvement, son histoire, son esprit et le message qui tient à être véhiculé à travers ses différentes expressions artistiques. Pour ce faire, cette partie s’inspire principalement de l’ouvrage de Hugues Bazin, La culture hiphop, (Bazin, 2001) et de Jeff Chang, Can’t stop won’t stop- une histoire de la génération hip-hop, (Chang, 2006). Je vais aussi vous présenter la place qu’elle occupe auprès des jeunes du Centre et comment j’utilise ses codes dans ma pratique professionnelle à des fins éducatives et pédagogiques. Par ailleurs, il existe dans la culture hip-hop plusieurs dimensions artistiques, la danse appelée breakdance, le Mcing appelé plus communément rap (paroles scandées), le Djing (travail avec des platines vinyle) et le graffiti ou aérosol art. Pour le travail de recherche qui suit je m’en tiendrai uniquement à citer les bases ou les pionniers du genre, sans aller dans le détail. Que signifie le terme hip-hop ? – Le hip est un dérivé de hep qui signifie être affranchi, à la cool, dans le langage urbain des ghettos noirs américains. Il désigne la virtuosité du performeur qui cherche l’admiration du public. – To hop, veut dire danser. Joint au hip, cela traduit le défi lancé à soit même ainsi qu’aux autres. Se lancer des défis, c’est bien la base première qui anime l’esprit des expressions artistiques du hip-hop. (Bazin, 2010, p.17). « Le hip-hop est indissociable du contexte urbain. Il se conçoit comme une réponse à un environnement plus au moins hostile, celui des grands centres urbains marqués par la crise ou la désagrégation. Il appartient aux « cultures de la rue » qui impriment un « mouvement » de réaction face aux conditions de vie imposées par le milieu ». (Bazin, 2010, p.19). Aux Etats-Unis, le hip-hop est davantage un vecteur servant à transmettre un message d’une lutte pour la survie tandis qu’en France comme chez nous, il sera plus question d’intégration. Dans les deux cas, il répondra d’une manière particulière au milieu social dans lequel il est plongé : la possibilité de s’adapter, de se protéger et même de modifier un contexte social et culturel. (Bazin, 2010, p.19). Ce que Hugues Bazin explique, légitime bien que les adolescents qui vivent des difficultés s’identifient et s’allient autour de ce genre musical. HES·SO//Valais Bachelor of Arts in Travail Social 5 Sion, le 5 décembre 2018 1.1.1 Approche historique du hip-hop C’est le contexte socio-économique new yorkais de la fin des années 60 qui servit de tremplin au mouvement. Il est état de la situation des classes pauvres (latinoaméricaines, afro-américaines et juives), qui logeaient dans les quartiers populaires de New York à la fin des années 60 et début 70. Des projets de réaménagement du quartier de Manhattan ont conduit à déloger bons nombres de familles aux conditions précaires de leurs foyers pour les placer dans des nouveaux logements sociaux installés dans le Bronx ou à Brooklyn. Les familles blanches de la classe moyenne, des immigrés italiens et irlandais pour la plupart, ont déménagés en masse pour s’installer dans des nouvelles banlieues résidentielles construites aux alentours de New York. A la fin des sixties, la moitié d’entre-elles avaient quittés les ghettos. C’est lorsque les afro-américains ainsi que les hispaniques sont arrivés massivement que des gangs de jeunes blancs se sont formés. Les gangs se sont donc multipliés et organisés en fonction des nouveaux venus. (Colliat-Dangus, 2001, p.15). Janvier 1975, le Bronx. Les conflits entre les gangs rivaux fond fureur, un homme, un dénommé Afrika Bambaataa2, membre des Black Spades3 perd un ami proche qui fait également partie du même gang. Ce dernier est abattu par la police. Cet événement a pour conséquence la remise en question des conditions d’existence de Bambaataa. Effectivement, il s’aperçoit qu’en fait, il est davantage question de survie que de vie simple et paisible. Dès lors, opposé à cette violence, il décide de s’extraire du gang et se dirige vers l’art du DJ4 pour exprimer sa révolte de manière artistique. Reconnu pour sa maitrise dans l’exercice de cet art, il acquiert une notoriété légitime de leader positif et crée une organisation appelé la Zulu Nation. Un des principes fondamentaux de ce groupe est qu’il prône l’expression artistique au lieu de l’usage de la violence. Le groupe est ouvert à toutes les ethnies, s’opposant à toutes formes de discriminations. La principale activité de la Zulu Nation qui l’a fait connaître est son implication et sa participation dans des fêtes de quartiers appelées plus communément block parties. (Bazin, 2001, p.20). « Les block parties étaient l’occasion de faire notre truc, en se branchant sur les lampadaires. Parfois on jouait jusqu’à deux heures du matin. Et on avait le soutien de la communauté entière. Ils se disaient : ‘On préfère les voir faire quelque chose de constructif que trainer au pied des immeubles à se démolir la tête comme à l’époque des gangs’ ». Jazzy Jay5 (Chang, 2006, p.129). C’est lors de ces événements que différentes dimensions artistiques, graphiques ou corporelles tels que le graffitis ou tags, le break dance se sont greffés au médium musical. C’est à partir d’ici que le mouvement hip-hop a débuté, il a pu être nommé, s’exprimer et ainsi être reconnu. 2 Afrika Bambaataa est un nom d’emprunt auto attribué, il appartenait à un chef Zulu, opposant aux colons anglais et qui apporta sa contribution à l’unification des tribus d’Afrique du Sud 3 Gang new-yorkais des années 70 4 (Disc jockeys, deejays qui fond du djing ou turntablism (technique consistant à utiliser une ou plusieurs platines vinyle comme instrument pour diffuser et mixer des sons) 5 Producteur de disques membre de la Zulu Nation HES·SO//Valais Bachelor of Arts in Travail Social 6 Sion, le 5 décembre 2018 Il est toutefois judicieux de relever, que ces pratiques artistiques existaient déjà avant la naissance du mouvement. D’ailleurs, ce n’est pas le choix de la non-violence qui dirige un individu dans une expression artistique du mouvement hip-hop, par contre c’est son exercice qui conduit à une prise de conscience d’une alternative à la violence. C’est donc une identification à un état d’esprit qui fait que l’individu est hiphop. (Bazin, 2010, p.29). Bazin nous explique là un concept intéressant, c’est donc la pratique et l’identification au mouvement qui peut désigner une personne comme ayant l’esprit hip-hop. 1.1.2 L’état d’esprit à travers la Zulu Nation Les différents pôles d’expression artistiques du hip-hop sont le fruit d’histoires différentes, et ne sont pas apparues en même temps. Effectivement les tags ont commencé à s’afficher à la fin des années 60 à New York et le premier disque de rap de l’histoire, Rapper’s Delight a été produit en 1979. Toutefois, toutes ces formes d’expressions artistiques s’inscrivent avec des propriétés communes, elles ont été particulièrement choisies par les classes défavorisées de l’époque. (Lafarargue de Grangeneuve, 2008 p.10). Comme cité précédemment, Afrika Bambaaataa avait pris conscience des énergies positives qui découlaient des différentes expressions hip-hop. Ce dernier proposa un mode de vie basé sur les droits humains fondamentaux en créant une charte pouvant s’exporter mondialement et donner la possibilité à chacun de s’identifier au mouvement. De ce fait, la Zulu Nation détient encore une valeur symbolique et continue à inspirer la majorité de ses membres et optimisent leurs liens par ses préceptes. (Bazin, 2001, p.77). Parmi les vingt lois de son code de conduites j’en citerai quelques-unes pour illustrer mon propos. Je les ai choisies car selon moi elles devraient être connues des jeunes que j’accompagne dans mon quotidien professionnel. Voici quelques exemples : – La Nation Zulu n’est pas un gang – c’est une organisation d’individus à la recherche du succès, de paix, de savoir, de sagesse, de compréhension et de bonne conduite dans la vie. – Les membres Zulus doivent chercher des moyens de survie positive dans cette société. -Les actions négatives sont des actions qui appartiennent aux mauvais. La nature animale est une nature négative. Les Zulus doivent être civilisés. Il est interdit aux Zulus de se droguer ou de vendre de la drogue, se saouler, de fumer en présence d’autres Zulus et de personnes que le tabac dérange, de s’exprimer de façon vulgaire, grossière et ordurière… (Extrait des lois et régulations de l’Universal Nation Zulu, (Bazin, 2001, p.78). HES·SO//Valais Bachelor of Arts in Travail Social 7 Sion, le 5 décembre 2018 1.1.3 Lien avec ma recherche Toutes ces explications sur les bases du hip-hop nous donnent une vision noble du mouvement hip-hop. On s’aperçoit bien de ce qui tente d’être véhiculé. Est-ce que les jeunes adolescents qui vivent des difficultés et qui touchent de près ou de loin au rap connaissent ces fondements ? S’identifient-ils au mouvement ou l’utilisent-ils uniquement par conformisme dans un but de tisser du lien social avec leurs pairs ? Ces interrogations trouvent leur légitimité si l’on écoute avec une oreille avertie certains lyrics 6 des artistes en vogue comme Kaaris ou Seth Gecko 7 qu’apprécient particulièrement les jeunes au CPA. Effectivement, certains titres, pour ne pas dire tous, sont associés à des textes qui sont peu valorisant envers la gente féminine, qui se trouve reléguée au niveau du simple objet. C’est pourquoi je m’interroge si le rap hardcore entretient les comportements déviants chez les jeunes du Centre. Dans l’ouvrage Psychologie de l’adolescence, Richard Cloutier et Sylvie Drapeau rapportent que leurs données récoltées permettent d’affirmer que certains messages véhiculés par certains artistes musicaux notamment dans le rock et le rap peuvent influencer de manières négatives les adolescents par leurs contenus. Je présente ceux qui sont majoritairement présent dans le rap : 1. Une valorisation de l’abus de drogue et d’alcool. 2. Des images explicites de violence. 3. Des gestes à caractère sexuel sadomasochiste qui dévalorisent, violentent ou humilient les femmes. 4. Un encouragement à des attitudes et conduites antisociales. (Cloutier, Drapeau, 2008 p.14). Comment les jeunes interprètent-ils les morceaux qui incitent à la violence, au délit et autres comportements peu orthodoxes ? Influencent-ils les jeunes qui les écoutent ? En pleine adolescence, leurs comportements vis-à-vis d’autrui en particuliers envers les femmes est-il impacté ? Je me réfère à une étude8 menée aux Etats-Unis où il est bien spécifié que les comportements sexuels des adolescents sont influencés par le contenu de certaines productions musicales. Ils ont pu affirmer que les propos sexuels dégradants corrélaient avec des comportements à risques ou peu valorisants pour autrui. Je vais m’intéresser à quel impact a sur eux l’écoute de rap hardcore et comment ils interprètent les contenus de ces artistes qui sont dans ce registre.

La socialisation par le rap

De nos jours, la socialisation se construit par de nouveaux processus qui n’ont pas de limite temporelle. Elle évolue de manière constante, et permet de ce fait, aux jeunes de prendre une place dans la société par l’expérimentation des codes sociaux. Ces apprentissages, dans les sociabilités juvéniles peuvent tout à fait apparaitre avec des pratiques comme le rap. Le rap peut servir à expliquer les fonctionnements de la société par une approche différente. Certains d’entre eux seront plus réceptif à ce genre de discours car moins rigides. Grâce à la pratique du rap, le sujet peut développer de nombreuses compétences sociales. Il y a la dimension collective : effectivement, la pratique du rap ne se fait pas seul. Souvent, les pratiquants le font en groupe. De plus, la pratique du rap demande l’utilisation de plusieurs outils spécifiques. Quand on fait de la musique, on utilise par exemple des moyens techniques tels que des samplers, des boites à rythmes ou encore des ordinateurs. Le rap participe également à l’ouverture des connaissances avec l’intérêt et l’écoute de différents genres musicaux ceci induit du partage et optimise les savoirs individuels et collectifs. Toutes ses dimensions, participent de manière certaine à la socialisation des acteurs concernés. (Bordes V. 2017 p.5). 1.3.2 Travail social et créativité Ma question de recherche est en lien direct avec la pratique d’une activité artistique ou créatrice. Il est, à ce stade, opportun de faire le point sur la place qu’occupe la créativité dans notre société et comment elle peut être employée dans le travail social. « Si les pratiques artistiques peuvent servir de support éducatif, elles créent du mouvement au sein des établissements et structures dans lesquels elles se réalisent. Elles servent de support éducatif. Mais, de par leur caractère original, elles engendrent des bouleversements institutionnels du point de vue de l’organisation du travail et des schèmes d’intervention. Elles changent également les manières d’être avec les usagers, notamment en termes de « distance », ce qui marque, en quelque sorte, un des fondements de la professionnalité de l’intervention. En effet, dans le cadre des conduites artistiques, celle-ci a tendance à se réduire, mais n’entache en rien l’efficacité de l’action. » (Creux G., De Barros C. 2011). HES·SO//Valais Bachelor of Arts in Travail Social 14 Sion, le 5 décembre 2018 Cette citation expose bien la spécificité du travailleur social qui utilise une activité artistique dans l’exercice de ses fonctions. Vraisemblablement, il n’est pas nécessaire de craindre de proposer des activités où les relations entre usagers et professionnels sont horizontales. Maela Paul cite Jean-François Six, qui dit que la médiation peut être « définie comme la mise en œuvre d’un dialogue et d’une confrontation destinés à créer ou restaurer des liens grâce à la présence d’un tiers » (Six, J-F, 1995, cité par Paul, M. 2004, p. 44). Pour moi la musique peut être ce tiers, on peut même parler d’un prétexte. À ce stade, il est bon de présenter qu’une activité artistique dans le travail social peut avoir plusieurs composantes. Gérard Creux rapporte la chose suivante : lors d’un colloque qu’il a suivi en juillet 2004 à Montpellier, organisé par L’USAS (Union Solidarité Action Sociale) intitulé « Arts singuliers-Approches plurielles », l’animateur distinguait quatre types de pratiques artistiques dans le travail social. Les voici : • Les pratiques à orientation occupationnelle • Les pratiques à finalités éducatives et pédagogiques (développement cognitif) • Les pratiques avec objectif thérapeutique • Les pratiques employées à des fins de réinsertion professionnelle (Creux, 2006, p.59). À présent, il est question de définir ce qu’est la créativité : Dans l’ouvrage « Psychologie de la créativité » de Todd Lubart, Lubart, T. 2003), il est dit que définir la créativité est un sujet de recherche en soi et que cette question continue d’alimenter les débats entre scientifiques. Cependant une définition consensuelle est admise par la plupart des chercheurs, la voici : « La créativité est la capacité à réaliser une production qui soit à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste ». (Lubart, 2003, p.10). Pour ma part, je comprends une production nouvelle comme une chose qui n’a pas encore été produite auparavant dans un contexte donné. Si l’on se réfère à l’article de Christian Jung, « Travail social et créativité »12 on peut aisément cerner les opportunités qui peuvent émerger d’une pratique artistique et que celles-ci peuvent tout à fait être transposées dans un autre contexte. Imaginons ces opportunités dans des situations qui touchent aux travailleurs sociaux dans leurs quotidien professionnel. Elles offrent une grande diversité d’approche et de marge de manœuvre dans leurs différentes utilisations et selon les objectifs recherchés. De la simple activité d’occupation au développement personnel sans omettre les dynamiques qui découlent de l’exercice. Pour Jung et Lubart, la créativité est positive de même qu’elle touche a de multiples secteurs d’interventions. 12 Jung, C. (2002). Travail social et créativité. Pensée plurielle, no 4, (1), 105-120. doi :10.3917/pp.004.0105. HES·SO//Valais Bachelor of Arts in Travail Social 15 Sion, le 5 décembre 2018 Selon Jung, la créativité permet de développer les aspects suivants (Jung, C. 2002, pp.109-112). : L’expression de soi Quand on se montre créatif, on expose à l’autre quelque chose qui diffère de ce qu’il a pu rencontrer jusqu’à présent. Les individus, dans cette démarche, communiquent. Cette créativité prend sa source directement à l’intérieur du sujet. Un accomplissement personnel Lorsqu’il crée, qu’un acte nouveau est posé, le sujet est en mesure de se découvrir soi-même et de se développer. C’est parfois en passant hors des sentiers battus qu’on peut surmonter un quotidien qui se montre hostile par moment. Cette capacité à s’épanouir, contribuent à l’individu et au groupe à développer son bien-être dans la société. Une recherche de soi et la découverte de l’autre Dans un acte créateur, on s’exprime en premier lieu pour nous même ; on présente ce qui nous attire ou au contraire ce qui nous tourmente ou ce qui nous effraie. Cet acte créatif est susceptible d’apporter des questions ou tente d’y répondre. En créant, on peut se rendre compte de ses aptitudes, comme l’on peut aussi détecter ses limites et difficultés. L’acte créateur participe non seulement à la découverte de soi, mais aussi il permet le contact avec l’autre qui vit les mêmes situations (Alter Ego). Être créatif, c’est s’ouvrir au monde. Quand on se cherche soi-même, on découvre l’autre. Une aptitude à renouveler le sens Créer du sens nouveau, voilà le postulat de la créativité qui se veut être à l’opposé de la reproduction de ce qui se fait habituellement. « Elle est une conduite constante d’apprentissage, une formation sans fin, un cheminement vers plus d’autonomie et d’indépendance. Le sujet créatif cherche du sens et le renouvelle sans cesse. Il est amené à agir en son milieu environnant et à se positionner par rapport à ce qui existe déjà ». (Jung, 2002, p.111). Se forger une identité de sujet Les pratiques artistiques peuvent apporter des occasions de choix aux travailleurs sociaux pour cultiver les identités personnelles. Elles offrent la possibilité de se mettre en scène et d’être reconnu en tant que sujet lorsque l’on devient acteur. Il est plus adéquat d’employer le mot producteur, car un acteur est dirigé par celui qui a rédigé le scénario, ce qui a un impact différent sur le pouvoir d’agir de la personne qui participe à une scène de vie. HES·SO//Valais Bachelor of Arts in Travail Social 16 Sion, le 5 décembre 2018 Donner du sens au quotidien Pour ceux qui utilisent leur créativité, on s’aperçoit qu’elle permet d’optimiser, de se dépasser dans les projets construits par les sujets eux-mêmes, d’une façon qui diffère de la simple reproduction. Le sujet devient “acteur » de son environnement, en le modifiant, le transformant. Ceci démontre également une capacité d’ouverture au changement. Pour parfaire cette démarche, la créativité se doit de s’ouvrir au groupe et d’être partagée et acceptée, sans quoi elle aura de la difficulté à s’inscrire dans un système et ainsi être légitime lorsque l’on présentera quelque chose qui défère de la norme pour proposer des choses nouvelles. Donner du sens à l’activité c’est bien le « rôle » du travailleur social dans tout cela. Comme l’on a pu le voir précédemment la distance relationnelle a tendance à se rétrécir dans une démarche artistique, le partage des aptitudes et connaissances de chacun s’unissent vers un but commun. L’équilibre relationnel prend le dessus sur la différence de statut. À la fois utilisée comme une activité occupationnelle (Creux, 2006 p.59) l’activité rap, si l’on se réfère à Jung permettrait parfaitement d’opérer comme support d’accompagnement pour les professionnels que de moyens utiles à la construction identitaire de ceux qui y participent. Il est vrai que la distance relationnelle entre les jeunes et moi-même est raccourcie pour ne pas dire horizontale, la création d’une espace de confiance et de tolérance favorise l’expression de chacun. Toutefois le maintien de l’ordre et des règles de bon usage est nécessaire et doit parfois être rappelé. Dès lors, la relation peut redevenir asymétrique l’espace d’un instant sans pour autant péjorer l’activité. 1.3.3 L’accompagnement des jeunes Dans la pratique de la profession d’éducateur, l’accompagnement d’un ou plusieurs usagers fait partie intégrante des fonctions attribuées aux professionnels. Il est opportun de s’intéresser et de tenter d’apporter une définition à cette dimension qu’est l’accompagnement éducatif. L’axe sera ensuite recadré par l’accompagnement au travers d’une activité créatrice. C’est au milieu des années 1980, que le mot accompagnement à fait son entrée dans le lexique socio-éducatif. Il a progressivement servi de substitut au terme de prise en charge qui, en sommes, à une désignation relativement péjorative. En effet, il évoque d’une manière forte une attitude passive de l’autre (l’usager). Le mot accompagnement, a pour avantage de proposer une vision plus noble en imageant deux personnes qui, côtes à côtes, cheminent vers un but commun. En revanche, son étymologie nous apprend que le mot compagnon nous renvoie à la notion de partage. Cum pagnere, est celui qui partage avec, le pain est illustré de manière symbolique et de ce fait, être facilement associé avec le labeur et les temps de loisirs, de peines et de joies. C’est bien là que l’usage du mot accompagnement doit être retenu dans le champ de l’éducation. En effet, hormis les heures et les multiples tâches à accomplir quotidiennement pour que l’usager paraisse socialisé ou plus près de la norme, ce sont surtout les histoires de vie qui sont échangées. À partir d’ici, partager, n’est ni imposer ni forcer l’usager à prendre ce qui est tendu par l’éducateur. La notion d’accompagnement demande la nécessité, la prise en compte du temps dans la relation éducative. Il est dit que seul le temps permet à la personne HES·SO//Valais Bachelor of Arts in Travail Social 17 Sion, le 5 décembre 2018 d’élaborer et de participer activement dans son cheminement de vie. (Gaberan, 2010, p.118). Dans cette recherche, la dimension de l’accompagnement peut être illustrée par la pratique d’une activité artistique et créative sans négliger la simple écoute de musique avec les usagers, c’est pourquoi je veux tenter d’encourager l’accompagnement éducatif au travers de pratique artistique ou créatrice ou du moins promouvoir la place de la musique rap auprès des jeunes en institutions.

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Table des matières

Introduction
1 Cadre théorique
1.1 La culture hip-hop
1.1.1 Approche historique du hip-hop
1.1.2 L’état d’esprit à travers la Zulu Nation
1.1.3 Lien avec ma recherche
1.2 La socialisation de l’adolescent
1.2.1 Les principaux contextes sociaux des jeunes
1.2.2 Les changements de l’adolescence
1.3 La socialisation par le rap
1.3.1 Le rap comme moyen de socialisation
1.3.2 Travail social et créativité
1.3.3 L’accompagnement des jeunes
1.4 Liens avec mes hypothèses
1.5 Hypothèse 1 intégration sociale
1.6 Hypothèse 2 le rap agissant sur les comportements
2 Méthodologie
2.1 L’Institution Saint-Raphaël comme terrain d’enquête
2.1.1 Contexte Institutionnel
2.1.2 Le Centre de Préapprentissage CPA
2.1.3 Définition de la population
2.2 Démarche méthodologique
2.2.1 Méthode de récolte de données
2.2.2 Méthode d’analyse de données
2.2.3 Éthique
3 Présentation des résultats
3.1 Profil des jeunes interviewés (Quel genre d’amateurs de rap sont-ils)
3.2 Analyse des entretiens
3.2.1 Questions introductives et création du contact
3.2.2 Le rap comme agent facilitateur socialisant
3.2.3 Le rap agissant sur les comportements
3.2.4 Le rap au Centre de Préapprentissage
3.3 Discussion des hypothèses
3.3.1 Discussion de l’hypothèse 1 (intégration sociale
3.3.2 Discussion de l’hypothèse 2 (Le rap a une influence sur les jeunes)
3.4 Conclusion
4 Bilan de la recherche
4.1 Choix de la population
4.2 Retour sur les objectifs
4.3 Choix de l’outil de recueil de données
4.4 Choix des hypothèses
5 Pistes d’action
6 Conclusion
7 Bibliographie

 

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