La situation de la disponibilité alimentaire

La disponibilité de la nourriture 

Cette composante s’apprécie à l’échelle nationale, régionale et/ou locale. La notion de disponibilité fait référence à la quantité et à la saisonnalité de l’approvisionnement alimentaire. Elle comprend toutes les sources locales de production alimentaire comme l’agriculture, l’élevage, la pêche, les importations et les dons.
L’existence de systèmes de marché qui fonctionnent bien et aptes à fournir la nourriture dans une localité, de manière permanente et en quantité et en qualité correctes, est un facteur déterminant de la disponibilité alimentaire.6
La disponibilité porte donc sur le côté de « l’offre » de nourriture.

L’accessibilité de la nourriture

Il s’agit de la façon dont les gens peuvent obtenir la nourriture disponible. La nourriture est accessible par une combinaison de production domestique, de stocks, d’achat, de trocs, de cadeaux, d’emprunts ou d’aides alimentaires7.
Elle est déterminée par la répartition publique des ressources et des systèmes de protection et d’aides sociales. Cependant, l’accessibilité dépend essentiellement du revenu des ménages, des différentes affectations du revenu et des prix des denrées. En gros, l’accessibilité de la nourriture est garantie lorsque les communautés disposent de revenus suffisants.
Il faut noter que les chocs imprévisibles comme les conflits, les cataclysmes naturels, peuvent entraver l’accès à la nourriture.

L’utilisation de la nourriture

Elle est la façon dont chaque ménage stocke la nourriture, la transforme, la prépare et la répartit. Elle fait surtout référence à la capacité de chaque individu à absorber et à métaboliser les nutriments et à la salubrité des aliments. De bonnes pratiques de soins et d’alimentation à l’intérieur des ménages ont pour résultat un apport adéquat d’énergie et de nutriments.
L’insécurité alimentaire apparait donc quand au moins un des trois composantes précitées se trouve restreinte ou en déclin. Pour plus de précision, la figure suivante est très intéressante. Elle décrit l’insécurité alimentaire en reprenant des exemples de cas où la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation sont lésées.

La vulnérabilité 

Un individu ou un ménage est qualifié de vulnérable à l’insécurité alimentaire quand il est capable de maintenir un niveau acceptable de sécurité alimentaire dans le présent, mais il pourrait être à risque de souffrir de l’insécurité alimentaire dans le futur. Pour maintenir un accès suffisant à la nourriture et absorber les chocs, les individus ou les ménages recourent à des stratégies adaptatives (diminution de repas, troc, emprunt, migration des membres de la famille pour trouver de l’emploi, prostitution, …). Cette capacité d’absorption est plus généralement connue sous le nom de résilience. La vulnérabilité existe lorsque les stratégies adaptatives sont fragiles.
Il y a lieu de savoir que la vulnérabilité n’est pas synonyme de pauvreté, bien que la pauvreté soit un facteur aggravant la vulnérabilité.

La faim comme un problème de disponibilité pour MALTHUS

Dans son ouvrage célèbre : « An essay on the principle of population », en 1798, il avance la supériorité de la « population power » par rapport au « power of the earth to produce substance ». Il explicite son affirmation en disant que la population croit avec une progression géométrique alors que les substances nécessaires à sa survie ne suivent qu’une progression arithmétique.
A travers ces propos, Malthus montre que les ressources, comme la nourriture, n’arriveront pas à couvrir toute la population sans une quelconque intervention au niveau démographique. Sans ralentissement de la croissance de la population, la famine sera au rendez-vous.
La famine résulte d’une disponibilité qui n’arrive pas à couvrir la population. Selon Malthus, elle est inévitable et indispensable pour ramener l’équilibre population-ressources alimentaires. Pour lui, la famine est un procédé naturel sur lequel il vaut mieux rester insensible pour assurer l’harmonie de la société. Cette idée, il l’expose dans la fameuse scène du banquet, publiée uniquement dans la première édition de son ouvrage : « Un homme qui est né dans un monde déjà possédé, s’il ne lui est pas possible d’obtenir de ses parents les subsistances qu’il peut justement leur demander, et si la société n’a nul besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la moindre part de nourriture, et, en réalité, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n’y a point de couvert vacant pour lui ; elle lui ordonne de s’en aller, et elle ne tardera pas elle-même à mettre son ordre à exécution, s’il ne peut recourir à la compassion de quelques convives du banquet. Si ceux-ci se serrent pour lui faire place, d’autres intrus se présentent aussitôt, réclamant les mêmes faveurs. La nouvelle qu’il y a des aliments pour tous ceux qui arrivent remplit la salle de nombreux postulants. L’ordre et l’harmonie du festin sont troublés, l’abondance qui régnait précédemment se change en disette, et la joie des convives est anéantie par le spectacle de la misère et de la pénurie qui sévissent dans toutes les parties de la salle, et par les clameurs importunes de ceux qui sont, à juste titre, furieux de ne pas trouver les aliments qu’on leur avait fait espérer. »18 (MALTHUS, T. R. 1798). Ces lignes montrent que Malthus observe la famine du point de vue de ceux qui ne la vivent pas. Ils indiquent clairement son appartenance à une classe sociale désireuse de vivre dans la plénitude, loin de la misère. Cette dernière qui peut être tout naturellement éliminée par le processus naturel de la famine, qui effacera l’excès de gens, pour lesquelles il n’y a plus de part de nourriture. Sinon, pour combattre les catastrophes comme la faim, la solution préconisée par Malthus est de combattre la pauvreté en limitant la reproduction dans la classe la plus défavorisée. Le point de vue de Malthus a choqué plus d’un, vue sa froideur et son pessimisme. En effet, d’autres auteurs sont convaincus du fait que plus de population n’aboutit pas forcément à la pauvreté et à des réponses démographiques désastreuses (augmentation du taux de mortalité). SIMON (1981), dans son ouvrage « The ultimate resources », confirme qu’une population grandissante est source de plus de richesse, d’élargissement de marché, donc de débouché, de production d’échelle et de gain de productivité. Pour Simon, plus la population est nombreuse, plus il sera facile de trouver des solutions à ses problèmes19. Ainsi, une population abondante garantira une résolution du problème de la famine et non son intensification, selon lui.

La faim comme problème d’accessibilité pour Sen

Dans un ouvrage fondateur «Poverty and famines : An essay on entitlement and deprivation », en 1981, Sen avançait que les famines (la faim) et la malnutrition sont moins liées au problème de disponibilité alimentaire qu’à la possibilité d’y avoir accès. Il développe une nouvelle manière d’appréhender les famines non pas en se focalisant du côté de l’offre alimentaire, c’est-à-dire de la disponibilité, mais surtout du côté des victimes.
Selon lui : « Tout projet pour éliminer la faim dans le monde moderne implique, en premier lieu, de comprendre les causes du phénomène et de ne pas simplement le réduire à un mécanisme d’équilibre entre nourriture et population. L’analyse de la faim doit partir des libertés substantielles dont disposent les personnes et les familles pour s’approprier des ressources suffisantes de nourriture, en les cultivant elles-mêmes (c’est le cas des paysans) ou bien en se les procurant sur le marché. Il n’est pas rare que des individus soient réduits à la famine alors que les ressources abondent autour d’eux, tout simplement parce qu’ils ne peuvent plus les acheter, suite à une perte de revenus »20 (SEN A. K., 2000).
Il est de ceux qui acceptent la possibilité d’une famine, sans que les nourritures viennent à manquer.
Sur la question de la famine, Sen est réputé pour l’approche par les entitlements. Cette dernière repose sur :
 les ressources ou dotations : combinaison de toutes les ressources possédées légalement par un individu (terre, équipements, animaux, force de travail,…) ;
 les droits d’accès ou entitlements: ensemble des combinaisons possibles de biens et services qu’un individu peut avoir en utilisant ses dotations ; et
 la carte de droit : la possibilité de transformer les ressources en biens et services inclus dans les entitlements.
Le fait pour un individu d’avoir accès à suffisamment de nourriture dépend de la quantité d’entitlements dont il dispose. Un défaut d’entitlement qui frappe toute une communauté à un même instant aboutit à une famine. Les origines de ce déclin d’entitlements sont soit une perte de dotation (perte de terre, destruction de champ, problème de santé qui pénalise la force de travail,…), soit une modification de la carte des droits d’accès (déséquilibre sur le marché du travail, instabilité des prix relatifs des produits alimentaires,…).

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

La compréhension de l’insécurité alimentaire conduit à cerner en premier lieu le concept de sécurité alimentaire. Ce dernier est définit comme la possibilité d’accès de tous les individus aux nourritures suffisantes pour leur garantir une vie saine et active. La sécurité alimentaire repose sur trois composantes essentielles : la disponibilité de la nourriture, son accessibilité et son utilisation. Si au moins l’une d’entre elles se trouve négligée, l’insécurité alimentaire peut être évoquée. C’est exactement autour de la composante défaillante que le débat au sujet de la faim, et donc de l’insécurité alimentaire est abordé dans la littérature économique. Malthus est convaincu que c’est la défaillance des disponibilités, face à une population qui croît d’une manière effrénée, qui explique la famine. De son côté, Sen affirme que le manque de disponibilité alimentaire n’est pas forcément la seule cause de la faim. Il parle d’un défaut de droit d’accès ou entitlements, comme origine de la faim.
Cette première partie a permis de constituer une base conceptuelle et théorique solide, qui permet d’entamer une inspection de la réalité du problème d’insécurité alimentaire.

Méthodologie

Travailler avec des séries temporelles impliquent de la rigueur dans les étapes à suivre lors des estimations. En référence à une note émise par un professeur d’économétrie45, la méthode de résolution entreprendra les étapes suivantes :
1) Test de l’ordre d’intégration des variables : qui se fera à l’aide du test de racine unitaire de Dickey-Fuller augmenté.
2) Estimation de la relation de long terme par MCO. Il faut noter que cette estimation ne peut être réalisée que lorsque variables endogènes et exogène admettent le même ordre d’intégration. Dans le cas contraire, cette deuxième étape n’aurait aucun intérêt car variables explicatives et à expliquer ne sont pas cointégrées (n’ont pas de relation de long terme). Si ce problème se présente dans la suite de l’analyse, l’introduction de variables de contrôle contribuerait à réduire les biais d’estimation, à améliorer la significativité du modèle et d’obtenir des résultats plus interprétables. La méthode des variables de contrôle permet d’exploiter les variables connues d’une période pour connaître celles inconnues.
3) Test de stationnarité des résidus : qui se fera à l’aide du test de racine unitaire de Dickey-Fuller augmenté. Des résidus stationnaires à niveau permettent de passer à l’étape du modèle à correction d’erreur, dans le cas où les modèles contiennent une variable endogène et une variable exogène. Si les résidus ne sont pas stationnaires à niveau, il faut revoir le modèle et recourir à d’autres méthodes de résolution comme la VAR (p).
Que ce soit à court ou à long terme, le rapport PRODAL/POP explique l’insécurité alimentaire. Il existe une relation inverse entre PRODAL/POP et insécurité alimentaire.
De ce premier modèle, la question de recherche (i) est répondue affirmativement, vérifiant l’hypothèse d’une insécurité alimentaire expliquée par une disponibilité, entravée par une production locale d’aliments de base, ne couvrant pas l’ensemble de la population.
Bien que la production alimentaire locale soit abondante, comparée au nombre de bouches à nourrir, elle est moindre.
La théorie (celle de MALTHUS), les constats et les analyses économétriques affichent le même problème dans la disponibilité des nourritures de base à Madagascar : une population nombreuse.
D’après les estimations précédentes, si la production alimentaire arrive à augmenter jusqu’au seuil théorique d’une unité (une tonne par tête), l’insécurité alimentaire peut être réduite jusqu’à 0,812838 soit 81,3838 %. Pour parvenir à une réduction de l’insécurité alimentaire à 50 %, l’agriculture doit assurer un accroissement de production de l’ordre de 0,615 tonne par tête.
2) Face à ce résultat, une simple estimation par MCO sera totalement faussée et ne permettra pas d’apprécier la significativité de chaque variable. Pour avoir des résultats d’estimation interprétables, sans recourir à de méthodes trop lourdes, l’introduction de variable de contrôle sera d’une aide cruciale.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
SOMMAIRE 
LISTE DES ACRONYMES ET DES SIGLES 
TABLE DES TABLEAUX 
TABLE DES FIGURES 
INTRODUCTION 
PREMIERE PARTIE : ANALYSE THEORIQUE DE L’INSECURITE ALIMENTAIRE 3
CHAPITRE I : GENERALITE SUR LA NOTION D’INSECURITE ALIMENTAIRE
Section 1 : Cadre conceptuel de l’insécurité alimentaire
Section 2 : Types et catégorisation de l’insécurité alimentaire
CHAPITRE II : SURVOL DE LA LITTERATURE ECONOMIQUE SUR LE PROBLEME DE LA FAIM 
Section 1 : La faim comme un problème de disponibilité pour MALTHUS
Section 2 : La faim comme problème d’accessibilité pour Sen
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DE L’INSECURITE ALIMENTAIRE : CAS DE MADAGASCAR 
CHAPITRE I : ETAT DES LIEUX DE L’INSECURITE ALIMENTAIRE A MADAGASCAR 
Section 1 : La situation de la disponibilité alimentaire
Section 2 : L’état de l’accessibilité
Section 3 : L’utilisation de la nourriture
CHAPITRE II : ANALYSE ECONOMETRIQUE DES VARIABLES QUI EXPLIQUENT LA PERSISTANCE DE L’INSECURITE ALIMENTAIRE A MADAGASCAR 
Section 1 : Présentation des modèles et de la méthodologie
Section 2 : Présentation des résultats et interprétation
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 
CONCLUSION 
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 
TABLE DES ANNEXES 
TABLE DES MATIERES

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