La simplicité de consultation et l’accès facile et rapide au plateau technique

La M-santé

La Mobile Health (m-Health) apparaît en 2005 où Robert ISTEPANIAN, universitaire londonien, la définie comme « l’utilisation des communications mobiles émergentes en santé publique ». En 2009, l’OMS la définie comme couvrant « les pratiques médicales et de santé publique reposant sur des dispositifs mobiles tels que les téléphones portables, les systèmes de surveillance des patients, les assistants numériques personnels et autres appareils sans fil » (24). Le téléphone portable et les tablettes sont devenus des accès à internet encore plus pratiques et accessibles que les ordinateurs, ce qui fait de la M -santé, un acteur majeur de la santé des patients actuellement et pour les années à venir. Plusieurs branches de M-santé peuvent être décrites : le rappel de rendez-vous, l’accès à l’information, l’aide à l’observance ou encore les centres d’appel aux systèmes d’aide à la décision.
Dans la M-santé, nous retrouvons évidemment les applications mobiles, classées dans 5 types de catégories selon l’institut IQVIA : « Bien-être et prévention », « Apparition des symptômes et recherches de soins », « Diagnostic », « Suivi du traitement » et « Traitement » (25). Elles sont inventées pour être utilisées sur Smartphone ou tablette. Stockées sur des magasins d’applications en ligne, elles peuvent être gratuites ou payantes. Les principaux distributeurs sont l’App Store d’Apple et le Google Play de Google.
En 2020, plus de 350 000 applications sur les millions existantes sont consacrées à la santé (26), soit 50 fois plus qu’en 2010 où il en existait environ 6000.
Ces applications sont décrites comme des moyens d’autonomisation concernant sa propre santé. Le patient devient un véritable acteur de sa prise en charge et ne laisse plus le médecin en avoir le contrôle quasi-total. « La E-santé et désormais la m-santé doivent être considérées non comme une fin, mais comme un ensemble de moyens permettant d’améliorer l’accès aux soins, la qualité des prises en charge, l’autonomie des patients » (27)
On retrouve dans la littérature la description d’un potentiel important quant à la prise en charge des pathologies chroniques, et donc la diminution des coûts de santé. (28)(29)(30). L’utilisation de la m-santé sur cinq catégories de population (prévention et suivi du diabète, asthme, réhabilitation cardiaque et pulmonaire) permettraitd’économiser 7 milliards de dollars par an selon l’institut IQVIA (25).
Deux méta-analyses, incluant les études évaluant l’efficacité des applications de santé dans l’autogestion de maladies chroniques, décrivent une amélioration de la prise en charge des symptômes grâce aux applications mobiles. De plus, elles montrent leur intérêt concernant l’accès aux soins et le suivi de maladies chroniquesdans les pays en voie de développement (31)(32). La recherche évolue de manière exponentielle pour étudier l’utilité de la santé mobile. Dans son étude, Ali montre l’évolution des publications entre 1995 et 2015 (33).

L’association COURLYGONE 

Cette association de type loi 1901, fondée le 26 mars 2002, est composée de professionnels de santé (médecins généralistes, pédiatres, kinésithérapeutes, sagesfemmes, infirmiers, pharmaciens…) issus du secteur libéral et hospitali er, et d’usagers. Réunis dans le but d’informer et d’accompagner les parents pour la prise en charge de symptômes courants de l’enfant et ainsi développer le réseau ville-hôpital, les membres de cette association agissent en région lyonnaise et plus largement en région Rhône-Alpes-Auvergne (36). Leur travail est actualisé, vérifié et validé régulièrement par un comité scientifique national. L’association a reçu en 2011 le « trophée de l’Hospitalisation privée ».

NOTRE ÉTUDE

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Caractéristiques générales de l’étude

Il s’agissait d’une étude descriptive, monocentrique, de faisabilité menée dans le service des Urgences pédiatriques du Centre Hospitalier Universitaire de Rouen.
Elle a été déclarée à la CNIL et à la DRCI (numéro d’enregistrement : 815). L’étude étant non interventionnelle, elle ne rentre pas dans le champ d’application de la loi Jardé.

Population d’étude : critères d’inclusion et d’exclusion

Les patients inclus consultaient pour les motifs « fièvre » ou « traumatisme crânien ». Si un motif autre était associé (Exemple : vomissement, douleur abdominale, céphalée…) alors le patient n’était pas inclus. En effet, les algorithmes réalisés étaient destinés à ces symptômes seuls.
Les parents n’ayant pas complètement répondu au questionnaire après avoir testé l’application étaient exclus secondairement de l’étude.

Méthodologie

À la fin de la consultation aux urgences, les parents testaient l’application sur une tablette mise à leur disposition. Ensuite, ils remplissaient un questionnaire sur cette même tablette.
Les données étaient recueillies de manière anonymisées.

Le test de l’application

Il a été demandé aux parents d’utiliser l’application en se mettant dans la position où ils n’avaient pas encore décidé de consulter aux urgences. Ils pouvaient donc naviguer sur l’arbre décisionnel afin de recevoir un conseil sur la conduite à tenir.
Ils pouvaient visualiser le dictionnaire de symptômes et sa bibliothèque d’image, ainsi que les fiches conseils disponibles.

Le questionnaire destiné aux parents

Le questionnaire, réalisé à l’aide du logiciel Limesurvey, permettait tout d’abord de renseigner les informations concernant les accompagnants : âge, nombre d’enfants, ville, niveau d’étude, affiliation à la CMU ou n on, existence d’un pédiatre ou médecin traitant dans la région.
Il renseignait ensuite l’âge et les antécédents de l’enfant.
Puis, il était demandé au parent présent les raisons de la consultation aux urgences (inquiétude, absence du médecin traitant, adressé par le 15 ou le 116-117…) ainsi que les examens complémentaires dont avait bénéfici é l’enfant aux urgences. Puis le parent rapportait le « conseil » donné par l’application lors de son utilisation.
On recueillait ensuite l’avis des accompagnants concernant l’application en ellemême (facilité d’utilisation, de compréhension, niveau de confiance envers ce type d’outil…).
Pour finir, il était demandé aux parents si leur façon de consulter aurait pu changer grâce à cette application et s’ils seraient prêts à installer l’application sur leur smartphone si elle voyait le jour. Les réponses étaient sous forme d’échelles de Likert et les résultats sont présentés sous forme de diagramme en bâtons.

Analyses statistiques 

Les variables quantitatives ont été décrites par leur moyenne (écart-type) si elles suivaient une distribution normale et par leur médiane (quartil 1 – quartil 3) dans le cas contraire.
Des courbes de densité et des histogrammes ont été tracés afin d’apprécier la distribution des variables. Les variables qualitatives étaient décrites par leur effectif (pourcentage).
Le jeu de données contenait peu de données manquantes, notamment pour les caractéristiques initiales de la population (< 5%).
La variable Conclusion de l’application contenait 5 données manquantes.
Par ailleurs, le dataset ne contenait pas de valeur extrême ou aberrante.

RÉSULTATS

Entre le 01 mars et le 30 juin 2022, 193 parents se sont vus proposés l’utilisation de « PediaHelp ». Parmi eux, 10 n’ont pas complété entièrement le questionnaire à la suite du test de l’application. Ainsi, 183 patients ont pu être inclus dans l’étude.

Caractéristiques de la population étudiée

Sur 183 patients, 71% étaient accompagnés de leur mère (n=129/183), l’âge moyen du parent accompagnant était de 33 ans (écart type = 9 ans).
Concernant la composition familiale, il s’agissait du 1er enfant dans 37% des cas (n = 68/183), dans 39% des cas les parents avaient 2 enfants (n = 71/183), 16% en avaient 3 (n=30/183). Le reste des parents déclarait une fratrie plus grande (4, 5 et 7 enfants).
Concernant l’âge de l’enfant qui consultait aux urgences, il s’agissait le plus souvent de nourrissons ou très jeunes enfants (entre 3 mois et 2 ans) dans 45% des cas (n=81/183), il avait entre 2-5 ans dans 26% des cas (n=47/183), et plus de 5 ans dans 21% des cas (n=39/183).
Le lieu d’habitation était le plus souvent à moins de 10 km du CHU. (n=71/183 ; 40%)
Nombre de patients initiaux
N = 193
Nombre de patients inclus dans l’étude N = 183
Enfants admis pour traumatisme crânien N = 76
Enfants admis pour fièvre N = 107 10 patients exclus
Car le parent accompagnant n’a pas terminé le questionnaire après le test de l’application.
Les parents avaient le plus souvent un niveau d’étude baccalauréat ou supérieur (n=140/183 ; 76,5 %). 24% (n= 43/183) étaient détenteurs de la CMU ou de l’AME. 87% des enfants (n=159/183) avaient un pédiatre ou médecin traitant dans la région. 96,7 % des accompagnants possédaient un téléphone portable.
Dans notre étude, 50% des accompagnants (n=92/183) ont déclaré ne pas connaître le 116-117.

Les motivations de consultation

Dans notre questionnaire, les parents pouvaient sélectionner plusieurs raisons pour lesquelles ils avaient choisi de consulter aux urgences. Ainsi, 30% des patients (n =55/183) avaient été adressés par un médecin tiers (SOS médecin, 116-117 ou 15), les 70% restants sont venus avant d’avoir eu un avis médical, autrement appelés autoréférés. 66% des parents (n=121/183) ont déclaré être inquiets pour leur enfant.
L’indisponibilité du médecin traitant a été mise en avant chez 25% des parents (n= 45/183) et l’heure tardive de la journée ou le jour non ouvrable ont été la motivation de la venue aux urgences pour 6% des parents (n=12/183). 7% des parents (n = 12/183) ont consulté devant des antécédents particuliers chez leurs enfants. 3% des parents (n=5/183) ont déclaré la facilité de consultation comme une motivation.

Apports de l’application PediaHelp dans le parcours de soin

Parmi les 183 parents questionnés, 36% d’entre eux (n=65/183) ont déclaré qu’ils auraient consulté différemment s’ils avaient eu accès à l’application. Parmi ces 65 parents : 83% d’entre eux (n=54/65) auraient surveillé leur enfant à la maison et/ou attendu le rendez-vous avec leur médecin traitant. Un avis téléphonique aurait été réalisé au 116-117 ou au 15 chez 27% d’entre eux (n=18/65). 6 parents auraient consulté plus rapidement s’ils avaient consulté l’application PediaHelp en amont.
À l’inverse, 43% des parents questionnés (n=79/183) déclarent qu’il s auraient gardé le même comportement de consultation. Parmi eux, 54% (n=43/79) avaient pris la même décision que celle donnée par l’application. À noter que 38% (n=28/79)
Tableau 3 : Le devenir des patients aux urgences d’entre eux expriment une inquiétude persistante après consultation de l’application « PediaHelp ».
21% des accompagnants ont répondu « Je ne sais pas » à cette question.

L’évaluation de l’application par les parents

L’avis des parents concernant « PediaHelp » est représenté sur les diagrammes en bâtons suivants. 85% des parents ont jugé l’application utile à très utiles et 70 % sont prêts à faire confiance en ce type d’application . L’application a été facile à comprendre pour > 90% d’entre eux. Au total 70 % sont prêts à utiliser l’application.

DISCUSSION

Un nombre important de consultations aux urgences pédiatriques ne relève pas de ce type de centre de soin. Les parents, par leur manque de connaissances et de maîtrise quant à la réaction à avoir en cas de problème de santé, ont tendance à être rapidement submergés par l’inquiétude et se retrouvent démunis à la maison.
La consultation aux urgences est pour eux le plus souvent un moyen d’avoir une réponse rapide sur l’absence de gravité dans les symptômes présentés par leur enfant, et ainsi être rassurés. La Cour des comptes estime, elle, en 2017, que la part des consultations aux urgences relevant d’une consultation simple est de 43%, et que 35% auraient pu être traités en ville.
L’application « PediaHelp » fait entrevoir une solution qui semble satisfaire les parents et qui leur apporterait une aide à la prise de décision ainsi que des conseils quant au type de recours aux soins le plus adapté à la situation. Cette application apparaît également comme un outil pédagogique apprécié par les parents qui ont pu le tester. Nous allons analyser ci-après ces résultats.

Changement de parcours de soin

« PediaHelp » aurait permis un changement de parcours de soin chez un nombre non négligeable de patient. En effet, 30% (n=54/183) des consultations auraient pu être évitées, remplacées par une surveillance des enfants à la maison oupar un rendez-vous en médecine de ville. En plus d’éliminer les signes de gravité,
PediaHelp joue un rôle important dans la réassurance parentale en donnant des consignes pour la suite de la prise en charge. Les symptômes à surveiller ainsi que les indications de consultations aux urgences sont détaillées et consultables facilement par les parents. Les photographies mises à disposition permettent de visualiser les signes difficilement imaginables après une description orale (Cyanose ou marbrure par exemple). Elles permettent de diminuer l’angoisse des parents concernant le fait d’omettre un signe de gravité.
Grâce à cet aspect pédagogique et de réassurance, nous pouvons espérer que ce type d’outil pourrait aider à désengorger les urgences en réduisant le nombre de consultations inappropriées.
A contrario, 6 patients déclarent que leur décision de consultation aux urgences aurait été prise plus rapidement avec l’aide de « PediaHelp ».
En effet, il arrive que les parents négligent certains signes de gravité par manque de connaissances et d’information à ce sujet. « PediaHelp » aide à la reconnaissance de ces signes et permet une amélioration de la prise en charge avec une décision de consultation plus rapide, et un gain de chance pour l’enfant. « PediaHelp » rappelle aussi aux parents la possibilité d’avoir un avis médical téléphonique avant de prendre une décision. 10% des parents (n=18/183) déclarent qu’ils auraient probablement appelé le 116-117 ou le 15 avant de se rendre aux urgences grâce à l’application.
Ainsi, si l’inquiétude des parents persiste malgré l’utilisation de « PediaHelp », alors une aide humaine par téléphone permet une argumentation du conseil ou redirige les parents vers le centre de soin le plus approprié.
Dans notre étude, 15% des parents déclarent qu’ils n’auraient pas changé de façon de consulter malgré l’utilisation de « PediaHelp », et ceci par manque de confiance en ce type d’application, et donc d’inquiétudes persistantes.
Cette statistique nous rappelle les limites des prises en charge médicales via un outil numérique, donc virtuel, qui existera toujours en e-santé. En cas d’inquiétude mineur, ce type d’application semble être suffisant pour aiguiller et rassurer les parents. À l’inverse, lors d’inquiétude majeure, les parents présentent une réticence à faire confiance à un « arbre décisionnel virtuel » et préféreront avoir un contact direct avec un médecin.
Sur les 52 patients moyennement ou peu confiants (réponses « 1, 2 ou 3 » à la question correspondante), 17% (n=9/52) ont bénéficié d’examens complémentaires alors que l’application leur avait conseillé de ne pas consulter aux urgences. Devant le très faible nombre d’hospitalisation, nous pouvons nous questionner sur le caractère véritablement urgent de la réalisation de ces examens complémentaires, et de la possibilité de les réaliser en différé en ville, sans être préjudiciable pour l’enfant. Une sensation de sous-estimation du danger par l’application a pu être ressentie par les parents.
Au contraire, 15% (n=8/52) n’ont bénéficié d’aucun examen complémentaire alors que l’application leur a conseillé d’aller aux urgences. Nous pouvons en déduire que l’application ne prend pas de risque en cas de doute et préfère conseiller une prise en charge médicale rapide.
À noter que 23% des parents (n=43/183) n’auraient pas changé de façon de consulter étant donné la similarité entre le conseil donné par l’application et leur choix initial.

Qui sont les patients consultants ?

Dans notre étude, les parents consultants sont jeunes, avec un ou deux enfants.
Ce constat souligne que le manque d’expérience et la nouveauté de ces situations sont des facteurs importants dans la décision de consultation. Les parents plus âgés, avec une fratrie de plusieurs enfants, semblent moins consulter pour des motifs qu’ils ont déjà rencontrés et qu’ils ont appris à gérer avec le temps. Dans son étude, J. Stagnara et al décrit 55% des appelants comme n’ayant qu’un seul enfant, ce qui va dans le sens de nos résultats (10).
Il paraît nécessaire d’apporter une information fiable et une pédagogie sur les symptômes inquiétants et ceux devant faire consulter rapidement, en particulier aux jeunes parents novices de ces situations médicales.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières
I. INTRODUCTION
A. LA SURCONSOMMATION DES SERVICES D’URGENCE
1. Les causes
a) L’inquiétude
b) La simplicité de consultation et l’accès facile et rapide au plateau technique
c) La méconnaissance de la permanence des soins
2. Les conséquences
a) Pour les patients
b) Pour les soignants
3.Mission Flash urgences
B. LA E-SANTÉ
1. Apparition de la E-santé
2. La télésanté
a) La télémédecine
b) La M-santé
c) La M-santé en pédiatrie : ce qui existe déjà
d) L’association COURLYGONE
e) L’application PediaHelp
JUSTIFICATIF DE L’ÉTUDE
II. NOTRE ÉTUDE
A. MATÉRIEL ET MÉTHODE
1. Caractéristiques générales de l’étude
2. Population d’étude : Critères d’inclusions et d’exclusions
3. Méthodologie
a) Le test de l’application
b) Le questionnaire destiné aux parents
c) Schéma du déroulé de l’étude
4. Analyses statistiques
B. RÉSULTATS 
1. Caractéristiques de la population étudiée
2. Les motivations de consultations
3. Prise en charge aux urgences et actes réalisés
4. Apport de l’application PediaHelp dans le parcours de soin
5.Comparaison : orientation donnée par l’application vs décision médicale
6. L’évaluation de l’application par les parents
C. DISCUSSION
1. Changement du parcours de soin
2. Qui sont les patients consultants ?
3. L’inquiétude : motif n°1
4. Les consultations non appropriées
5. Méconnaissance de la permanence de soins
6. Application VS médecin
7. L’avis des parents sur l’application
8. Forces et limites de l’étude
9. Hypothèses et idées nouvelles
D.CONCLUSION
E. BIBLIOGRAPHIE
F. ANNEXES
RÉSUMÉ

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *