La signification actuelle de la fête et sa place spatiotemporelle au sein d’un territoire

Le terme fête possède deux étymologies latines. La première renvoie le mot à «feria» de « fas », qui signifie « ce qui est sacré », d’où l’appellation allemande du carnaval : Fastnacht. La seconde vient du verbe « férir », c’est à dire frappé, d’où les « dies festus », les jours frappés. Cette dernière définition montre que la fête est un jour en dehors du quotidien, elle a un sens particulier, marquée d’un signe spécial, ce qui se rapproche du mot « tabou », « frappé d’un mauvais sort ». Les deux étymologies semblent renvoyer à deux types de fêtes antinomiques, les fêtes religieuses, dédiées à la célébration d’un ou de plusieurs dieux et les fêtes profanes (« pro-fanum », ce qui n’est pas sacré). Cependant, ces deux formes de manifestations se sont entrecroisées au fil des siècles. Certaines fêtes sont même passées de l’une à l’autre plusieurs fois au cours de l’histoire, en fonction du contexte. La fête antique permettait aux Hommes d’évacuer les craintes ressenties face aux forces de la nature. Elle prenait aussi la forme de rites protecteurs contre les éléments de la nature, qui pouvaient amener les mauvaises récoltes. S’inscrivant dans le rythme cyclique des saisons, elle célébrait le printemps ou les récoltes d’été et d’automne. A l’époque romaine, apparurent des fêtes liées aux dieux, comme les bacchanales ou les saturnales. Puis au Moyen Age, certaines de ces fêtes perdurèrent, bien que interdites par le pouvoir royal et religieux. Cependant, l’essentiel des fêtes à cette époque fut institué par le christianisme. Le système religieux christianisa certaines fêtes existantes ou en créa d’autres. Ensuite à l’époque dite moderne, l’évolution des traditions a provoqué la laïcisation des fêtes. Ainsi, les modes de vie ont changé, le monde rural également. Avec la modernisation de l’agriculture, sa place dans les villages ruraux n’est plus aussi importante qu’au début du XXème siècle. Des quartiers résidentiels se construisent et de nouveaux habitants arrivent, plus habitués à un mode de vie urbain. En parallèle, certaines personnes, souvent les ainées, restent attachées aux valeurs traditionnelles. La fête, expression même de la composition des individus sur un territoire, se modifie en fonction des personnes qui l’habitent. La population s’intéresse de plus en plus à son patrimoine et éprouve un besoin de retrouver son identité. En réponse à ces besoins, les fêtes traditionnelles agricoles d’autrefois ont été remplacées par des fêtes folkloriques. Elles ont pour vocation de conserver les traditions de leur territoire en représentant le passé et en mettant en valeur ses particularités afin de lutter contre l’uniformisation des cultures. Ces manifestations sont encouragées par les politiques qui y voient le moyen de mieux faire connaître leur terroir et de relancer l’économie touristique. Cette fonction politique et économique est aussi attribuée aux fêtes contemporaines, créées depuis une vingtaine d’années. En effet, les territoires y voient la possibilité de se créer une bonne image afin d’attirer la population extérieure et de se démarquer des autres. Ces nouvelles manifestations permettent aux villes et aux territoires de se donner une identité, d’affirmer leur personnalité dans un monde qui se globalise. Elles ne s’inscrivent donc plus uniquement à l’échelle locale comme le pouvaient l’être les fêtes du siècle dernier, mais à l’échelle nationale ou internationale. De plus, contrairement aux fêtes folkloriques, les fêtes contemporaines intègrent souvent la création artistique : des compagnies de rue, des musiciens, des plasticiens… sont invités.

Ces réjouissances ne sont plus aussi spontanées que jadis, souvent elles sont minutieusement organisées et sont mises en scène comme un véritable spectacle, conférant aux participants un rôle d’observateur. La fête contemporaine n’a plus beaucoup de liens avec les fêtes d’antan, ni même celles du siècle dernier. Jean Jacques Wunenberger (1977) a écrit : « Nos fêtes les plus authentiques sont ces moments choisis de l’amitié où un même souci de la perfection traverse les conversations, le repas pris en commun et le lieu où l’on se trouve. » Mais ces nouvelles fêtes n’ont-elles pas justement perdues ce côté humain et convivial ? Par un manque de plénitude et de style ces fêtes ne se démarquent plus vraiment du quotidien, d’autant plus qu’elles sont innombrables et perdent ainsi de leur lisibilité. Les fêtes se prolongent dans le temps et dans l’espace…. Aujourd’hui, les nouvelles fêtes se mélangent avec les fêtes anciennes renouvelées, les fêtes folkloriques, les fêtes religieuses, fêtes commémoratives…Cependant, la plupart des fêtes de jadis qui ont su conserver leur dynamisme encore aujourd’hui, ont repris les principales caractéristiques de la fête contemporaine. Le milieu rural a plus tendance à conserver les fêtes traditionnelles même si elles n’ont plus le même sens et le même dynamisme qu’autrefois. Au contraire, en ville, la fête traditionnelle persiste uniquement pour le folklore et la fête contemporaine se développe sous le contrôle politique.

Méthodologie et éléments nécessaires pour la recherche 

Le territoire d’étude 

Choix du territoire d’étude
Pour pouvoir réaliser convenablement la recherche, le territoire d’étude répond aux critères suivants :
➤ Etre assez étendu afin de pouvoir contenir assez de fêtes de nature différente pouvant être analysées
➤ Avoir une identité et pouvoir se distinguer de son environnement
➤ Avoir des savoir-faire et des traditions propres
➤ Etre une division administrative ou un EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunal) et se situer en France pour faciliter le travail .

L’Alsace a été choisie car elle correspond à l’ensemble de ces points. En effet, cette Région contient de nombreuses fêtes, permettant de sélectionner des exemples à la fois distincts et pertinents. De plus, elle a une identité marquée ainsi que de nombreuses traditions et savoirfaire.

Présentation du territoire 

Située dans le nord-est de la France, à côté de la Suisse et l’Allemagne, l’Alsace bénéficie d’une position privilégiée au cœur de l’Europe. En partie grâce à sa position frontalière, cette Région est l’une des plus dynamiques de France. Cependant, cette situation géographique l’a mise dans le passé au cœur de nombreux affrontements.

Son histoire mouvementée a contribué à lui donner une culture authentique, constituée de nombreuses traditions et savoir-faire, qu’elle met en scène lors des nombreuses fêtes qui rythment son calendrier. Celles-ci peuvent être classées en trois catégories : les fêtes ancestrales (carnaval, feux de la Saint Jean, fête des ménétriers…), religieuses (fêtes de Noël et Pâques) et populaires (Kilbe/Messti, fêtes gastronomiques et viticoles, corsos fleuris, …). En plus des alsaciens, ces manifestations attirent des touristes venant, en même temps, découvrir la Région et notamment son vin, sa gastronomie et son patrimoine.

Définition des principales notions de l’étude 

Le sens du mot fête a évolué dans le temps et peut être interprété de différentes façons selon le sens qu’on lui donne. Pour mieux comprendre toutes ses significations, il est préférable d’analyser plusieurs définitions d’auteurs appréhendant de manières différentes ce terme.

L’évolution du terme dans le temps
Philippe Dujardin, 2006 . Le terme «fête» est instable dans le temps. En premier «fêter » n’est pas festoyer mais « honorer » ou « solenniser ». Au XIXème siècle, l’ordre symbolique des Etats nations a été marqué par le régime commémoratif et à partir de cette époque le terme « fête » pouvait signifier « faire mémoire ». L’expression « faire la fête » n’est apparue qu’au XIXème siècle et était synonyme de débauche. Mais elle perdit sa connotation péjorative dans la seconde moitié du XXème siècle le terme « fêter » prit la signification de « festoyer ».

Définition commune
Nadine Cretin, 2003. « La fête (du latin festa, solennité ») désigne une réjouissance de caractère commémoratif, en mémoire d’un personnage ou d’un évènement, ainsi que le jour consacré à une solennité, qu’elle soit religieuse ou non (Pâques, Nouvel An, 14 juillet, fêtes des mères,…). Plus généralement, le terme s’applique à toutes les sortes de réjouissances, publiques, privées, périodiques ou occasionnelles, comme l’indique l’expression familière « faire la fête ». Au pluriel, le mot désigne en particulier les fêtes de fin d’année, la période allant de Noël au Nouvel An. » Cette définition met en avant le rôle commémoratif et calendaire de la fête, en évoquant toutefois ses autres aspects.

Définition à caractère historique
Larousse du XXe siècle, édition 1932. «Ensemble de réjouissances collectives destinées à commémorer périodiquement sinon un désordre, du moins des dérogations à l’ordre, pour obtenir ou réactualiser dans la conscience collective l’assentiment à l’ordre préconisé. C’est donc essentiellement un jeu symbolique qui restitue la praxis par rapport au mythe qui lui donne sens. La fête vaut ce que valent effectivement pour le groupe la symbolique utilisée et le mythe évoqué. De ceci découlent de notables différences entre la fête en milieu archaïque et traditionnel, et la fête dans les sociétés modernes.» Cette définition met en avant le rôle perturbateur de la fête par rapport à l’ordre qui règne au quotidien. Elle souligne également l’importance des mythes et du jeu symbolique pour les fêtes traditionnelles contrairement aux fêtes modernes.

Définition à caractère social
Jean Rieucau, 1998. La fête est avant tout « une institution de gestion et de régulation des conflits ». Elle remplit une « fonction d’expression, d’affirmation de défoulement, marquée par un dérèglement passager et voulu de l’ordre social, pour mieux le reconstruire ensuite. » Le rôle est avant tout social, en créant le désordre, l’ordre est rétablit.

Définition géographique
Di-Méo, 2001. « La fête constitue, du point de vue de la géographie, une opportunité de premier ordre pour comprendre la nature du lien territorial. Elle permet de repérer les signes spatialisés par lesquels les groupes sociaux s’identifient à des contextes géographiques spécifiques qui fortifient leur singularité. La fête possède en effet la capacité de produire des symboles territoriaux dont l’usage se prolonge bien au-delà de son déroulement. Cette symbolique festive épouse et qualifie des lieux, des sites et des paysages, des monuments ou de simples édifices. (…) De cette combinaison d’éléments symboliques émane un sens collectif profond. » La fête est le moyen de comprendre le lien qui unit l’Homme à son territoire .

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Table des matières

INTRODUCTION
METHODOLOGIE ET ELEMENTS NECESSAIRES POUR LA RECHERCHE
A) LE TERRITOIRE D’ETUDE
B) DEFINITION DES PRINCIPALES NOTIONS DE L’ETUDE
C) LE CHOIX DES FETES
1) LA FETE RENFORCE UNE VOLONTE D’IDENTITE
A) LE TEMPS ET LA PERIODICITE AU SERVICE DE L’IDENTITE
B) UNE APPROPRIATION PARTICULIERE DE L’ESPACE
2) LA FETE RENVOIE A UNE RECHERCHE D’AUTHENTICITE
A) UNE VOLONTE DE PERPETUER UN SAVOIR-FAIRE
B) UNE VOLONTE DE PROMOUVOIR UN TERRITOIRE
COMMENTAIRE FINAL
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
REVUES/PERIODIQUES/COLLOQUES
ARTICLES DE JOURNAUX
DOCUMENTS INTERNET
SITES
DICTIONNAIRES/ENCYCLOPEDIE

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