La sécurité alimentaire et les causes de la malnutrition

On définit par sécurité alimentaire lorsque toutes les personnes, en tout temps ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait à leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine [1]. La FAO estime qu’environ 870 millions de personnes sont sous-alimentées entre 2010–2012, soit 12,5 % de la population mondiale, soit près d’une personne sur 8. L’écrasante majorité d’entre elles soit 852 millions de personnes vivent dans des pays en développement, où on estime maintenant que 14,9 % de la population sont touchés par la sous-alimentation. En Afrique entre 15 et 30% des adultes sont sous alimentés chroniquement et jusqu’à 50% des enfants présentent un faible poids à la naissance [3]. En Afrique sub-saharienne un nombre important de ménage souffre d’insécurité alimentaire avec 35,4% au Burkina en 2008[4] ; 15,1% au Sénégal en 2010 [6] et 25% au Mali en 2008. La malnutrition, étant considérée comme étant la conséquence d’une consommation alimentaire insuffisante, d’une mauvaise utilisation des aliments due aux méconnaissances des bonnes pratiques nutritionnelles et/ou d’un environnement socio-sanitaire déficient. Au Mali, la mort de plus d’un enfant sur deux est liée directement ou indirectement à la malnutrition: le nombre d’enfants qui n’atteignent pas leur 5 ème anniversaire est parmi les plus élevés au monde en 2008 [7]. Selon les résultats de l’enquête SMART (Spécifique, Mesurable, Accessible, Réaliste et dans le Temps) 2011 au Mali, la malnutrition aiguë affecte 10,4% des enfants de moins de 5 ans, 27,0% souffrent de malnutrition chronique et 19,7% sont atteints de malnutrition globale.

Dans la région de Kayes l’enquête SMART 2011donne un taux de prévalence de la malnutrition aiguë de 13,0%, de la malnutrition chronique de 19,5% et de la malnutrition globale de 18,9%. Ces résultats sont supérieurs au seuil d’alerte de l’OMS de : 10% pour la malnutrition aiguë et des taux inférieurs à 35% et 29% respectivement pour la malnutrition chronique et la malnutrition globale [8]. Face à l’insécurité alimentaire et aux carences nutritionnelles le commissariat à la Sécurité Alimentaire à travers, la coopération Belge au Mali a mis en place un Programme pilote de lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition dans les cercles de Nara et de Nioro du Sahel. C’est un programme multisectoriel et multipartenaire qui œuvre en s’attaquant aux causes profondes, multiples et récurrentes de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté dans le sahel occidental. C’est pour constituer une base de données de référence pour l’implantation du programme que la présente étude d’évaluation de la sécurité alimentaire chez les enfants de 6 à 59 mois et les femmes en âge de procréer dans le cercle de Nioro du sahel en 2012 a été initiée.

Caractéristiques générales du Mali

Données physiques et socio-économiques 

Le Mali est un vaste pays sahélien d’une superficie de 1.241.238 km² situé entre les 10ème et 25ème parallèles de latitude Nord et entre les 4° de longitude Est et 12° de longitude Ouest. Il est enclavé au cœur de l’Afrique de l’Ouest et entouré de plus de 7.000 km de frontière avec 7 pays limitrophes [9]. Le relief est peu accidenté. Les plaines alluviales, très vastes, sont toutefois dominées par quelques plateaux calcaires et de grès (plateaux mandingues et dogon). Le point culminant du Mali est le Mont Hombori. Le Mali s’étend du nord au sud sur quatre grands domaines bioclimatiques (saharien, sahélien, soudanien et guinéen) et une zone écologique particulière (le delta intérieur du fleuve Niger). Il est traversé par deux grands fleuves: le Sénégal et le Niger. Le Mali compte (depuis 1999) 703 communes, 49 cercles, 8 régions et un district (Bamako, la capitale). La population est estimée à environ 14,5 millions d’habitants (RGPH, 2009) [9]. Le taux d’accroissement annuel moyen est de 3,6% sur la période 1998-2009. La population est jeune (55,2 % a moins de 19 ans, 17 %, moins de 5 ans dont 14 % âgé de 12 à 59 mois) et essentiellement rurale (69,5%) [9]. Le secteur primaire (agriculture, élevage et pêche) occupe plus de 80% de la population active et représente 45% du Produit Intérieur Brut (PIB), alors que le secteur secondaire (industrie) ne représente que 16% du PIB et le secteur tertiaire (commerce, services) 39% [9]. Le Mali dispose également d’importantes potentialités énergétiques, touristiques et minières [9]. La lutte contre la pauvreté constitue la priorité de la politique de développement du pays. La pauvreté touche plus de 2/3 des maliens. L’incidence de la pauvreté atteint 73% en milieu rural contre 20% en milieu urbain [9].

Politiques et programmes en matière d’alimentation et de nutrition

Le Mali a décidé depuis une décennie de faire de la sécurité alimentaire et nutritionnelle une des principales priorités de sa politique. Cela s’est traduit par la conception et la mise en œuvre des stratégies et programmes d’alimentation et de nutrition. La Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire (SNSA, 2002) : Elle a comme objectifs :
1. la promotion d’une agriculture productive, diversifiée, durable et généralement intégrée ;
2. Le développement, la fluidification et l’intégration sous régionale des marchés nationaux;
3. L’amélioration durable des conditions structurelles d’accès des groupes et zones vulnérables à l’alimentation et aux services sociaux de base ;
4. L’amélioration des dispositifs de prévention et de gestion des crises conjoncturelles, en cohérence avec la construction de la sécurité alimentaire structurelle ;
5. Le renforcement des capacités des acteurs de la sécurité alimentaire et la promotion d’une bonne gouvernance de la sécurité alimentaire [10].

Le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA, 2006-2015) 

concerne dans sa première phase prioritairement les 166 communes les plus vulnérables du Mali, avec pour objectifs de diversifier les activités des producteurs ruraux, de limiter l’exode rural, de créer des emplois et de réduire la pauvreté [11].

La Politique Nationale de Développement de la Nutrition (PNDN, 2012- 2021) [12] a pour objectif général d’assurer à chaque malien un statut nutritionnel satisfaisant lui permettant d’adopter un comportement adéquat pour son bien-être et pour le développement national.

Les objectifs spécifiques ciblés d’ici 2021 sont :
• Réduire de moitié la prévalence de la malnutrition aigüe chez les enfants de 0 à 5 ans et d’âge scolaire ;
• Réduire de deux tiers la prévalence de la malnutrition chronique chez les enfants de 0-5 ans ;
• Eliminer durablement les troubles liés aux carences en micronutriments (iode, zinc et vitamine A) ;
• Réduire d’un tiers la prévalence de l’anémie chez les enfants de 0 à 5 ans, d’âge scolaire et les femmes en âge de procréer ;
• Améliorer la prise en charge nutritionnelle de la femme en grossesse et du post-partum ;
• Améliorer la prise en charge des maladies chroniques liées à l’alimentation et à la nutrition ;
• Assurer un accès durable à une alimentation adéquate pour toute la population, en particulier pour les personnes vivant dans les zones d’insécurité alimentaire et nutritionnelle et les groupes à risque (personnes vivant avec le VIH/SIDA, la tuberculose et les personnes âgées etc.) [chatpfe.com].

Pour réaliser ces objectifs, les stratégies suivantes ont été identifiées:

1. La surveillance de la croissance et du développement de l’enfant : il s’agira d’assurer la prise en charge globale de l’enfant, à travers l’adaptation des courbes de croissance avec les nouvelles normes.

2. L’alimentation du nourrisson et du jeune enfant: deux résultats majeurs sont attendus :
• Porter et maintenir à au moins 80%, la prévalence de l’allaitement maternel exclusif chez les nourrissons de moins de six mois dans toutes les régions ;
• Augmenter de 50% le nombre d’enfants de 6 à 23 mois qui bénéficient d’un régime alimentaire minimal acceptable en termes de fréquence et de diversité.

3. la lutte contre les carences en micronutriments : il s’agira de répondre aux causes multiples de l’anémie en fonction des cibles par :
• Le déparasitage et les supplémentassions en fer systématiques soutenus,
•La promotion de la production et la consommation d’aliments riches en fer/acide folique incluant ceux qui sont fortifiés,
• la lutte contre le paludisme.

4. La prévention des maladies chroniques liées à l’alimentation :
• Le dépistage de ces maladies sera renforcé pour une meilleure prise en charge.
• La promotion de bonnes habitudes alimentaires et de modes de vie sains sera aussi soutenue.

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Table des matières

1. Introduction
2. Objectifs
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
3. Généralités
3.1. Caractéristiques générales
3.2. Définition des concepts
3.3. Causes de la malnutrition
4. Méthodologie
4.1. Lieu et cadre de l’enquête
4.2. Type d’enquête
4.3. Période d’étude
4.4. Population d’étude
4.5. Critères d’inclusion
4.6. Critères de non inclusion
4.7. Echantillonnage
4.8. Technique et mode de collecte des données
4.9. Saisie et analyse des données
4.10. Considérations éthiques
5. Résultats
5.1. Analyse uni variée
5.2. Analyse bi variée
6. Commentaires et discussion
6.1. Données sociodémographiques
6.2. Scores de consommation et scores de diversité alimentaires
6.3. Statut nutritionnel des femmes en âge de procréer
6.4. Statut nutritionnel des enfants de 6-59 mois
7. Conclusion
Recommandations
Références bibliographiques
Annexes

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