Il existe un grand problème que le monde n’arrive pas à éradiquer même s’il s’efforce par tous les moyens de le combattre : l’insécurité alimentaire. L’insécurité alimentaire est décrite comme une forme la plus extrême de la pauvreté. C’est du moins la réalité mais pour y ajouter, elle frappe la majorité des pays du tiers monde, surtout en Afrique et en Asie. Elle constitue un problème social, économique et politique. L’insécurité alimentaire et le développement ne vont pas en deux. Son existence dans un pays rend inefficace le développement ou encore, elle rend le pays plus pauvre qu’avant .
Le concept de la sécurité alimentaire
Le monde a largement de quoi se nourrir. Mais de nombreux pays pauvres et des centaines de millions de gens pauvres ne profitent pas de cette abondance. Ils n’ont pas la sécurité alimentaire. Qu’est ce que la sécurité alimentaire et quelles sont les conditions pour l’avoir si les aliments sont en abondance alors que nombreuses sont les personnes qui souffrent encore de la faim dans le monde. De ce fait, commencer l’étude par la connaissance du concept de la sécurité alimentaire permet d’aborder facilement les raisons pour lesquelles l’insécurité alimentaire frappe plusieurs gens.
Définitions
La sécurité alimentaire
Le concept de la sécurité alimentaire est un sujet très récent qui s’est développé dans les années 70. Il a évolué de considération plutôt quantitative et économique vers une définition tenant compte de la qualité et de la dimension humaine. Il est d’abord important de définir ce qu’est la sécurité alimentaire avant d’aborder les problèmes de l’insécurité alimentaire. Plusieurs définitions ont été avancées, par des entités internationales :
– La première définition est apparue en 1975 et donnée par l’Organisation des Nations Unies(ONU) : C’est « la capacité de tout temps d’approvisionner le monde en productivité de base, pour soutenir une croissance de la consommation alimentaire, tout en maitrisant les fluctuations et les prix ».
– Selon la définition donnée par le FAO, une organisation pour l’alimentation et l’agriculture, pendant l’année 2000 : la sécurité alimentaire est « la situation caractérisée par le fait que toute la population a en tout temps un accès matériel et socio-économique garantit à des aliments sans danger et nutritifs, en quantité suffisante pour couvrir les besoins physiologiques, répondant à ses préférences alimentaires, et lui permettant une vie active d’être en bonne santé ».
– Pour la Banque Mondiale en 1986, la description de cette notion est plutôt simple: c’est « l’accès permanent de tous aux denrées alimentaire » nécessaires pour mener une vie saine et active.
La première chose évoquée lorsqu’on parle de cette notion est avant tout la nourriture ou les produits alimentaires. Si on se limite simplement à cette dernière, la sécurité alimentaire veut dire que chaque ménage ou pays produit lui-même en suffisance la nourriture dont il a besoin, ou que chaque ménage ou pays a les moyens d’acheter des aliments produits ailleurs. Viennent ensuite, après la nourriture, les conditions sanitaires et les accès physiques et socio-économiques l’accompagnant. Ces quatre principales besoins définissant la sécurité alimentaire sont englobés dans les grandes dimensions la caractérisant.
Le droit à l’alimentation
L’alimentation est un besoin physiologique de l’être humain. Et quelque soit les moyens financières et non financières que disposent une personne ou un ménage, acquérir l’alimentation est très essentiel pour survivre avant de satisfaire les autres besoins qui tendent vers le bien-être de chacun. Si on se réfère à la pyramide des besoins déterminés par Maslow, les besoins nutritionnels sont classés dans les besoins de sécurité et ce sont des besoins de base que chaque personne doit avoir. Chaque personne a donc le droit d’être nourrie pour assurer quotidiennement sa survie. C’est ainsi qu’en 1948, La Déclaration Universelle des droits de l’Homme ou DUDH a stipulé dans parmi ces différents articles le droit à l’alimentation. C’est « le droit d’avoir un accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit au moyen d’achats monétaires, à une nourriture quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issus le consommateur, et qui assure une vie psychique et physique, individuelle et collective, libre d’angoisse, satisfaisante et digne ».
La souveraineté alimentaire
Il est toutefois noté que plusieurs pays en développement n’ont pas ses propres systèmes alimentaires pour en dépendre aux dictats des marchés internationaux et de l’importation des produits alimentaires. Cette dépendance en est une cause de la crise alimentaire à travers le monde. Dotant d’une souveraineté alimentaire s’avère par conséquent important pour un pays. La souveraineté alimentaire est « le droit des peuples et des Etats de déterminer eux-mêmes leur politique alimentaire et agricole sans porter atteinte à d’autres. Il s’agit donc du droit des peuples à choisir une alimentation saine, culturellement adaptée, produite durablement et tournée en priorité vers les marchés locaux ».
De nombreuses organisations paysannes et de solidarité comme Via Campesina (un mouvement international de paysans) et PFSA (Plate-forme pour la Souveraineté Alimentaire) considèrent que la promotion de cette souveraineté est le meilleur moyen de faire triompher le droit à l’alimentation. C’est aussi un système permettant à un pays d’augmenter leur production afin d’améliorer leur niveau d’autosuffisance alimentaire. La souveraineté alimentaire représente un concept important pour la sécurité alimentaire parce que delà peut-être juger un pays capable de réunir indépendamment des autres et dans l’ensemble les conditions nécessaires pour nourrir sans problème la population entière.
Les principales dimensions de la sécurité alimentaire
Ils sont de nombre de quatre et connaître ces dimensions s’avère utile pour caractériser les niveaux de la sécurité alimentaire dans un pays.
– Le premier est la disponibilité des produits alimentaires à l’intérieur d’une nation, grâce à une production agricole suffisante (on inclut ici l’élevage et la pêche), ainsi qu’à une capacité de leur importation et stockage. Cette dernière est par exemple nécessaire pour les pays frappés par des catastrophes naturelles comme sécheresse ou cyclones et sans oublier pour les paysans passant dans une période de soudure. Il est toutefois noté que des personnes pratiquant l’autoconsommation sont réputées aussi comme celles ayant des produits alimentaires disponibles.
– La seconde décrit l’accessibilité aux denrées alimentaires avec des moyens de subsistance adéquats. Trois accès sont les plus importants pour permettre d’avoir ces denrées. Il faut, pour chaque personne, posséder un pouvoir d’achat suffisant. Celui-ci dépend des moyens financiers que l’individu a en main. D’autre part, les infrastructures de transport de bon état sont indispensables afin de distribuer les denrées alimentaires à travers une localité. Viennent ensuite l’accès à des systèmes de commercialisation et de distribution efficaces. Ces derniers sont marqués surtout par la définition des différents prix qu’on doit attribuer aux produits alimentaires.
– La troisième définit la qualité ou salubrité de l’alimentation, notamment nutritionnelle et sanitaire. En générale, l’apport nutritionnelle de chaque personne est fixé au seuil de 2500 kcal/ jour (ceux des enfants moins de 15 ans sont exclus). C’est la moindre chose que tout individu doit avoir. Définir les valeurs nutritionnelles et énergétiques de chaque groupe alimentaire nécessaire à notre alimentation quotidienne dépend toutefois de la diversification alimentaire de différents cultures et pays. La qualité sanitaire caractérise ici l’hygiène sur la consommation des aliments et la propreté. L’accès à l’eau potable s’ajoute comme un besoin très essentiel parce que c’est une bonne prévention contre les graves maladies.
– La dernière dimension est la stabilité des approvisionnements permettant de prévenir les crises alimentaires. Cette stabilité se trouve au niveau des ménages (stabilité financière, par exemple avoir un salaire fixé et permanent), et au niveau de l’Etat (stabilité politique et sociale). La stabilité climatique y est incluse et il est aussi ajouté que les pays qui ne sont pas frappés fréquemment par des perturbations géographiques (séismes et éruptions volcaniques) peuvent être dans un état de stabilité par rapport à l’approvisionnement alimentaire.
D’après ce qui est dit, la sécurité alimentaire est une notion très élargie. Sa détermination implique d’autres notions indispensables d’où la souveraineté alimentaire et le droit d’alimentation. D’autant plus que sa définition a abouti aux différentes dimensions la caractérisant. Pour raccourcir d’une façon plus déterminante la définition de la sécurité alimentaire, la sécurité alimentaire est la possibilité, pour tous, de disposer en permanence d’une alimentation suffisante pour être en bonne santé et mener une vie active. Ces différentes notions et ces quatre dimensions permettent l’appréciation de la situation alimentaire dans un pays et la comparaison par rapport à d’autres. Au-delà de ce concept, plusieurs conditions de la sécurité alimentaire ne sont pas respectées et c’est à partir de cette réalité que naisse l’insécurité alimentaire.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 : La sécurité alimentaire et la vulnérabilité alimentaire du point de vue global
• Section 1 : le concept de la sécurité alimentaire
1) Définition
a) La sécurité alimentaire
b) Le droit à l’alimentation
c) La souveraineté alimentaire
2) Les principales dimensions de la sécurité alimentaire
• Section 2 : le concept de l’insécurité alimentaire ou la vulnérabilité alimentaire
1) La vulnérabilité selon SEN
2) Les aspects présentant l’insécurité alimentaire dans le monde
2.1) les causes essentielles
2.1.1) La flambée des prix des denrées alimentaires
a) Les facteurs liés à l’offre
b) Les facteurs liés à la demande
2.1.2) L’explosion démographique
2.1.3) La pauvreté urbaine en hausse
2.1.4) La dépendance alimentaire à l’importation
2.1.5) Les catastrophes naturelles et humaines
a) Les catastrophes naturelles
b) Les catastrophes d’origine humaine
2.2) Les impacts de l’insécurité alimentaire
2.2.1) La vulnérabilité accrue des ménages pauvres dans les pays en développement
a) Le pouvoir d’achat
b) Les incidences sur l’état nutritionnel
c) Les stratégies d’adaptation non alimentaire
d) Les effets positifs de la hausse des prix des denrées alimentaires chez les ménages agricoles
• Section 3 : Les perspectives et objectifs principaux de la gouvernance mondiale face à l’insécurité alimentaire
1) Les réponses à la flambée des prix des denrées alimentaires
2) Le cadre stratégique global à la lutte contre la faim
a) Le premier front : promouvoir le développement rural
b) Le second front : garantir l’accès à l’alimentation
3) L’adaptation de la production agricole au changement climatique
Partie 2 : Analyse de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité alimentaire à Madagascar
Aperçu générale
Le concept du développement
• Section 1 : Les différentes causes de l’insécurité alimentaire à Madagascar
1) La vérification des quatre dimensions de la sécurité alimentaire
1.1) La disponibilité
1.2) L’accessibilité
1.3) Qualité et salubrité
1.4) Les aspects nutritionnels
2) Le lien entre la vulnérabilité et l’insécurité alimentaire
• Section 2 : La malnutrition : une conséquence majeure de l’insécurité alimentaire à Madagascar
1) La malnutrition protéino-énergétique
1.1) La malnutrition maternelle
1.2) La malnutrition infantile
a) Le retard de croissance
b) L’émaciation
c) L’insuffisance pondérale
2) Les carences en micronutriments
• Section 3 : Politiques et stratégies de lutte contre la malnutrition
1) Historiques
2) La politique Nationale de Nutrition (PNN)
Son but
Ses objectifs
Ses stratégies
Un système de coordination et de suivi
Conclusion
Recommandation
Glossaires
Références bibliographiques
Annexe