Soutenance mémoire
À Madagascar, près de 75% de la population estimée à 22,3 millions en 2013/14 habitent dans les zones rurales. Comme la plupart des pays en développement, dans le pays l’agriculture est la base de l’économie et contribue pour 28,3 % au Produit Intérieur Brut (PIB) et emploie environ 70 % de la main d’œuvre active (Food and Agricultural Organisation ou FAO, 2013). Les deux tiers de la production agricole proviennent des ménages qui pratiquent une agriculture de subsistance généralement basée sur la culture du riz. Or, les changements climatiques flagrants d’aujourd’hui ainsi que beaucoup d’autres facteurs incontrôlables directement par l’homme, déstabilisent cette activité au détriment de la majorité des citoyens. Au cours de ces dernières années, la production agricole a régulièrement diminué du fait des effets conjugués de la sécheresse et de l’insécurité (FAO, 2013). Pour diminuer ce risque, l’un des principaux objectifs de l’Etat est d’inciter la pluriactivité des ménages ruraux en favorisant l’offre de travail non agricole et ainsi la diversification des revenus.
En effet, la pluriactivité peut être un moyen d’assurer la survie des exploitations en difficulté en zones défavorisées à travers le relèvement du revenu global des ménages (BUTAULT et al. 1999). Dans un sens où la participation à des activités non agricoles augmente le revenu, elle permettrait au ménage soit de réduire la variation du revenu global par compensation à la faiblesse du revenu agricole, soit d’investir dans l’amélioration de l’exploitation agricole ou encore d’augmenter le niveau d’épargne. Dans chacun de ces cas, la diversification du revenu donne au ménage l’opportunité de renforcer la sécurité alimentaire et de surmonter les chocs engendrés par les cataclysmes naturels. Les activités non agricoles occupent de ce fait un rôle important dans la durabilité du développement rural. Par ailleurs, ces activités sont très diversifiées selon le pays, la région, voire même les localités ; le choix du ménage d’y participer dépend d’un côté des caractéristiques de l’activité en question, et d’un autre côté des caractéristiques de la famille et de ses membres. L’impact du revenu non agricole est par conséquent très variable selon la zone, l’activité génératrice de revenu, la catégorie de population étudiée et la méthode d’analyse (ZHU, 2002).
Madagascar est un pays où 28% des ménages ruraux souffrent d’insécurité alimentaire (FAO, 2013). Les situations les plus graves sont constatées surtout dans les régions du sud ; selon la FAO en 2013, au niveau régional, la prévalence des ménages en insécurité alimentaire sévère est plus élevée dans le sud du pays. Etant donné que l’activité de base de la population est l’agriculture, le revenu agricole occupe donc une place importante dans la survie des ménages. Cependant, il constitue également un handicap sérieux lors des cataclysmes naturels qui touchent presque chaque année la Grande Ile. En 2013, l’invasion acridienne a fait des ravages sur la production agricole, engendrant une diminution importante du rendement national, et en entraînant la population plus pauvre dans l’insécurité alimentaire. L’impact le plus important est localisé dans le sud du pays.
MATERIEL ET METHODES
Matériel
Choix du thème
Depuis 2007, de nombreux acteurs de la Filière jatropha, œuvrant dans l’exploitation industrielle se sont implantés dans la partie Sud de l’île. L’émergence de ces exploitations a favorisé la création d’emploi rural et donc d’une autre alternative de revenu extra agricole pour une population dépendante en grande partie de l’agriculture de subsistance annuellement victime de cataclysme naturel ; d’où l’importance d’analyser l’impact de ce revenu sur la sécurité alimentaire des ces ménages.
Choix de la zone d’étude
Le profil régional du Score de Consommation Alimentaire ou SCA montre que les régions du sud enregistrent les pourcentages de ménages à consommation pauvre les plus élevés. La Commune Rurale de Fenoarivo se situe à 100 km à L’ouest du District d’Ambalavao de la Région Haute Matsiatra et à 38 km de la Route Nationale N°7. La commune a une superficie de 1200 km² ; elle est délimitée administrativement au Nord par la Commune Rurale (CR) de Tanamarina Sakay (District Ikalamavony), à l’Est par la CR d’Ambinaniroa, au Sud par la CR de Zazafotsy (District d’Ihosy) et à l’Ouest par la CR de Tanamarina Bekisopa (District d’Ikalamavony). Elle est divisée en cinq (5) fokontany dont Fenoarivo, Kilalo, Maroilo, Ambondrombe et Mahavanona.
Trois (3) fokontany et un (1) village ont été choisis pour cette étude en fonction de leur distance par rapport aux plantations et les restrictions de travail (GRASS et ZELLER, 2011), qui sont respectivement Fenoarivo, Maroilo et Sakafia. Un focus group a été réalisé dans le fokontany de Mahavanona pour collecter l’avis global de la population sur le thème. Ces villages représentent l’ensemble de la population qui vit dans les environs de 10 km de la plantation industrielle de jatropha ou le « Jatrogreen ». Le fokontany de Sakafia est le plus proche de l’exploitation, puis Fenoarivo et enfin Maroilo qui est le plus éloigné .
Démarche conceptuelle et théorique
Concept de la sécurité alimentaire
A Madagascar, la majorité des hommes et des femmes en zones rurales dépende entièrement de l’agriculture, d’où leur vulnérabilité quand les cataclysmes naturelles affecte la production. En effet, la difficulté de la vie rurale et le manque de perspective qu’elle offre accentue l’insécurité alimentaire des ménages. Actuellement, faire en sorte que les populations en zone rurale aient davantage accès à des emplois est un défi majeur pour le gouvernement (FAO, 2014). Dans ce sens, outre les objectifs énergétiques, l’Etat soutient le développement du secteur jatropha industriel sur le territoire malagasy du fait qu’il s’accompagne d’une opportunité d’emploi et de source de revenu pour la population.
En général, la sécurité alimentaire d’un ménage dépend de ses revenus et de ses biens, tels que la terre et les autres ressources productives dont ils disposent. Cependant, les ménages ruraux ayant un accès limité aux moyens de production comme la terre, dépendent essentiellement des emplois ruraux pour survivre et satisfaire leurs besoins quotidiens surtout en alimentation. Ces ménages dépensent 70% de leur revenu dans l’alimentation ; le régime alimentaire du ménage dépend donc de son pouvoir d’achat (FAO, 2013). Dès lors que le revenu augmente, les ménages consomment davantage de nourriture en quantité et en qualité ; l’état de la sécurité alimentaire est donc meilleur.
Définition
Selon la définition officielle adoptée lors du Sommet Alimentaire Mondial de 1996 à Rome, « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active» (FAO, 2008, p.1) Selon une publication de la coopération luxembourgeoise au développement sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, pour atteindre la sécurité alimentaire, un pays doit remplir les trois (3) conditions suivantes : assurer l’approvisionnement d’aliment nutritif; optimiser la stabilité du flux d’approvisionnement alimentaire et enfin assurer pour chaque ménages tout les moyens nécessaires de se nourrir correctement (moyens matériels, sociaux et économiques).
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Table des matières
INTRODUCTION
1 MATERIEL ET METHODES
1.1 Matériel
1.1.1 Choix du thème
1.1.2 Choix de la zone d’étude
1.2 Méthodes
1.2.1 Démarche conceptuelle et théorique
1.2.1.1 Concept de la sécurité alimentaire
a. Définition
b. Les quatre (4) piliers de la sécurité alimentaire
Disponibilité physique des aliments
Accès économique et physique des aliments
Utilisation des aliments
Stabilité des trois (3) dimensions précédentes
1.2.1.2 Emploi rural
a. Définition de l’emploi rural selon la FAO
b. Facteur déterminant la participation des ménages à une activité source de revenu
c. Partenariat entre investisseurs dans la filière jatropha et paysans
1.2.1.3 Concept de revenu
a. Différentes sources de revenu du ménage
b. Théorie sur la pluriactivité des ménages agricoles et l’impact sur le revenu des ménages
1.2.2 Démarche commune de vérification des hypothèses
1.2.2.1 Phase préparatoire
a. Documentation : bibliographie
b. Collecte de données
Entretien auprès des personnes ressources
Données primaires
Données secondaires
Focus group
Enquête auprès des ménages ruraux
Echantillonnage
Questionnaire
1.2.2.2 Phase de traitement des informations
1.2.3 Démarche spécifique de vérification des hypothèses
1.2.3.1 Démarche de vérification de l’Hypothèse 1 : « les produits agricoles
disponibles pour l’alimentation sont faibles pour les ménages jatro»
a. Analyse de prix des denrées alimentaires
b. Analyse de la disponibilité alimentaire
Etape de calcul de la quantité de produit disponible
Classification des ménages selon l’Analyse Factorielle Discriminante
1.2.3.2 Démarche de vérification de l’Hypothèse 2 « le revenu des ménages jatro plus élevé que celui des ménages non jatro »
a. Analyse du revenu à travers la contribution de chaque source de revenu au revenu total
L’indice de Gini
Décomposition de l’indice de Gini par source
b. La répartition de chaque source de revenu sur le revenu total
Classification des ménages selon leurs ressources en terre, puis en actif et enfin selon le nombre d’année d’étude du Chef de ménage
Base de la décomposition du revenu total par source
c. Comparaison du revenu moyen des ménages jatro et ménage non jatro
Les types de classification des ménages considérés dans l’étude
Comparaison du revenu moyen des ménages travailleurs et non travailleurs au Jatrogreen par le test-t (Test de Student)
1.2.3.3 Démarche de vérification de l’Hypothèse 3 « le revenu du jatro améliore l’accessibilité alimentaire des ménages»
a. Utilisation du revenu jatro
b. Mode de consommation alimentaire
Détermination du Score de Consommation Alimentaire
Etape de calcul du Score de Consommation Alimentaire
Les différentes groupes d’aliments et leurs poids respectif
Choix de la qualité de consommation
1.2.4 Cadre conceptuel de l’impact
1.2.5 Limites de l’étude
1.2.5.1 Limite durant l’enquête
1.2.5.2 Limite liée à l’échantillon étudié
1.2.6 Chronogramme des activités
2 RESULTATS
2.1 Disponibilité alimentaire
2.1.1 Marché et prix des denrées alimentaires de base
2.1.1.1 Principaux denrées de base
2.1.1.2 Caractéristiques du marché
a. Marché hebdomadaire de Fenoarivo et le marché d’Andonaka
b. Collecte des produits aux sources
c. Evolution des prix des denrées alimentaires et des légumineuses
2.1.2 Disponibilité alimentaire globale
2.1.3 Disponibilité alimentaire des ménages
a. Classification des ménages
b. Disponibilité alimentaire des différents groupes de ménage
c. Principales utilisations de la production
Aliments de base : riz, manioc et maïs
Légumineuses : arachide, voandzou et haricot
2.2 Analyse du revenu des ménages
2.2.1 Différentes sources de revenu
2.2.1.1 Contribution de chaque source de revenu à l’inégalité du revenu total
2.2.1.2 Répartition des revenus des ménages par source
a. Répartition des revenus du ménage selon le nombre d’actif
b. Répartition des revenus du ménage par source selon le nombre d’années d’étude du Chef de ménage
c. Répartition des revenus des ménages par source selon la superficie agricole cultivée par tête
2.2.1.3 Différence de revenu entre ménage jatro et non jatro
a. Comparaison des ménages jatro et non jatro selon le nombre d’actif, nombre d’années d’étude du chef de ménage et la superficie agricole cultivée par tête
b. Différence de revenu entre ménage jatro et non jatro selon leurs classe (AFD)
2.3 Utilisation des revenus du ménage et la consommation alimentaire
2.3.1 Utilisation du revenu jatro
2.3.1.1 Analyse basée sur le nombre d’actif des ménages
2.3.1.2 Analyse basée sur le nombre d’année d’étude des ménages
2.3.1.3 Analyse basée sur la superficie agricole cultivé
2.3.2 Le niveau de consommation alimentaire des ménages
2.3.2.1 Score de consommation alimentaire
a. Profil du SCA des ménages jatro et non jatro selon le nombre d’actif
b. Profil de la SCA des ménages jatro et non jatro selon le nombre d’année d’études du Chef de ménage
c. Profil du SCA selon la superficie agricole cultivée par tête
2.3.2.2 Score de diversité alimentaire
3 DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
3.1 Discussions
3.1.1 Disponibilité alimentaire des ménages
3.1.1.1 Grands producteurs de manioc
3.1.1.2 Marché des produits agricoles
3.1.1.3 Ménages jatro et la disponibilité alimentaire
3.1.2 Niveau d’accessibilité des ménages
3.1.2.1 Inégalité de revenu et la source de revenu
3.1.2.2 Source de revenu et le rôle du revenu jatro
a. Analyse selon le nombre d’actif
b. Analyse selon le nombre d’année d’études du Chef de ménage
c. Analyse selon la superficie agricole cultivée
3.1.2.3 Pas de différence significative entre le revenu total des ménages jatro et non jatro
3.1.2.4 Revenu jatro comme source de revenu plus fiable
3.1.3 Utilisation du revenu
3.1.3.1 Revenu jatro utilisé principalement dans les dépenses alimentaires
3.1.3.2 Durabilité de la sécurité alimentaire à travers l’investissement dans l’éducation des jeunes
3.2 Recommandations
3.2.1 Valoriser la disponibilité importante du manioc
3.2.2 Optimisation des revenus extra-agricoles
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
