L’émergence du mode opératoire du terrorisme moderne : la prise d’otage de Munich 1972
Lors des Jeux de Munich, la sécurité n’est pas forcément une priorité, le village olympique n’est pas filtré et le service de sécurité plutôt léger. Au matin du 5 septembre, un commando de huit individus s’introduit dans le village olympique, ils se revendiquent de l’organisation Palestinienne Septembre noir. Ils tuent deux membres de la délégation israélienne et en prennent onze autres en otage. Ils demandent la libération par l’État israélien de deux cents trente-six « détenus révolutionnaires ». Après une journée de négociation, les terroristes réussissent à se voir concéder un avion afin de partir vers l’Egypte. Ils sont emmenés avec leurs otages vers l’aéroport. La police allemande décide de faire intervenir des tireurs d’élites. L’un des terroristes tua alors quatre otages, un autre lança une grenade dans l’un des hélicoptères qui avaient servis à leur transfert. Le bilan fut extrêmement lourd : les onze otages perdirent la vie, ainsi qu’un policier et cinq terroristes sur les huit. 99 Les compétitions interrompues par le CIO reprendront après trente-six heures de pause, car selon le président du CIO : « The Games must go on. »100 Les terroristes survivants furent remis quelques mois plus tard, par les autorités allemandes, en échange d’un avion de la Lufthansa détourné par l’organisation Septembre noir. Après ça, la sécurité deviendra une « obsession pour tous les États qui accueillent les JO […], la trêve olympique de l’Antiquité laisse définitivement la place à l’état de siège. ». L’impact de la prise d’otage de Munich s’étend bien au-delà du champ olympique, elle a fait prendre conscience aux décisionnaires des lacunes des forces de sécurité pour faire face à ce type de menaces terroristes. En conséquence de cet événement de nombreux pays mettront en place des unités de contre-terrorisme d’élite au sein de leurs forces de sécurité intérieure. C’est le cas de la France, puisque c’est en réaction à cet attentat que le GIGN, groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale sera créé en 1974.
Les Jeux d’hiver d’Innsbruck 1976
Les Jeux d’hiver de 1976 devaient à l’origine se dérouler dans la ville de Denver aux ÉtatsUnis, mais les habitants de cette municipalité ont refusé à la dernière minute la tenue des Jeux en raison de leur coût environnemental et économique pour la ville. Ce revirement de dernière minute a eu pour conséquence l’attribution des JO d’hiver de 1976 à la ville d’Innsbruck, qui se situe en Autriche, non loin de Munich. Cette ville avait accueilli l’édition 1964 des Jeux d’hiver, ce qui a permis une réorganisation plus rapide. La localisation de ces jeux entraîna un malaise en raison de sa proximité avec Munich et une pression particulière fut mise pour assurer la sécurité de cette édition.
Les Jeux de Barcelone en 1992
Deux menaces particulièrement virulentes ont pesé sur cette édition des Jeux : les séparatistes Catalan et les basques du groupe ETA. Des négociations auraient été menées pour neutraliser la menace de l’ETA. L’organisation a déclaré l’année précédant les Jeux que ces deniers ne représentaient pas un objectif prioritaire. Le budget consacré à la sécurité s’est élevé à un équivalent 330 millions d’euros. En termes de moyens humains et matériels, c’est 5000 soldats qui ont sécurisé la frontière avec la France, et 40 000 hommes pour assurer la sécurisation des Jeux en eux-mêmes. Une centaine de navires militaires et quatre sous-marins de poche ont été mobilisés pour contrôler le port.
La COP 21
Du 30 novembre au 12 décembre 2015, soit quelques jours après les attentats sanglants du 13 novembre, la France a accueilli 150 chefs d’États et de gouvernement, accompagnés de 25 000 délégués, sur le site du parc des expositions du Bourget, pour la 21ème conférence des pays parties à la convention des Nations Unies sur le changement climatique (COP 21). La COP 21 est un événement de même nature que le G7, au sens où il demande d’accueillir de nombreuses personnalités politiques et institutionnelles, mais d’un nombre de pays bien plus élevé qu’un G7. La France a rétabli, en exception prévue au Schengen, le contrôle aux frontières à partir du 13 novembre et les attentats. 8000 policiers et gendarmes ont été déployés pour assurer cette sécurisation des frontières. Des restrictions importantes de circulation ont été imposées, notamment la fermeture de l’autoroute A1, tout en tentant de maintenir au maximum le confort des usagers franciliens, problématique qui se retrouvera lors des Jeux. La conférence a eu lieu sur le site du Bourget dans une « Zone bleue » de sécurité sous contrôle des Nations Unies. La sécurité a été garantie par une centaine de gardes des Nations Unies épaulés par 300 agents de sécurité privée. La sécurisation des personnalités par leurs propres services de sécurité en plus des services français, ainsi que le schéma dans lequel se déroulait la COP, à savoir le lieu central tenu par une sécurité privée, permettent d’alimenter la réflexion relative à la sécurité des Jeux notamment le village olympique et la sécurisation des personnalités notamment les chefs d’États.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 – Le cadre de la sécurité des Jeux de Paris 2024
Chapitre 1 – Le cadre de la sécurité des Jeux : historique et expérience française
Section 1 – Une histoire sécuritaire des Jeux : l’évolution des enjeux et des réponses
Section 2 – Une expérience française de la sécurité des grands événements
Chapitre 2 – Une évaluation des menaces pesant sur les Jeux de 2024
Section 1 – L’évaluation initiale des menaces
Section 2 – L’actualisation de l’évaluation des menaces
Partie 2 – La sécurisation des JO 2024 : des acteurs et des moyens à la hauteur des enjeux
Chapitre 1 – L’État acteur central de la sécurité des Jeux
Section 1 – Les acteurs étatiques décisionnels de la sécurité des Jeux
Section 2 – Les acteurs étatiques opérationnels de la sécurité des Jeux
Section 3 – La nécessité d’une coopération sécuritaire internationale et européenne renforcée
Chapitre 2 – La coproduction de sécurité des Jeux : une nécessité au regard des enjeux
Section 1 – Coproduction de sécurité et partage des missions de sécurisation
Section 2 – L’analyse sectorielle des sécurisations : l’application opérationnelle de la coproduction
Section 3 – Les nouvelles technologies au service d’une sécurité optimale
Conclusion
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