La Seconde Guerre mondiale
Une conscience des événements
Que ce soit durant la guerre en elle-même ou dans son entrée comme sujet d’étude et de recherche, les archivistes se sont toujours placés comme relais vivants de l’histoire, ont toujours conservé un intérêt pour le contexte dans lequel ils vivaient, une certaine conscience des événements qui les entouraient.Ainsi, nombreux sont ceux à avoir écrit durant cette période de la Seconde Guerre mondiale, à avoir conservé, de leur main et sous la forme de journaux, une trace des événements, afin d’assurer que l’on n’oublie pas ce qu’il s’était passé, dont l’importance a été de suite perçue par les archivistes. Parmi ses récits, on retrouve deux exemples différents, illustrant la diversité du profil des témoignages des archivistes à cette époque, avec un cinquantenaire en poste dans un département, bien impliqué dans la vie locale, et un jeune combattant de la Résistance maquisarde.Tout d’abord existe le journal de Hyacinthe Chobaut, archiviste du Vaucluse, né en 1889, et installé depuis une dizaine d’années dans ce département quand commence la guerre. C’est tout juste à ce moment qu’il entame l’écriture d’un journal, en janvier 1939, et le tient jusqu’en août 1946, une fois la guerre terminée. Durant le conflit, il le garde en sécurité dans les bâtiments fortifiés du Palais des Papes, qui accueillent le service des archives, avant que sa femme ne le dépose officiellement dans celui-ci à la fin des années 1970, afin qu’il puisse être exploité par les chercheurs. C’est ainsi que Violaine Challéat, elle-même chartiste, le retrouve et l’utilise pour sa thèse, démontrant tout l’intérêt de ce témoignage pour la construction de l’histoire, comment l’archiviste Hyacinthe Chobaut a laissé une trace des événements qu’il vivait. Ainsi, il évoque tous les sujets de la vie quotidienne, la politique locale comme internationale, l’économie, ou encore les évolutions militaires du conflit et les atrocités nazies qui commencent à être connues.En vérité, comme le précise Violaine Challéat, l’écriture de ce récit a été précédée par une autre, journal très court celui-ci, datant de septembre et octobre 1938, où l’auteur sent déjà l’histoire se jouer sous ses yeux. A lieu alors la crise des Sudètes, durant laquelle l’Allemagne nazie envahit cette région de la Tchécoslovaquie et où les Accords de Munich, signés par Édouard Daladier, Neville Chamberlain et Benito Mussolini, reconnaissent cette zone à Hitler. Face à cette crise, Hyacinthe Chobaut ressent le besoin de témoigner, la justesse de son jugement l’alertant contre ce qui se prépare, et il répète cette action
quelques mois plus tard. A partir du début de janvier 1939, il note quotidiennement ses impressions et ressentis, sur « près de quatre milles pages manuscrites », avec comme principe de base de diversifier au maximum la provenance de ces informations. Utilisant la presse, française puis suisse ou italienne (dont la relative proximité lui facilite la réception), il se réfère également à ce qu’il entend et apprend en étant directement au contact de la population ou d’institutions comme la préfecture de laquelle il dépend par sa fonction d’archiviste. Cette propension à utiliser des sources variées et complémentaires, identique à un travail scientifique, est une des preuves de l’implication portée par l’auteur à son propre témoignage et à ce qui en restera pour l’histoire. Dans son journal, Hyacinthe Chobaut retrace la vie de son service des Archives départementales du Vaucluse, relatant les évacuations de certains fonds, les difficultés liées aux pénuries ainsi que son rôle de protecteur, professionnel appliqué, vis à vis des documents laissés par les administrations allemandes et vichyssoises à la Libération, à préserver malgré le climat de rejet ambiant.
Existe également l’exemple d’Yves Pérotin, cité précédemment comme membre des FFI. Son récit de la Seconde Guerre mondiale, publié en 2014 sous l’impulsion de sa fille, Anne Pérotin-Dumon, elle-même archiviste-paléographe, avait été proposé aux éditeurs dès la fin de la guerre, mais écarté pour « la faible notoriété et la jeunesse de l’auteur », à une période où les souvenirs de guerre fleurissaient dans les librairies. Bien qu’entré à l’École des chartes en 1942 et ayant interrompu sa scolarité rapidement pour s’engager dans la Résistance, ses écrits contiennent déjà toutes les caractéristiques d’une écriture qualifiée de chartiste. A la manière d’un élève de l’École des chartes, il se documente constamment, dès qu’il souhaite aborder un sujet qu’il ne connaît pas à la perfection ou un événement qu’il n’a pas luimême vécu. Il parvient à recouper les témoignages oraux ainsi que les informations écrites. Dans sa préface de l’ouvrage, Gilles Vergnon souligne ainsi son « évidente recherche stylistique, chargée (mais jamais surchargée) de références mythologiques, historiques et littéraires […]. On n’est pas chartiste pour rien ». Ainsi, passionné d’histoire antique, il multiplie les images, en reprenant des événements
tels que les Guerres puniques par exemple. La qualité d’écriture de l’historien se mêle donc ici avec le récit d’un combattant.
Cette expérience du maquis racontée par un jeune intellectuel a été rédigée entre juillet 1945 et décembre 1946, car pour Yves Pérotin, l’important était de ne pas perdre ses souvenirs. En tant que futur archiviste, il est conscient de cette nécessite de mettre à l’écrit ce qu’il a vécu avant qu’il ne l’oublie, de laisser une trace pour les chercheurs à venir, dont il est certain de l’intérêt qu’elle constituera. La rigueur de sa formation se fait également ressentir lorsqu’il précise qu’il ne mentionnera dans son récit que des faits réels, sans prétention, en préférant se taire sur ce dont il n’est pas certain.A la fin de la guerre, Yves Pérotin, nommé dans le Lot-et-Garonne, devient comme beaucoup d’autres le premier correspondant de son département pour la Commission d’histoire de l’occupation et de la libération de la France (CHOLF).
Aujourd’hui assimilé à l’Institut d’histoire du temps présent, cette commission est créée immédiatement après la Libération, en fin d’année 1944. La CHOLF, devenue en 1951 Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, avait comme objectif de « procéder à toutes recherches, études et publications relatives à la Deuxième Guerre mondiale ». Faire l’histoire de la guerre, tel était le but premier de cette initiative ministérielle, gérée par le Centre national de la recherche scientifique, organe neutre et dont les publications scientifiques sont voulues objectives, critère indispensable à l’action que voulait mener la CHOLF. Touchant à une période encore récente et donc très sensible, ce rattachement était l’assurance de la non implication politique du gouvernement, alors que certaines personnes appréhendaient une « tentative d’histoire officielle ».
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Table des matières
INTRODUCTION
LES ARCHIVISTES ET LEUR TEMPS
1. L’École nationale des chartes : une formation originale
1.1.Un certain rapport à l’histoire
1.2.Une communauté chartiste
1.3.Des devenirs parfois éloignés des métiers de la conservation
2. L’affaire Dreyfus : point culminant de l’engagement chartiste
2.1.Une affaire d’ampleur nationale
2.2.Une place importante occupée par les chartistes
2.3.De fortes tensions
3. La Seconde Guerre mondiale
3.1.L’archiviste : un professionnel consciencieux
3.2.Une attitude hétérogène face à l’occupant
3.3.Une conscience des événements
BIBLIOGRAPHIE
ÉTAT DES SOURCES
HENRI WAQUET, ARCHIVISTE DU FINISTÈRE
1. Un chartiste au profil classique
1.1.Une formation conventionnelle
1.2.Un érudit reconnu
1.3.L’implication dans la vie scientifique de son département
2. Des convictions fortes durant la Seconde Guerre mondiale
2.1.Sa lutte contre le mouvement autonomiste breton
2.2.Son action de résistance contre l’occupant
3. Une fin de vie dans la continuité
3.1.L’arrestation et la condamnation
3.2.Un après-guerre toujours actif
3.3.La mise en mémoire familiale
CONCLUSION
ANNEXES
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