La sauvagine dans les forêts

L’habitat en période de nidification

L’habitat de nidification des espèces de sauvagine doit répondre aux multiples besoins vitaux rencontrés durant cette période. Il comprend essentiellement l’environnement du nid, des corridors de déplacement et des sites d’alimentation pour les deux membres du couple, et ce, depuis la ponte jusqu’à ce que les jeunes quittent le nid, peu après l’éclosion. Tout d’abord, l’habitat de nidification doit receler un site de nidification préférablement isolé des prédateurs et des rigueurs du climat. Pour établir leur nid, les espèces de sauvagine recherchent pour la plupart un couvert végétal dense, exception faite de la Bernache du Canada (Branta canadensis), qui utilise fréquemment des sites offrant une bonne visibilité (Mowbray et al. 2002), et des canards cavicoles, qui requièrent des cavités d’ arbres de grande dimension (Prince 1968, Peterson et Gauthier 1985). La période couvrant la ponte et l’incubation est physiologiquement très exigeante pour la femelle d’espèce nidifuge (Drobney 1980, Hohman 1985, Gauthier 1993).

Celle-ci doit optimiser le moment et la taille de sa ponte en fonction de ses propres ressources énergétiques pour maximiser son succès reproducteur. L’habitat de nidification doit donc aussi être suffisamment productif pour permettre à la femelle de subvenir aux exigences alimentaires de la vitellogénèse de même qu’à sa propre régulation pendant la durée de l’incubation (Drobney 1982). Pour certaines espèces, cela peut signifier un habitat aux eaux claires et poissonneuses ou, pour d’autres, un habitat riche en invertébrés benthiques. La proximité d’un site d’élevage de qualité pour les jeunes est un autre facteur susceptible d’influencer l’utilisation d’un habitat durant la nidification (Staicer et al. 1994). En étudiant la race eurasienne de la Sarcelle d’hiver (Anas crecca caroliniensis), Elmberg et al. (2005) ont constaté que les femelles nichant le plus hâtivement utilisaient les meilleurs lacs et obtenaient les meilleurs taux de reproduction. Bien que le déplacement de couvées soit un comportement couramment rapporté (Wayland et McNicol 1994, Maisonneuve et al. 2000), une abondance immédiate de nourriture pour les canetons ne peut toutefois qu’être favorable à leur survie (Toft: et al. 1982, Staicer et al. 1994, Gunnarsson et al. 2004). Tout environnement local s’inscrit à la fois dans un contexte biogéographique régional (Brown et al. 1996). Ainsi, l’aire géographique de répartition des espèces est un élément important à considérer lorsque de vastes territoires sont étudiés ou lorsque des résultats observés en certaines localités sont extrapolés.

Alors que les gradients environnementaux, tels le climat et la disponibilité de nourriture à l’échelle continentale, déterminent la possibilité pour une espèce de se perpétuer dans un territoire, d’autres facteurs, tels la compétition interspécifique, conditionnent la probabilité pour l’espèce d’occuper le territoire. Ceux-ci expliqueraient par exemple le fait que le Canard noir soit absent de la région des cuvettes des prairies, un habitat où il se serait probablement très bien établi n’eût été de la présence d’autres espèces de sauvagine.

La nidification dans le cycle vital

Pour bien comprendre les mécanismes qui déterminent les relations entre l’habitat de nidification et les espèces de sauvagine, il importe également de situer l’importance de ce stade de la reproduction par rapport au cycle de vie complet. Les populations de sauvagine sont en effet susceptibles de se voir réguler à plusieurs étapes de leur cycle de vie. Dans une revue exhaustive des facteurs influençant les niveaux de population de Canard noir, figuraient aux côtés de la qualité de l’habitat de reproduction la qualité de l’habitat d’hiver, la récolte par la chasse, la compétition interspécifique (avec le Canard colvert), les maladies et les parasites (Conroy et al. 2002). Ces facteurs sont représentatifs de ceux qui régissent l’ensemble des espèces de sauvagine.

L’habitat de nidification, qui fait partie de. l’habitat de reproduction, constitue donc un facteur important parmi d’autres, et tous sont impliqués de façon complexe dans la détermination des niveaux des populations. Il demeure toutefois largement reconnu qu’un habitat de nidification de qualité est primordial pour la sauvagine (Baldassarre et Bolen 2006). Les études sur la sauvagine au Québec On dénombre au Québec environ une vingtaine de publications scientifiques issues d’inventaires spécifiques et qui ont permis d’approfondir les connaissances sur divers aspects de la reproduction de la sauvagine dans les écosystèmes de forêt continue (p. ex.: Bouvier 1974, Courcelles et Bédard 1979, DesGranges et Darveau 1985, DesGranges et Rodrigue 1986, DesGranges et Darveau 1988, Reed et al. 1994, Carrière et Titman 1998, Robert et al. 2002, Sénéchal 2003, Maisonneuve 2004, Savard et Robert 2007).

Le territoire forestier du Québec est vaste et peu accessible, ce qui, à chaque fois, rend laborieux le travail d’acquisition de données sur les espèces qui y nichent. De plus, on y observe une densité généralement inférieure à 1 couple nicheur/km2 de territoire (Lemelin et al. 2004), laquelle une fois répartie entre les multiples espèces présentes, ajoute à la difficulté. Des travaux de recherche à grande échelle exigent la réalisation de coûteux inventaires. Au Québec, il existe des banques de données contenant de l’information sur les oiseaux nicheurs, comme par exemple le Relevé des oiseaux nicheurs, les données d’Étude des populations d’oiseaux du Québec et celles de l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec (Gauthier et Aubry 1995).

Toutefois, celles-ci ne visent principalement qu’à confirmer la présence et la nidification de l’ensemble des espèces aviaires et voient leur effort d’échantillonnage réduit dans les grandes zones forestières. Enfin, la sauvagine bénéficie d’un inventaire dédié : l’inventaire aérien du Plan conjoint sur le Canard noir (PCCN}-Service canadien de la faune (SCF). Cet inventaire est réalisé annuellement depuis 1990 et a généré une importante base de données, exploitée principalement pour estimer les niveaux des populations servant à l’établissement des quotas de chasse, puis, de façon secondaire, pour cartographier la répartition géographique des espèces (Bordage et Grenier 1995, Robert et al. 2000, Lemelin et al. 2004).

La méthode d’inventaire a été mise point après plusieurs années de travaux préliminaires (Bordage 1987, 1988a, 1988b) ayant également permis de produire quelques rapports et articles sur la sauvagine et ses habitats (Grenier et al. 1993, Grenier et al. 1994, Robert et al. 2000, Bordage et al. 2002). C’est précisément à partir de cette base de données qu’ont été explorées les questions abordées par ce projet.

Objectifs de l’étude

L’objectif général de la présente étude est d’explorer et de documenter les relations entre les espèces de sauvagine (incluant par extension le Plongeon huard [Gavia immer]) et leur habitat en période de nidification dans les écosystèmes forestiers du Québec. Elle vise par le fait même à tirer profit de l’importante somme de données recueillies lors de l’inventaire aérien du PCCN-SCF et s’articule en deux articles indépendants. Dans les deux cas cependant, les informations concernant l’habitat ont été tirées des cartes écoforestières numériques (1 :20 000) du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. Le premier article a pour sujet l ‘utilisation et la sélection par les espèces de sauvagine des types d’habitats humides (ruisseaux, étangs, lacs, marécages, etc.).

Il s’agit d’une analyse visant à (1) quantifier et évaluer l’importance des types d’habitat pour chaque espèce; à (2) dresser un portrait écologique comparatif des espèces; et à (3) tester l’utilité de la carte écoforestière numérique en tant qu’outil de base pour classifier et cartographier les habitats humides et aquatiques d’un groupe faunique tel que la sauvagine. Le second article s’attarde à évaluer l’effet de la coupe forestière sur les populations de canards cavicoles et nichant au sol. Plus précisément, les objectifs sont de (1) détecter la présence d’effets locaux et à court terme sur les communautés de sauvagine et (2) d’en évaluer l’importance sur les populations nicheuses. Ces deux articles sont suivis de la conclusion générale du projet de maîtrise, dans laquelle seront abordés le degré d’atteinte de ses objectifs, sa contribution au savoir collectif, ainsi que quelques perspectives pour la recherche future.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

AVANT-PROPOS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
RÉSUMÉ
INTRODUCTION GÉNÉRALE
La sauvagine dans les forêts du Québec
L’ habitat en période de nidification
La nidification dans le cycle vital
Les études sur la sauvagine au Québec
Objectifs de l’étude
ARTICLE I
Forest Wetlands Use and Selection by Breeding Waterfowl in Quebec
Introduction
Study area
Methods
Results
Discussion
Management implications
Acknowledgments
Literature cited
ARTICLE II
Local, Short-term Effects of Forest Harvesting on Breeding Waterfowl and Common Loon in
Forest-dominated Landscapes ofQuebec
Introduction
Methods
Résulta
Discussion
Conclusion
Acknowledgments
Literature cited
CONCLUSION GÉNÉRALE
Perspectives de recherche
LISTE DES RÉFÉRENCES
APPENDICE

La sauvagine dans les forêtsTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *