La santé physique des personnes atteintes de trouble mental sévère
Selon l’Institut National Britannique pour la santé et la qualité clinique (NICE) , la maladie mentale est un des facteurs de risque de mort prématurée chez l’adulte (Cormac & Gray, 2012). Outre les accidents et les suicides, la mort naturelle, en relation avec une comorbidité somatique élevée, occupe une place importante au sein de cette population (Cormac & Gray, 2012). Le risque de développer une maladie chronique est majoré par une implication faible dans les mesures de maintien de la santé combinée avec d’autres facteurs et comportements modifiables, tels que le traitement médicamenteux et ses effets secondaires, le mode de vie, la consommation du tabac et de l’alcool, ainsi qu’une faible hygiène alimentaire (American Psychiatric Association, 2013). De plus, les facteurs sociaux, tels que la pauvreté et/ou le chômage complètent les facteurs de risque (Working Group for Improving the Physical Health of People with SMI, 2016).
Les facteurs de risque du développement d’une maladie physique
« Un facteur de risque est tout attribut, caractéristique ou exposition d’un sujet qui augmente la probabilité de développer une maladie ou de souffrir d’un traumatisme » (OMS, 2017, sect. Facteurs de risque). Voici un aperçu non exhaustif des facteurs de risque fréquemment rencontrés dans les écrits et ouvrages concernant cette population. Les caractéristiques de la maladie mentale, plus spécifiquement de la schizophrénie, citée précédemment, ont un impact sur l’état de santé physique. Les difficultés d’organisation, de cognition et de relation sociale entravent l’accès aux services de soins et limitent la capacité de comprendre les informations sur la santé (Cunningham et al., 2013). La médication spécifique aux troubles mentaux sévères, dont la schizophrénie et les troubles psychotiques, sont les antipsychotiques ou neuroleptiques ; leur utilisation vise essentiellement la réduction des hallucinations, des idées délirantes, de l’agitation et de l’excitation psychomotrice (Gelder, Cowen, & Mayou, 2005). Parmi eux, se distinguent les antipsychotiques atypiques, plus récents, et les classiques ; ces différents antipsychotiques causent un grand nombre d’effets indésirables significatifs (Gelder et al., 2005). Parmi eux, la sédation et la prise de poids ont un impact direct sur la santé physique des personnes atteintes de trouble mental sévère (Gelder et al., 2005). L’augmentation de l’appétit, l’obésité et un métabolisme lipidique anormal, causés par le traitement médicamenteux, sont associés au risque de développer un diabète de type 2, de l’hypertension ou des problèmes cardiovasculaires (Cormac & Gray, 2012). Les effets sédatifs de la médication favorisent un mode de vie sédentaire, ainsi qu’une prise de poids (Cunningham et al., 2013; Stanley & Laugharne, 2014). D’ailleurs, le niveau d’activité physique des patients atteints de trouble mental sévère est bas (Cormac & Gray, 2012).
Selon le NICE et le Royal College of Physicians & Royal College of Psychiatrists (2013), la consommation de tabac est deux fois plus courante chez les personnes atteintes de trouble mental sévère qu’au sein de la population générale. Plus de 50% des personnes atteintes de schizophrénie ont un trouble lié à la consommation de tabac et fument des cigarettes de manière régulière (American Psychiatric Association, 2013). Fumer affecte la santé physique et peut être une cause des problèmes cardiovasculaires et respiratoires ; de plus, chez les fumeurs atteints de trouble mental sévère, l’usage du tabac peut nécessiter une augmentation de la posologie de la médication antipsychotique (Working Group for Improving the Physical Health of People with SMI, 2016). Outre la consommation de tabac, les taux de consommation d’alcool et de drogues sont plus élevés que dans la population générale (Cunningham et al., 2013).
L’alimentation est également un facteur de risque. De nombreux patients atteints de trouble mental sévère ne savent pas en quoi consiste une alimentation équilibrée; d’ailleurs, les personnes souffrant de schizophrénie ont un régime plus gras et plus sucré, ainsi que pauvre en fruits et légumes (De Hert, Cohen, et al., 2011) .
Par ailleurs, les personnes atteintes de trouble mental sévère ne reçoivent pas toujours des soins adaptés à la santé physique; ce problème est causé par différents facteurs tels que la stigmatisation de la maladie mentale, l’incapacité de parler de ses problèmes physiques, une mauvaise utilisation des possibilités de dépistage de la santé, un manque de connaissance et de compétence de la part des soignants (Hardy & Thomas, 2012). De plus, le « diagnostic overshadowing » peut être un facteur de risque, c’est-à-dire que les professionnels de la santé se focalisent souvent sur la maladie mentale, ce qui laisse de côté les potentiels problèmes physiques (Cunningham et al., 2013). Autrement dit, le problème mental a tendance à cacher la santé physique (Cormac & Gray, 2012).
Outre ces différents facteurs de risque, les personnes souffrant de trouble mental sévère ont souvent une situation sociale et économique pauvre et sont au chômage, ce qui accroit le risque de pathologies physiques (Cunningham et al., 2013; Working Group for Improving the Physical Health of People with SMI, 2016). De plus, selon l’OMS, la stigmatisation et la discrimination, dont sont victimes les patients et leur famille, les dissuadent d’avoir recours à des services de soins spécialisés (OMS, 2014, sect. 10 faits sur la santé mentale).
Les maladies physiques développées suite à ces facteurs de risque
L’obésité, le syndrome métabolique et le diabète
La littérature documente que l’obésité est un problème majeur et de plus en plus présent qui raccourcit la durée de vie (De Hert et al., 2011). Selon l’OMS (2017), elle se définit comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ». Elle peut avoir de nombreux effets adverses sur la santé physique et être un facteur de risque de nombreuses autres pathologies, dont le diabète de type 2, le cancer, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension et l’apnée obstructive du sommeil (Cormac & Gray, 2012). Au sein de la population atteinte de trouble mental sévère, l’obésité est associée aux facteurs de risques, cités précédemment, tels que le manque d’exercice, l’alimentation déséquilibrée, la sédentarité, mais aussi la médication et ses effets secondaires (De Hert, Correll, et al., 2011). De plus, les symptômes négatifs de la schizophrénie, les hospitalisations, l’isolement social, la consommation d’alcool, favorisent la prise de poids (Cormac & Gray, 2012). L’obésité interagit aussi avec d’autres facteurs de maladie cardiovasculaire comme le diabète et le tabac, tous deux hautement prévalents chez la population atteinte de troubles psychiatriques (Cormac & Gray, 2012).
Les maladies cardiovasculaires
Les maladies cardiovasculaires sont les causes majeures de décès parmi les personnes souffrant de trouble mental sévère ; de plus, le taux de mortalité est 2 à 3 fois plus présent que dans la population générale (Battams & Henderson, 2010). Ce terme regroupe tout problème affectant le système cardiovasculaire bien que la maladie coronarienne et l’accident vasculaire cérébral soient les plus courants; les facteurs de risques, auxquels les personnes souffrant de trouble mental sévère sont plus exposées que la population générale, sont le tabac, l’obésité, l’hypertension, le cholestérol, le diabète, le manque d’activité physique, une mauvaise alimentation et un statut socio-économique bas (De Hert, Correll, et al., 2011).
La maladie coronarienne se traduit par une défaillance de la circulation coronarienne, qui n’arrive plus à assurer une circulation adéquate du muscle cardiaque et des tissus environnants, ce qui peut aboutir à un infarctus du myocarde (De Hert, Correll, et al., 2011).
La maladie vasculaire cérébrale est un groupe de dysfonctions cérébrales dues à une défaillance des vaisseaux sanguins perfusant le cerveau, ce qui peut causer un accident vasculaire cérébral (De Hert, Correll, et al., 2011).
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Table des matières
Introduction
4.1 Problématique
4.2 Question de recherche
4.3 But de la recherche
5. Concepts théoriques
5.1 La maladie mentale
5.1.1 La schizophrénie
5.1.2 Le trouble bipolaire
5.2 La santé physique des personnes atteintes de trouble mental sévère
5.2.1 Les facteurs de risque du développement d’une maladie physique
5.2.2 Les maladies physiques développées suite à ces facteurs de risque
5.3 Le rôle infirmier en santé mentale et le cadre théorique
6. Méthode
6.1 Design de recherche
6.2 Stratégie de recherche documentaire
6.3 Sélection des données : critères d’inclusion et d’exclusion
7. Résultats
7.1 Etudes retenues
7.2 Considérations éthiques des articles retenus
7.3 Analyse des données
7.3.1 Etude de Happell, Scott, Platania-Phung et Nankivell (2012)
7.3.2 Etude de Robson, Haddad, Gray, et Gournay (2013)
7.3.3 Etude de Happell, Scott, Nankivell et Platania-Phung (2013)
7.3.4 Etude de Howard et Gamble (2011)
7.3.5 Etude de Happell, Platania-Phung, et Scott (2014)
7.3.6 Etude de Wynaden, Heslop, Heslop, Barr, Lim, Chee, … Murdock (2016)
7.4 Synthèse des principaux résultats
8. Discussion
8.1 Discussion des résultats
8.2 Discussion de la qualité et de la crédibilité des évidences
8.3 Limites et critiques de la revue de la littérature
9. Conclusion
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