Définition et présentation de la e-santé
Définition de la e-santé La première définition de la e-santé est donnée lors du 7e congrès international de télémédecine en 1999. Un ingénieur en informatique, John Mitchell, emploie le terme e-health lors d’une présentation pour décrire « l’usage combiné de l’Internet et des technologies de l’information à des fins cliniques, éducationnelles et administratives, à la fois localement et à distance ». Le terme e-santé est une traduction de l’anglais e-health et définit donc l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le secteur de la santé. Il est intéressant de présenter en premier lieu, la e-santé et ses composantes afin de définir l’univers numérique dans lequel la santé mobile s’intègre (figure 1).
Présentation des composantes de la e-santé La e-santé, appelée aussi « santé électronique » ou « santé connectée » ou « cybersanté », se retrouve dans tous les domaines de la santé : de la prévention des maladies, au soin et au suivi thérapeutique du patient. Son champ d’applications est donc large : elle offre des outils numériques innovants aux acteurs intervenant dans la prise en charge médicale du patient avant l‘apparition de la maladie, au cours de son évolution ou après le traitement de la maladie, lors du suivi du patient. L’univers de la e-santé est constitué de différentes composantes, ces principales composantes sont ici présentées :
Système d’informations : Ces composantes sont définies par l’observatoire mondial de la esanté (Global Observatory ou GO) de l’OMS comme les systèmes « mis en place par les autorités nationales de santé pour rendre l’historique médical des patients à la disposition des professionnels de santé dans les établissements de soins et connecter entre eux tous les services qui y sont associés, tel que les pharmacies, les laboratoires, les spécialistes et les installations d’imagerie médicale et d’urgence ».
Télésanté : Le terme « Télésanté » regroupe l’ensemble des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), qui ont un usage dans le domaine de la santé et qui sont capables de fournir un service de santé à distance, au-delà de la traditionnelle rencontre entre le patient et le professionnel de santé.
Réseaux sociaux : Les réseaux sociaux sont des plateformes en ligne où les utilisateurs peuvent interagir. En santé, les réseaux sociaux sont destinés aux professionnels de soin, et aux patients. Ils offrent aux professionnels de soin un espace confidentiel et sécurisé où ils peuvent échanger leur expérience et leur expertise.
E-learning : L’OMS définit le e-Learning comme « l’utilisation de la technologie électronique et des médias pour la formation et l’éducation ». En santé, c’est un moyen de fournir un enseignement de qualité dans les zones géographiquement isolées, de former à distance des professionnels de santé et de compléter les installations de formation locales insuffisantes.
Le soi quantifié : De l’anglais « quantified self », c’est la mesure de soi, un mouvement qui regroupe tous les outils et les technologies permettant de recueillir le maximum de données sur sa santé ou sur son activité physique afin de les mesurer, de les analyser et de les partager dans le but d’améliorer ses performances.
Robotique : Elle est représentée par les robots médicaux et est notamment utilisée en chirurgie.
Données de masse : l’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale (INSERM) définit le big data en santé comme « l’ensemble des données socio-démographiques et de santé, disponibles auprès de différentes sources qui les collectent pour diverses raisons ». En France, le Système National des Données de Santé (SNDS), créé le 3 avril 2017, regroupe les principales bases de données de santé publiques existantes : les séjours à l’hôpital, les actes médicaux, les fiches de soins, les visites médicales, ou encore les causes de décès des patients, y sont répertoriés après que l’identité du patient ait été rendue anonyme. Les objets connectés : les objets connectés sont des objets électroniques connectés sans fils, capables de se connecter à internet, pour transmettre, échanger et recueillir des informations sous la forme de données numériques.
La santé mobile : Cette technologie qui est le sujet de notre étude, est une composante de la e-santé.
Le champ d’intervention de la santé mobile
On peut diviser le champ d’intervention des services de la santé mobile en différentes catégories. Une étude menée conjointement par GSMA et PwC5 classent ces services de santé en deux grandes catégories : « les solutions pour les patients et le renforcement des systèmes de santé ». Alors que les solutions pour le patient sont généralement utilisées directement par ces derniers, celle pour le renforcement des systèmes de soins de santé comprend « des solutions qui n’interagissent pas directement avec les patients, mais visent à améliorer l’efficacité des fournisseurs de soins de santé dans la prestation des soins aux patients ». On retrouve dans la première catégorie, les patients souffrant d’une maladie ou avec un risque élevé de souffrir d’une maladie, la plupart des services de santé mobile peuvent y être regroupés en cinq sous-catégories : « bien-être, prévention, diagnostic, traitement et surveillance. Dans toutes ces catégories, le patient ou le consommateur est l’utilisateur final principal et interagit directement avec les services et les applications ». Le bien-être, regroupe les composantes qui encouragent le patient à mieux contrôler sa santé pour adopter un style de vie optimal, pouvant aller de la perte de poids à la mesure de son activité physique journalière et de la consommation de calories associée. Elle lui permet ainsi d’être le premier acteur de sa santé au quotidien. La prévention, regroupe les composantes utilisées « pour sensibiliser et encourager les gens à adopter ou à éviter certains comportements et pratiques visant à prévenir ou à contrôler l’apparition des maladies ». Les services de santé mobile peuvent par exemple prévenir l’apparition de maladies infectieuses ou l’usage de drogues par l’envoi d’informations essentielles aux populations cibles. Le diagnostic, comprend les services de santé mobile aidant les professionnels de santé « à établir des liens avec des patients géographiquement éloignés pour fournir un diagnostic ou un triage », au moyen par exemple d’un centre d’appel ou de la télémédecine. Le traitement, comprend « des services qui aident à traiter les patients à distance et à assurer le respect de l’observance du traitement » nécessaires au rétablissement du patient. Cela peutêtre une application pour rappeler au patient de prendre ses médicaments. La surveillance, comprend les services aidant « à la saisie périodique des paramètres vitaux des patients » afin de contrôler ou de surveiller leur variation. Ce sont par exemple les appareils qui mesurent la tension cardiaque des patients et qui transfèrent les données à des professionnels de santé situés à distance. On retrouve dans la deuxième catégorie, les applications « visant à améliorer l’efficacité des prestataires de soins de santé ». On la divise en quatre sous-catégories : La réponse d’urgence, elle regroupe tous les services de santé qui permettent une « réponse rapide en cas d’urgence ou de catastrophe », utilisés par exemple par les hôpitaux pour interagir avec le personnel médical situé dans une ambulance.Le soutien aux professionnels de santé, qui comprend l’accès aux bases de données médicales et la diffusion de l’information médicale. La surveillance de la santé qui « comprend des services et des outils qui aident les professionnels de la santé à recueillir des informations sur la santé et à suivre l’évolution des maladies et des épidémies ». L’administration de la santé, où les services de santé mobile servent à automatiser ou à simplifier « les processus administratifs liés à la prestation des soins de santé » afin d’avoir un impact positif sur l’efficacité globale du système de santé. C’est par exemple, les rappels de rendez-vous médicaux par messagerie instantanée. Ces deux catégories (figure 2) forment le champ d’intervention de la santé mobile dans les systèmes de santé. Ce champ d’intervention intègre toutes les composantes de la santé mobile définies par l’OMS en 2009.
Cadre réglementaire de la santé mobile : l’exemple européen
Selon l’OMS, en 2015, 80% des États de la région européenne avaient un cadre législatif assurant la confidentialité des données contenues dans les dossiers de santé électroniques (DSE) des patients. La mise en place d’un cadre réglementaire progresse rapidement et se renforce chaque année.
Au niveau de l’Union Européenne Le livre vert de la commission européenne sur la santé mobile, publié en 2014, rappelait qu’il n’y a pas de « règle stricte relative à la distinction entre applis concernant le mode de vie et le bien-être et dispositifs médicaux ou de diagnostic in vitro 19 ». Ainsi les services de la Commission Européenne publient des orientations, régulièrement mises à jour, pour permettre aux fabricants de logiciels et aux développeurs de déterminer « si leurs produits relèvent ou pas de la directive sur les dispositifs médicaux20 ou de la directive sur les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro » Cette réglementation européenne définit clairement à partir de quel moment une application devient un dispositif médical et ce que cela implique pour son fabricant. Les applications de santé mobile peuvent être considérées comme un dispositif médical lorsqu’elles ont une finalité médicale démontrée. La mise sur le marché européen d’un dispositif médical est subordonnée à l’obtention du marquage CE du produit, attestant la conformité aux exigences décrites dans les directives européennes. La réglementation européenne définit le cadre lié au traitement et à l’utilisation des données de santé pour assurer la protection du patient. Ainsi, le nouveau Règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD) entrera en application le 25 mai 201823 pour toutes les entreprises de l’UE. Il a trois objectifs :
• Le renforcement des droits des personnes sur leurs données personnelles, y compris les personnes mineures. La protection de la vie privée se retrouve aussi renforcée (droit à l’oubli, portabilité des données favorisée).
• La responsabilisation des acteurs traitant et sous-traitant ce type de données.
• Le renforcement de la coopération entre les autorités de protection de données afin d’aboutir à des décisions communes pour le traitement de ces données et un renforcement des sanctions.
Ce règlement souligne aussi deux notions jugées essentielles « Privacy by Design » (Protection de la vie privée dès la conception de l’objet) et « Privacy by Default » (Protection de la vie privée par défaut). Ces notions ont été abordées pour la première fois par le G29 institué par la « directive du 24 octobre 1995 sur la protection des données et la libre circulation » Le G29 représente un groupe de travail rassemblant les représentants de chaque autorité indépendante de protection des données nationales. Il réunit tous les deux mois, à Bruxelles, l’ensemble des CNIL européennes. Ce groupe de travail a pour mission :
• « de contribuer à l’élaboration des normes européennes en adoptant des recommandations,
• de rendre des avis sur le niveau de protection dans les pays hors UE,
• de conseiller la Commission européenne sur tout projet ayant une incidence sur la protection des données et des libertés des personnes. »
Les systèmes de soins avancés des pays développés
Les systèmes de soins des pays développés sont principalement confrontés à la hausse des dépenses de santé en raison de l’incidence croissante des maladies chroniques et du vieillissement de la population. Cependant, cette hausse des dépenses ne s’est pas traduite par une amélioration proportionnelle des prestations des services de santé. Les systèmes de soins des pays développés font face à 3 principaux types de défis :
La hausse des dépenses de soins de santé Les dépenses de santé sont définies par l’OCDE comme « les dépenses de consommation finale de biens et services de santé. Elles comprennent les dépenses d’origine publique et privée (y compris celles des ménages) consacrées aux soins curatifs, de réadaptation et de longue durée, ainsi qu’aux biens médicaux tels que les produits pharmaceutiques. Elles incluent aussi les dépenses liées aux programmes de santé publique et de prévention ». Cet indicateur est exprimé ici en USD par habitant (PPA) et les dépenses de santé totales (publique/privée, facultative, à la charge du patient) ont été prises en compte pour la réalisation de la figure 10. Les dépenses totales de santé par habitant dans les systèmes de soins développés ont suivi une trajectoire ascendante implacable. Par exemple, entre 2010 et 2016, les dépenses totales de santé par habitant aux Etats-Unis sont passées de 7932 $ à 9892 $. En France, les dépenses totales de santé par habitant sont passées de 3872 $ à 4600 $ (figure 10). Les dépenses de santé par habitant ont augmenté plus rapidement que le niveau de revenus par habitant au cours de la dernière décennie. Cela a exercé une pression importante, sur les finances des particuliers avec notamment l’augmentation du reste à charge des patients (figure 11), sur les gouvernements et les compagnies d’assurance.
Pression sur les prestations de service de santé Alors que les patients des pays développés paient de plus en plus cher leurs soins de santé, il n’y a pas eu d’améliorations proportionnelles du niveau de service de santé dans de nombreux pays. En outre, les temps d’attente pour les chirurgies électives restent élevés dans plusieurs pays développés. Les délais d’attente pour une intervention élective peuvent être mesurés de deux façons : par la mesure du temps d’attente des patients traités dans une période donnée, ou par la mesure du temps d’attente des patients toujours sur une liste d’attente à un moment donné. L’OCDE mesure les délais d’attente pour une chirurgie élective des différents pays de l’OCDE et présente ses résultats dans Le panorama de la santé, publié en 2015, en utilisant le premier type de mesure. Ces données proviennent de bases de données administratives et « les délais d’attente sont présentés sous forme de délais moyens et de délais médians ». Les délais d’attente sont particulièrement bien maitrisés dans des pays au système de soins mature tels que l’Allemagne, la Belgique, la Corée, les États-Unis, la France, le Japon, le Luxembourg ou encore la Suisse mais il reste un problème dans de nombreux pays où le système de soins est néanmoins développé tels que l’Australie, le Canada, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Royaume-Uni ou encore la Suède. En Australie par exemple, le temps d’attente médian pour la chirurgie de la cataracte, la prothèse de hanche et l’arthroplastie du genou a augmenté de 80, 95 et 114 jours en 2000 à, 100 et 147 jours en 2009 malgré une augmentation significative des dépenses totales de santé. Les dépenses de santé par habitant en Australie ont plus que doublé, passant de 1 730 USD en 2000 à 3 870 USD en 2009. Dans les pays développés, la surveillance à distance des patients peut aider à réduire les coûts de manière significative en réduisant le temps passé dans les hôpitaux et en réduisant les réadmissions. Ces services peuvent également aider à réduire les visites chez les médecins.
La prise en charge des populations vieillissantes Les régions développées sont confrontées au défi de fournir des soins efficients pour leurs citoyens âgés, qui constituent une partie non négligeable de la population globale. On s’attend à ce que le Japon, l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord affichent des taux de dépendance des personnes âgées d’environ 53%, 43% et 33% respectivement en 2030. Le taux de dépendance économique des personnes âgées est défini comme « le rapport de la population des plus de 65 ans à la population en âge de travailler, définie comme celle âgée entre 15 et 64 ans. C’est donc le rapport du nombre d’individus âgés supposés « dépendre » des autres pour leur vie quotidienne et du nombre d’individus supposés capables d’assumer cette charge. »34 En comparaison, les ratios correspondants ne devraient être que d’environ 6%, ~ 17% et ~ 18% respectivement en Afrique, en Asie et en Amérique latine en 2030. Les populations vieillissantes sont associées à une prévalence plus élevée de maladies chroniques telles que le diabète, le cancer et les problèmes cardiovasculaires. Ces populations ont un impact fort sur le fardeau global des soins de santé d’un pays. La hausse des dépenses de santé liée, entre autres à la mise sur le marché de médicaments innovants de plus en plus chers, la pression constante des populations dont la demande en services de santé augmente plus vite que l’offre de soins et le vieillissement de la population associé à une prise en charge sanitaire plus forte caractérisent les difficultés des systèmes de soins pour rendre des services de santé efficients et favoriser l’accès aux soins de leur population.
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement et la santé mobile
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sont au nombre 842 :
1. Réduire l’extrême pauvreté et la faim
2. Assurer à tous l’éducation primaire
3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
4. Réduire la mortalité infantile
5. Améliorer la santé maternelle
6. Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies
7. Assurer un environnement humain durable
8. Construire un partenariat mondial pour le développement
Ces objectifs ont été adoptés en septembre 2000, par 193 États membres de l’ONU, et au moins 23 organisations internationales, « après une décennie de grandes conférences et de sommets des Nations Unies, les dirigeants mondiaux se sont réunis au siège des Nations Unies à New York pour adopter la Déclaration du Millénaire des Nations Unies, engageant leur pays à un nouveau partenariat mondial pour réduire l’extrême pauvreté ». 3 des 8 OMD étaient directement liés à la santé : l’objectif 4, l’objectif 5 et l’objectif 6. D’autres l’étaient indirectement : l’objectif 1 et l’objectif 7, ces objectifs devant être atteints avant 2015. Le 25 septembre 2013 un « événement spécial », pour suivre les efforts déployés pour atteindre les OMD, a été organisé. Au cours de cet événement, l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, « a présenté aux États membres son rapport intitulé « Une vie de dignité pour tous ». Dans le document final adopté par les États membres, les dirigeants du monde ont renouvelé leur engagement à atteindre les OMD et ont convenu d’organiser un sommet de haut niveau en septembre 2015 pour adopter une nouvelle série d’objectifs s’appuyant sur les réalisations des OMD ». Dans les fiches descriptives de ces 8 différents objectifs, l’OMS précisait quels étaient les résultats concrets à atteindre pour réaliser ces objectifs et fournissait un état des lieux de la situation sanitaire et des exemples mis en place pour la réalisation de ces objectifs. L’état d’avancement des objectifs directs de santé, en 2013 : En ce qui concerne l’OMD n°4, qui voulait réduire de deux tiers entre 1990 et 2015 le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans : entre 1990 et 2013, le taux de mortalité des moins de cinq ans avait baissé de 47%. Environ 17 000 enfants meurent chaque jour et 6,6 millions d’enfants de moins de cinq ans sont morts en 2012, la plupart d’entre eux souffrant de maladies évitables. En Afrique subsaharienne, un enfant sur dix mourrait avant l’âge de cinq ans, soit plus de 15 fois la moyenne des régions développées. La pneumonie, les naissances prématurées, les complications, la diarrhée, ou le paludisme restaient les principaux responsables de la mortalité infantile. Le premier mois, et en particulier les premières 24 heures, étaient les moments de la vie où le taux de mortalité infantile était le plus élevé. Les nouveau-nés représentaient près de la moitié (44%) des décès des enfants de moins de cinq ans et la dénutrition en était la principale cause (45%). Les enfants qui étaient exclusivement allaités pendant les six premiers mois de la vie étaient 14 fois plus susceptibles de survivre que les enfants non allaités. Pour l’objectif n°5, qui voulait réduire de trois quarts entre 1990 et 2015 le taux de mortalité maternelle et atteindre l’accès universel à la santé génésique avant 2015 : l’ONU constatait en 2013 que la mortalité maternelle globale avait diminué d’environ 47% au cours des deux dernières décennies avec une diminution en Asie de l’Est, en Afrique du Nord et en Asie du Sud d’environ deux tiers. Cependant seulement la moitié des femmes enceintes vivant dans les régions en développement recevaient le minimum recommandé de quatre visites de soins prénataux. Les complications pendant la grossesse ou l’accouchement étaient les principales causes de décès pour les adolescentes. La plupart des décès maternels dans les pays en développement pouvait être évité grâce à une nutrition et des soins de santé appropriés dont l’accès à la planification familiale (140 millions de femmes dans le monde mariées ou en union disaient souhaiter retarder ou éviter une grossesse, mais n’avaient pas accès à une planification familiale volontaire), la présence d’une sage-femme pendant les accouchements et les soins obstétricaux d’urgence. L’objectif n°6 des OMD visait à inverser d’ici 2015, la courbe de propagation du VIH/SIDA, à assurer l’accès universel au traitement par antirétroviraux à tous ceux qui en avaient besoin et à ralentir puis diminuer l’incidence du paludisme et d’autres grandes maladies. Dans le monde, le nombre de personnes nouvellement infectées par le VIH continue de diminuer, il a diminué de 33% entre 2001 et 2011. En 2012, il y avait 290 000 enfants de moins de 15 ans à être infectés par le VIH en moins par rapport à 2001. Un nombre record de 9,7 millions de personnes recevaient un traitement antirétroviral contre le VIH en 2012. Il y a donc eu une nette amélioration de l’accès aux soins par antirétroviraux dans le monde. Des points positifs ont aussi été constaté pour le traitement du paludisme et de la tuberculose. Entre l’an 2000 et 2013, 1,1 million de décès dus au paludisme ont été évités et entre 1995 et 2011, le traitement de la tuberculose a sauvé environ 20 millions de vies. Même si les OMD n’ont pas été atteints, on constate une évolution globalement positive dans les domaines de santé avec la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle et la lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose en 1990 et 2015. On peut aussi remarquer l’augmentation de l’espérance de vie et la « croissance dans la solidarité à l’échelle mondiale, dans les partenariats et dans les investissements dans le développement sanitaire. Cette croissance, tout en étant la bienvenue, pose cependant des défis au niveau de la coordination des différents acteurs, en particulier au niveau des pays ». Les difficultés de mettre en place les initiatives pour atteindre les OMD fixés par l’ONU sont accentuées par les caractéristiques intrinsèques des pays en développement : des infrastructures sanitaires de faible qualité pour la prise en charge rapide et efficace des patients, l’absence de personnel de soin qualifié et l’augmentation des maladies transmissibles et des maladies non transmissibles (MNT). Les gouvernements considèrent que la santé mobile est un moyen efficace de fournir des services de santé à leurs citoyens, cette technologie a donc déjà été choisie comme outil de choix pour atteindre les OMD. C’est le cas du Rwanda, dont l’une des initiatives pour atteindre l’OMD 5, est la mise en place d’un programme de santé mobile SMS saves lives. Ce programme est soutenu par l’UNICEF, il aide le personnel de soins à suivre les grossesses, à signaler les signes de danger pendant la grossesse et à s’abonner aux alertes d’urgence pour garantir aux femmes des soins obstétricaux d’urgence en cas de complications par l’envoi d’SMS. Le système fournit également un mécanisme national de surveillance en temps réel pour la santé maternelle. C’est aussi le cas de la Thaïlande qui pour atteindre l’un des OMD 6, a mis en place avec l’OMS un programme de santé mobile de surveillance, de prévention et de traitement du paludisme pharmaco-résistant. En Thaïlande seulement, plus de 300 professionnels du soin ont été formés pour fournir des services gratuits de dépistage du paludisme et observer directement le traitement des patients atteints de paludisme confirmé dans les villages reculés. L’utilisation d’un téléphone intelligent pour capturer des données essentielles sur les patients et surveiller leur traitement a accéléré ces progrès. Un système électronique d’information sur le paludisme (e-MIS) téléchargé sur les appareils mobiles des professionnels du soin indique où trouver les patients et l’état de leur traitement. 45,46,47 Les ODD ont pris la suite des OMD et sont les objectifs de développement mondiaux actuels. Il convient maintenant de s’intéresser à l’intégration de la santé mobile selon ces nouveaux objectifs.
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Table des matières
Introduction
I. Les caractéristiques de la santé mobile dans les systèmes de soins
1.1. Définition et présentation de la e-santé
1.1.1. Définition de la e-santé
1.1.2. Présentation des composantes de la e-santé
1.2. Présentation de la santé mobile et du mobinaute
1.2.1. Présentation de la santé mobile ou m-santé
1.3. Le champ d’intervention et les composantes de la santé mobile
1.3.1. Le champ d’intervention de la santé mobile
1.3.2. Présentation des composantes de la santé mobile
1.3.3. Les types et les stades d’avancement de la santé mobile par composante
1.4. Le développement de la santé mobile et de la téléphonie cellulaire dans les systèmes de soins
1.5. Le cadre réglementaire global de la santé mobile est hétérogène
1.5.1. Cadre réglementaire de la santé mobile : l’exemple européen
1.5.2. Cadre réglementaire de la santé mobile : l’exemple des États-Unis
1.5.3. Le cadre réglementaire de la santé mobile dans les systèmes de soins moins avancés : l’exemple africain
II. Le développement de la santé mobile est une opportunité pour les systèmes de soins
2.1. Des systèmes de soins différents, des défis différents
2.1.1. Les systèmes de soins avancés des pays développés
2.1.2. Les systèmes de soins moins avancés
2.1.3. Des systèmes de soins différents pour répondre à des besoins différents : L’exemple du Royaume-Uni et de l’Inde
2.2. L’intégration de la santé mobile dans les systèmes de soins, un défi mondial
2.2.1. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement et la santé mobile
2.2.2. Les Objectifs de Développement Durable et la santé mobile
2.2.3. L’engagement des organisations internationales : l’exemple de l’initiative Be He@lthy, Be Mobile
2.3. La mise en place d’initiatives de santé mobile par région du monde
2.3.1. Des initiatives de santé mobile en Afrique et les opportunités associées
2.3.2. Des initiatives et l’adoption de la santé mobile en Asie-Pacifique (APAC)
2.3.3. Des initiatives et l’adoption de la santé mobile en Europe
2.3.4. Des initiatives et l’adoption de la santé mobile dans les Amériques
III. Proposition de solutions pour l’intégration de la santé mobile dans les systèmes de soins
3.1. Les barrières au déploiement de la santé mobile selon l’OMS
3.1.1. Identification des principales barrières à la santé mobile
3.1.2. Identification des barrières à la santé mobile selon les régions du monde
3.1.3. Identification des barrières à la santé mobile selon les revenus des pays
3.2. Les limites à l’intégration de la santé mobile dans les systèmes de soins
3.2.1. Les limites à l’intégration de la santé mobile dans les systèmes de soins moins avancés
3.2.2. Les limites à l’intégration de la santé mobile dans les systèmes de soins avancés : l’exemple européen
3.3. Proposition de solutions pour favoriser l’émergence de la santé mobile
3.3.1. Des solutions face aux limites sociétales de la santé mobile
3.3.2. Des solutions face aux limites juridiques de la santé mobile
3.3.3. Des solutions face aux limites technologiques de la santé mobile
3.3.4. Des solutions face aux limites politiques de la santé mobile
3.3.5. Des solutions face aux limites économiques de la santé mobile
3.3.6. Des solutions face aux limites pour la mesure de l’efficience de la santé mobile
3.4. Pharmacie et santé mobile : le combo gagnant ?
3.4.1. Le rôle du pharmacien dans la santé publique
3.4.2. La santé mobile au service des missions du pharmacien
Conclusion
Liste des abréviations
Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des annexes
Références bibliographiques
Résumé
Mots-clés
Laboratoire de rattachement
SERMENT DE GALIEN
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