Les femmes et le sport, de l’antiquité à nos jours
Les différences hommes-femmes sont présentes depuis toujours, au sein de la vie quotidienne, dans les activités domestiques, professionnelles et de loisir. Le sport ne déroge pas à cette règle. Culturellement, le sport est une affaire d’homme. Les femmes ne sont entrées dans le sport de haut niveau et la compétition que depuis la fin du XIXème siècle. De plus, il semble plus difficile pour les femmes de concilier leur vie familiale, professionnelle et le sport. Si nous remontons le temps, 776 avant Jésus Christ à Olympie, pour nous intéresser aux Jeux Olympiques antiques, la participation des femmes à ces Jeux n’est pas très claire. Selon certaines sources, les femmes n’avaient le droit ni de participer aux épreuves ni même d’être spectatrices, à l’exception de la déesse Déméter, déesse de la fertilité qui occupait une place centrale près de l’autel du stade. D’autres disent que (en raison de la nudité des athlètes) seules les femmes mariées étaient exclues du stade alors que la déesse Déméter et les jeunes vierges pouvaient être spectatrices. On a retrouvé des traces de Jeux dédiés aux femmes dans la Grèce antique. Ils ont été fondés au VIème siècle avant Jésus Christ. Les Jeux féminins n’étaient pas des Jeux Olympiques mais des Jeux Heréens et comme les Jeux masculins, ils avaient lieux tous les 4 ans. En effet, les femmes (qui étaient toujours des jeunes filles vierges) avaient leurs propres Jeux dédiés à Héra. Ils se déroulaient la veille et le lendemain des Jeux Olympiques masculins à Olympie dans le temple d’Héra. Devant l’ampleur qu’ont pris les Jeux féminins, les épreuves se déroulèrent par la suite 15 jours avant et 15 jours après les épreuves masculines (8). Les femmes étaient strictement séparées des hommes et avaient pour récompenses une couronne de d’olivier et une portion de vache. Les épreuves étaient également adaptées comme le dit Pausanias, (Élide, livre V, XVI) : « Les filles peuvent être de tous les âges et courent par catégories : d’abord les plus jeunes, puis les moyennes, enfin les plus âgées. Le terrain mis à leur disposition pour leurs épreuves est le stade olympique, mais on retranche du parcours environ un sixième. Aux gagnantes des épreuves, on donne des couronnes d’olivier et une portion de la vache qu’on a sacrifiée à Héra. ». Les concours athlétiques féminins ne comptaient donc qu’une épreuve, la course de cinq sixièmes de stade, soit environ 160 mètres. Nous avons malgré tout retrouvé des championnes Olympiques dans l’antiquité. Cependant, la première championne Olympique de l’histoire a été championne sans concourir : en 396 avant Jésus Christ, Kyniska de Sparte, fille du roi de Sparte Archidamos fut inscrite sur la liste des vainqueurs olympiques de l’antiquité car son char remporta le concours de quadrige. En effet, dans l’antiquité le gagnant des courses de char n’était pas le conducteur mais le propriétaire du char (9). Dans la société du début du XXème siècle, les athlètes féminines doivent faire face à beaucoup de préjugés : on craignait qu’elles perdent leur féminité, qu’elles soient trop musclées ou encore qu’elles deviennent stériles. Pierre De Coubertin crée, en 1894, le Comité International Olympique et les Jeux Olympiques Modernes. Ils se dérouleront pour la première fois à Athènes en 1896. La périodicité sera fixée à 4 ans. Il a toujours été contre la participation des femmes aux épreuves. En 1896, il dira « Quelle que doit l’endurance d’une sportive, son organisme n’est pas fait pour subir certains chocs ». (10) Jusqu’à la fin de sa vie il affichera son mécontentement concernant la participation des femmes aux Olympiades, bien qu’il reconnaisse que la pratique d’une activité physique est utile aux femmes (novembre 1928 « De la culture physique, et de la culture sportive, oui ; cela est excellent pour la jeune fille et la femme »). Il dira le 27 août 1936 (alors que les femmes participent aux Jeux depuis 36 ans) « Le seul véritable héros olympique, je l’ai dit, c’est l’adulte mâle individuel. Par conséquent, ni femmes, ni sport d’équipe »
Les sportives qui ont marqué l’histoire
Suzanne Lenglen, 1914, devient championne du monde de tennis à 15 ans. Elle choque l’opinion avec son style vestimentaire, traditionnellement les jupes sont longues mais entravent la pratique du tennis, Suzanne Lenglen porte des jupes courtes, ses genoux sont visibles. Son père Charles Lenglen veut prouver que « les femmes peuvent faire exactement pareil que les hommes ». Le stade de Wimbledon sera agrandi en raison de l’afflux de spectateurs. Venus et Serena Williams entraînées depuis l’âge de 4 ans par leur père qui n’a qu’une idée en tête : « que ses filles, noires, percent dans ce sport de « p’tits blancs » qu’est le tennis. » Elles débutent leurs carrières professionnelles en 1994 et 1995. Nadia Comaneci, Jeux Olympiques de Montréal 1976, obtient à l’âge de 14 ans pour la première fois dans l’histoire du monde la note de 10/10 en gymnastique. Laure Manaudou à 17 ans reporte 3 médailles d’or aux Jeux Olympiques d’Athènes de 2004. Elle ose déclarer : « Etre amoureuse me fait nager plus vite ». Jeannie Longo, avant de se mettre au vélo, s’est essayée au ski, au lancer de disque et au cross. En 1979, elle remporte son premier titre de championne de France à vélo. Sa carrière durera 30 ans avec 13 titres de championne du monde, 56 titres de championne de France et 38 records du monde. Jeannie Longo détient le record de longévité sportive. À 54 ans, elle a terminé 4ème aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. Michelle Mouton, 1981, remporte une manche des championnats du monde des Rallyes (WRC) à San Remo. En 1982, elle est vice-championne du monde des Rallyes, première et unique femme championne de rallye. Le rallye est en fait un sport mixte mais très peu de femme le pratique. Marielle et Christine Goitschel, skieuses françaises. Leur père les a autorisées à pratiquer le ski à un niveau professionnel, uniquement car elles étaient les meilleures. En 1962, Marielle a 16 ans et devient la plus jeune championne du monde du combiné. En 1964, les sœurs remportent deux médailles d’or aux Jeux Olympique d’Innsbruck.
Exercice anaérobie
Lors d’un exercice bref et intense : la dégradation glycogénique est plus faible chez la femme dans les fibres I. Les concentrations plasmatiques en catécholamines et lactates sont moins importantes chez la femme, ainsi que les activités enzymatiques comme la glycolyse. En phase de récupération, chez les femmes on observe une meilleure restauration de l’ATP ce qui entraîne une récupération plus rapide de la force maximale. En comparaison avec l’homme, la femme sous activité ovarienne et donc sous effet du 17 βestradiol, semble mieux protégée contre les dommages musculaires induits par les contractions de type excentrique et elles ont une moindre activité inflammatoire post-exercice et une meilleure capacité en terme de régénération musculaire. Cet effet n’est pas retrouvé avec les œstrogènes de synthèse. De plus, la phase du cycle ou la prise d’un contraceptif ne semble pas modifier la performance lors d’exercices brefs et intenses.
Utilisation des lipides
L’utilisation des lipides au cours de l’activité physique modérée est plus importante chez la femme que chez l’homme. La femme possède des stocks de triglycérides musculaires plus importants que l’homme. Ce substrat est plus utilisé chez la femme durant l’exercice. Ainsi la lipolyse adipocitaire et l’utilisation des acides gras non estérifiés au cours de l’exercice d’intensité modérée semblent supérieurs chez le sujet féminin. En raison de l’épargne glucidique et du meilleur potentiel énergétique des lipides (stocks supérieurs et meilleure oxydation), la femme est d’autant plus performante que l’exercice se prolonge. Durant la phase de récupération, l’oxydation lipidique totale est plus élevée chez l’homme que chez la femme. Mais chez l’homme l’oxydation des lipides en récupération d’un exercice prolongé d’intensité modérée est proportionnelle à la durée et à l’intensité de l’exercice chez l’homme alors qu’elle ne l’est pas chez la femme.
Cœur et appareil cardio-vasculaire
Sur le plan anatomique, la femme est différente de l’homme, sa masse cardiaque est 20% plus petite en masse absolue et 10% plus petite en masse indexée par rapport à la surface corporelle. Le volume sanguin total est aussi plus faible chez la femme (3,2-4 L) que chez l’homme (4,5-5 L). Au total, le volume d’éjection systolique est plus faible chez la femme. Pour compenser ces différences anatomiques, la fréquence cardiaque est plus élevée chez la femme. Le but étant de maintenir un débit cardiaque de repos de 5 L/min. La pression artérielle est plus faible chez la femme que chez l’homme. L’électrocardiogramme montre un QT plus long chez la femme avec une limite supérieure de QTc à 450 ms (millisecondes) chez la femme contre 440 ms chez l’homme. Des modifications de forme du segment ST et de l’onde T apparaissent en pré-ménopause. Les fonctions myocardiques sont identiques chez la femme et l’homme. Durant l’enfance les masses cardiaques ne sont pas différentes chez les filles et les garçons. À la puberté, la masse ventriculaire gauche augmente chez les garçons, ainsi que le diamètre cavitaire et l’épaisseur des parois. Ces différences restent significatives en normalisant les données en fonction de la taille, du poids ou de la surface corporelle de l’individu. Les femmes sont moins atteintes par les pathologies cardio-vasculaires. Mais si elles le sont, le pronostic est plus souvent péjoratif et la maladie moins bien tolérée. Jusqu’à 55 ans, les maladies coronaires sont plus importantes et de pronostic plus péjoratif chez l’homme que chez la femme. Ceci s’explique en partie par l’ambiance hormonale de la femme avant la ménopause (estrogènes). À 70 ans, les femmes ont rattrapé la prévalence et le pronostic des hommes concernant les pathologies cardio-vasculaires. La mise en place d’un traitement hormonal substitutif ne permet pas de limiter la prévalence des maladies cardiovasculaires chez la femme ménopausée, il y a donc d’autres facteurs, que les hormones, qui interviennent dans ce domaine.
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Table des matières
I. Introduction
II. Généralités sur l’activité physique et sportive : la santé de la population et particularités liées à la femme
A. Les femmes et le sport, de l’antiquité à nos jours
B. Différences entre les hommes et les femmes
1. Sociologiques
2. Physiologiques
3. Psychologiques
C. Epidémiologie des femmes et de l’activité physique
D. Recommandations
E. Bénéfices de l’activité physique
1. En général
2. Chez la femme
F. Méfaits du sport
1. Traumatologie, complications cardio-vasculaires
2. Dopage
3. Addiction
4. Méfaits spécifiques de la pratique du sport intensif chez la femme
III. Étude d’une population de femmes en cabinet de médecine générale
A. Matériel et méthode
B. Résultats
1. Caractéristiques de la population étudiée
2. Comparaison des caractéristiques de la population étudiée au respect ou non des recommandations
3. Comparaison des données retrouvées dans la population aux niveaux d’activité physique de loisir
C. Commentaires
1. Histoire locale, contexte de l’étude
2. Niveau d’activité physique
3. Structures sportives
4. Utilisation de la voiture
5. Poids
6. Activité professionnelle
7. Les enfants
8. L’âge et pathologies rencontrées
9. Tabac et addiction
10. Mode de vie
11. La télévision
12. Les recommandations
13. La grossesse
14. Les activités physiques de loisir
15. Les biais
D. En conclusion : Recensement des difficultés rencontrées par les femmes
IV. Rôle du médecin généraliste face à l’activité physique de la femme
A. Médecin généraliste et prévention
B. Recenser les indications de la pratique de l’activité physique
1. Les indications
2. Comment peut-on repérer ces patientes ?
C. Moyens d’action
1. Consultation
2. Représentation extérieure
D. Proposition d’un outil pratique pour l’évaluation de la pratique d’une activité physique
1. Pourquoi la création d’un outil ?
2. Comment ?
3. Création de l’outil informatique
4. But et finalité de l’outil
5. Présentation de l’outil
V. Conclusion
VI. Outil et mode d’emploi
VII. Bibliographie
VIII. Annexes
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