La sanction dans le milieu éducatif
La sanction : vers une tentative de définition
Lorsque l’on cherche à comprendre un terme, un concept, une idée, il est toujours riche et instructif de s’attarder sur ses origines. L’étymologie nous apporte un point de vue complémentaire dans cette démarche clarificatrice. À la base, sanctionner, du latin sancire signifie rendre sacré (sacer). « L’étymologie sac […] donne des mots comme sacrement , serment , sacrifice , sacrilège , sainteté , sanctuaire , sanctifier … Le latin sancio signifie rendre sacré, rendre inviolable par un acte religieux Au départ, la notion de sanction est donc liée à l’acte par lequel une loi ou un traité est établi de manière irrévocable. C’est une façon de rendre un texte obligatoire. Nous verrons que la définition de ce mot a passablement évolué au fil des décennies et s’est étendue à la sociologie et aux sciences de l’éducation. Dans ce travail de Bachelor, j’entends par « sanction » la réaction d’une personne (éducateur) à un comportement (celui d’un enfant) qui s’oppose aux normes, aux règles en vigueur, aux valeurs ou aux personnes d’un groupe constitué. C’est ce type de comportements qui est qualifié, dans l’intitulé de ma question de recherche, comme étant un « acte de désobéissance ». Sans vouloir faire disparaître l’importance de la gratification et de la valorisation qu’offre la récompense au sein de la relation éducative, ce n’est pas cet aspect qui va retenir mon attention. Dans ce travail centré sur la sanction, cette dernière n’est ni un accident, ni une action improvisée. Pourquoi alors ne pas utiliser le terme punition ? Tout simplement parce qu’il semble, dans notre société, être fortement lié aux châtiments, à la violence, à la souffrance et entre dans une dimension expiatrice. Cependant, une différenciation se doit d’être faite avant de poursuivre. Avant d’entreprendre ce travail de recherche, j’avais dans l’idée que la punition était utilisée dans le but de faire souffrir, qu’elle était subjective et souvent injuste alors que la sanction induisait une réflexion voire une réparation lorsqu’il y a préjudice. Cette distinction, qui peut être évidente en théorie, et encore, ne l’est guère sur le terrain. Pour mieux comprendre, intéressons-nous aux mots. « Punir (punire), peut-on lire dans le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière, c’est faire souffrir quelque peine […] à ceux qui ont failli » 21. Punir revêt ici l’idée d’infliger une souffrance. Selon Prairat, professeur de Sciences de l’Education à l’Université Nancy 2 et auteur de nombreux ouvrages sur la sanction, « punir, c’est infliger un mal pour compenser ou annuler un autre mal » Punir correspondrait donc au verbe châtier ? Là encore, une distinction s’impose. « La tradition chrétienne ne manque pas une occasion d’opposer le châtiment à la punition avec le souci affiché de valoriser le premier terme. On châtie celui qui fait une faute afin de l’empêcher d’y retomber, on veut le rendre meilleur… On punit celui qui a fait un crime pour le faire expier : on veut qu’il serve d’exemple. Le châtiment dit une correction, mais la punition ne dit précisément qu’une mortification faite à celui qu’on punit. […] Le châtiment lui-même est plus moral, plus paternel que la punition proprement dite, même quand il semble plus humiliant et plus sévère. Les pères châtient leurs enfants ; les juges font punir les malfaiteurs… Le châtiment dit surtout une correction profitable à celui qui la reçoit ; mais la punition dit avant tout une peine infligée à celui qu’on veut punir […] Si punir c’est venger l’infraction de la loi, châtier, c’est tendre à améliorer » Dans une dernière acceptation, qui semble aujourd’hui s’imposer, la sanction se voit considérée soit comme une punition, soit comme une récompense. « C’est la définition que donne, par exemple, le Dictionnaire de psychopédagogie de Robert Lafon : « Punition ou récompense consécutive à un ou des actes accomplis Selon Eirick Prairat, la notion de sanction représente, d’une manière générale, une peine ou un avantage provoqué par une certaine manière d’agir, de réagir. La sanction devient une conséquence, elle est inscrite dans l’acte, c’est une suite logique. Elle représente, d’une certaine manière, une partie de l’acte, son évaluation. Aujourd’hui, l’éducation distingue la sanction qui s’attache à l’acte, de la punition qui s’en prend à la personne. La différence entre sanction et punition est certes perceptible et claire pour certains auteurs tels que Prairat mais reste ambigüe dans la majorité des ouvrages. Ainsi, ces deux terminologies sont souvent confondues et utilisées indifféremment. Nous verrons plus tard, dans quelle mesure une distinction peut et doit être faite entre punition, sanction et sanction éducative. 7.3 L
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Table des matières
Introduction
1. Résumé du travail de Bachelor
2. Remerciements
3. Introduction
4. Motivations
5. Attentes
6. Question de recherche
6.1 Objectifs de recherche
6.2 Hypothèses
Première partie : la sanction dans le milieu éducatif
7. La sanction comme concept
7.1 Petit historique de la sanction dans le milieu éducatif
7.2 La sanction : vers une tentative de définition
7.3 La sanction, un défi pour l’éducateur
7.3.1 Les rôles de la sanction
7.3.2 La sanction : une technique dépréciée
7.3.3 La sanction porteuse de sens et d’un message
7.3.4 Les risques liés à la sanction
7.3.5 Les châtiments corporels : maltraitants ou pédagogiques
7.4 Quelques types de sanctions
7.5 Les alternatives à la sanction
7.6 La sanction dans une démarche pédagogique et éducative
7.6.1 La sanction éducative selon Prairat
7.6.2 La sanction éducative selon d’autres auteurs
7.7 La sanction, mais pas que
7.7.1 Les règles et leur transgression
7.7.2 Interdits et zones de liberté
7.8 De l’autorité à l’autorité éducative
7.8.1 L’autorité : Potestas et Auctoritas
7.8.2 L’autorité éducative
8. Et les enfants dans tout cela ?
Deuxième partie : méthodologie
9. Méthodologie
9.1 Terrain de recherche
9.2 Entretiens : technique et élaboration
9.3 Méthode d’analyse
Troisième partie : Analyse des données
10. Distinction entre sanction et punition
11. Vérification des hypothèses
11.1 H1 : Une éducation sans autorité ni sanction ne permet pas à l’éducateur de
se faire respecter, obéir
11.2 H2 : Le processus éducatif, en institution, doit contenir un principe, un système
de sanctions
11.3 H3 : La sanction, au sein d’une institution spécialisée, permet à l’enfant : de
connaître ses limites /d’apprendre l’obéissance, le respect, l’autorité.
12. En réponse à la question de recherche
13. Sanctionner sans punir
Conclusion
14. Conclusion
14.1 Positionnement professionnel et personnel
14.2 Pistes d’action et de recherche Références bibliographiques et annexes
15. Références bibliographiques
15.1 Ouvrages
15.2 Articles de revues
15.3 Sites Internet
15.4 Sources audiovisuelles
16. Annexes
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