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Variations saisonnières
Veyret définit la variation comme « l’ensemble des modifications à toutes les échelles temporelles »12. La saison est une période de changements entre les ambiances caractérisant les moments de l’année en fonction de la mobilité des composantes de la circulation globale.
Les variations saisonnières peuvent se définir comme les modifications qui caractérisent le cadre environnemental selon l’évolution saisonnière des indicateurs climatiques tels que les précipitations, les températures et les vents. Elles désignent les variations ou fluctuations des paramètres climatiques à une certaine période de l’année et qui déterminent les conditions environnementales de Diokoul et Gouye Mouride. Appartenant à la zone tropicale, le Sénégal connaît deux saisons : une saison pluvieuse et une saison sèche. Alors, traiter des variations saisonnières des conditions environnementales revient à déterminer les caractéristiques du cadre environnemental en fonction de la saison pluvieuse ou non pluvieuse (saison sèche) et leurs impacts sur les populations.
Conditions environnementales
L’analyse des conditions environnementales passe d’abord par la définition de « condition » et « environnement » ainsi que les mots pouvant se rapporter à ce terme comme cadre de vie et vulnérabilité.
La condition peut se définir comme « la nature, l’état, ou la qualité d’une chose ou d’une personne » (Larousse)13. Nous pouvons alors entendre par condition, la situation (ou l’état) du milieu ou du cadre de vie d’un groupe humain. En outre, le terme est souvent employé au pluriel pour indiquer les caractéristiques du voisinage dans lequel vit un être-vivant.
Le terme environnement est polysémique. Etymologiquement, il vient du verbe environner qui signifie « action d’environner ». Il peut avoir le sens de milieu, d’entourage, de cadre de vie ou encore de contexte. Ce terme désigne ce qui entoure, « sous-entendu le cadre physique et naturel »14. En ce sens l’environnement désigne le milieu et correspond à l’ensemble des éléments biotiques et abiotiques qui entourent un individu.
Dans un sens plus large, ce terme intègre, en plus du milieu physique et naturel, les sociétés humaines avec leurs activités et leurs interactions avec le milieu. L’environnement est « l’ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) dans lesquelles les organismes vivants (en particulier l’homme) se développent »15. Il inclue l’ensemble des éléments naturels (eau, air, sol, végétation, relief, etc.) et les dynamiques sociale, économique et spatiale qui conditionnent la vie de l’homme. En d’autres termes « c’est l’ensemble des facteurs qui influent sur le milieu dans lequel l’homme vit »16. En plus des éléments naturels et matériels, il comporte des personnes, leurs activités, leurs relations, leurs cultures, leurs institutions. En somme, c’est tout ce qui nous entoure et agit sur nous» (Brunet et al.).17 Il correspond alors à l’ensemble des éléments naturels et anthropiques qui constituent le cadre de vie des populations. Le cadre de vie peut se définir comme l’ensemble des éléments entourant la vie d’un individu dans une unité spatiale donnée. Brunet et al. le définissent comme « tout ce qui constitue l’environnement de la vie quotidienne… ». Nous pouvons alors retenir que le cadre de vie est un environnement particulier qui peut désigner le contexte social, économique, culturel… dans lequel vit un individu ou un groupe humain. Il correspond à l’ensemble des éléments qui déterminent les conditions de vie d’une personne.
La dégradation de notre cadre de vie s’accompagne d’une vulnérabilité des populations face aux effets de la pollution (de l’air, de l’eau), des déchets, etc. La vulnérabilité est le caractère de ce qui est fragile, exposé aux agressions extérieures. Elle peut alors être définie comme le degré de fragilité et d’exposition aux risques des populations dans le milieu où elles vivent. C’est aussi la faiblesse ou le manque de capacité des populations à résister face aux problèmes environnementaux.
Ainsi, dans le cadre de notre étude, les conditions environnementales renvoient au cadre de vie des populations des quartiers de Diokoul et Gouye Mouride. Elles constituent l’état de l’ensemble des éléments qui entourent les populations et déterminent leurs conditions de vie. Il s’agit donc du diagnostic des entités spatiales en matière d’environnement, c’est-à-dire l’étude des caractéristiques du milieu et du cadre de vie des populations. Ainsi définies, les conditions environnementales changent d’une période à une autre et d’un lieu à un autre comme c’est le cas dans les quartiers de Diokoul et Gouye Mouride.
Quartier
Le quartier se définit comme une subdivision administrative d’une ville avec à sa tête un chef de quartier. « Le quartier est une entité vivante à l’intérieur de la ville…il constitue un milieu de vie, d’activités et de relations. Il est perçu comme un environnement immédiat, plus familier que l’ensemble de la ville… »18. Au Sénégal, le quartier peut être alors une subdivision administrative, sociale, culturelle de la commune d’arrondissement. Cette dernière se définit, selon le code des collectivités locales, comme un démembrement d’une ville doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elle est dirigée par un Maire et est responsable en matière d’environnement. Elle s’occupe ainsi de la gestion des déchets, de la lutte contre l’insalubrité, des pollutions et des nuisances, etc.19
Etant une portion d’une agglomération, le quartier se caractérise Rufisque par une forte densité, des habitations en dur et des activités du tertiaire ou du secteur informel. Ainsi, les conditions environnementales du quartier affichent des contraintes particulières liées à l’urbanisation.
Impacts
L’impact est défini comme une collision, un dégât ou un effet produit. Dans un sens plus large, il peut aussi désigner l’influence, la conséquence, la répercussion d’un phénomène, d’une activité ou d’une action. Dans le cadre de notre étude, les impacts revoient à distinguer et analyser l’influence des facteurs des variations saisonnières et leurs effets sur les conditions environnementales en relation avec le cadre de vie et la santé des populations.
La synthèse bibliographique
La problématique de l’environnement demeure importante et a fait l’objet de nombreuses rencontres et publications. De même, la dégradation du cadre environnemental à Rufisque et ses facteurs ont été traités dans de nombreux travaux de recherche et ouvrages. Ces publications ont en grande partie traité des questions relatives à l’architecture de la ville, à l’insalubrité, aux problèmes d’évacuation des eaux pluviales et usées et à l’érosion côtière. De même, l’aspect climatique a été relaté dans beaucoup de publications car étant déterminant dans les conditions de vie des populations des pays de la zone intertropicale.
Dubresson A. (1979), dans l’espace Dakar-Rufisque en devenir : de l’héritage urbain à la croissance industrielle, aborde les caractéristiques de la croissance urbaine et industrielle de la ville. Cet ouvrage nous a permis d’avoir des connaissances de base sur la ville de Rufisque et ses quartiers, mais aussi de comprendre la morphologie de ladite ville.
Dans son ouvrage, La bataille de l’environnement, Vernier J. (1971) traite de la dégradation de l’environnement et ses causes anthropiques. Dans cet ouvrage, l’auteur a défini dans un langage simple le concept d’environnement. Il a également abordé les influences néfastes des activités humaines, dont l’industrie et les transports (particulièrement des véhicules) sur l’environnement. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 1978), dans le Manuel de gestion de la qualité de l’air dans les villes, expose les facteurs influant sur la qualité de l’air et leur mode de gestion en milieu urbain. Actuellement, les problèmes liés à la pollution de l’air sont de plus en plus importants surtout dans les villes et influent beaucoup sur la santé des citadins. Ce rapport constitue une alerte concernant les effets de l’urbanisation, car la plupart des populations sont disposées à causer des dégâts à l’environnement en échange « d’un niveau de vie élevé ». Les populations cherchent à tout prix à s’engouffrer dans les villes, lieu de concentration croissante de pollutions et de dommages causés par les polluants, les odeurs nauséabondes et la mauvaise qualité de l’air. Gendreau F. et al. (1996), dans Population et environnement dans les pays du Sud, abordent la problématique de l’impact de l’homme sur son environnement. Cet ouvrage traite particulièrement des mécanismes et des effets de la dégradation environnementale dans les pays sous-développés. Ainsi, la question de l’environnement urbain et de ses méfaits sur les sociétés humaines est largement relatée dans la quatrième partie de l’ouvrage. En effet, la dégradation de l’environnement en milieu urbain est conditionnée par l’effet de l’urbanisation. Ainsi, on assiste de plus en plus, à l’évolution du climat urbain avec la modification par l’homme des processus hydrologiques et climatiques, avec notamment la création d’« îlots de chaleur » urbain. L’urbanisation, surtout dans les pays en développement marqués par la faiblesse du niveau de vie, crée des risques à l’environnement dont un exemple est constitué par les inondations liées à la déficience du réseau d’évacuation des eaux pluviales et usées. De même, la qualité de la vie en milieu urbain reste problématique avec les questions sanitaires qui dépendent du climat et de la mauvaise gestion des déchets.
Par ailleurs, Mbodj N. R. W. (2007), dans La gestion des systèmes d’évacuation des eaux usées domestiques et pluviales et des ordures ménagères à Rufisque : exemple des quartiers de Keury Kaw, Cité Filao et Colobane Gouye Mouride, aborde la gestion du cadre environnemental des populations. L’auteur expose les modes de gestion des systèmes d’évacuation des eaux usées domestiques et pluviales et des ordures ménagères à Rufisque à travers l’exemple de trois quartiers, dont Gouye Mouride, et leurs impacts sur l’environnement urbain et les populations.
Des analyses ont été faites sur les caractéristiques climatiques de Rufisque à travers un réseau constitué des stations pluviométriques de Rufisque, Pikine, Mbao-Thiaroye et de la station synoptique de Dakar-Yoff. Ce qui lui a permis d’étudier les variabilités mensuelle et interannuelle de la pluviométrie à Rufisque. De ces analyses, il ressort que les mois de juillet, d’août et de septembre sont les plus pluvieux et ont respectivement des totaux moyens mensuels de 65,6 mm, 159 mm, 157 mm20. Les températures ont une évolution unimodale avec un maximum intervenant en octobre (31,3°C) et un minimum situé en janvier-février (21,7°C).21
Diop I. N. (1995), dans L’érosion côtière sur la Petite Côte du Sénégal à partir de l’exemple de Rufisque : Passé-Présent-Futur, décrit dans la première partie les mécanismes de la circulation atmosphérique et des vents. Au Sénégal, les vents des basses latitudes dépendent de la position et de l’intensité de quatre champs de pression. Les deux anticyclones maritimes permanents (ceux des Açores au Nord et de Sainte-Hélène au Sud) dirigent les flux d’alizés maritimes de Nord-Est et de Sud-Est vers l’équateur. L’anticyclone continental maghrébin (ou lybien), semi-permanent, dirige sur l’Afrique sahélienne l’harmattan. Enfin, il y a la dépression saharienne dont l’axe constitue l’Equateur Météorologique au niveau du continent. Le climat de la presqu’île du Cap Vert se caractérise par une saison sèche et « froide » (d’octobre à mai) où s’exercent les alizés de secteur Nord-Ouest à Nord-Est. La saison des pluies ou hivernage (juin à octobre) est chaude et humide et est marquée par la prédominance de la mousson du Sud-Ouest qui favorise les pluies. En outre, l’alternance des saisons est liée au déplacement saisonnier de l’Equateur Météorologique. Dans son ouvrage, l’auteur aborde également les variations saisonnières du niveau moyen de la mer22. Sarr K. 1998, dans Erosion et pollution littorales, l’exemple de la plage de Rufisque : (du Cap des biches aux environs de Bargny), aborde les facteurs naturels et anthropiques des processus d’érosion et de pollution littorales. Ce mémoire montre que la dégradation des conditions environnementales résulte de l’interaction de processus naturels et d’activités humaines. Ainsi, les conditions climatiques jouent un rôle non négligeable sur les processus d’érosion de la plage et même sur l’avancée de la mer à Rufisque.
La CA de Rufisque Est, dans son Plan d’Investissement Communal (PIC) dont l’objectif est de disposer d’un document cadre de référence, de programmation et de mise en œuvre des options locales de développement pour la période 2012-2015, présente entre autres un diagnostic de la gestion du cadre de vie et de l’environnement et la grande importance qu’elle revêt. Ce document décrit la défaillance du système de collecte et d’évacuation des ordures ménagères dans des quartiers mal lotis. Celle-ci accentue la problématique de l’évacuation des eaux usées et pluviales avec les canaux à ciel ouvert. Cela cause d’énormes problèmes aux populations surtout en période d’hivernage. On y indique que la pollution générée par la SOCOCIM est une réelle menace pour la santé des populations de Gouye Mouride avec les maladies pulmonaires, les infections respiratoires, etc. Aussi, les changements climatiques ont d’énormes conséquences sur la partie littorale de Rufisque avec notamment le réchauffement climatique qui participe à l’élévation du niveau marin. Les données du Ministère de l’Environnement en 2010 révèlent que toute la bande allant de la baie.
Les données démographiques
Les données démographiques sont obtenues à l’ANSD. Elles nous ont permis de connaître le poids démographique des deux quartiers dans leurs communes d’arrondissement. Elles nous ont aussi permis de déterminer notre échantillon d’enquête à partir des résultats du recensement de 2002(les données du dernier recensement de 2014 n’étaient pas encore disponibles). Les enquêtes menées dans ces deux quartiers ont permis de déterminer leurs caractéristiques socio-économiques.
Le questionnaire, l’échantillonnage et le guide d’entretien
Un questionnaire et un guide d’entretien nous ont permis de recueillir des données sur les résidents de Diokoul et Gouye Mouride, l’habitat et les conditions environnementales. Le questionnaire renferme des questions permettant d’atteindre les objectifs de recherche. Son but est de connaître les caractéristiques socio-économiques des populations ciblées, les facteurs qui influent sur les conditions environnementales, les impacts et les stratégies mises en place.
L’échantillonnage consiste à déterminer la population à enquêter. Il a pour but de simplifier la collecte des données sur le terrain avec l’élaboration d’un échantillon bien représentatif de l’ensemble de la population. Pour établir l’échantillon, il est important de déterminer l’unité d’enquête et son objectif. Nous avons choisi un échantillon avec la méthode par quotas. Cette méthode permet de répartir l’échantillon en fonction du poids démographique des quartiers. L’ensemble des ménages constitue notre population mère. Ainsi, avec la méthode des quotas, nous allons en extraire notre échantillon, faisant ainsi du ménage notre unité d’enquête.
Les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2002 ont dénombré 1152 ménages à Gouye Mouride et 1397 ménages à Diokoul répartis entre les sous-quartiers. Ainsi, nous avons enquêté dans chaque quartier ou sous-quartier 10 % des ménages. Par rapport à la taille démographique de la zone d’étude, un échantillon de 10 % permet d’interroger une portion importante de la population. Ainsi, nous obtenons la répartition du tableau ci-après (tableau 1).
Les formations affleurantes à Rufisque
Les affleurements présents dans la zone de Rufisque sont des formations sédimentaires de l’Eocène inférieur à moyen et des formations du Quaternaire (Elouard et al., 1976a et b).27Ces formations de l’Eocène inférieur et moyen sont constituées de calcaire, de marne et d’une alternance marno-calcaire. Dans cette zone, des sols calcaires bruns alternent avec des vertisols gris-noir. Les affleurements quaternaires sont constitués de grès de plage.
L’Eocène inférieur et moyen
Cette phase est marquée par une alternance de transgressions et de régressions avec une sédimentation à dominante biochimique. L’Eocène inférieur est ainsi marqué, selon Niang I,28 par quatre formations :
– le Ravin des voleurs est constitué de Marnes blanches feuilletées à attapulgites contenant des minéraux phosphatés, parfois silicifiés et de silex ;
– l’horizon de Ngazobil représente l’Yprésien avec des marnes grises à Attapulgite, à lits de calcaires argileux à Cuvilueina rhebaica et Ostracodes ;
– le calcaire de Bargny est composé d’une alternance de calcaires sublithographiques et de couches marneuses. A sa base, il renferme de nombreux lits et accidents siliceux phosphatés ;
– la série de Rufisque est peu épaisse et érodable. Elle est constituée de deux ensembles formés par des marnes et des calcaires de Thiore et de Dakh-Abdat (Brancart, 1975 et 1977).
Le Quaternaire
Les formations du quaternaire sont représentées par les beach-rocks ou grès de plage reposant en discordance sur les marnes yprésiennes. Elles sont affleurantes en bordures de plage. Les dunes ogoliennes de l’Erg de Pikine d’orientation Nord-Est/Sud-Ouest et qui s’avancent vers le Sud dans la dépression de Rufisque sont aussi observées dans la zone.
Les quartiers de la zone d’étude sont situés sur une zone basse marquée par la faiblesse de la topographie, un terrain marno-calcaire et argilo-marneux et une nappe affleurante. La ville de Rufisque est construite sur une zone dépressionnaire entre les bas plateaux de Mbao et de Bargny29. La texture des sols et la topographie sont variables d’un quartier à l’autre et même parfois au sein d’un même quartier. Ainsi, Situé sur le littoral et au Sud-Ouest de la ville, Diokoul se caractérise par la faiblesse de la topographie avec une côte basse et sableuse. Gouye Mouride se situe dans un système de dépression à nappe superficielle ou affleurante. Selon Dubresson,30 un épanchement basaltique post lutécien rompt la monotonie du cordon dunaire et provoque un léger décrochement de la ligne de rivage. Cela favorise l’existence d’une petite rade relativement abritée durant la saison sèche où soufflent les alizés. La nature argilo-marneuse et marno-calcaire du terrain se traduit par l’imperméabilité des sols.
L’hydrographie et les sols
Du point de vue hydrographique, la ville de Rufisque est bien sillonnée et marquée par une succession de bassins versants (carte 3). Elle est située sur une demi-cuvette et forme une dépression ondulée. Selon Laaroubi (2007) un marigot entourait le centre-ville. Beaucoup de quartiers de l’Escale (ville lotie) ont été construits sur une demi-cuvette. D’autres quartiers sont construits sur les exutoires. Ce qui entraîne les difficultés d’écoulement des eaux pendant l’hivernage. Rufisque est globalement parcouru par des ruisseaux qui se jettent en mer. Selon Dubresson, en 1980, deux marigots ceinturaient encore la ville qui était traversée par beaucoup de cours d’eau qui ont été perturbés et/ou ensevelis avec le phénomène d’urbanisation. Rufisque est couverte par quatre grands bassins versants : les bassins versants de Diokoul, de Thiokho, de Keury Souf, et de la SOCOCIM. Ces bassins versants sont transformés en collecteurs qui recueillent les eaux pluviales qui se déversent en mer. Ceux-ci sont utilisés par les populations riveraines pour l’évacuation des eaux usées. La plupart des canaux, qui traversent Rufisque, sont établis sur les bassins versants ou sur d’anciens marigots.
En outre, du point de vue pédologique, on note une alternance de sols calcimorphes bruns et des vertisols dans la zone de Rufisque. Selon laaroubi31, la formation des sols calcimorphes est indépendante du climat et de la végétation. Ils sont appelés rendzines. Ce sont d’anciens vertisols qui évoluent actuellement vers les sols bruns calcimorphes (DE Blic, 1965). Les rendzines sont de couleur grise ou blanche et sont formés sur les marnes et les marno-calcaires. Ces sols sont localisés en bordure du plateau de Bargny, à la cimenterie et vers le Cap des Biches. On peut aussi distinguer les sols hydromorphes formés sur les marnes à attapulgites qui sont marqués par la présence permanente ou temporaire d’eau.
CARACTERISTIQUES CLIMATIQUES
Le climat est un facteur déterminant dans l’environnement. Il affecte généralement les conditions de vie des populations. Cela par rapport à leurs espaces géographiques qui restent le plus souvent très vulnérables surtout en milieu urbain. C’est le cas dans les quartiers de Diokoul et Gouye Mouride. Il convient de voir dans ce chapitre les caractéristiques du climat de la zone d’étude et l’évolution des températures et des précipitations de 1971 à 2013.
Généralites
Sur le plan climatique, le Sénégal s’étend sur les zones sahélienne et soudanienne. Ses caractéristiques climatiques sont en rapport avec les facteurs géographiques et aérologiques. Le climat s’inscrit dans la dynamique de la circulation tropicale, et est régi par les centres d’action et leurs flux. Ils sont constitués de l’anticyclone des Açores dans l’hémisphère Nord et de celui de Sainte-Hélène dans l’hémisphère Sud. Il y a aussi les effets de l’anticyclone maghrébin et la dépression thermique continentale. Du point de vue aérologique, on rencontre dans le pays une différence climatique. La partie littorale enregistre des températures fraîches par rapport à l’intérieur du pays où dominent les alizés continentaux. Cela découle de la fréquence des alizés maritimes sur la zone côtière (carte 4). Les précipitations sont apportées par des perturbations. De ce fait le climat est bien tranché par deux saisons:
– l’hivernage, ou saison des pluies qui correspond à la circulation de la mousson de juin à octobre;
– la saison sèche qui est marquée par les alizés maritimes à dominantes Nord ou Nord-Ouest et les alizés continentaux (Nord-Nord-Est).
Par ailleurs, le climat de la ville de Rufisque se confond, dans ses grandes lignes, avec celui de la région de Dakar (presqu’île du Cap-Vert). Il s’intègre dans le domaine sahélien côtier. Les conditions climatiques sont caractérisées par :
– une forte présence de l’alizé maritime ;
– une faible présence de la mousson ;
– de faibles températures ;
– de faibles précipitations < 500 mm.
L’analyse des éléments climatiques
Dans notre étude, les différents paramètres climatiques sont analysés à partir de données mensuelles durant la période 1971-2013. Elles concernent l’insolation, le vent, la température, l’évaporation, l’humidité relative et les précipitations.
L’insolation
L’insolation est le temps d’ensoleillement d’un lieu. Elle varie en fonction de la saison et est exprimée en heures. En cas de présence importante de nuages dans le ciel, l’insolation est faible. Elle reste élevée en cas d’absence de nuages.
Les mois de mars, avril et mai sont les périodes où l’insolation est plus importante. Les mois de juillet, août, septembre et décembre-janvier sont les moins ensoleillés. L’insolation minimale intervient pendant l’hivernage (juillet-août-septembre). Elle s’explique par une importante présence de nuages avec la saison pluvieuse. La faible insolation aux mois de décembre et janvier correspond à l’hiver boréal (tableau 2).
Les vents
Le vent est un déplacement naturel de l’air. Les vents dépendent des champs de pressions qui régissent la circulation tropicale. Cette circulation s’effectue des zones de hautes pressions vers les zones de basses pressions. Les alizés, orientés du Nord-Est vers le Sud-Ouest, sont chauds et secs et sont appelés harmattan. Ceux orientés du Nord-Ouest vers le Sud-Est, sont humides et appelés alizés maritimes. Ils sont responsables des températures dans les zones côtières. La mousson est de l’alizé qui traverse l’équateur géographique et est dévié par la force de Coriolis. Sa direction est le plus souvent Sud-Ouest au Sénégal et sa vitesse est fonction de celle de l’alizé. Les vents se distinguent en fonction de leur direction et de leur vitesse. Leur épaisseur varie en fonction de leur parcours. A Dakar, les alizés de secteur Nord-Ouest à Nord-Est circulent d’octobre à mai (saison sèche). La mousson prédomine pendant la saison pluvieuse. L’évolution de la vitesse moyenne des vents montre une variabilité saisonnière. La vitesse est minimale en septembre et maximale en avril (figure 1).
Les températures
Les températures résultent d’un transfert d’énergie à partir du rayonnement solaire. Celui-ci est la source d’énergie du système climatique. La répartition de ce rayonnement fait apparaître des régions excédentaires en énergie (régions tropicales) et des régions déficitaires (régions polaires). La température décroît de la zone tropicale aux pôles. Elle connaît des variations journalières du fait de la variation du rayonnement solaire. Les variations au cours de l’année sont prioritairement expliquées par l’obliquité de l’équateur terrestre par rapport au plan de l’écliptique. Il existe des variations spatiales et temporaires ou saisonnières des températures. Ainsi, les facteurs spatiaux et temporels influent sur les variations de températures.
L’analyse des températures moyennes mensuelles de la région de Dakar montre que le mois de février a la plus faible température (21°C) et celui d’octobre la température la plus élevée (27,8°C). L’évolution des températures à Dakar est unimodale avec un minimum en février et un maximum en octobre. Nous pouvons également distinguer à travers l’évolution mensuelle des températures deux saisons thermiques dont une saison fraîche, de décembre à mai, et une saison chaude, de juin à novembre (tableau 3).
Nous notons une forte variabilité interannuelle de la température de 1971 à 2013 dont la moyenne est de 24,7°C. La température passe de 24,3°C à 25,9°C entre 1994 et 1998. L’année 2010 est la plus chaude avec 26,1°C soit un écart de 1,4°c par rapport à la moyenne 1971-2013. Les années 1974 (23,4°C) et 1976 (23,3°C) les plus fraîches avec des écarts à la moyenne de -1,3°C (figure 2).
L’évaporation et l’humidité relative
L’évaporation est la quantité d’eau restituée en vapeur dans l’atmosphère. L’humidité est la quantité de vapeur d’eau contenue dans l’air. L’évaporation et l’humidité sont deux paramètres climatiques importants. Leur évolution peut être liée à l’importance de l’évaporation.
L’évaporation se caractérise par une certaine variabilité. Elle dépend beaucoup de l’humidité et de la température de l’air, mais aussi de la vitesse du vent. Il faut noter que l’évaporation est une grosse consommatrice d’énergie. Le vent la renforce même s’il est humide et ceci par rapport à son apport d’énergie cinétique lié aux mouvements.
L’évolution de l’évaporation moyenne à Dakar montre que les variations mensuelles sont plus ou moins faibles. L’évaporation est considérable de novembre à janvier. De février à mai elle connaît une baisse régulière. Elle observe une légère augmentation entre juin et juillet avant de devenir faible aux mois d’août et de septembre (figure 3).
Ainsi, les valeurs d’évaporation moyennes mensuelles maximales sont obtenues de novembre à janvier (novembre 36,2 mm, décembre 39,2 mm, janvier 35,6 mm). Les valeurs minimales sont observées aux mois d’août (22,6 mm) et de septembre (20,1 mm) avec la saturation de l’air.
L’humidité relative est importante à Dakar du fait de la circulation des alizés maritimes et de la mousson. Les variations mensuelles d’humidité restent faibles (figure 4). Cependant, l’humidité est plus importante pendant la saison des pluies. La mousson et la pluie sont responsables de cette forte humidité (figure 4).
Les précipitations
L’analyse des données pluviométriques permet de faire un certain nombre d’observations sur les variations mensuelles et interannuelles.
La saison pluvieuse dure généralement 3 à 4 mois (de juillet à octobre). Elle s’installe progressivement à partir de juillet, car en juin la pluviométrie reste très faible (8,5 mm). Les plus importantes pluies sont enregistrées aux mois d’août et de septembre. Le mois d’août est le mois le plus pluvieux avec 141,9 mm de pluie. En octobre, on note une diminution brutale des pluies. De 119,4 mm en septembre, la pluviométrie passe à 21 mm (figure 5).
Les pluies à Dakar se caractérisent par une très forte variabilité interannuelle. Ainsi, sur une série de 43 ans (1971-2013), on distingue 20 années excédentaires et 23 années déficitaires. Nous pouvons distinguer 4 périodes suivant les années déficitaires et les années excédentaires (figure 6).
– La période 1971–1984 est globalement déficitaire (11 années déficitaires et 3 années excédentaires) avec l’année la plus déficitaire de la série, c’est-à-dire 1972.
– La période 1985–1989 est marquée par une succession d’années excédentaires.
– La période 1990–1994 a une succession d’années déficitaires.
– La période 1995–2013 est globalement excédentaire avec 12 années excédentaires et 7 années déficitaires. Elle renferme l’année la plus excédentaire de la série (2005).
La variabilité est aussi manifeste au niveau des années excédentaires que des années déficitaires en fonction du degré de déficit ou de l’excédent. Plusieurs années sont déficitaires.
Les années très faiblement déficitaires ont un déficit inférieur à 20 %. Il s’agit des années 1973, 1978, 1979, 1981, 1982, 1993, 1998, 2002 et 2011. Les années faiblement déficitaires ont leur déficit situé entre 20 et 40 %. Ces années sont 1984, 1990, 1991, 1994, 2001, 2004 et 2007. Les années 1977, 1983, 1992 et 1997 sont moyennement déficitaires avec un déficit situé entre 40 et 60 %. L’année 1972 est très déficitaire avec un déficit de plus de 60 %.
Les années 1975, 2005 et 2012 fort excédent supérieur à 60 %. Les années dont l’excédent est compris entre 40 et 60 % sont moyennement excédentaires. Ce sont 1985, 1989, 2000, 2009, 2010 et 2013. Les années 1987, 1988, 1995, 1996 et 1999 et 2008 ont un excédent entre 20 et 40 %. Elles sont faiblement excédentaires. Les années 1971,1974, 1976, 1980, 1986, 2006 et 2003 sont très faiblement excédentaires (excédent inférieur à 20 %).
En conclusion de ce chapitre, on peut retenir que le climat de la zone d’étude se caractérise par une importante variabilité. Celle-ci se manifeste à travers la température et les précipitations.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION GENERALE
La problématique
1.1 Le contexte
1.2 La justification
L’analyse conceptuelle
2.1 Variations saisonnières
2.2 Conditions environnementales
2.3 Quartier
2.4 Impacts
La synthèse bibliographique
Les questions de recherche
Les objectifs de la recherche
Les hypothèses de la recherche
La méthodologie
7.1 La revue documentaire
7.2 L’acquisition des données
7.2.1 La collecte des données climatiques
7.2.2 Les données démographiques
7.2.3 Le questionnaire, l’échantillonnage et le guide d’entretien
7.3 Le traitement et l’analyse des données
Le plan
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DE LA ZONE D’ETUDE
Situation géographique
Le contexte morpho-géologique
Les formations affleurantes à Rufisque
3.1 L’Eocène inférieur et moyen
3.2 Le Quaternaire
L’hydrographie et les sols
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES CLIMATIQUES
Généralites
L’analyse des éléments climatiques
2.1 L’insolation
2.2 Les vents
2.3 Les températures
2.4 L’évaporation et l’humidité relative
2.5 Les précipitations
CHAPITRE III : CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES
Caractéristiques de la population
1.1 Caractéristiques socio-économiques des ménages
1.1.1 La taille des ménages
1.1.2 Le sexe et l’âge des chefs de ménage
1.2 Les caractéristiques socioprofessionnelles
1.2.1 Les caractéristiques socioprofessionnelles de Diokoul
1.2.2 Les caractéristiques socioprofessionnelles de Gouye Mouride
Conclusion
DEUXIEME PARTIE : LES CONDITIONS ENVIRONNEMENTALES ET LEURS VARIATIONS SAISONNIERES A DIOKOUL ET A GOUYE MOURIDE
Introduction
CHAPITRE I : LES CONDITIONS ENVIRONNEMENTALES A DIOKOUL ET A GOUYE MOURIDE
Les types d’habitations
Caractérisques du cadre environnemental de Diokoul et Gouye Mouride
2.1 Le cadre environnemental à Gouye Mouride
2.2 Le cadre environnemental à Diokoul
CHAPITRE II : LES FACTEURS DES VARIATIONS SAISONNIERES
L’analyse des variations de quelques paramètres climatiques de l’année 2012
1.1 Analyse des vents
1.2 Analyse des températures
1.3 Analyse de la pluviométrie
Analyse du déroulement de l’hivernage 2012
Caractéristiques des facteurs des variations saisonnières
CHAPITRE III : LA SAISONNALITE DES FORMES DE DEGRADATION DES CONDITIONS ENVIRONNEMENTALES
Les conditions environnementales pendant la saison sèche
1.1 Les conditions environnementales pendant la saison sèche à Gouye Mouride 70
1.2 Les conditions environnementales pendant la saison sèches à Diokoul
Les conditions environnementales pendant l’hivernage
2.1 Les conditions environnementales pendant l’hivernage à Gouye Mouride
2.2 Les conditions environnementales pendant l’hivernage à Diokoul
Conclusion
TROISIEME PARTIE : LES IMPACTS DES CHANGEMENTS DES CONDITIONS ENVIRONNEMENTALES
CHAPITRE I : IMPACTS SUR LE CADRE DE VIE
Les impacts sur la qualité de l’air
1.1 Les impacts sur la qualité de l’air à Gouye Mouride
1.2 Les impacts sur la qualité de l’air à Diokoul
Les inondations et les eaux stagnantes
2.1 Les inondations et les eaux stagnantes à Gouye Mouride
2.2 Les inondations et les eaux stagnantes à Diokoul
L’insalubrité
CHAPITRE II : IMPACTS DES CHANGEMENTS DES CONDITIONS ENVIRONNEMENTALES SUR LA SANTE DES POPULATIONS
Les conséquences de l’insalubrité sur certaines pathologies
La pollution industrielle et les maladies respiratoires
La prévalence des maladies à Gouye Mouride
La prévalence des maladies à Diokoul
CHAPITRE III : LES STRATEGIES MISES EN PLACE
Les initiatives face aux problèmes des eaux usées
1.1 Les initiatives à Gouye Mouride
1.2 Les initiatives à Diokoul
Les actions face aux ordures ménagères
Les réactions des populations face aux eaux stagnantes et aux inondations
Les limites des stratégies
4.1 Les limites des initiatives contre les ordures ménagères
4.2 Les limites des initiatives pour les eaux usées et les inondations
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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