LA RUMEURDANS L’ DANS L’ DANS L’ORGANISATION ORGANISATION SOCIALE

La rumeur et l’individu

     Certes, la rumeur a une finalité collective mais elle tire sa source individuellement. Les rumeurs se propagent au sein de la société et annoncent un risque collectif qui est censé motiver une anticipation individuelle. La réplique face à la rumeur est de type individuel, cette réplique puise à la fois dans l’imaginaire de l’individu, ″menacé dans sa propre existence″, et dans l’expérience d’une réalité dont la rationalité se dérobe à l’interprétation. Partant du concept d’individualisme méthodologique, la rumeur nait à partir de l’individu, il reçoit l’information, il l’interprète, il la transforme, il réagit par rapport à elle. L’agrégation de toutes ces actions individuelles vis-à-vis d’une information crée la rumeur qui couvre un groupe social donné. Face à ce phénomène collectif qui est la rumeur, l’individu réagit par anticipation (rationalité), dans ce cas la rumeur est considérée comme des réponses individuelles aux différentes peurs collectives en cours dans une société.
a) L’obligation de chercher une source
La rumeur face à son origine géographique : Cette théorie, fruit d’une recherche personnelle sera validée ou non dans notre cadre de recherche. L’individu s’identifie au lieu de source de la rumeur sans sentiment d’appartenance à un groupe spécifique. La déformation ou la détérioration de l’information est en fonction d’un facteur géographique sans intervention d’une collectivité bien distincte. L’impression de lien, le sentiment d’attache à l’information est une source de déformation de cette dernière. Plus l’individu ne se sent pas lié à l’information plus le changement/déformation de cette information (détail, structure) est considérable. Plus l’individu se sent loin (non lié) de l’information, plus les pertes de détails de l’information augmentent. La perte de l’information (détails, structures) s’amplifie par rapport à l’éloignement de la source géographique de la rumeur. La source géographique, ou le lieu où s’est déroulée la rumeur, est un facteur d’attache d’un individu par rapport à l’information.
Croire à l’incroyable : Comme nous l’avons déjà énoncé, la rumeur est souvent associée à une surproduction imaginative de l’homme (reste à prouver) qui, naturellement, met en doute la véracité de l’information de sa source et de son contenu. La source constitue alors l’un des critères qui fait d’une information une rumeur. Elle s’intéresse donc aux conditions de la transmission de l’information venant d’autrui, et aux relations de confiance et d’autorité. Mais ses préoccupations sont plus larges et concernent tout ce qui a trait à la dimension sociale de la connaissance : la construction, au cours d’interactions, de justifications recevables ou acceptables ; les modes ordinaires de pensée et de raisonnement ; ou encore les relations de coopération et de collaboration dans une communauté quelconque. Cela peut cependant marcher, contre toute attente et toute raison, car la propension à croire l’incroyable et à le préférer à la pâle vérité de la vie est grande chez l’être humain hautement éduqué et civilisé. Et il aime qu’on lui raconte des histoires à dormir debout. Mais aussi des sources indirectes reposant sur la confiance ou sur l’autorité accordée à autrui.
b) Changement volontaire et isolé de l’information : La transformation de l’information est isolée au groupe, ainsi, elle traduit la volonté individuelle de l’individu sans intervention collective, cette volonté change selon l’individu. L’individu isolé agit sur l’information sans l’intervention sociale, il est le principal agent de propagation et d’amplification de l’information (source de la rumeur), la somme de l’action de chaque individu crée la rumeur. La rumeur dépend de l’implication et du degré d’implication de l’individu par rapport à celle-ci. Si un individu estime être concerné dans une information, il interprète l’information selon sa situation. Il est vrai que la recherche de soutien dans le collectif est naturelle chez l’homme mais l’individualité prime, ainsi, l’individu pense à lui d’abord. Ce qui l’amène à prendre des dispositions anticipatives malgré sa croyance ou non à cette rumeur. De toute manière, comme le souligne Rouquette, pour l’individu concerné le problème de la véracité de la rumeur ne se pose en général pas. La rumeur existe et circule, que les gens la pense fondée ou pas. La réaction d’un individu intimement lié à une rumeur est indépendante à la croyance de ce dernier à la rumeur. Submergé par la peur, l’individu réagit forcément. Poussé par l’incertitude il entraine aussi les autres identiques à son cas dans un sentiment de peur et d’incertitude, ce qui produit la propagation rapide de la rumeur chez les présumés concernés à la rumeur afin de produire un acte collectif. Cette réaction en chaîne individuelle crée le mouvement collectif. C’est le cas d’une rumeur qui a circulé à l’université surtout dans les campus universitaires sur l’adoption de l’université du système LMD. Avec ce nouveau système, les étudiants ont cru que les formations seront payantes à l’université. Ils ont confondu système de crédit et coût de formation. Pris de panique par cette nouvelle, chacun interprète cette information selon ses convictions mais le doute persiste et malgré l’invraisemblance de l’information un mouvement des étudiants est né pour s’opposer à l’instauration de ce nouveau système à l’université. Alors sans cette réaction en chaîne, une rumeur ne sera jamais un mouvement collectif mais comme nous l’avons déjà avancé auparavant les individus touchés par une rumeur ne sont obligés de cohabiter ensemble. Individuellement et indépendamment des autres, un individu peut réagir face à une rumeur sans savoir la réaction d’autrui, et un autre individu peut réagir pareillement au premier face à la même rumeur sans être en contact avec lui et ainsi de suite. Cette réaction isolée est de plus en plus possible de nos jours, grâce à l’évolution de la communication, c’est-à-dire la possibilité de transmission des informations sans moyen (support) humain. Après interprétation individuelle de l’information, il transmet sa version des faits à autrui. De cela est née la rumeur.
c) Nature perverse et destructrice chez l’homme : Ci-dessus, nous avons évoqué que la déformation des informations effectuée par l’homme peut être intentionnelle ou involontaire. Dans cette partie nous allons dénoncer la nature de l’homme face à l’information. Comme nous avons déjà avancé, la rumeur est étiquetée à une surproduction imaginative de l’homme. Face à l’information, l’homme a un penchant irrésistible de déformation et c’est inné chez lui. Par ailleurs, il a aussi le goût du spectaculaire, de l’extraordinaire. Individuellement ou en groupe, un individu conscient ou inconscient, change les informations qu’il reçoit et transmet ces informations selon sa version. Animé par un besoin de reconnaissance et de fascination à l’extraordinaire et au fantastique, l’individu transforme par perversion les propos à sa guise. Un individu changerait volontairement un fait banal à quelque chose d’extraordinaire pour impressionner les autres et lui-même. Ce goût à l’inhabituel est souvent exploité par les commerciaux pour attirer l’homme à la consommation. Cette pratique est plus manifeste chez nous, par les journaux à sensation (fait divers) qui sont les journaux les mieux vendus dans la capitale. Ces journaux font appel à la peur, aux fantasmes et offrent l’extraordinaire, l’irréel et l’inhabituel à chacun. Dans notre recherche, nous allons scruter comment l’homme dénature l’information par pure perversion pour que celle-ci se réduira à une simple généralité ou perd des détails.

Réalité sociale et information

    La rumeur est un phénomène de contagion sociale groupale, elle s’apparente par son fonctionnement à des épidémies et comme toutes épidémies elle a ses modes de diffusion : soit un agent virulent avec une diffusion rapide, soit une incubation très lente puis une expansion rapide et après l’extension l’extinction. La durée de vie d’une rumeur est variable, c’est la société qui ranime ou éteint la rumeur. Indépendamment de sa source, une fois ancrée dans le tissu social, la rumeur devient autonome et prend plus vite d’ampleur. Malgré un démenti de la source, la rumeur ne s’éteint pas et dès fois l’intervention de la source ravive encore plus la rumeur. Après le démenti tardif de l’ex-ministre de l’enseignement et de la recherche scientifique Radavidson Andriamparany à propos de la discorde entre lui et le Président de la République, beaucoup de spéculations restent toujours en cours. Il ne faut pas oublier aussi, l’existence d’incohérence entre  les démentis des deux parties. D’autres polémiques à partir de ce démenti viennent encore superposer à la première polémique, ceci a ravivé la rumeur à ce propos. L’incohérence entre ces démentis a déterminé la croyance des gens à la rumeur. Les démentis sont des mensonges et le ″non dit″ constitue la vérité et comme l’homme est avide de vérité, la rumeur est née, elle s’amplifie et peut sombrer dans l’oubli sans un entretien. Le doute à ce démenti a inversé la perception sociale qui croit que la vraie information vient des dirigeants et que la rumeur est de la masse. Cette incertitude a entrainé une méfiance vis-à-vis des dirigeants considérés comme source de rumeur, ainsi la vérité devient l’affaire de la rue. La rumeur constitue un contre pouvoir, une contre norme et elle se nourrit dans ce qui n’a pas été dit dans ce qui est dévalorisé. La rumeur est faite pour remettre en cause la norme et la parole officielle. C’est un mélange entre le contenu et le contexte. Il faut que le contenu intéresse le cercle d’individu dans lequel la rumeur va essayer de fonctionner. Il y a donc une appropriation entre le contenu et le public. S’il n’y a pas cette consistance, il n’y a pas de rumeur. Il doit y avoir une consistance dans le sociale et pour qu’une rumeur s’amplifie il doit y avoir des dicteurs informationnel qui vont pouvoir s’emparer de cette rumeur.

Psychologie et rumeur Psychologie et rumeur

     La rumeur est considérée comme des réponses individuelles aux différentes peurs collectives en cours dans une société La rumeur comme nous l’avons déjà avancé est une réponse individuelle face aux craintes collectives. C’est vrai que cette rumeur émane une certaine peur chez les villageois. Cette peur n’est pas tellement manifeste mais une certaine crainte se dégage des récits des villageois lors de l’enquête. La réaction de chacun par rapport à cette rumeur est assez singulière. Le partage de cette peur par chacun alimente l’expansion de la rumeur mais surtout quand l’individu prend des initiatives qui vont renforcer le doute chez les autres. Une mère ne laisse plus ses enfants sortir de la maison tard la nuit, un père de famille travaillant dans son champ a cru apercevoir une voiture rouge dans la forêt à la sortie du village donc il n’ose plus y aller travailler seul. Un jeune garçon ne sort plus de chez lui sans apporter sa matraque et quand les jeunes du village vont à une fête du village voisin, ils y vont en groupe. Le partage de ces déterminations isolées amplifie le phénomène et crée une certaine phobie chez les uns et les autres. Certains arrivent même à entendre des bruits de moteur de véhicule qui rode autour du village pendant la nuit pourtant le village se situe loin de la route nationale. Certaines de ces craintes ont été rapportées auprès du président de fokontany et cela a intensifié les craintes de certains villageois qui pensent que même les dirigeants du village partagent ces peurs. La réaction de chacun face à cette rumeur est unique selon l’individu mais elle traduit une peur interne qui brule petit à petit les villageois.

Rumeur et réalité sociale Rumeur et réalité sociale

     Comment le primat de sa société peut agir sur l’histoire de Vaova pour la transformer en une rumeur de vol d’ossements humains. Il est vrai que la nature perverse et destructrice de l’homme constitue un élément qui peut nous éclaircir sur l’étonnante transformation de faits ainsi que le gout de l’extraordinaire et l’extravagant. Un discours sur un vol d’ossements humains est plus attrayant et passionnant qu’un simple déplacement d’un corps vers une autre tombe. L’originalité du fait permet à chaque villageois d’adhérer à cette nouvelle version. Parmi les 84 individus enquêtés, aucun n’a oublié les détails de la tombe vandalisée et les ossements éparpillés sur la tombe. La rumeur sur le vol des ossements humains tourne autours de ces détails. Ceci nous montre que l’extraordinaire et l’originalité attirent les gens. Nous avons aussi remarqué que les détails les plus oubliés sont les détails qui ont besoin de précision comme une date exacte ou le nom exacte d’un individu. Les villageois ont une tendance de généraliser les faits, ils ne retiennent que les fait importants surtout ceux qui sont associés à la tombe, les autres n’ont pas tellement de valeur et interprétés selon la guise de chacun. Pour prendre l’effet d’une rumeur, elle doit se nourrir de discours, et comme chaque soir, les villageois aiment discuter devant le « tranobe13 », l’histoire de Vaova est discutée et rediscutée chaque soir où des soi-disant témoins apportent des faits nouveaux, ces moments de discours sont surtout assistés par les jeunes. Malgré des interventions passagères des anciens pendant ces débats nocturnes des jeunes, la sensation de malaise et de doute reste toujours chez ces jeunes et ils reprochent ces vieux d’être trop réalistes et dépassés. Les débats nocturnes entretiennent un certain type de climat qui organise la résistance face à une passivité générale. Quand il y a le mot catastrophe il y a le mot amplification, c’est lié à la psychosociologie du désastre. Dans ces cas là il y a un double phénomène qui est le refus de croire dans la parole officielle et donc de chercher la vérité. Dans un moment de catastrophe, tout est désorganisé et donc ça permet à tout le monde de fantasmer.

Conclusion

      Les recherches sur la rumeur ne sont pas encore à son véritable apogée. Suscitant encore beaucoup de controverses, la rumeur est encore associée et confondue aux légendes, légendes contemporaines, anecdotes, angano etc. Remarque, cette distinction n’a pas été mise en valeur dans notre ouvrage. La mise en évidence entre les dimensions individuelles ou collectives de la rumeur présente ici une certaine délicatesse. La rumeur agit sur l’individu, le fait d’apparaître comme connaissant des informations cachées au commun des mortels peut améliorer le statut social ; raconter un histoire extraordinaire peut donner le plaisir d’avoir un public suspendu à ses lèvres ; en cas de tensions, le fait de répandre certaines rumeurs peut faire baisser le niveau de stress du propagateur. L’individu sert de support de transmission de la rumeur. Or une rumeur n’existe que dans la sphère sociale, c’est la nature même de la rumeur qui se doit une propagation rapide et incontrôlable dans une communauté donnée. La rumeur n’est-elle donc perceptible que dans son volet holistique ? Le contact est indispensable, d’où l’indispensable implication du groupe. La rumeur connait sa véritable essence dans le groupe qui facilite sa propagation exponentielle. Par le sentiment de groupe caractérisé par les préjugés, les haines, les craintes et toutes les émotions fortes, la rumeur trouve un terrain fertile pour s’incruster dans le groupe, y prendre racine et contaminer les autres groupes. La dimension collective de la rumeur qualifie la rumeur en tant que telle sinon l’information reste dan le stade d’un simple objet de discussion. Trouvant un groupe favorable à son évolution la rumeur devient une contagion qui s’amplifie par ce sentiment de groupe pour aboutir à des prises de décisions. La rumeur ne reste plus dans le domaine de discours mais prend une ampleur plus concrète par des anticipations gestuelles des concernés. Cette anticipation relate la croyance des individus de la rumeur qui est un facteur d’expansion de celle-ci. Pourtant, un contact matériel n’est pas absolument nécessaire pour donner à l’individu la mentalité d’une foule. Des passions et des sentiments communs, provoqués par certains événements, suffisent souvent à la créer.

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Table des matières

Introduction
Problématique
Objectifs
Objectif général
Objectifs spécifiques
Hypothèses
Hypothèse
Terrain
Choix du terrain
Méthodologie
Echantillonnage
Technique d’enquête
Méthodes
Déroulement de l’enquête
Phase de l’enquête
Problèmes rencontrés et limites de l’étude
PARTIE I : ENTRE INFORMATION ET RUMEUR
I.1 De la déformation à la sous-information
a) Vers une détérioration assurée de l’information
b) De l’information à la rumeur
c) L’expression de la déresponsabilisation de l’individu
I.2 : La rumeur et l’individu
a) L’obligation de chercher une source
b) Changement volontaire et isolé de l’information
c) Nature perverse et destructrice chez l’homme
I.3 : Le groupe face à la rumeur
a) L’information est la propriété d’un groupe spécifique
b) Réalité sociale et information
c) Rumeur et représentation sociale
PARTIE II : LA RUMEUR ET LE VILLAGE D’ANKARIMIAMBANA
II.1 : Le village d’Ankarimiambana
a) Monographie
b) Présentation de l’échantillon
II.2 : L’enquête proprement dite
II.3 Résultats
PARTIE III : ENTRE L’INDIVIDU ET LE COLLECTIF 
III.1 La rumeur
a) L’inéluctable transformation et détérioration de l’information
b) Les plus oubliés et les plus transformés
c) Rumeur ou pas
III.2 Individu ou collectif
a) Les dimensions individuelles de la rumeur
i. Psychologie et rumeur
ii. Persistance de la rumeur
iii. Rumeur et situation géographique
iii.1 Situation géographique et implication de l’individu
iii.2 Situation géographique et amplification de la rumeur
b) Les dimensions collectives de la rumeur
i. La croyance liée au sexe et à l’âge
III.3 Rumeur et société
i. Rumeur et réalité sociale
ii. Rumeur et représentation sociale
iii. Rumeur et organisation sociale
Conclusion
Bibliographie
Résumé

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