Madagascar, sur le plan écologique, est considéré par la communauté internationale comme l’un des pays les plus riches de la planète, où le patrimoine de diversité biologique est le plus en danger et dont le taux d’endémicité en biodiversité floristique et faunistique sont les plus élevés : 85% de la flore, 39% des oiseaux, 91% des reptiles, 99% des amphibiens et 100% des lémuriens sont endémiques. C’est, en même temps, sur le plan économique, l’un des plus pauvres. Le coût annuel dû à la dégradation de l’environnement se situerait entre 100 et 290 millions de dollars US à Madagascar, c’est à dire entre 5 et 15% du PNB, selon une estimation approximative faite lors de la préparation du PAE. Environ 75% de ce coût proviendraient de la déforestation, 15% de la diminution de la productivité des terres agricoles et pastorales due à l’érosion, et environ 10% de l’augmentation des coûts opérationnels et de la diminution de la durée de vie des infrastructures.
Le gouvernement malgache a pris conscience de l’importance de l’écotourisme, non seulement pour les revenus et surtout les devises qu’il rapporte, mais aussi pour son aide capitale au développement du pays. Depuis quelques années, la constitution a commencé à prendre en compte et mis en avant la préservation de l’environnement en « considérant que l’homme et l’environnement sont indissociables et que la survie de ce dernier est étroitement liée à la santé de l’environnement et au respect du patrimoine. Toute personne de la collectivité où elle vit a le devoir de respecter l’environnement » . L’Etat, avec la participation des Régions, assure ainsi la protection, la conservation et la valorisation de l’environnement. La gestion des aires protégées – en vue de conserver le patrimoine naturel et culturel – est devenue une mission prioritaire pour l’Etat. Dans sa politique de créer et de gérer des aires protégées dans le but de conserver le patrimoine naturel et culturel, un organe de gestion est chargé d’établir et de gérer – de manière durable – aussi bien les aires protégées que le réseau national de parcs et réserves, représentatifs de la biodiversité malgache. Le potentiel écotouristique tant dans sa biodiversité marine que terrestre et aérienne, a permis d’augmenter le nombre de touristes s’intéressant surtout à la faune, la flore et à la nature en général.
Madagascar et l’écotourisme
L’écotourisme ou le tourisme vert est une des formes du tourisme durable, plus centré sur la découverte de la nature (écosystèmes, mais aussi agrosystèmes et tourisme rural, voire d’écologie urbaine (jardins écologiques, espaces verts écologiques, réserves naturelles urbaines et autres sujets du domaine de l’écologie urbaine …). Les statistiques du Ministère de la Culture et du Tourisme montrent que le taux moyen d’accroissement des touristes à Madagascar est un peu plus élevé par rapport à l’estimation de l’OMT pour l’Afrique. En effet, si l’Afrique accuse un taux d’accroissement touristique de 7,2%, Madagascar arrive jusqu’à 13 ou 14%. Prenant compte de l’importance de ce taux d’accroissement, du développement de l’écotourisme, les énoncées de la politique de gestion des aires protégées considèrent maintenant que : « L’Homme et l’Environnement sont indissociables et que la survie de ce dernier est étroitement liée à la santé de l’environnement et au respect du patrimoine ; Que toute personne et la collectivité où elle vit, ont le devoir de respecter l’environnement ; Que l’Etat, avec la participation des Provinces Autonomes et des Collectivités Territoriales Décentralisées, assure la protection, la conservation et la valorisation de l’environnement par des mesures appropriées ; Qu’il est dans la politique de l’Etat de créer et de gérer des aires protégées en vue de conserver le patrimoine naturel et culturel ; Que suivant cette politique, un organe de gestion est chargé d’établir, conserver et gérer, de manière durable, un réseau national de parcs et réserves représentatifs de la diversité biologique et du patrimoine naturel propres à Madagascar ; Qu’il convient, d’une façon générale, de favoriser la création d’aires protégées complémentaires à celles du réseau national ; Que ces aires protégées, sources de fierté nationale pour les générations présentes et futures, doivent être des lieux de préservation, d’éducation, de récréation et contribuer au développement des communautés riveraines et à l’économie régionale et nationale ;
Qu’il est important que la politique de gestion des aires protégées prévoie les problèmes et les opportunités liés à cette gestion et permette aux autorités compétentes d’agir et de réagir quand le besoin s’en fait sentir » .
L’écotourisme, est aussi défini comme :
– Un outil efficace de valorisation économique pour des zones naturelles ou des sites culturels menacés ;
– Un outil efficace pour développer les emplois locaux, sans détruire l’environnement;
– Un bon modèle de développement d’activités lucratives avec des résultats concrets dans le monde entier ;
– Une bonne image de marque pour les destinations qui se tournent vers l’écotourisme ;
– Une source d’inspiration, un exemple pour tout le reste de l’industrie touristique ;
– Plus de plaisir pour tous : le voyageur, le tour opérateur, les communautés locales et les animaux.
Il est devenu évident que le tourisme n’apporte pas que des bienfaits aux pays récepteurs en tant qu’aires de récréation, d’appui majeur au développement du tourisme et à la création d’entreprises respectueuses de l’environnement et de lieux privilégiés de recherches biologiques. Les aires protégées contribuent au développement économique et social, développement qui est un facteur non négligeable de conservation. En outre, la gestion des aires protégées doit permettre le développement de l’écotourisme qui se caractérise par son souci de la conservation de la nature et ses retombées bénéfiques sur les populations locales, sans déculturation. A cet effet, l’installation d’infrastructures écotouristiques doit être compatible avec les impératifs liés à la conservation du patrimoine naturel et culturel national et sous réserve de l’accord préalable avec l’entité gestionnaire de l’aire protégée. « Prendre soin de l’environnement, Madagascar naturellement » est l’engagement numéro du MAP dont le défi numéro 1 est « d’augmenter les aires protégées pour la conservation et la valorisation de la biodiversité terrestre, lacustre, marine et côtière » .
Face à la dégradation alarmante de cette biodiversité, Madagascar en 2003, s’est engagé à porter la superficie de ses aires protégées de 1 700 000 ha à 6 000 000 ha, et aussi à augmenter la surface protégée de la zone économique marine. Ceci correspond à l’objectif assigné par « l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature » (UICN), qui est de 10% du territoire national, pour favoriser un équilibre écologique. Madagascar respectera les Accords de Kyoto et les conventions internationales sur les changements climatiques : faire en sorte que Madagascar devienne une nation verte qui contribue, non seulement à son bien-être national, mais aussi au bien-être global. La Réserve Spéciale d’Indri Indri fait partie du patrimoine national et suscite une protection et un suivi permanant de la part de l’ANGAP et de l’Etat. La RSI est considérée comme une aire protégée pilote pour les autres aires protégées de Madagascar avec son système et sa gestion qui sont nettement plus avancés que les autres. Sa proximité par rapport aux autres AP de la capitale, son accessibilité, un passage vers la ville de Tamatave, sa situation géographique par rapport aux grandes villes Malagasy, sa richesse biologique et son rôle stratégique (au niveau national, régional et local) expliquent sa raison d’être au sein du réseau.
La RSI une aire protégée
-Définitions :
Une aire protégée, est avant tout défini comme : « un territoire délimité, terrestre, côtier ou marin, eaux larges saumâtres et continentales, aquatique, dont les composantes présentent une valeur particulière et notamment biologique, naturelle, esthétique, morphologique, historique, archéologique, cultuelle ou culturelle, et qui de ce fait, dans l’intérêt général, nécessite une préservation contre tout effet de dégradation naturelle et contre toute intervention artificielle susceptible d’en altérer l’aspect, la composition et l’évolution » . Les aires protégées peuvent être classées en trois catégories : la Réserve Naturelle Intégrale (RNI), le Parc National (PN) et la Réserve Spéciale (RS). La RSI est une réserve spéciale étant donné que le but de la conservation est la protection d’une espèce bien définie qui est l’Indri Indri, et d’après le COAP : « Une Réserve Spéciale est une aire créée principalement dans le but de protéger un écosystème ou un site spécifique ou une espèce animale ou végétale particulière. Elle peut désigner certaines autres aires protégées telles que la réserve de faune ou de flore, la réserve partielle, la réserve sanctuaire, la réserve des sols, des eaux, et des forêts. » .
-Les zones :
Une aire protégée est constituée de deux zones : le noyau dur d’une part et la zone tampon d’autre part. Le noyau dur, est une zone strictement interdite à toute personne voulant la visiter sans autorisation venant des autorités compétentes. La zone tampon est une zone jouxtant le noyau dur, dans laquelle les activités sont limitées pour assurer une meilleure protection de l’aire protégée et dont les modalités sont fixées par voie réglementaire. Peuvent faire partie d’une zone tampon – comprend les zones d’occupation contrôlée (ZOC) – les zones d’utilisation contrôlée (ZUC) et les zones de service :
. La zone d’occupation contrôlée (ZOC) est une zone d’habitation des populations à l’intérieur de l’aire protégée, et existante antérieurement à sa création. Cette zone est soumise à des cahiers de charges dont le contenu et les modalités sont définis par voie réglementaire.
. La zone d’utilisation contrôlée (ZUC) est une zone dans laquelle l’utilisation des ressources est réglementée et contrôlée ;
. La zone de service est une zone destinée à l’implantation des infrastructures touristiques, éducatives ou fonctionnelles de l’aire protégée.
Les zones entourant l’aire protégée sont la zone de protection et la zone périphérique. Ce qui nous intéresse ici, c’est surtout la zone de service et la zone périphérique. La zone périphérique qui est, selon l’article 10 du COAP, « la zone jouxtant la zone de protection, dans laquelle les activités humaines peuvent avoir des influences directes sur l’aire protégée et réciproquement, notamment par des pressions anthropiques, par l’existence de collectivités humaines en partie tributaires de l’aire protégée, par la participation de celles-ci à la conservation de l’aire protégée; et où des mesures peuvent être prises pour permettre un ensemble de réalisations et d’améliorations d’ordre social, économique et culturel tout en rendant plus efficace la protection de la nature dans l’aire protégée. » .
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie I : Approche sociologique des enjeux locaux
Chapitre I : Les enjeux
1.1 Madagascar et l’écotourisme
1.2 La RSI : une aire protégée
1.2.1 La RSI et sa biodiversité
1.3 Les enjeux éco systémiques et ses revenus
1.3.1 Les enjeux éco systémiques
1.3.2 Formules existantes
1.4 Les enjeux écologiques, économiques et socioculturels
1.4.1 En ce qui concerne la population
1.4.2 Les revenus de la RSI
1.5 La pérennisation de la logique de survie des forestiers
Chapitre II : La dynamique actuelle de l’ANGAP
2.1 Organisation et fonctionnement de l’ANGAP
2.1.1 L’ANGAP : siège – organigramme
2.1.2 Genèse et mise en œuvre
2.1.3 Mission et politique de l’ANGAP
2.2 Le PNAM
2.2.1 Organisation et mode de fonctionnement
2.2.2 Intervention et impact
2.2.3 Intervention dans la zone périphérique
2.3 Le concept d’accueil
Partie II : MOUVEMENT DE L’ACCUEIL
Chapitre III : Stratégie et impact à travers les époques
3.1 Avant 1991
3.2 PE1 1991-1996
3.2 PE2 : 1997-2002
3.4 PE3
Chapitre IV : Expansion touristique et exclusion sociale
4.1 Le développement de l’espace touristique
4.2 Fracturation sociale
4.3 L’effritement de l’espace éco systémique
Chapitre V : Procès des autres responsabilités
5.1 La responsabilité des instances législatives
5.2 La responsabilité des instances exécutives
Partie III : Perspectives d’accueil citoyen
Chapitre VI : Les volets à considérer
6.1 L’accueil
6.2 Les guides
6.3 Le développement de la population et de la commune
Chapitre VII : Les nouvelles responsabilités
7.1 Les nouvelles responsabilités de chaque volet
7.2 Responsabilité du travailleur social
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLES DES MATIERES
ANNEXE