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L’ÉTAT AU CONCRET16 : UN SYSTEME POLITICO-ADMINISTRATIF
Pour les sociologues des organisations, l’étude de l’État est d’abord un prétexte pour analyser des organisations humaines17. Cette ambition conduit les chercheurs à décrypter, à côté de l’organisation territoriale formelle de l’État de type hiérarchique, bureaucratique et centralisé, « un système d’action concret »18, à l’échelle départementale. Ce système fonctionne sur la base de négociations informelles entre la filière élective d’un côté (élus locaux) et la filière bureaucratique de l’autre (représentants déconcentrés de l’État).
Deux caractéristiques principales structurent le système politico-administratif français et sont nécessaires au maintien des structures formelles et institutionnelles : la régulation croisée et le pouvoir notabiliaire. La régulation croisée19 constitue une structure relationnelle informelle et de nature collusive entre la sphère administrative de tutelle20 que représentent les administrations déconcentrées de l’État et la sphère politique territoriale que représentent les élus locaux. Cette régulation en « zigzag » ou « croisée » renvoie au fait que les acteurs politiques et administratifs sont reliés par des réseaux d’influence toujours dirigés vers un niveau hiérarchique supérieur. Les maires ne font pas appel à leurs propres services administratifs. Ces derniers sont le plus souvent de simples exécutants de la règle étatique. Les élus s’adressent davantage aux représentants administratifs plus proches de la décision, tels que les inspecteurs des impôts ou les ingénieurs subdivisionnaires des ponts et chaussées. Parfois, ils atteignent directement le représentant unique de l’État dans le département, le préfet. Dans le système informel local comme dans l’organisation formelle, la préfecture est « l’institution-pivot »21.
CHANGEMENT DE CONTEXTE ET HYPOTHESE : UNE CENTRALISATION RENOUVELEE
Les sociologues des organisations sont très à l’écoute des changements qui ont cours dans la décennie soixante-dix. P. Grémion consacre toute la dernière partie de son ouvrage à faire la preuve de la « fin du modèle d’administration républicaine »35. Il considère que dans les grandes villes, les pratiques politiques locales sont en rupture avec son modèle. Un nouveau style d’élu local s’y révèle, le « maire-novateur »36, qui présente un certain nombre de caractéristiques :
– la production de services publics destinés à la société locale ;
– le renforcement de l’exécutif municipal au détriment du conseil municipal ;
– le renforcement des relations du maire avec la bureaucratie étatique centrale ;
– le déplacement de la rhétorique de l’apolitisme vers l’efficacité économique ;
– l’émergence de nouveaux partenaires économiques auprès des municipalités (comité d’expansion, CODER) ;
– le développement d’une nouvelle concurrence maire/préfet.
Pierre Grémion ne considère pas pour autant ces changements comme les signes d’une décentralisation politique. D’une part, la figure du maire-novateur émerge seulement dans les grandes villes et est étroitement associée à la politique étatique des métropoles d’équilibre. D’autre part, cette nouvelle figure d’élu n’est pas l’indice d’un phénomène de distanciation du local vis-à-vis du centre. Il témoigne au contraire d’une nouvelle forme de centralisation étatique qualifiée de rationalisation corporatiste37. P. Grémion décrit avec force et précision le passage d’un État de type wébérien, c’est-à-dire « régulateur des rapports civils » à un modèle d’État-providence, c’est-à-dire « agent de développement économique »38. Dans ces conditions, le système politico-administratif traditionnel est fortement ébranlé : gouverner ne consiste plus seulement à administrer mais aussi à produire de la croissance économique. L’État s’appuie sur de nouvelles administrations dites de « mission » (DATAR, OREAM, Commissariat au Plan), sur des « experts » plutôt que sur des responsables administratifs et sur des « décideurs »39 plutôt que sur des notables.
UN MODELE DE GOUVERNEMENT URBAIN
Considérant que les villes moyennes étaient les « laissées-pour-compte » de l’analyse sur les changements des sociétés locales, l’ouvrage collectif réalisé par les chercheurs du CERVL (Centre d’étude et de recherche sur la vie locale) titré « gouverner les villes moyennes »43 focalise justement sur cette classe de villes. Cet ouvrage met en évidence les effets de ces changements sociaux, économiques et politiques sur les pratiques politiques locales. Les chercheurs du CERVL proposent alors le concept de gouvernement urbain qu’ils définissent comme « un système d’action complexe »44. Si l’État reste un partenaire central, ce système d’action fait intervenir aussi, à l’échelle urbaine, les élus, les bureaucrates des services municipaux, les acteurs périphériques de la ville (associations), les instances locales des partis ou les agents économiques et les systèmes de gouvernement des villes voisines. Cette conception peut être rapprochée de la tradition des community studies aux États-Unis45 qui s’intéresse aux modes de structuration des réseaux de pouvoir urbains46.
LES ANNEES 90 : LA CRISE DU POSTULAT INSTITUTIONNEL
Au début de la décennie 90, les outils traditionnels d’analyse du gouvernement local sont remis en cause. Ceci est étroitement lié à la montée en force de l’analyse des politiques publiques. Jusque-là, l’intérêt scientifique pour les politiques urbaines, qu’elles soient locales ou étatiques, est faible. Cela est dû d’abord à la faiblesse de l’intervention publique locale. Les collectivités locales se maintiennent dans un rôle d’entretien et de gestion des affaires courantes. Elles ont également recours à une main d’oeuvre restreinte et peu qualifiée64. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié de la décennie 70 que les tâches publiques locales s’élargissent. Plus globalement, le peu d’intérêt porté à l’analyse des politiques publiques, en tant que science de l’État en action, est fortement lié à la culture centralisée de la France ainsi qu’à une tendance à la sacralisation de l’État. Alors que c’est un domaine d’étude privilégié et relativement ancien dans la science politique anglo-saxonne65, l’analyse des politiques publiques n’a véritablement trouvé sa place dans le champ intellectuel français qu’à partir des années quatre-vingt66.
A cette date, l’intérêt des chercheurs se déplace de l’analyse des détenteurs du pouvoir vers celle de l’exercice du pouvoir. Ce déplacement d’intérêt renforce encore davantage la remise en question du postulat institutionnel. Le colloque organisé par le CERAT (Centre de recherche sur le politique, l’administration et le territoire) en 1993 titré « gouvernement local et politiques urbaines »67 incarne cette rupture. Le débat théorique sera poursuivi durant toute la décennie68. L’intérêt des communications présentées dans le colloque de 1993 repose autant sur les connaissances rassemblées sur les politiques urbaines que sur les questions théoriques posées, en filigrane, sur les modes de penser le gouvernement des villes. Ainsi, alors que l’objet du colloque porte sur le gouvernement local et les politiques urbaines, l’analyse des politiques urbaines est préférée à celle des institutions. Ceci est révélateur d’une désaffiliation en cours entre la notion de « gouvernement » et le phénomène strictement institutionnel.
Les communications mettent globalement en évidence la complexification des activités politiques locales. Tout d’abord, alors que les lois de décentralisation affirment l’autonomie des collectivités locales, celles-ci sont confrontées à la limitation de leurs marges de manoeuvre (2.1.) Ensuite, les communications mettent en évidence l’extrême fragmentation des processus décisionnels publics entre une multiplicité d’acteurs (2.2.) Enfin, certaines contributions mettent en lumière la diversification et la complexification des problèmes publics locaux (2.3.).
LES INSTITUTIONS PUBLIQUES LOCALES : DES INSTANCES COLLECTIVES
Dans l’analyse des politiques urbaines, les municipalités ne sont pas perçues comme des entités cohérentes mais plutôt comme des systèmes d’action fait de fractures, de concurrences et d’alliances entre élus et techniciens, entre élus et agents administratifs ou encore entre techniciens et agents administratifs. Bernard Barraqué montre à ce sujet que les politiques environnementales79 mettent en concurrence deux logiques d’action internes aux municipalités : la professionnalisation technique des institutions municipales et la notabilisation-légitimation des représentants élus.
L’ÉCHIQUIER INSTITUTIONNEL ET TERRITORIAL : AUTONOMIE, INTERDEPENDANCES ET COMPLEXIFICATION
Si cette question n’est plus au centre des préoccupations des chercheurs, quelques communications s’intéressent aux nouvelles relations entre l’État et les collectivités locales et entre les collectivités locales entre elles. Les chercheurs confirment la fin du modèle centre-périphérie80 sans pour autant conclure à la fragmentation du système. La décentralisation politique s’est en effet accompagnée d’un autre processus de territorialisation81 des politiques étatiques. F. Gerbaux et M. Pongy évoquent ainsi un nouvel équilibre central/local fondé sur une certaine division des taches : à l’État, revient « le rôle intellectuel » 82 avec « la codification et la mise en normes » et aux autorités locales, le « rôle innovateur » avec « l’expérimentation de nouveaux programmes et la mise sur agenda »83. Pour Daniel Filâtre, la localisation des politiques publiques, dans le sens cette fois de la décentralisation des responsabilités de l’État vers les collectivités territoriales, a eu pour effet de favoriser l’émergence de nouvelles formes de « coopération/concurrence » des collectivités locales entre elles84. Aucune des collectivités locales n’a le pouvoir ou la capacité politique et financière de s’approprier seule un domaine d’intervention et toutes ont un intérêt à intervenir dans un domaine lié au développement local.
De la même manière, si la question de l’intercommunalité n’est pas nouvelle, elle se généralise dans une recherche, sans doute illusoire, de la « structure optimale de gouvernement métropolitain »85. En effet, le développement des prérogatives des collectivités locales (mais aussi de l’État) et l’accentuation de leurs interventions sur le territoire ont amené les responsables politiques et administratifs à réfléchir, de façon plus poussée, à une utilisation plus rationnelle de l’espace géographique. Ceci conduit à la multiplication de formes intercommunales variées, le plus souvent soutenues par l’État.
ALBI, RODEZ ET LA REGION MIDI-PYRENEES
Contrairement à La Rochelle, les deux villes d’Albi et de Rodez sont localisées dans une région très marquée par le poids de sa capitale, Toulouse. A côté de sa métropole, la région est constituée d’une myriade de villes moyennes de faible ampleur démographique, les deux plus importantes, Tarbes et Albi, rassemblant respectivement 109 892 et 85 960 habitants (aires urbaines), la majorité se situant plutôt dans une strate entre 35 000 et 65 000 habitants. Les dynamiques démographiques actuelles tendent à perpétuer ce processus de polarisation métropolitaine associé à un ensemble important de villes moyennes mais de faible ampleur.
LES COMMUNAUTES D’AGGLOMERATION DE RODEZ ET LA ROCHELLE
Les deux CDA (Communautés d’Agglomération) de La Rochelle et Rodez ont été créées à l’occasion de la nouvelle loi sur l’intercommunalité en 2000. Mais, l’intercommunalité est dans ces deux villes beaucoup plus ancienne. Les deux CDA sont issues d’accords intercommunaux datant respectivement de 1964 et 1977. A La Rochelle, il s’agissait, avec la création d’un SIVOM (Syndicat intercommunal à vocation multiple), de constituer un partenaire public local pertinent dans le cadre de la politique d’industrialisation de la zone conduite par l’État. A Rodez, la création du district du grand Rodez est très liée aux ambitions du maire de l’époque (Mr Boscary-Monsservin) de faire de sa ville un pôle d’envergure régionale. Par le regroupement intercommunal, il s’agissait de doter Rodez d’équipements de haut niveau comme l’aéroport et l’IUT.
A plus d’un titre, les deux structures sont très distinctes. Au recensement de 1999, la CDA de La Rochelle réunit 18 communes et 145 632 habitants. La CDA de Rodez réunit 8 communes et 52 852 habitants. En 2000, la CDA de La Rochelle dispose d’un budget de 151 920 982 euros alors que le budget de la CDA de Rodez est bien en dessous, atteignant 33 219 025 euros. Si l’on pondère ces budgets en fonction du nombre d’habitants, la CDA de La Rochelle dépense 1 043 euros /habitant alors que la CDA de 100.
Rodez dépense 628 euros /hab. Il est clair, à partir de ces chiffres, que la CDA de La Rochelle tient une place beaucoup plus importante dans la vie locale que la CDA de Rodez.
AVANT LE PLAN U2000 : UNE AMBITION UNIVERSITAIRE DEJA FORTE
Il est assez fréquent d’associer la création de l’université rochelaise au volontarisme des collectivités locales, le Conseil Général de la Charente-Maritime et la structure intercommunale rochelaise, et de leurs présidents, François Blaizot et Michel Crépeau222, ce dernier s’appuyant sur son accès privilégié à François Mitterrand. Or, sans rien enlever au rôle d’influence au centre des élus locaux, il s’agit de mettre aussi en évidence un autre aspect important de cette histoire universitaire rochelaise : l’importance du dossier universitaire sur l’agenda local de la fin des années 80. L’analyse de la période qui va des années 70 aux années 80 montre que l’enseignement supérieur est une préoccupation politique ancienne à La Rochelle qui va devenir, en fin de période, une priorité de l’agenda local (1.2.). Auparavant, il convient de présenter le contexte politique et socio-économique de La Rochelle (1.1.).
LE CONTEXTE LOCAL
C’est en 1971 que Michel Crépeau inscrit au Parti radical socialiste et candidat de la liste d’Union des partis socialistes et démocrates (socialistes, Parti Radical) est élu maire de La Rochelle. Il succède à André Salardaine représentant de l’UDR (Parti de la Droite Radicale), le courant gaulliste de l’époque.
Les deux premiers mandats politiques (1971-83) de Michel Crépeau s’inscrivent dans un contexte socio-économique difficile. Le port de La Rochelle-La Pallice a été à l’origine du développement d’activités industrielles spécifiques autour du pétrole, de la chimie, du charbon, de la construction navale, du textile et des moyens de transport ferroviaire. Relativement florissante jusque là, cette industrie connaît une récession à partir des années 60 qui va s’accentuer dans les années 70. Dans ce contexte, la municipalité n’a que peu de pouvoirs, excepté celui d’être solidaire avec les salariés concernés. En 1977, lorsque Michel Crépeau brigue son deuxième mandat, il s’adresse aux électeurs en ces termes : « vous, vous êtes lucides, vous savez parfaitement que ce ne sont pas les élus locaux qui sont les responsables de la crise économique qui frappe les entreprises et les ménages, mais que c’est le gouvernement »223. par Michel Crépeau (MRG), député-maire sortant, mars 1977, archives municipales.
Cette réflexion est symptomatique de la situation d’impuissance dans laquelle se trouve la municipalité à ce moment là. Les années quatre-vingt annoncent pourtant une période plus propice à l’émergence de projets politiques locaux. En 1983, la municipalité radicale-socialiste entame son quatrième mandat, alors que l’année 1981 est marquée par la victoire de l’Union de la gauche224 aux présidentielles. Indéniablement, cet événement consolide le pouvoir municipal rochelais225. La carrière du maire opère dans cette période un bond extraordinaire. Avocat, conseiller général et président des jeunesses socialistes de la Charente-Maritime durant son premier mandat de maire, député entre 1973 et 1977, il est nommé ministre du Commerce, de l’artisanat et du tourisme en 1983 sous le Gouvernement de Pierre Mauroy, puis redevient député en 1986226.
C’est aussi la crise socio-économique locale qui est désormais reconnue à différents niveaux de décision. Le bassin économique rochelais est identifié « en reconversion économique, industrielle, sociale et urbaine » à partir de 1986227. Il bénéficie depuis lors des aides étatiques puis européennes en matière de reconversion économiques 228. Les secteurs concernés par la conversion sont l’industrie, la pêche et l’urbain229. C’est à l’occasion de la politique de reconversion de 1986 qu’un chargé de mission économique, précédemment rattaché au SGAR de Poitiers, est mis à disposition de la préfecture de la Charente-Maritime. Restant en poste toute la décennie quatre-vingt-dix, ce chargé de mission va jouer un rôle essentiel dans la politique universitaire de La Rochelle. Le Conseil Régional est également impliqué dans l’aide à la reconversion du bassin rochelais, comme l’indique cet extrait du CPER 1989-93 (Contrat de plan état- région)230 : « ce contrat fait apparaître une volonté de la Région de valoriser sa façade maritime »231. Cette politique de re-valorisation de la zone rochelaise est globale et s’applique à divers secteurs : le désenclavement ferroviaire et routier de La Rochelle-Rochefort, le développement économique autour d’une zone agro-portuaire, la formation et la recherche (MST, CRITT, Lycée de la Mer, etc.)232. C’est dans ce contexte plus favorable que les projets politiques rochelais vont prendre de l’ampleur.
L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR : D’UN DEVELOPPEMENT TOUT AZIMUT A UN DEVELOPPEMENT ENCADRE PAR LE POLITIQUE
A La Rochelle, le développement des formations supérieures est ancien et résulte d’initiatives diverses qui ne sont pas toutes initiées par les collectivités locales (1.2.1.). La fin des années quatre-vingt indique toutefois que l’enseignement supérieur devient une priorité politique claire de l’Agglomération rochelaise233 et que cette priorité s’inscrit dans une politique ambitieuse et plus globale de renouveau urbain (1.2.2.).
INITIATIVES DIVERSES ET ACCOMPAGNEMENT PUBLIC LOCAL
La sensibilité politique locale aux formations supérieures n’est pas née avec l’arrivée au pouvoir municipal de Michel Crépeau. Dès 1969, l’ancienne municipalité, le SIVOM (Syndicat intercommunal à vocation multiple) et le Conseil Général de la Charente-Maritime ont contribué à l’implantation d’un des premiers départements d’IUT234 de France. Lors de la campagne municipale de 1971, le programme du candidat officiel de la droite235 est déjà particulièrement ambitieux dans ce domaine qui promet « La Rochelle ville universitaire » 236 grâce à l’implantation d’une université libre, de formations parallèles et complémentaires à l’IUT, ainsi que d’autres disciplines dans le domaine des sciences de l’environnement ou de la médecine (CHU). L’équipe radical-socialiste s’inscrit dans la continuité de ces préoccupations locales tout en prenant des initiatives innovantes. En 1974, le nouveau maire radical-socialiste et le président du Conseil Général négocient avec le doyen de la faculté de droit de Poitiers une délocalisation de DEUG. Cette délocalisation reste sauvage ou non reconnue par le ministère jusqu’en 1989 et est donc, jusque là, entièrement financée par le Conseil Général et le SIVOM. Un projet de MST orientée vers les sciences de la mer237 est également inscrit au CPER (Contrat de plan état-région) de 1984-88238.
Ces initiatives politiques doivent toutefois être regroupées avec tout un ensemble d’autres auxquelles le SIVOM participe. En 1981, il contribue avec ses partenaires (État, Région et Conseil Général) à implanter sur son territoire un laboratoire de recherche maritime239. Cette participation est reconduite dans les mêmes termes lors du CPER 1984-88. En 1986, la Chambre de Commerce et d’Industrie entreprend la construction d’une école supérieure de commerce. Le SIVOM et le Conseil Général en sont partenaires financiers. En 1988, après diverses démarches, le Conseil Général finit par obtenir la localisation sur son chef-lieu de l’EIGSI (École d’ingénieurs en génie des systèmes industriels), ancienne école Violet de Paris. Comme cela deviendra une tradition dans le domaine de l’enseignement supérieur, le SIVOM accompagne son partenaire départemental dans la réalisation de ce projet240.
Formellement voué à n’offrir que des formations de premier cycle, l’IUT de La Rochelle est particulièrement dynamique et innove dans le domaine de la formation continue et des seconds cycles professionnels. C’est d’ailleurs lui qui mène la réflexion sur les MST dès le début de la décennie quatre-vingt. En 1987, il met en place des formations bac+3 en informatique et agro-alimentaire qui se transformeront plus tard en MST (bac+4). Le SIVOM accompagne toujours activement les projets de son seul établissement universitaire et, en cette fin de décennie 80, le directeur de l’IUT assiste fréquemment aux réunions de bureau du SIVOM.
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Table des matières
CHAPITRE 1 : PENSER LE GOUVERNEMENT DES VILLES AUJOURD’HUI
1. Le postulat institutionnel
1.1. Les années 60/70 : l’approche centre-péripherie
1.2. Les années 80 : les approches locales
2. Les annees 90 : la crise du postulat institutionnel
2.1. Les institutions locales : entre renforcement et limitation de leur pouvoir
2.2. L’action publique locale : des systèmes d’action élargis et flexibles
2.3. L’action publique locale : des problèmes complexes à résoudre
3. l’émergence du postulat de l’action publique
3.1. Les modèles de « Gouvernance » urbaine
3.2. Les critiques de la « gouvernance »
4. Une sociologie politique de l’action publique
4.1. Synthèse théorique et hypothèses de recherche
4.2. Implications analytiques
MÉTHODOLOGIE ET PRÉSENTATION DES TERRAINS
1. Méthode d’investigation
1.1. Les villes moyennes et l’université : entre volonte de grandir et rêves de grandeur
1.2. Le choix de la monographie : une démarche inductive
1.3. Le choix des terrains : La Rochelle, Albi et Rodez
2. Le travail monographique
2.1. La grille d’analyse comparée des politiques locales universitaires
2.2. Matériaux
3. Présentation des terrains
3.1. Les principales caractéristiques des trois villes et de leurs départements
3.2. Structures urbaines et universitaires régionales
3.3. Cadres institutionnels
LA ROCHELLE, UNE POLITIQUE UNIVERSITAIRE EN SITUATION D’UNIVERSITÉ NOUVELLE
1. Avant le Plan U2000 : une ambition universitaire déjà forte
1.1. le contexte local
1.2. l’enseignement superieur : d’un développement tout azimut à un développement encadré par le politique
2. La programmation U2000 (1990-91) : la décision « collective » de créer une université nouvelle a la rochelle
2.1. Première etape du débat regional : une logique de délocalisation
2.2 Le projet de schéma du nouveau recteur et l’Hypothèse d’une université nouvelle
2.3. la controverse autour d’une Université nouvelle à La Rochelle
2.4. La décision et la convention financière
3. la CDV face a la mise en place de l’université (1991-93) : une contribution empirique et politique
3.1. Du SIVOM à la CDV
3.2. L’accueil des formations : Une contribution empirique
3.3. Calendrier de création officielle et projet pedagogique : une contribution politique
4. D’une volonté de prendre ses distances à la nécessité d’un soutien vigilant (1993-1996)150
4.1. Une volonté de prise de distance
4.2. Projet pédagogique et réalité des moyens
4.3. Ambition locale et projet étatique
4.4. La nécessité d’un accompagnement vigilant
5. La crise politico-universitaire (1996-97)
5.1. une situation universitaire toujours difficile
5.2. Un partenariat CDV/Université qui se délite
6. La rationalisation des relations : un partenariat stabilisé ? (1998-2000)
6.1. Le partenariat financier : la CDV, chef de file du dossier universitaire rochelais ?
6.2. La Communauté d’Agglomération de La Rochelle, un partenaire financier de l’Université ?
ALBI ET RODEZ, DEUX POLITIQUES UNIVERSITAIRES EN SITUATION DE SITE DÉLOCALISÉ
1. avant le Plan Université 2000
1.1. Albi : la création d’une antenne universitaire
1.2. Rodez : une histoire universitaire plus ancienne
2. Face à la programmation U2000
2.1. Les responsables régionaux : UNE posture de régulation
2.2. U2000 pour Albi : une ressource sous contraintes
2.3. U2000 pour Rodez : une implication complexe
3. Face à la mise en oeuvre du Plan U2000
3.1. Albi : une nouvelle responsabilité universitaire
3.2. Rodez : un objectif de rattrapage
4. Face au schéma régional de l’enseignement supérieur : 1995-1998
4.1. LA genèse d’une politique universitaire régionale
4.2. Albi : la création d’une université comme outil de négociation avec les universités
4.3. Rodez : la création d’une université comme justification d’une politique volontariste
5. Face à la programmation U3M
5.1. Albi face a U3M : une contribution multi-dimensionnelle
5.2. Rodez face à U3M : une contribution intellectuelle
5.3. Épilogue : évaluation du plan U3M à Albi et Rodez
LES POLITIQUES UNIVERSITAIRES, DES PROCESSUS DE LÉGITIMATION POLITIQUE
1. la mise sur agenda, un choix politique
1.1. Les raisons externes au territoire
1.2. Les raisons internes au territoire
1.3. Les idéologies territoriales
2. La construction d’un référentiel territorial ou l’adaptation à la société locale
2.1. Les valeurs des référentiels territoriaux
2.2. Partenariats institutionnels et enjeux de composition de référentiels
2.3. Des référentiels différenciés entre Albi, Rodez et La Rochelle
3. La construction d’une compétence universitaire ou l’affirmation d’une aptitude fonctionnelle
3.1. Des institutions à l’acteur public local universitaire
3.2. Spécialisation organisationnelle et « division du travail en matière universitaire »
3.3. Un engagement financier volontaire
LES POLITIQUES UNIVERSITAIRES, DES CO-PRODUCTIONS
1. La relation multiniveaux
1.1. L’interdépendance multiniveaux
1.2. Les cadres à la relation multiniveaux
1.3. Limites et potentialités des pratiques locales
2. la relation local/sectoriel
2.1. Histoire d’une rencontre et de son évolution
2.2. La regulation politique des activités universitaires : un défi
LES POLITIQUES UNIVERSITAIRES, DES POLITIQUES « TERRITORIALISÉES »
1. Statut juridique du site et impact financier
1.1. En site délocalisé : des budgets spécifiques de type « gestionnaire »
1.2. En site délocalisé : des budgets de gestion toujours en croissance
1.3. Des charges « obligées » contre des charges « choisies »
2. Forces et faiblesses des territoires et conséquences sur les jeux des acteurs
2.1. Les processus sociaux du développement universitaire
2.2. Processus sociaux et facteurs de l’attractivité universitaire d’un territoire
2.3. Définition d’un potentiel universitaire pour chacun des trois cas étudiés
2.4. Potentiel universitaire des territoires et effets sur les jeux des acteurs
SYNTHÈSE ET MODÉLISATION
1. Gouverner par l’action : un problème complexe
1.1. Complexité et légitimité
1.2. Complexité et moyens d’action
1.3. Complexité et problèmes « territorialisés »
2. Gouverner sous contraintes : un modèle pragmatique territorialisé
2.1. L’option de l’innovation décalée
2.2. L’Option du développement consensuel
2.3. L’option de la régulation dynamique
3. perspective d’analyse de l’action publique Locale
3.1. Le gouvernement pragmatique : un problème d’articulation entre « efficacité opératoire » et « efficacité instrumentale »
3.2. La question des contextes de l’activité gouvernementale
3. 3. Un gouvernement «stratège » sous contraintes
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