Agriculture, garantie de la sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire est définie comme une situation danslaquelle toutes les personnes ont un accès physique,social et économique durable à une nourriture suffisante,sûre et nutritive qui répond à leurs besoins diététiques et àleurs préférences alimentaires, pour mener une vie saine etactive (FAO, 2001b). De ce point de vue, il ne suffit pasqu’une économie nationale dispose de quantitéssuffisantes de denrées alimentaires pour que la sécuritéalimentaire soit atteinte. Il faut que les individus aient lesmoyens d’y avoir accès (Azoulay et Dillon, 1993). La littérature fait ressortir quatredimensions fondamentales de sécurité alimentaire dont ladisponibilité, l’accessibilité, la qualité des alimentset la stabilité des approvisionnements.
La disponibilité des approvisionnements : Les disponibilités comprennent l’ensemble des quantitésdomestiques de denrées alimentaires produites au coursde l’année, du volume des stocks disponibles endébut d’année et des quantités de denrées alimentaires quipeuvent être acquises avec les revenus disponibles ouimportés (FAO, 2001a).Le problème de disponibilité des denrées s’agit souvent de l’insuffisance de la production. Cela peut être causé par certains facteurs comme la survenance des aléas ou la croissance démographique non surveillée comme l’a souligné Thomas Malthus, quand sur le long terme la production nationale n’arrive plus à couvrir les besoins de la population (MALTHUS, 1798).
La stabilité des approvisionnements : Lastabilité des approvisionnements est affectée par desfacteurs internes et des facteurs externes aux ménages dont : l’instabilité de laproduction domestique, la déficience des infrastructuresde stockage et des systèmes domestiques decommercialisation, la fluctuation des prix sur les marchés national et international.
L’accès aux denrées : L’accès à la nourriture pour un ménage se distingue généralement par : l’accès physique aux denrées disponibles, en termes de production, qui se réfère aux lieux d’échange et à la régularité des approvisionnements ; et l’accès économique aux denrées disponibles, en termes d’échanges, liée au pouvoir d’achat des ménages qui résulte des effets aux niveaux du revenu et des prix. L’accessibilité à la nourriture occupe une place importante dans le raisonnement deAmartya Sen(1999) qui soutient que « La vraie question n’est pas la disponibilité totale de la nourriture mais son accès pour les individus et les familles si une personne manque de moyen pour acquérir la nourriture, la présence de nourriture sur le marché n’est pas une grande consolation. ». Cette dimension implique la régularité des disponibilités alimentairesaussi bien sur le plan spatial que sur le plan temporel.
La qualité des aliments : Il s’agit de prendre en considération lespréférences et les besoins nutritionnels de l’individu. En effet, la demande de produitsalimentaires dépend de la perception du consommateurde la quantité des éléments nutritifs présents dans un biendonné pour lui permettre de mener une vie saine et active.L’analyse de la situation et desperspectives sur la sécurité alimentaire dans les pays sous développés montre un écart croissantentre les besoins de consommation et de nutrition et la disponibilité. La sécurité alimentaire résulte de l’interaction entreces quatre éléments fondamentaux. Le rôle de l’agriculture dans la sécurité alimentaire réside principalement dans le premier, la disponibilité alimentaire. En effet, même si une bonne combinaison de politiques de stockage, d’importations, d’aides alimentaires permet de stabiliser les disponibilités et les prix intérieurs, cela ne peut réduire quel’insécurité alimentaire temporaire. La disponibilité pour la prochaine période de pénurie ne sera pas garantie par des stocks qui servent de couverture à court terme du manque de ressources. Seule la croissance de la productivité agricole et lamobilisation de ces gains de productivités pour le développement économique permettrade lutter contre l’insécurité alimentaire, chronique ou temporaire, et d’assurer pleinement une sécurité alimentaire à long terme. La croissance agricole favorise alors la sécurité alimentaire des ménages agricoles et contribue à la réduction de leur vulnérabilité. Concernant les importations,elles dépendent de la capacité du pays àgénérer des ressources en devises et des contraintes liées aux remboursements des dettes. D’ailleurs, importer engendre des dépenses en termes de devises. Cependant, ces dépenses peuvent être réduites grâce à une substitution aux importations via une croissance de la production agricole. Par conséquent, elles peuvent réallouer à la distribution des produits vivrières au niveau locale. Quant aux aides alimentaires, sa condition d’obtention est liée aux excédents agricoles des pays donateurs, donc dépend de leur politique agricole. Ainsi, le développement de la production agricole permet l’accroissement desdisponibilités des ressources vivrières.
Capacité du secteur agricole à dégager un surplus
Selon William Rostow, l’agriculture a une capacité dedégager un surplus. Ilstipuleque «les conditions préalables au développement se créent au sein de la sociététraditionnelle»4 qui est caractériséepar une économie de subsistance sans accumulation et spécialisée dans l’agriculture. Le secteur agricole permet de mobiliser de l’épargne nécessaire pourconstituer un investissement. Pour ce faire, la société doit passer dans un premier temps par une révolution agricole enaugmentant la productivité, en servant des marchés plus étendus et en augmentant les capitauxqu’elle est disposée à prêter au secteur moderne. L’agriculture assure donc la formationd’un revenu excédentaire constituant un capital nécessaire à la mise en place du secteur moderne.
Conditions agro-écologiques favorables
Madagascar possède un ensemble de conditions climatiques ainsi qu’agro-écologiques favorables à la diversification et à la croissance de la production rizicole. Le riz est une céréale pouvant être cultivée partout et grâce au savoir-faire paysan séculaire, d’éventuelles recherches peuvent être développées permettant une facilité d’adoption d’un système de riziculture moderne et adapté. Il existe de nombreux systèmes de production rizicole dont les principaux sont le riz aquatique et le riz pluvial mis à part la culture sur brûlis.
Le riz, source de revenu des paysans
Le riz constitue la part la plus importante de revenus d’exploitation des ménagesruraux20.En général, les ménages les plus riches choisissent de moins s’impliquer que les ménages les plus pauvres dans la production agricole : le revenu agricole représente 34% du revenu total des riches contre 64% pour les pauvres. Selon les données de l’EPM 2010, la contribution de la culture du riz dans la subsistance des ménages cultivateurs est la plus élevée ,à hauteur de 48%, parmi d’autres ressources secondaires .La valeur ajoutée générée par la filière est constituée à 74% de revenus d’exploitation et à 19,6% de salaires. La part de valeur ajoutée rizicole profitant directement aux ménages les plus vulnérables est de plus de 80%. Cette culture génère en moyenne environ504 000Ar par ménage par an, dont 153 000Ar (en moyenne) tiré de la vente des récoltes pour chaque cultivateur de riz. Le riz est alors un important produit de vente dont le prix influence indirectement les revenus réels de la plupart des ménages.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : AGRICULTURE ET PAUVRETE
CHAPITRE 1 : LES CARACTERISTIQUES DE LA PAUVRETE
Section 1 : Pauvreté
Section 2 : Pauvreté rurale et vulnérabilité
Section 3 : Malnutrition et insécurité alimentaire
CHAPITRE 2 : ROLES DE L’AGRICULTURE DANS LA REDUCTION DE LA PAUVRETE
Section 1 : Agriculture, garantie de la sécurité alimentaire
Section 2 : Accroissement des revenus à travers une croissance agricole
Section 3 : Apport de l’agriculture dans le développement économique du pays
I. Capacité du secteur agricole à dégager un surplus
II. Capacité du secteur agricole à fournir une main d’œuvre potentielle
PARTIE 2 : ANALYSE DE LA FILIERE RIZ A MADAGASCAR
CHAPITRE 1 : REALITES DE LA FILIERE RIZ A MADAGASCAR
Section 1 : Les caractéristiques du marché rizicole à Madagascar
I. L’offre locale de riz : production, stocks et importations
II. La demande locale de riz
III. Evolution du prix du riz à Madagascar
Section 2 : Les atouts de la filière riz
I. Conditions agro-écologiques favorables
II. Forte demande potentielle
III. Un prix de revient compétitif
IV. Filière soutenue par des politiques de croissance agricole
Section 3 : Les contraintes de la filière dans l’orientation vers le développement
I. Conditions physiques défavorables
II. Une faible productivité
III. Difficulté dans la commercialisation
CHAPITRE 2 : CONTRIBUTIONS DE LA FILIERE RIZ DANS LA REDUCTION DE LA PAUVRETE A MADAGASCAR
Section 1 : Contribution du riz dans la lutte contre l’insécurité alimentaire
I. La disponibilité en denrées alimentaires de base
II. La stabilité de leur approvisionnement
III. L’accessibilitéau riz
IV. La qualité nutritionnelle des denrées alimentaires
Section 2 : Contribution du riz dans l’amélioration des revenus des ménages
I. Le riz, source de revenu des paysans
II. Le riz en tant que dépense des ménages
Section 3 : Le riz, moteur de développement économique du pays
I. Le riz dans le PIB
II. Le riz et sa capacité de création d’emploi
III. Le riz, moteur d’autres secteurs
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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