La riziculture au Burkina Faso
Situation de la riziculture au Burkina Faso
Le secteur rizicole occupe une place importante dans l’économie du Burkina Faso. La production ne parvient pas encore à satisfaire les besoins de consommation de la population si bien qu’il est fait recours à des importations en grandes quantités de riz commercial. Cela entraîne de façon substantielle un déséquilibre de la balance commerciale du pays (Illy, 1997). Les données sur la production céréalière au Burkina Faso montrent que la production de riz varie entre 80 000 à 100 000 tonnes en moyenne par an (Anonyme2, 2005). De nos jours, la demande en riz du pays atteint 300 000 tonnes/an contre une production de riz locale estimée à 113000 tonnes de riz paddy soit 73 000 tonnes décortiquées. Ainsi les burkinabè consomment 4 fois plus de riz qu’ils n’en produisent. Or des études récentes montrent que le monde entier risque de manquer de riz dans les prochaines années (Mouilleseaux, 2008). Concernant la répartition spatiale de la production nationale, des données statistiques de la Direction Générale des Prévisions et Statistiques Agricoles (DGPSA, 2003), il ressort que le riz est produit sur l’ensemble des 13 régions mais à des degrés divers. Les grandes zones de production sont les régions du Centre-est, des Hauts Bassins, des Cascades et du Sourou qui réalisent plus de 60% de la production nationale de riz. Le riz est cultivé au Burkina Faso selon trois (3) modes :
– riziculture pluviale stricte ;
– riziculture de bas-fonds ;
– riziculture irriguée.
Selon les résultats de l’étude sur les coûts de production en riziculture (Statistika, 2003), il existe au total huit (8) types d’exploitations rizicoles : deux (2) au niveau du type pluvial strict, trois (3) au niveau des bas-fonds et trois (3) dans le cas des périmètres irrigués. La riziculture de type pluvial stricte comporte deux types de systèmes d’exploitation dont les caractéristiques se présentent comme suit :
– le type pluvial I de superficie variant entre 0,49 à 1,5 ha, c’est une exploitation familiale moyenne de 2 à 16 actifs ; elle est équipée en attelage et autres outils métalliques ;
– le type pluvial II dont la superficie moyenne est de 0,22 ha, c’est une exploitation familiale moyenne de 4 à 5 actifs ; elle est une culture manuelle et attelée.
La riziculture de type bas-fonds comprend trois types de systèmes d’exploitation dont les caractéristiques sont les suivantes :
– Bas-fonds I : ce sont des bas-fonds non aménagés de grande superficie comprenant une multitude de parcelles individuelles , avec une exploitation familiale, moyenne de 5 à 6 actifs, de superficie moyenne de1, 52 ha équipées en outils attelées et matériels spécifiques de riziculture ;
– Bas-fonds II : ce sont des bas-fonds aménagés comprenant une multitude de parcelles avec une exploitation familiale de 4 à 5 actifs de superficie moyenne de 0,53ha équipées en outils de culture attelée possédant outre des outils, mais aussi d’un attelage ;
– Bas-fonds III : ce sont des bas-fonds aménagés ou non aménagés comprenant une multitude de parcelles, avec une exploitation familiale composé de 6 à 7 actifs, de superficie moyenne de 0,22ha.
La riziculture irriguée comprend trois types de systèmes d’exploitation qui sont :
– Riziculture irriguée I : ce sont des Grands Périmètres Par Pompage(GPPP) de superficie moyenne de 0,75ha, de 2 à 3 actifs en moyenne et dont la culture attelée est dominante ;
– Riziculture irriguée II : ce sont des exploitations de superficie moyenne de 1,12ha, composées de 8 à 9 actifs et disposant majoritairement de matériel spécifique à la riziculture ;
– Riziculture irriguée III : ce sont des exploitations de superficie moyenne de 0,47ha, composé de 5 actifs.
Contraintes liées à la riziculture burkinabè
L’expansion de la riziculture au Burkina Faso est limitée par de nombreuses contraintes qui pèsent lourdement sur sa rentabilité. Les aléas climatiques caractérisés par une mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies sont le principal facteur responsable de la limitation du rendement (SERE, 1994 ; DEMBELE, 1988). La sécheresse sévère et persistante est la cause principale d’une forte diminution de la production rizicole. La pauvreté des sols en éléments nutritifs est une contrainte non négligeable. En effet, 55% des sols du Burkina Faso ont moins de 1% de matière organique et seulement 16% en ont une teneur supérieure à 2% (SIVAKUMAR et al., 1988).La teneur en azote total est inférieure à 0, 06% pour 71% des sols. Environ 93% des sols présentent une teneur en phosphore inférieure à 0,06%. L’érosion hydrique et éolienne associées à la pression démographique, dégradent l’environnement entraînant ainsi une diminution des surfaces exploitables. La pesanteur socio-culturelle, l’insuffisance de fonds permettant d’effectuer le transfert de technologie en matière de techniques modernes de production, et la faible capacité financière des producteurs sont des facteurs souvent cités dans le milieu comme frein au développement de l’activité rizicole .
Le processus d’innovation en agriculture
Cette partie traite du processus d’innovation en Agriculture. D’abord, elle définit le concept de capacité dans le processus d’innovation. Ensuite, elle explique en quoi consiste l’innovation. Enfin, les différents types d’appui à l’innovation sont exposés et décrits.
Le concept de capacité dans le processus d’innovation
Dans un système agricole tridimensionnel (individus, organisation, environnement), il existe deux groupes de capacité complémentaires : la capacité technique et la capacité fonctionnelle. La capacité fonctionnelle se décline en quatre éléments :
– les capacités d’exécution dans un environnement complexe (analyse de la chaîne de valeur, élaboration de propositions, formulation de stratégie et de vision, évaluation des exigences, appui à la prise de décision basée sur des évidences) ;
– les capacités à tisser des partenariats utiles (travail en équipe, résolution des conflits, développement de leadership, mise en réseau, partenariat, interactions multi-acteurs, gestion de la diversité) ;
– les capacités à développer et à gérer des connaissances (méthodes pour suivre les progrès et les résultats de la rétroaction, documentation des enseignements tirés, apprendre ensemble et essayer de nouvelles approches, amélioration de la transparence et la diffusion/partage des connaissances),
– les capacités à s’engager dans des processus stratégiques et politiques (analyse des politiques, compréhension des relations entre acteurs (influence/importance), développement des liens/partenariats entre organisations, influencer les processus de prise de décision, développer de mécanismes pour des prises de décision collectives).
Les éléments cités plus haut se conjuguent pour former une capacité globale du système à s’adapter et répondre à une situation afin de réaliser le potentiel en innovation (OCDE/GAT, 2006).
Ce que innovation veut dire ?
Selon la définition de Schumpeter (1883-1950), « une innovation en agriculture est une nouvelle pratique qui entraîne une combinaison nouvelle de facteurs, dans une région ou une exploitation donnée ». Ces facteurs peuvent être le travail, le capital foncier, le capital d’exploitation, le matériel biologique, l’équipement, etc. Cette définition date des années 1930 et reste l’une des plus fréquemment utilisées. D’après Röling (2010), une nouvelle réflexion émerge actuellement et s’intéresse à la trajectoire à suivre par la science afin qu’elle puisse avoir un impact sur la société, et particulièrement sur l’amélioration de la productivité et des moyens de subsistance des petits exploitants. Cette nouvelle pensée aperçoit « l’innovation non pas comme le résultat final du transfert et du développement des résultats de la recherche à certains utilisateurs mais comme un processus de changement technique et institutionnel qui se joue au niveau de l’exploitation et à des niveaux plus élevés du système et qui a un impact sur la productivité, la durabilité et la réduction de la pauvreté ». Pour (Lavigne Delville et al., 2004), les innovations peuvent être techniques et/ou organisationnelles. Souvent, ces deux types d’innovation sont étroitement liés l’un à l’autre. Par exemple, une restructuration de l’organisation du ménage agricole peut avoir lieu suite à l’adoption d’une innovation technique (l’introduction de la culture attelée a modifié la gestion de la force de travail), et la viabilité d’une innovation technique peut nécessiter l’implémentation de changements organisationnels (l’utilisation d’intrants agricoles nécessite l’organisation et la sécurisation de l’approvisionnement en ces derniers). Trois sources d’innovation sont identifiées : l’invention, l’emprunt (recherche et imitation de nouveautés mises en œuvre et observées ailleurs) et le transfert de propositions issues de la recherche (Bentz, 2002).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1 La riziculture au Burkina Faso
1.1.1 Situation de la riziculture au Burkina Faso
1.1.2 Contraintes liées à la riziculture burkinabè
1.2 Le processus d’innovation en agriculture
1.2.1 Le concept de capacité dans le processus d’innovation
1.2.2 Ce que innovation veut dire ?
1.2.3 Les différents types d’appui à l’innovation en agriculture
1.3 Cadre politique rizicole au Burkina Faso
1.3.1 Bref rappel des grandes étapes de la politique rizicole au Burkina Faso de 1974 à 2000
1.3.2 Politiques nationales actuelles de la riziculture au Burkina
CHAPITRE 2 : MATERIEL ET METHODES
2.1 Présentation de la zone d’étude
2.1.1 Caractéristiques administratives et géographiques de la commune de Manga
2.1.2 Milieu physique et naturel de la zone d’étude
2.1.3 Caractéristiques économiques de la zone d’étude
Les acteurs de la filière dans la zone de Manga : rôles et collaboration
2.2 Matériel
2.3 Méthodes
2.3.1 Etape d’exploration et analyse de la littérature
2.3.2 Entretiens
CHAPITRE 3: RESULTATS ET DISCUSSION
3.1 Résultats
3.1.1 Identification des atouts /contraintes du système rizicole d’innovation
3.1.2 Synergie de travail entre les acteurs du réseau d’innovation rizicole
3.1.3 Propositions de consolidation de synergie
3.2 Discussion
Conclusion et recommandations
BIBLIOGRAPHIE
Annexes
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