Les mรฉdiateurs
ย ย ย ย ย ย ย De nombreux mรฉdiateurs interviennent dans la rhinite allergique. Chacun dโentre eux a une fonction spรฉcifique. De faรงon succincte et non exhaustive nous allons aborder certains dโentre eux. Lโhistamine est un vasodilatateur libรฉrรฉ par la dรฉgranulation des mastocytes et des basophiles. La tryptase est un marqueur de lโallergie frรฉquemment dosรฉ dans lโanaphylaxie. Les cytokines ont de multiples rรดles : instruction, orientation vers la rรฉponse immunitaire de type Th2, production dโanticorps, effet pro et anti inflammatoire, production des cellules de dรฉfense immunitaire. Dans la rhinite allergique, on retrouve parmi les cytokines de nombreuses interleukines, le GM CSF (facteur stimulant la croissance des granulocytes et des monocytes), lโinterfรฉron ฮณโฆ Les chiomiokines sont des cytokines ร activitรฉ chimio attractante qui contrรดlent, avec les molรฉcules membranaires dโadressage, le trafic des cellules de dรฉfense. Elles jouent donc un rรดle essentiel dans le contrรดle de la rรฉponse immunitaire dans lโespace. Dans la rhinite allergique on retrouve plus particuliรจrement certaines dโentre elles : Eotaxine, MCP 1, MIP 1ฮฑ, RANTES.
Examen physique
ย ย ย ย ย ย ย ย Lโexamen physique minimal doit comporter une rhinoscopie antรฉrieure ร lโaide dโun spรฉculum et dโun bon รฉclairage. On retrouve en cas de rhinite allergique simple un ลdรจme des cornets infรฉrieurs et moyens, la prรฉsence de sรฉcrรฉtions claires et une muqueuse nasale souvent pรขle ou lilas en situation chronique et rouge en cas dโinflammation aigue.Il y a nรฉcessitรฉ dโune consultation spรฉcialisรฉe pour examen ORL approfondi dans certaines situations :
_Doute diagnostic : symptรดmes atypiques ou persistants ou rรฉponse au traitement de premiรจre intention incomplรจte.
_Comorbiditรฉs prรฉsentes (asthme, polypose naso-sinusienne, otite moyenne).
_Suspicion dโorigine professionnelle.
Dosage sรฉrique des IgE spรฉcifiques
ย ย ย ย ย ย ย ย Leur recherche est intรฉressante lorsquโil existe une discordance entre lโallergรจne cliniquement suspectรฉ et les rรฉsultats des tests cutanรฉs, lorsque lโon veut rechercher une sensibilisation ร un allergรจne rare non disponible en test cutanรฉ ou lorsque les tests cutanรฉs sont irrรฉalisables ou ininterprรฉtables. Ce sont des tests sรฉriques basรฉs sur une technique radio-immunologique ou immuno-enzymologique dรฉpistant dans le sรฉrum du patient les IgE spรฉcifiquement dirigรฉs contre lโallergรจne recherchรฉ avec une sensibilitรฉ de plus de 90% pour les allergรจnes recombinants. Ce dosage nโest pas influencรฉ par les mรฉdicaments. A noter que le dosage des IgE totales sรฉriques nโa plus dโintรฉrรชt dans le diagnostic de la composante allergique devant lโavรจnement de nouvelles techniques de plus forte sensibilitรฉ et spรฉcificitรฉ (tests multi-allergรฉniques de dรฉpistage) et ne doit donc plus รชtre rรฉalisรฉ.
Sinusite
ย ย ย ย ย ย ย ย Cinquante ร 80% des patients atteints de sinusite sont allergiques ou souffrent de rhinite allergique, 25 ร 33 % des rhinitiques ont des anomalies sinusiennes. La rhinite allergique est le principal facteur de risque de sinusite. Le revรชtement muqueux des sinus est de type respiratoire, semblable au revรชtement nasal, hormis la prรฉsence de moins nombreuses glandes ร mucus se multipliant lors des inflammations. Seules les cavitรฉs sinusiennes sont stรฉriles. Nous allons maintenant nous intรฉresser aux hypothรจses physiopathologiques liant les sinus au nez dans la rhinite allergique. Lโinflammation nasale et le dysfonctionnement ostial sont responsables de troubles de lโรฉpuration muco-ciliaire, dโune mauvaise aรฉration des sinus et peut-รชtre dโune facilitation des infections des voies aรฉriennes. Lโatteinte ร travers les ostia de drainage des sinus par le concept de dysfonctionnement ostial est cependant sujette ร controverses. Le contact allergรฉnique direct avec rรฉaction immรฉdiate IgEdรฉpendante est quant ร lui improbable devant lโanatomie des mรฉats qui semble ne pas permettre le passage sinusien des allergรจnes. On note รฉgalement une atteinte par contiguรฏtรฉ des deux muqueuses avec afflux sanguin nasal et afflux de cellules et mรฉdiateurs inflammatoires. En imagerie, des รฉtudes montrent lโapparition dโanomalies ethmoรฏdales et maxillaires et dโun afflux vasculaire naso-sinusien dans les deux jours suivant un test de provocation nasale. Les polynuclรฉaires รฉosinophiles, lymphocytes, mastocytes et macrophages ont un rรดle รฉvident, commun ร lโensemble des maladies inflammatoires des voies aรฉriennes. Enfin, lโexistence dโun rรฉflexe naso-sinusien est รฉvoquรฉe, expliquant la bilatรฉralitรฉ des lรฉsions. Il semble que ce rรฉflexe concerne principalement les cellules ethmoรฏdales.
Eviction allergรฉnique
ย ย ย ย ย ย ย Elle reprรฉsente la premiรจre รฉtape du traitement et doit systรฉmatiquement รชtre proposรฉe pour les allergรจnes domestiques et professionnels. Les mesures dโรฉviction ร mettre en place diffรจrent selon les allergรจnes. En ce qui concerne les allergรจnes domestiques, une bonne hygiรจne associant aรฉration des piรจces, aspiration rรฉguliรจre et prรฉcautionneuse, รฉviction des tapis, literies en textiles synthรฉtiques anti acariens, toilette des animaux domestiques constitue lโรฉlรฉment clรฉ ร instaurer en premier lieu. Dans le cas des rhinites allergiques professionnelles, une amรฉlioration des conditions de travail ou parfois une rรฉorientation professionnelle sont nรฉcessaires, et font intervenir le mรฉdecin du travail. Lโรฉviction des pollens est plus difficile ร mettre en ลuvre et se rรฉsume ร รฉviter de sโexposer massivement.
Population incluse
1. Investigateurs : Les caractรฉristiques des mรฉdecins investigateurs nโont pas รฉtรฉ notรฉes, le contrรดle de la population mรฉdicale รฉtudiรฉe nโest donc pas possible. Cependant, lโinclusion des patients ayant รฉtรฉ rรฉalisรฉe sur un panel de mรฉdecins gรฉnรฉralistes tirรฉs au sort, il nโy a thรฉoriquement pas de biais de sรฉlection quant aux pratiques mรฉdicales relevรฉes. On note que sur les 110 praticiens contactรฉs, seuls 42 ont effectivement participรฉ. On peut dรจs lors soupรงonner un biais de sรฉlection se basant sur la motivation et lโintรฉrรชt personnel que porte chaque mรฉdecin vis-ร -vis du sujet. Ceci รฉtait difficilement รฉvitable, car on ne peut forcer les praticiens ร inclure des patients sโils ne le dรฉsirent pas.
2. Patients : Le recueil des patients a รฉtรฉ rรฉalisรฉ de faรงon dynamique et rรฉtrospective. En effet chaque praticien a inclus les 3 derniers patients atteints de rhinite allergique vus en consultation, au moment oรน il a lu ce mail. Ainsi, le recueil des patients se veut alรฉatoire et reprรฉsentatif de la population souffrant de rhinite allergique en Haute Normandie. De plus les praticiens nโont normalement pas รฉtรฉ influencรฉs dans leur prise en charge, prรฉalable ร la lecture du questionnaire de lโenquรชte. Cependant, on pourrait critiquer le choix dรฉlibรฉrรฉ de ne pas recueillir les caractรฉristiques socioรฉconomiques des patients qui ne permet pas de contrรดler a posteriori la reprรฉsentativitรฉ de lโรฉchantillon. Ce contrรดle aurait รฉtรฉ souhaitable รฉtant donnรฉ que le calcul initial รฉtait de 385 patients ร inclure. Enfin lโinclusion a รฉtรฉ rรฉalisรฉe dโavril ร juillet, favorisant potentiellement les rhinites intermittentes (pollinisation).
Critรจres de jugement secondaires
ย ย ย ย ย Dans sa thรจse, Guiu (28) met en รฉvidence que les mรฉdecins pensent que leurs patients dรฉsirent :
_un soulagement rapide (100%),
_connaitre lโรฉtiologie (50%),
_voir un allergologue (30%).
Ces mรฉdecins dรฉclarent avoir recours ร lโallergologue dans diffรฉrentes situations :
_absence de rรฉponse au traitement (73,3%),
_ร la demande du patient (50%),
_lorsque le bilan pratiquรฉ est en faveur dโune origine allergique (33,3 %),
_dรจs que lโallergie est suspectรฉe (23,3 %).
Ainsi, leur prรฉoccupation premiรจre semble รชtre de traiter efficacement la symptomatologie, et non dโen diagnostiquer lโรฉtiologie. Dans notre รฉtude, on remarque que lโefficacitรฉ des antihistaminiques et de la corticothรฉrapie par voie nasale est lโun des critรจres majeurs de non rรฉalisation de tests allergologiques. Ces traitements semblent ainsi รชtre largement utilisรฉs en pratique ร titre de ยซ test thรฉrapeutique ยป. Comme ils sont efficaces sur diffรฉrentes รฉtiologies de la rhinite, leur seule efficacitรฉ ne permet pas de conclure ou non ร son origine allergique. Les mรฉdecins gรฉnรฉralistes semblent รฉgalement ne pas voir dโintรฉrรชt ร la rรฉalisation du bilan car leur dรฉmarche thรฉrapeutique nโen serait pas modifiรฉe. Les traitements รฉtiologiques et notamment lโimmunothรฉrapie spรฉcifique sont encore peu installรฉs dans les habitudes mรฉdicales en France. Ils sont probablement considรฉrรฉs comme dangereux et contraignant, ceci pour une efficacitรฉ moyenne (40% des mรฉdecins trouve la dรฉsensibilisation peu efficace (28)). Les questions de sous densitรฉs mรฉdicales ne semblent avoir que peu dโimpact sur la dรฉmarche des mรฉdecins gรฉnรฉralistes. Ce nโest un motif cรดtรฉ fort ร trรจs fort que dans 22 ร 25% des cas. Lโinobservance mรฉdicale ne semble pas intervenir non plus dans cette dรฉmarche. Enfin, le coรปt des examens ne semble pas รชtre le motif invoquรฉ pour justifier lโabsence de diagnostic รฉtiologique. Cet argument serait dโailleurs peu recevable car la rhinite allergique, comme lโasthme, est une pathologie chronique qui a un impact socioรฉconomique majeur sur les patients, leurs familles, le systรจme de soin, la sociรฉtรฉ (42). Lโimpact รฉconomique comprend ร la fois des coรปts directs gรฉnรฉrรฉs par la consommation des soins, et des coรปts indirects incluant les soins des pathologies associรฉes et la baisse de productivitรฉ salariale, lโabsentรฉisme.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PARTIE 1 : LA RHINITE ALLERGIQUE : REVUE DE LA LITTERATURE
I. EPIDEMIOLOGIEย
A. Etudes de Prรฉvalence
B. Facteurs de risque
1. Rรดle gรฉnรฉtique
2. Rรดle environnemental
a. Facteurs allergiques
b. Facteurs non allergiques
II. PHYSIOPATHOLOGIEย
A. Les acteurs
1. La muqueuse nasale
a. Lโรฉpithรฉlium
i. Type
ii. Composรฉ de 4 types cellulaires
b. La lame basale
c. Le chorion
i. Le MALT
ii. Les glandes exocrines
iii. Une hypervascularisation
2. Les Pneumallergรจnes
a. Pollens
i. Pollens dโarbres, de janvier ร mai
ii. Pollens de graminรฉes, de mai ร juillet
iii. Pollens dโherbacรฉes, de juillet ร octobre
b. Acariens
c. Mammifรจres
d. Insectes
e. Moisissures
f. Allergรจnes professionnels
3. Les lymphocytes T CD4+
a. Dichotomie Th1/Th2
b. Polarisation lymphocytaire Th2
c. Modulation de cette dichotomie
4. LโImmunoglobuline de type E (IgE)
5. Les mรฉdiateurs
B. La rรฉaction allergique
1. Rรฉaction immรฉdiate, mรฉdiรฉe par les IgE
2. Rรฉaction tardive, ร mรฉdiation cellulaire
3. Inflammation nasale persistante
III. DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS
A. De rhinite
B. Rhinites non allergiques
IV. DIAGNOSTIC
A. Interrogatoire
B. Examen physique
C. Examens paracliniques
1. Tests cutanรฉs
2. Dosage sรฉrique des IgE spรฉcifiques
3. Les tests multi-allergรฉniques de dรฉpistage
4. Autres
V. COMORBIDITES
A. Asthme
B. Sinusite
C. Conjonctivite
D. Otite moyenne
VI. TRAITEMENTย
A. Mesures gรฉnรฉrales
1. Hygiรจne nasale
2. Eviction allergรฉnique
3. Crรฉnothรฉrapie
B. Dรฉsensibilisation spรฉcifique
C. Mรฉdicaments
1. Par voie locale
a. Corticoรฏdes inhalรฉs
b. Anti histaminiques
c. Anticholinergiques
d. Autres
2. Par voie gรฉnรฉrale
a. Anti histaminiques
b. Autres
D. Chirurgie
1. Turbinoplastie
2. Turbinectomie
PARTIE 2 : ETUDE EN HAUTE NORMANDIEย
I. MATERIEL ET METHODE
A. Objectifs
B. Mรฉthode
C. Donnรฉes recueillies
D. Statistiques
II. RESULTATSย
A. Population incluse
B. Caractรฉristiques de la rhinite allergique
C. Comorbiditรฉs
D. Objectif principal
E. Objectif secondaire
III. DISCUSSION
A. Population incluse
1. Investigateurs
2. Patients
B. Caractรฉristiques de la rhinite allergique
C. Critรจre de jugement principal
D. Critรจres de jugement secondaires
CONCLUSION
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE
ANNEXE 2 : EXEMPLES DE FORMULES UTILISEES
BIBLIOGRAPHIE
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