La Revanche dans Bel-Ami de Guy De MAUPASSANT

La liaison de Georges Duroy avec la figure masculine

   La liaison de Georges avec la figure masculine dans Bel-Ami prend source à partir de sa rencontre avec Charles Forestier. Charles Forestier, promotionnaire de régiment de Duroy à peu près le même âge que Georges Duroy. Il est décrit comme étant vilain par rapport à Georges. Toutefois, l‟ascension de Georges Duroy prend départ à sa rencontre avec Charles Forestier. Ce dernier illumine sa pensée et l‟oriente vers un autre emploi différent à celui des bureaux du chemin de fer. Ses propos suivants sont vites appliqués à la lettre par Georges Duroy : Ne fais pas ça, c‟est stupide, quand tu devrais gagner dix mille francs. Tu te fermes l‟avenir du coup. Dans ton bureau au moins, tu es caché, personne ne te connait, tu peux en sortir, si tu es fort, et faire ton chemin. Mais, une fois écuyer, c‟est fini. C‟est comme si tu étais maître d‟hôtel dans une maison où tout Paris va diner .Quand tu auras donné des leçons d‟équitation aux hommes du monde ou à leurs fils, ils ne pourront plus s‟accoutumer à te considérer comme leur égal. À travers ce discours, Forestier révèle à Duroy une voix rapide pour sortir de sa situation défavorable .Ceci permet à Maupassant donc de peindre la conscience du bourgeois dans la mesure où il expose la mentalité d‟un bourgeois, Forestier, dans le texte. Puis, Maupassant peint une société française fondée sur le paraître .En effet, ces propos de Forestier « Tu n’as pas d’habit ? Bigre en voilà une chose indispensable pourtant .À Paris, vois- tu, il vaudrait mieux n’avoir pas de lit que d’habit », rappellent l‟hypocrisie de la bourgeoisie dont fait preuve d‟illustration le manifeste du Réalisme. La relation de Duroy avec Forestier octroie à Georges Duroy une telle connaissance et une ouverture véritable vers un monde nouveau .Ainsi le récit est relancé vers d‟autres alternatives. Ce soutien moral que Forestier apporte à Georges le pousse à avoir une autorité sur lui. Il l‟admoneste en le disant « tu te fiches du monde, à la fin ! Alors tu t’imagines que je vais faire ton métier, et que tu n’auras qu’à passer à la caisse au bout du mois .Non !elle est bonne, celle –là ! ».Cela pousse à Duroy de vouloir renverser la tendance. Il décide alors de lui rendre cocu. Force est de constater donc que Georges a pris revanche sur Forestier .Puisqu‟il parvient à avoir une main mise sur sa femme. Cette dernière lui suggère d‟avoir une relation tendre avec M .Walter M. Walter, petit gros monsieur, court et rond parait un financier moins terrible que le Gosbeck de Balzac mais il n‟en est pas moins terrible au point de devenir .Sur ce paradigme il est le personnage le plus semblable à Georges Duroy .En effet, l‟attitude de Walter devant le succès est comparable à celle de Duroy qui est toujours hanté par le souci de réussir. Ainsi l‟argent est le maȋtre mot de ces deux protagonistes .À l‟instar de Duroy qui , « ressaisi par l’espoir confus et joyeux qui hantait toujours son esprit ,il jeta ,à tout hasard ,un baiser dans la nuit ,un baiser d’amour vers l’image de la femme attendue ,un baiser de désir vers la fortune convoitée »,Walter s‟intéresse à ses filles que pour en faire des monnaies d‟échange :il essaie de négocier leur riche dot contre des titres de noblesse .À cela s‟ajoute la duperie utilisée par ces deux protagonistes pour parvenir à leur fin .De ce fait Duroy semble tromper tout le monde ,d‟exploiter tout le monde ,de prendre du plaisir partout. Sa relation avec Mme de Marelle en est une parfaite illustration .En même temps Walter emploie sa ruse pour conquérir le pouvoir économique. Il n‟hésite pas à tromper tout le monde et à exploiter tout le monde .Son journal est le biais qui lui facilite à conquérir le monde .En effet, avec ça ,pourtant ,un bon zig qui ne croit à rien et roule tout le monde .Son journal ,qui est officieux ,catholique ,libéral , républicain, orléaniste , tarte à la crème et boutique à treize (où tout est à treize sous), n‟a été fondé que pour soutenir ses opérations de bourse et ses entreprises de toute sorte .Pour ç a il est très fort ,et il gagne des millions au moyen de sociétés qui n‟ont pas quatre sous de capital. Son comportement moral identique à celui de Duroy le pousse sans doute à l‟appeler un ami. En effet, il allait toujours, appelant Duroy mon cher ami .Sa position lors de l‟enlèvement de sa fille Suzanne par Duroy donne une image d‟un homme affamé de la noblesse à celle d‟homme cupide et rapace. Il pense à la réussite garantie de Duroy pour céder à sa volonté d‟épouser sa fille .Car il voit en Georges une matière grise parfaite .Et pourtant saurait été le contraire il serait catégorique comme sa femme .En effet, à cause de l‟engagement et de la détermination de Duroy pour la réussite de la vie, il affirme que « il n’y a pas à discuter .Il le faut .Ah ! Le gredin, comme il nous a joués …Il est fort tout de même .Nous aurions pu trouver beaucoup mieux comme position, mais pas comme intelligence et comme avenir. C’est un homme d’avenir. Il sera député et ministre ».Walter est mis dans une situation de captivité, obligé de céder à cause de sa passion pour la réussite sociale. Ceci colle Maupassant de plus en plus à l‟écriture naturaliste .En effet, le héros de la narration de Maupassant rejoint la description du héros naturaliste. Car, Le récit naturaliste qui reste conforme à ce schéma est toujours rigoureusement structuré, déployant tout un ensemble de procédés d‟anticipation et de récapitulation pour bien resserrer les phases de l‟intrigue. L‟espace aussi est rigoureusement déterminé dans ces romans naturalistes ,car les personnages sont enfermés dans les limites des lieux pièges ,des assommoirs, où ,victimes, ils sont abattus .En fin ,ce sont des romans qui se situent à l‟opposé du modèle du roman héroïque du passé .Au lieu de se transcender par ses exploits ,le héros naturaliste est dégradé par une réalité vile et désacralisée ;les épreuves et l‟abnégation exaltantes cèdent à des excès d‟indulgence ;les images de transcendance ,de puissance et de connaissance des mystères ,comme l‟or et la lumière ,sont remplacées par celles de la déchéance dans les noirs labyrinthes du monde déchu ,dans la materia prima de la chair corrompue et de la matière putrescente ,où l‟esprit humain se désintègre. Ces deux personnages incarnent l‟idéal homme d‟une pensée brillante issue du domaine positif des sens .Ainsi cela pousse à parler comme Amédée Boyer quand il affirme : Progressivement, la science, volontairement cantonnée jusque –là dans le mesurable, domaine positif des sens, et dans la logique, domaine rationnel de l‟esprit, va rejoindre les réalités déroutantes et impondérables de la vie, réservées en principe aux armes suggestives et intuitives de la pensée littéraire. Elle va quitter ses deux points d‟appui : la réalité dense, décomposable, divisible de la matière, et l‟immuabilité de code légal du raisonnement. La ressemblance de Georges Duroy et de Walter peut être s‟analyser également au niveau des sentiments .Duroy n‟aime personne car il change de relation charnelle du jour au lendemain .De même que Walter qui s‟occupe rarement de sa femme, il passe tout son temps dans le monde des affaires .Et peut être c‟est la raison pour laquelle, Maupassant mettait en garde les âmes sensibles contre les coups de foudre : Tant de gens croient s‟aimer qui s‟ignorent entièrement, tant de gens vont les mains dans les mains ou la bouche sur la bouche sans avoir le temps de se regarder .Il faut qu‟ils aiment pour n‟être plus seuls, qu‟ils aiment d‟amitié, de tendresse mais qu‟ils aiment pour toujours .Et ils disent, jurent, s‟exaltent, versent tout leur cœur dans un cœur inconnu trouvé, toute leur âme dans une âme de rencontre dont le visage leur a plu. Et de cette hâte à s‟unir naissent tant de mépris, de surprises d‟erreurs et de drames. C‟est dire que Maupassant continue de mettre en exergue le caractère de l‟homme faisant de la femme une source d‟ascension sociale .En effet, il peint un Walter dont le choix de sa femme relève de l‟appartenance d‟une classe sociale noble, et un Duroy trouvant le chemin de la réussite auprès des femmes .Dès lors une introspection de la relation de Duroy avec la figure féminine dans Bel-Ami s‟impose.

L’escroquerie de Georges Duroy

   L‟escroquerie peut se définir comme étant l‟action d‟escroquer. En effet, ce verbe « escroquer » vient du dénominal d‟escroc. Escroquer peut signifier tirer quelque chose de quelqu‟un par fourberie, par dol, et manœuvres frauduleuses. C‟est dire également voler quelqu‟un par des moyens frauduleux. Dans Bel-Ami, la passion de Duroy pour la revanche le conduit à être escroc. En effet, il tente parfois de tirer sur les autres quelque chose qu‟il obtient d‟une manière qui n‟est pas noble ou limpide. C‟est dire qu‟il tire profit injustement à travers ses relations. Cette escroquerie incarnée par le personnage de Duroy est remarquable également au niveau des filles du siècle. C‟est tout le sens de ces propos de Balzac : Ces excès de délicatesse ne se rencontrent que chez ces belles filles du peuple qui savent recevoir des coups sans en rendre ; elles ont dans les veines les restes du sang de premiers martyrs. Les filles bien nées ,étant les égales de leurs maris, éprouvant les besoins de les tourmenter, et de marquer, comme on marque les points au billard, leurs tolérances par des mots piquants ,dans un esprit de vengeance diabolique ,et pour s‟assurer, soit une supériorité ,soit un droit de revanche. Duroy veut assurer son côté financier pour se doter des moyens qui lui serviront d‟accomplir sa vengeance .En effet, cet excès d‟engagement lui pousse d‟escroquer ses partenaires. Sa relation avec Mme Forestier en est une parfaite illustration. Il profite de l‟affection de la femme envers lui pour faire ses affaires .Cette affection de la femme lui donne une faiblesse devant Duroy .De ce fait Duroy est peint comme étant un imposteur. En effet, il tâche de tromper par de fausses apparences de piété, de sagesse, de probité, en voulant se faire passer pour un autre homme qu‟il n‟est pas. Son charme physique lui procure auprès des femmes une importante considération. Son éloquence lui permet de gagner la confiance des femmes .Dès lors, il va abuser de la confiance faite par ces femmes en lui pour en usurper une propre qualité extraordinaire .Ce côté négatif de Duroy rejoint l‟aspect négatif de la classe paysanne dans La Cousine Bette de Balzac. Cette revanche de Duroy sur la population parisienne est accompagnée par une description négative du paysan .En effet, ces actions malsaines de Duroy fait du paysan un être sauvage. C‟est dire une personne qui manque de civilisation. Sur ce paradigme le personnage de Duroy est comparable à Jacques dans Jacques le fataliste et son maître.En effet, le renversement d‟ordre social à travers la domination de Jacques sur son maître, marqué par des actions barbares de Jacques est comparable à celle de Duroy avec ses partenaires .C‟est dire que Jacques représente la classe paysanne dont est issu notre personnage principal, Duroy, et le maître représente la classe noble synonyme de la bourgeoisie au XIXème siècle. Georges Duroy se présente donc comme un héros totalement négatif .Le relevé exhaustif des vilenies de Duroy serait fastidieux, lâche, menteur, cupide, égoïste, envieux, rancunier, veule, calculateur. En effet, il est un concentré de tous les vices. Citons les exemples répétés de sa violence à l‟égard des femmes, pour les images de prédateur qu‟elle fait naître. . À l‟égard de Clotilde, « il se jeta sur elle, cherchant la bouche avec ses lèvres et la chair nue avec ses mains. Elle jeta un cri, un petit cri, voulut se dresser, se débattre, le repousser, puis elle céda ». À l‟égard de Madeleine, « Il se jeta sur sa bouche comme un épervier sur sa proie. Elle se débattait, le repoussait, tâchait de se dégager ». À l‟égard de Mme Walter : « Dès qu’il eut refermé la porte, il la saisit comme une proie. Elle se débattait, luttait, bégayait : « Oh ! mon Dieu !… ». Georges fait référence au pur produit de la société du XIXème siècle .Aux valeurs perverties, il est le parfait représentant de la « faune boulevardière des années quatre- vingt » qui «  trafique […] avec une espèce d’ignoble ingénuité » 49. La dégradation morale de Duroy est parallèle à sa montée dans la société, et le roman s‟achève sur le triomphe de cet anti-héros lors de son mariage : « l’Homme-Dieu, à l’appel de son prêtre, descendait sur la terre pour consacrer le triomphe du baron Georges Du Roy » . Reconnaissance dévoyée que dénonce l‟ironie du narrateur : par exemple par la grotesque ressemblance de Bel- Ami avec Jésus marchant sur les flots. « Il ne pensait qu‟à lui » : l‟égoïsme divinisé est le message final, la seule loi de Duroy et non seulement de lui, mais de toute la société qui l‟acclame. Lorsqu‟il reconsidère la richesse et la pauvreté il estime qu‟il est encore pauvre, comparé à d‟autres gens. Sa stratégie change et il aspire donc à se marier avec la fille de M. Walter pour accéder à sa fortune et s‟introduire dans le monde politique. Maupassant nous montre que Duroy abandonne ses idées d‟égalité et de droits pour tous et se révèle de plus en plus égoïste, ambitieux, arriviste et insatisfait. Duroy profite de son amitié avec Monsieur et Mme Forestier pour s‟introduire dans la haute société et le monde du journalisme. Même si ce n‟est pas son idée, il apprend à manipuler son entourage. Les femmes deviennent alors non seulement un objet de désir, mais aussi un modèle à suivre, surtout Mme Forestier qui a des relations par sa condition. Pour Duroy, Forestier est un autre modèle à suivre car il lui apprend comment utiliser le talent des femmes pour écrire ses articles. Alors il s‟étudia comme font les acteurs pour apprendre leurs rôles. Il se sourit, se tendit la main, fit des gestes, exprima des sentiments : l‟étonnement, le plaisir, l‟approbation ; et il chercha les degrés du sourire et les intentions de l‟œil pour se montrer galant auprès des dames, leur faire comprendre qu‟on les admire et qu‟on les aime. Il suit les conseils de son ami Forestier, et pense toujours à son propre intérêt. Il s‟agit d‟obtenir ce qu‟il veut par n‟importe quel moyen. Dans les passages suivants on constate comment Duroy agit selon la situation. Comme il n‟est pas assez riche, il aspire à la commodité et au luxe, il rêve de ce qu‟ont les Walter. Il devient jaloux et irascible. Il passe son temps à tramer des manœuvres et à chercher des victimes pour atteindre ses objectifs. Il voit en Suzanne Walter une proie facile à manipuler .On observe donc un Bel-Ami métamorphosé en homme arriviste. On note par ailleurs une évolution du personnage au niveau émotionnel, social et philosophique. Ce personnage semble profiter de son charme pour obtenir tout ce qu‟il veut .En effet, Georges Duroy est une figure d‟arrivisme absolu. Il ne fait partie de rien, il devient maître de la presse puis, très vite du pouvoir. Dès l‟incipit du roman Duroy prend une place primordiale, pareille à celle qu‟il va occuper au cœur du journal où il est rédacteur et au milieu de toutes ces femmes tombées sous son charme. Son portrait est présenté en mouvement, c‟est un bel homme conscient et fier de son pouvoir de séduction, qui erre dans les rues de Paris à la recherche d‟une conquête. Il a un passé militaire dont il garde l‟allure élégante, ses atouts physiques apparaissent comme des armes. Duroy est pauvre mais fier de cette apparence militaire qu‟il amplifie par certains aspects provocants de sa personnalité, comme s‟il était prêt à défier la terre entière. Son apparence physique et ses rapports avec les autres sont mis au service de ses intérêts personnels. Sa première arme est sa beauté, son charme qu‟il utilise pour conquérir les femmes. À part son charme, il a d‟autres caractéristiques qui l‟aident à atteindre ses objectifs lesquels deviennent plus stratégiques : il manifeste certaines émotions avec intelligence pour jouer avec des femmes et manigancer avec autres. Il se montre comme un homme qui aime les femmes, qui les désirent, et simule des sentiments qu‟il n‟a pas pour mettre tout à son profit quand il est trahit. Bien vrai que la femme acquiert un statut de renom au XIXème siècle, mais sous cet angle d‟analyse on n‟est proche de la « femme d’énergie, de décision, » qui « œuvra à la reconnaissance de son sexe dans tous les secteurs d’activité sociale, mais défiant aussi l’homme sur le terrain de ses prérogatives : le sport, la science, les lettres et les arts ». Puisque la femme se montre faible quasiment dans le roman devant Georges Duroy. Cette escroquerie de Georges Duroy va forcément s‟accompagner d‟une sauvagerie. C‟est ainsi nous intéressons à cet autre vice de Duroy parmi tant d‟autres.

L’échec découlant de la revanche

   La revanche de Georges Duroy sur la société a permis à Maupassant de montrer la vie parisienne dans toutes ses entrailles .En bravant les obstacles de son chemin, Georges Duroy rencontre des personnes qui s‟identifient à son comportement cynique .Ces comportements sont plus visibles dans le rapport de la presse et de la politique. La politique devant se montrer comme un art de bien gérer la cité et la société, devient un moyen de leurrer la population. Ce qui constitue un échec à l‟égard du maître de la Nouvelle, l‟auteur de Pierre et Jean .Pour Maupassant, il s‟agit de montrer que la politique n‟a aucune autonomie, qu‟elle est intimement mêlée au pouvoir de l‟argent, de la spéculation et de la presse. Le mépris que Maupassant voue aux hommes politiques est explicite : « Députés et ministres sont des médiocres (…). Leur intelligence est à fond de vase, ou plutôt à fond de dépotoir comme la Seine à Asnières ». Dans Bel-Ami il dénonce l‟incompétence mais plus encore la corruption des hommes politiques. L‟«éloquence liquoreuse » ,l‟ « élégance de bellâtre provincial » de Laroche –Mathieu confirment qu‟un cabotin peut séduire ses électeurs puis la chambre par de bien médiocres qualités et devenir ainsi ministre .Son embonpoint précoce est symbolique :il dénonce le bourgeois qui veut faire carrière dans la politique car l‟argent fait les députés ,qui s‟enrichissent encore d‟avantage .En effet ,le parlement est en majorité dirigé par la bourgeoisie opportuniste du centre gauche .Monsieur Walter est un député muet mais très puissant grâce à sa bande ,c‟est-à-dire la demie –douzaine de députés intéressés dans toutes les spéculations qu‟il lance :ce sont eux les véritables inspirateurs et les véritables rédacteurs de la Vie française .Quant à Georges Duroy nanti des cents mille francs nécessaires pour briguer la députation ,ce sera un politicien tout aussi peu scrupuleux ,qui se présentera à la députation dans son beau pays de Rouen pour rouler dans la pâte ses braves Normands finauds et lourdauds .Il ne déparera donc pas au sein du grand parti des opportunistes . À travers la peinture féroce de ces trois députés , comme il en pousse par certaines sur le fumier du suffrage universel .En effet ,quatre ans auparavant ,dans une chronique intitulée « Va t’asseoir » ,Maupassant s‟était élevé contre le suffrage universel et avait exposé à ce sujet un point de vue antidémocratique d‟une part. Pour Maupassant, le suffrage universel est donc dans les mains des masses illettrées, manipulées par des beaux parleurs. Maupassant stigmatise avec vigueur la corruption politique, économique et bancaire de la IIIème République .Dans Gil Blas, il flétrit la politique, science de second ordre où le flair instinctif, la rouerie naturelle, la séduction, les finesses et les subtilités triomphent sans cesse des raisonnements les plus sains .Est particulièrement intéressante la violente dénonciation de la politique coloniale. Cette dernière semble correspondre à l‟image des personnages politiques dans le roman. Le comportement de chacun de ces hommes politiques est présent dans la démarche de Georges Duroy pour accéder au pouvoir économique. Laroche -Mathieu, infidèle et corruptible s‟identifie à Bel-Ami. Son adultère avec Madeleine renvoie à l‟adultère de Georges Duroy tout au long du texte .Le parcours de Laroche- Mathieu semble être une micro –structure par rapport à la structuration du personnage de Georges. Maupassant montre alors un échec dans la civilisation et des valeurs modernes de la société du XIXème siècle .Car quoi que l‟on puisse également dire, le XIXème siècle est un siècle de modernité avec l‟agrandissement de la ville. Si Flaubert montre l‟échec d‟une génération dans la quête d‟une vie meilleure dans L’Education Sentimentale, Maupassant peint une réussite dans la conquête d‟un monde meilleur .Mais cette réussite tourne en échec de la société .L‟homme intègre du XIXème siècle avec tant d‟inventions et de progrès scientifiques manifeste une défaillance humaine .L‟argent constitue une valeur suprême au détriment de la morale et de la bonne foi. Georges Duroy noue une relation d‟amour avec Mme Walter pour ce qu‟elle représente dans le monde du paraȋtre .Ce qui pousse à Georges de jouer avec les sentiments de Mme Walter et des autres femmes .Maupassant montre à travers ces jeux de sentiments de Georges Duroy une bestialité de l‟homme de l‟époque .Car il vit comme un animal qui satisfait ses besoins sexuels dès qu‟il le sent. Maupassant met en exergue une réalité qu‟une expérience peut décrypter profondément .Ce qui justifie encore une fois son innovation dans l‟art romanesque .En effet, la parution de Madame Bovary était pour Maupassant un événement considérable :formé par Flaubert ,lui vouant un culte ,Maupassant mettait l‟accent sur son impassibilité de grand artiste ,qui devenait juste ,comme Balzac ,mais rendait plus juste que lui .L‟admiration que Maupassant continua d‟avoir pour ces deux maîtres du roman au XIXème siècle le préserva de certains excès de l‟école naturaliste (…), il était soucieux d‟une observation attentive qui, déjà ,l‟orientait vers ce culte de l’humble vérité ,qui devait constituer l‟essentiel de son esthétique. Maupassant comme ses maîtres reste une sentinelle des mœurs de son pays .Il dégage à travers le cynisme de Georges Duroy tout son courroux sur le comportement malsain de certaines personnes de l‟époque .Ce qui nous pousse à emprunter la sociocritique .En effet ,celle-ci constitue : « une méthode de critique littéraire née au cours des années mille neuf cents soixante ,issue de la sociologie .Elle apparaît comme une tentative pour expliquer la production ,la structure et le fonctionnement du texte littéraire par le contexte historicosocial ». Ainsi, à la réussite s‟oppose dans le roman, la vanité de l‟homme. Maupassant, de son œil satirique dénonce toutes les bassesses de son époque.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : UNE REVANCHE SOCIALE
CHAPITRE I. LES PERIPETIES DE LA REVANCHE
1.1. La liaison de Georges Duroy avec la figure masculine
1.2. La relation de Duroy avec la gent féminine
CHAPITRE II. LES CONSÉQUENCES DE LA REVANCHE
2.1. L‟escroquerie de Georges Duroy
2.2. La sauvagerie de Duroy
DEUXIÈME PARTIE : LA DÉCONSTRUCTION NARRATOLOGIQUE À TRAVERS LE THÈME DE LA REVANCHE
CHAPITRE III : L‟ORIGINALITÉ NARRATIVE DE MAUPASSANT
3.1. La différence du parcours de Duroy par rapport à d‟autres personnages de romans différents
3.2. La réussite découlant de la revanche
3. 3. L‟échec découlant de la revanche
CHAPITRE IV. LA STRUCTURATION DU RÉCIT
4.1. Les procédés narratifs pour agencer la revanche
4.2. Ressassement et progression
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE

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