PRESENTATION DE LA MAURITANIE
Située entre le 15ème et le 27ème parallèle nord, la République islamique de Mauritanie est limitée à l’ouest par l’océan Atlantique sur une côte de 600 km. Le pays couvre une superficie de 1 025 520 km2 . La population totale s’élevait à 2,98 millions d’habitants en 2004 dont 37 % de ruraux (ONS, 2004) . La densité était de 3 habitants/km2 , la croissance démographique de 2,2 % et l’espérance de vie à la naissance de 53 ans. Le relief est constitué d’alignements dunaires à l’exception de la plaine alluviale du fleuve Sénégal au sud appelée Chemama. Au centre et au nord, il est constitué de massifs montagneux, notamment ceux de l’Adrar et du Tagant qui culminent entre 400 et 800 mètres.
Le climat est généralement chaud et sec, avec des vents à dominance nord-est très fréquents qui favorisent la progression de l’ensablement. Les températures maxima dépassent 44°C en maijuin et les minima peuvent descendre jusqu’à 10°C en janvier février. Les pluies sont très irrégulières dans le temps et l’espace. La saison des pluies s’étend en général sur une période de quatre mois, de juin à septembre (hivernage). La pluviométrie présente un gradient nord-sud allant de quelques millimètres au nord dans le désert à 450 mm/an dans la région du Guidimakha en zone soudanienne en passant par la zone sahélienne qui s’étale d’Ouest en Est sur une bande de 200 km dans le sud du pays. Les pluies conditionnent en grande partie la production agropastorale. La plaine alluviale du fleuve Sénégal se couvre de pâturages lorsqu’il pleut. C’est la seule zone où sont pratiquées les cultures pluviales. Les terres cultivables représentent moins de 1% du territoire national et les superficies cultivées sont très variables selon l’année. Durant les quinze dernières années, deux grandes sécheresses (pluviométrie inférieure de 35% à 70 % par rapport à la moyenne) ont été enregistrées en 1984 85 et en 1991-92. Les ressources totales en eaux de surface renouvelables sont estimées à 11,1 km3 /an. Elles sont constituées essentiellement par le fleuve Sénégal et ses affluents et par les retenues de barrages disséminées dans les parties sud et centrale du territoire.
LES BILHARZIOSES HUMAINES EN MAURITANIE
Les premières données sur la bilharziose en Mauritanie remontent aux années soixante (Maril, 1961 ; Geretilat, 1963). Ces premières études ont permis d’identifier les principaux hôtes intermédiaires ainsi que les principaux foyers de la bilharziose. Elles ont montré que la maladie sévissait sous forme de foyers endémiques dans les régions du fleuve Sénégal, l’Assaba, le Tagant, l’Adrar et les deux hodhs. Avant la mise en service des barrages, la dégradation des conditions écologiques indispensables au déroulement du cycle des hôtes intermédiaires a provoqué des perturbations dans les modes de transmission de la bilharziose. Les enquêtes effectuées entre 1979 et 1981 ont démontré que les taux de prévalence de S. haematobium ont été très faibles au niveau de la basse et moyenne vallée (Sidatt et al., 1981 ; Malek et Chaine, 1983 ; Cissé et al.,1983). D’après Sidatt (1981), les taux de prévalences de S. haematobium, ont été plus importants dans les zones de petits barrages et des oasis (Assaba, Tagant et l’Adrar). Cependant dans les régions riveraines du fleuve Sénégal, la prévalence de S. haematobium se situe au niveau des zones d’agriculture pluviale (Diéry) pratiqué loin du basin du fleuve. Ce même constat a été noté sur la rive gauche (Monjour et al., 1983). Sur le plan malacologique, la malacofaune de la basse et moyenne vallée ont été très pauvre avant la construction des barrages. Le genre Biomphalaria était complètement absent sur la rive mauritanienne du fleuve Sénégal (Sidatt et al., 1981). En effet, elle était composée de Bulinus forskalii pour la basse vallée et Bulinus globosus vecteur de S. haematobium pour la moyenne vallée (Malek et Chaine, 1981). La construction et la mise en œuvre des barrages de Diama (1985) et Manantali(1989) a occasionné des changements écologiques dans le bassin du fleuve Sénégal avec la multiplication des aménagements hydro-agricoles et la création de milliers de kilomètres de canaux d’irrigation. Ces changements ont provoqué une nouvelle situation épidémiologique caractérisée par la multiplication et l’extension de l’aire de répartition des mollusques hôtes intermédiaires des bilharzioses (Diaw et al., 1990). Les enquêtes malacologiques effectuées après la mise en service des barrages ont signalés la présence de cinq espèces de Bulins sur la rive gauche (B . truncatus ; B. forskalii ; B. senegalensis ; B. globosus et B. umbilicatus) et Bi. Pfeifferi ou les quatre dernières espèces sont considérés des vecteurs potentielles de la bilharziose (Diaw et al., 1990). En effet, les enquêtes parasitologiques réalisées après la mise en service des barrages ont montré que la prévalence de la bilharziose a augmenté et que de nouveaux foyers sont apparus (Diaw et al., 1990,1998 ; Urbani et al., 1997 ; Ouldabdallahi et Xu, 1997 ; Ouldmohamedelhadi et al., 1998). Sur la basse vallée, la prévalence de S. haematobium a rapidement augmenté, passant de 5,6% en 1981 (Sidatt et al., 1981) à 21,7% en 2001 (Lô et al., 2001). Par ailleurs, après le premier cas de bilharziose intestinale à S. mansoni noté en 1991 à Rosso, les enquêtes de prévalences menées sur la basse vallée ont montrés que cette maladie progresse d’une façons inquiétante. La prévalence globale allant de 9,7% en 1994 (Urbani et al., 1997) à 23% en 1998 (Ouldabdallahi, 2001). Au niveau de certains villages (Breun), elle est devenue hyper endémique, avec en 2000, une prévalence de 94 % et une intensité de plus de 1000 œufs/g (Jacks & OuldAbdallahi, 2000).
Dans la basse (Trarza) et moyenne vallée (Brakna et Gorgol), la prévalence de la bilharziose urinaire est significativement plus élevée en 2001 qu’en 1981 alors que dans la haute vallée (Guidimagha) c’est l’inverse qui est observée. Cette situation est à mettre en rapport avec la mise en œuvre du barrage anti sel de Diama, à l’origine de modifications écologiques moins marquées dans la haute vallée.
ÉTUDE MALACOLOGIQUE
PROBLEMATIQUE
La transmission de la bilharziose est étroitement liée à la distribution et à la dynamique des populations de mollusques hôtes intermédiaires (Cowper, 1971). Sur la rive gauche (sénégalaise) du fleuve Sénégal, seuls B. globosus, B. senegalensis et B. umbilicatus sont considérés comme vecteurs potentiels de la bilharziose urinaire (Diaw et al.,1988 ; 1995). Sur la rive droite (mauritanienne), les populations de mollusques n’avaient pas encore fait l’objet d’étude approfondie. Le travail que nous avons mené avait pour objectifs de :
➤ Faire l’inventaire des espèces de mollusques hôtes intermédiaires des schistosomoses humaines sur la rive droite du fleuve Sénégal.
➤ Etablir leur répartition géographique.
➤ Déterminer leurs taux d’infestation ainsi que leur compatibilité vis a vis des souches de S. haematobium.
ZONE D’ETUDE
L’étude a été réalisée sur la rive mauritanienne du fleuve Sénégal, dans les régions (wilayas) du Trarza (basse vallée), Brakna, Gorgol (moyenne vallée) et du Guidimagha (haute vallée). Le Fleuve Sénégal, principale ressource en eau de surface pour le pays, constitue la frontière entre les trois pays de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) : le Sénégal, le Mali et la Mauritanie.
Trois régions principales constituent le bassin du fleuve Sénégal qui couvre une superficie totale de 289.000 Km2.
➤ La Haute vallée qui va du Fouta-Djalon (Guinée) à Gouraye (Guidimagha), fournit le quasi -totalité des apports en eau.
Elle est relativement humide avec des précipitations annuelles variant entre 700 mm et 2.000 mm qui provoquaient la crue annuelle du fleuve entre juillet et octobre.
➤ La moyenne vallée qui s’étend de Gouraye à Boghé, est une plaine alluviale encadrée par des régions semi désertiques. Elle constitue une zone d’inondation dont la largeur varie entre 10 et 20 Km.
➤ La basse vallée et le Delta constituent la partie terminale du fleuve, en aval de Leksseiba (Trarza). C’est une vaste zone complètement plate, souvent envahie par les eaux salées de l’océan (avant la mise en œuvre du barrage de Diama) pendant la saison sèche.
Climat
La basse vallée et le delta (région du trarza) sont sous l’influence de la mer. La moyenne vallée qui englobe les régions du Brakna et du Gorgol est incluse dans la bande sahélienne tandis le climat est de type soudanien dans la région du Guidimagha.
Végétation
Le couvert végétal de la rive droite du fleuve Sénégal est constitué d’espèces ligneuses et herbacées (Acacia senegalensis et Acacia raddiana), arbustives (Indigofera oblongifolia, Ipomea sp, Acacia nilotica) et des graminées du genre Sporobolus et Tamarix.
Aspects socio-économiques
Le dernier recensement de 2004 a estimé la population des quatre régions riveraines du fleuve Sénégal (Trarza, Brakna, Gorgol et Guidimagha) à 298 852 habitants dont 95 655 enfants en âge scolaire (ONS, 2004). Les principales activités humaines dans ces régions sont l’élevage, la pêche et l’agriculture notamment dans la basse et moyenne vallée du fleuve.
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Table des matières
INTRODUCTION
GENERALITES
1. DEFINTION
2. AGENTS PATHOGENES
3. TAXONOMIE DES SCHISTOSOMES
4. CYCLE DE TRANSMISSION
4.1. Phase sexuée
4.2. Phase asexuée
5. RESERVOIR DE VIRUS
6. HOTES INTERMEDIAIRES
7. SUJET RECEPTIF
8. REPARTITION GEOGRAPHIQUE
9. PHYSIOPATHOLOGIE
10. ASPECTS CLINIQUES
10.1. Phase initiale ou primo-infection cercarienne
10.2. Phase d’invasion ou dissémination larvaire
10.3. Phase d’état ou focalisation viscérale
11. DIAGNOSTIC
11.1. Paramètres non spécifiques
11.2. Diagnostic direct
12. LUTTE ANTIBILHARZIENNE
12.1. Stérilisation du réservoir humain
12.2. Destruction des mollusques hôtes intermédiaires
12.3. Assainissement
13. TRAITEMENT
PARTIE I : LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE ET LES BILHARZIOSE HUMAINES
I- PRESENTATION DE LA MAURITANIE
II : LES BILHARZIOSES HUMAINES EN MAURITANIE
PARTIE II : ÉTUDE MALACOLOGIQUE
1. PROBLEMATIQUE
2. ZONE D’ETUDE
2.1. Climat
2-2- Végétation
2.3. Aspects socio-économiques
3. MATERIEL ET METHODES
3.1. Choix des sites prospectés
3.2. Caractéristiques des gîtes
3.3. Echantillonnage des populations de mollusques
3.4. Identification des mollusques
3.5. Test d’émission des cercaires
3.6. Identification des cercaires
3.7. Infestation expérimentale
3.8. Expression des résultas
3.9. Analyses statistiques
4. RESULTATS : CARACTERISTIQUES DES GITES
4.1. FLORE
4.2. CARACTERISTIQUES PHYSICI-CHIMIQUES DE L’EAU DES GITES STRUCTURE, VARIABILITE ET TAUX D’INFESTATION DU PEUPLEMENT DE MOLLUSQUES HOTES INTERMEDIAIRES DES BILHARZIOSES HUMAINES SUR LA RIVE DROITE DU FLEUVE SENEGAL
1. DIVERSITE SPECIFIQUE
1.1. Abondance relative
1.2. Variations saisonnières de l’abondance
1.3. Variations de l’abondance spécifique selon les localités
1.4. Variations de l’abondance selon la nature des points d’eau
1.5. Fréquence relative
2. INFESTATIONS NATURELLES (émission des cercaires)
3. INFECTION EXPERIMENTALE
4. DISCUSSION
4.1. Caractères physicochimiques
4.2. Diversité, abondance spécifique et distribution spatiale
4.3. Taux d’infestation naturelle
4.4. Taux d’infestation expérimentale
5. CONCLUSION
PARTIE III : PREVALENCE ET INTENSITE DES SCHISTOSOMOSES CHEZ LES ECOLIERS DE LA RIVE DROITE DU FLEUVE SENEGAL
1. PROBLEMATIQUE
2. MATERIEL ET METHODE
2.1. Type d’étude
2.2. Sites d’étude
2.3. Échantillonnage
2.4. Consentement éclairé des parents d’élèves
2.5. Traitement des échantillons
2.6. Recherche de l’hématurie
3. RESULTATS
A/ BILHARZIOSE URINAIRE
1. PREVALENCE PARASITAIRE
2. CHARGES PARASITAIRES
3. HEMATURIE
4. COMPARAISON DES TROIS ZONES DE LA RIVE DROITE DU FLEUVE SENEGAL
B/ BILHARZIOSE INTESTINALE
1. PREVALENCE PARASITAIRE
2. VARIATION DU TAUX DE PREVALENCE DE S. mansoni
3. INTENSITE DE L’INFECTION
C/ CO-INFECTION S. mansoni-S. haematobium
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
PARTIE IV : EFFICACITE THERAPEUTIQUE ET TOLERENCE DU PRAZIQUANTEL ADMINISTRE EN PRISE UNIQUE DE 60mg ET 40mg/kg POUR LE TRAITEMENT DE LA BILHARZIOSE
1. PROBLEMATIQUE
2. METHODOLOGIE
2.1. Sites d’études
2.2. Recrutement des sujets
2.3. Sélection et élimination des individus
2.4. Taille des groupes
2.5. Traitement des sujets
2.6. Évaluation de l’efficacité du traitement
2.7. Contrôle de qualité
2.8. Interprétation des résultats
2.9. Évaluation de la tolérance du traitement
2.10. Analyse statistique
2.11. Aspect éthique
3. RESULTATS
3.1. Caractéristiques des cohortes étudiées
3.2. Taux de guérison après 21 jours de suivi
3.2.1. Taux globaux
3.2.2. Variations des taux de guérison
3.3. Comparaison des taux de guérison entre mono et infection mixte
3.4. Taux de réduction des charges parasitaires après 21 jours
3.5. EFFETS INDESIRABLES
3.5.1. Fréquence
3.5.2. Intensité
3.5.3. Précocité, et gravité
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE