Construire une méthode adaptée : une table de donnée idoine pour l’analyse du Roussillon
Nous essaierons d’envisager, d’un point de vue historiographique, l’appropriation de la méthode statistique par les sciences historiques, afin de la mettre en perspective avec des réflexions propres à notre sujet de recherche. L’enjeu fondamental de l’utilisation de la méthode sérielle pour notre sujet, est de décrire l’évolution du discours de presse en fonction des thèmes qu’il aborde. Il s’agit alors d’identifier ces différentes thématiques déclinées en « thèmes », « sous-thèmes », et « sous-sous-thèmes », et de répertorier dans un tableur, chaque article digne d’intérêt (la subjectivité est plus que frappante pour cette opération), en fonction du thème abordé.
Nous établirons in fine, des graphiques illustrant l’évolution de la représentation – au sens statistique – de ces diverses thématiques dans le discours dispensé par le journal. Thématiques, échantillonnage, intérêt d’un article, représentation… autant de concepts qu’il est nécessaire d’interroger au vu des travaux historiographiques.
De la source à la donnée sérielle, transformation du matériau historique
Les historiens font remonter l’apparition de l’histoire quantitative entre les années 1930 et 1950, dans le milieu de l’histoire économique. Maria Novella Borghetti la voit déjà à l’œuvre dans les premiers travaux d’Ernest Labrousse, en 1933, Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIe siècle, mêlant économie politique, histoire et statistique.
Jean-Philippe Genet établit quant à lui sa genèse dans les années 1950.
Quoi qu’il en soit, cette période des années 1930 aux années 1950 est bien celle où murit le projet de l’histoire quantitative, en même temps que se développent ses codes, ses usages et ses enjeux.
La nouveauté de l’histoire sérielle est qu’elle cherche désormais à traiter « des données homogènes, répétées sur des durées variées, et comparables sur des intervalles réguliers. »
Il s’agit donc avant tout, pour envisager d’opérer un traitement sériel, de se demander si notre source est susceptible de fournir cette « donnée homogène et répétée ». Le journal Le Roussillon ne connaît pas d’interruption dans sa publication sur l’ensemble de la période. Cette continuité de la parution du journal permet donc de répondre à ce premier impératif.
Mais de la source, encore faut-il passer à la donnée. Cela implique un certain nombre d’opérations, qu’il s’agit là encore d’interroger. En tout premier lieu, il faut toujours avoir à l’esprit qu’une source est un objet construit dans un but particulier, « un artefact ».
A ce titre, l’historien doit garder un regard critique sur ses sources, car leur contenu est soumis à la subjectivité de leur rédacteur. Dans notre cas, c’est précisément cette subjectivité qui nous intéresse, dans la mesure où nous nous employons à étudier la manière dont les royalistes nationalistes se représentent le monde et l’actualité, au prisme de ce journal.
Ensuite, il faut organiser ces données en système, c’est-à-dire que l’ensemble des informations contenues par les sources doivent être intégrées dans un outil qui permet de les traiter et de générer une trace graphique : la métasource. Cette étape est primordiale pour notre recherche, car elle nous permet d’introduire de la mesure là où ce n’était pas évident à première vue. En effet, les articles de journaux ne sont pas un matériau commun pour l’histoire quantitative, qui préfère les documents chiffrés. Pourtant selon Jean Philippe Genet, « Il y a seulement des sources qui sont directement et immédiatement susceptible d’être soumises à un traitement quantitatif, et puis il y a les autres qui, elles, ne le sont qu’à partir du moment, où elles sont constituées en ensemble organisé. »
Organiser les données pour permettre leur exploitation par la mesure, voilà le second impératif de notre démarche.
Reste donc à construire un système, qui régisse l’organisation de la métasource, et en définir les buts, les limites et les fonctions. Concernant les buts, il faut s’interroger sur ce que l’on veut montrer en théorie. Il ne s’agit pas de se perdre dans un écueil téléologique qui conduirait à envisager des résultats avant de réaliser les analyses, mais de choisir la posture dans laquelle on va se placer pour réaliser le dépouillement. C’est ce que Jean-Philippe Genet appelle la théorie générale. Pour notre part, nous avons été séduit par les thèses constructivistes évoquées précédemment, à propos du nationalisme.
Dans une perspective similaire, nous entendons interroger à travers Le Roussillon, les notions d’opinion publique et d’identité nationale, ou celle de crise politique, par l’exposition de la stratégie rhétorique employée par le journal, dans le but de générer la crise.
Constitution d’un corpus par échantillonnage systématique
A propos des limites, il s’agit de décider qu’est ce qui peut entrer dans le système et qu’est ce qui n’est pas digne d’intérêt : définir son corpus. Nous l’avons dit, cette opération est fondamentale et de plus très délicate, en ce qu’elle renferme une part importante de subjectivité. De cela découle le fait qu’il est impératif d’expliciter nos choix en ce domaine.
Le corpus que nous avons constitué englobe une grande majorité des articles compris dans le journal. Par exemple, un article qui traite des différentes manières de traiter un pied de vigne atteint de phylloxera pourrait être jugé sans grande importance pour notre sujet, mais en réalité, il nous renseigne sur le lectorat qui est ciblé par le journal, à savoir les agriculteurs.
Nous avons donc choisi d’aborder notre journal dans une perspective holiste, presque exhaustive, en retenant tous les articles à l’exception des faits divers, accidents de charrette et autres vols d’artichauts. Nous avons également fait le choix de ne pas traiter la publicité. Au total, notre corpus compte 1 494 articles. Même dans cette perspective, nous sommes une nouvelle fois ramené à la modestie par Jean-Philippe Genet qui définit le système comme un appauvrissement du réel : « un ensemble réduit et fini de données extraites de l’ensemble infini qu’est le « réel historique » ».
Nous avons défini les articles qui relèvent notre attention au sein d’un numéro, reste à définir le corpus en termes de numéros traités, et les modalités de sélection utilisées pour le construire. Nous avons décidé d’aborder la méthode de l’échantillonnage représentatif et de dépouiller huit numéros tous les quatre ans. Cela est assez peu, et, sans décrédibiliser le travail que nous avons fourni, nous devons bien reconnaître que la représentativité atteinte par notre étude est assez faible. Les contraintes de temps imposées par l’écriture d’un mémoire ne nous ont pas permis d’aller plus loin. D’autant que l’approche holiste que nous avons décidé d’aborder exige la lecture approfondie de l’intégralité du numéro, une lecture superficielle ne permettant pas d’épuiser l’intégralité des thématiques, parfois seulement suggérées par les articles.
Il nous fallait alors choisir sur quels mois effectuer ces dépouillements. Afin d’éluder d’éventuels « effets de calendriers », par exemple une surreprésentation des articles traitant d’économie au mois de janvier, période de l’annonce des budgets, nous avons fait le choix de dépouiller des mois différents (tirés au sort) à chaque année d’une même période. En revanche, nous avons choisi de reprendre les mois utilisés pour le dépouillement de la première période dans la seconde, afin, justement, de pouvoir observer la manière dont sont traités certains événements annuels d’une période à l’autre, dans une optique comparatiste :
Organisation d’un système clos, fonctions du système ou comment l’historien devient démiurge
Quant aux fonctions, au sens mathématique, elles sont les règles générales qui régissent le système, ses lois fondamentales. Etablir ces règles revient donc à définir les « questions » que l’on va poser à nos sources, et les formes que peuvent prendre les réponses à ces questions. C’est ce que Jean-Philippe Genet nomme la théorie locale. En d’autres termes, il s’agit de définir les déterminants de chacune des cellules de notre tableur (champ, forme de la donnée, listes…) .
Il convient en premier lieu de définir des champs. Ce sont eux qui correspondent à ces « questions ». Le choix des différents champs doit idéalement épuiser l’intégralité des informations contenues dans l’objet étudié, pour nous un article du Roussillon. Nous présenterons l’intégralité des champs ainsi définis dans la présentation de notre base de données. Il peut pourtant arriver que de nouvelles informations implicites, non évidentes, se dévoilent lorsqu’on commence à être à l’aise avec notre matériau. Pour éviter ce biais, nous avons effectué un dépouillement représentatif préalable – un numéro pour chacune de nos dates –, afin de voir si d’éventuelles évolutions de la structure du journal n’avaient pas provoqué l’émergence de nouvelles informations.
Une fois ces champs identifiés et délimités, nous devons définir les différentes entrées susceptibles de « répondre » à la « question » posée par le champ. Il s’agit de définir les catégories correspondantes. Cette question est une fois de plus primordiale, car elle implique un travail de taxinomie, donc de définition, qui impose à l’historien « d’expliciter les présupposés de sa démarche ».
En effet, le choix de ces différentes catégories témoigne d’une certaine représentation du monde que se fait l’historien, elle-même conditionnée par les représentations dominantes de son époque. Il convient de revenir sur des questions historiographiques.
L’histoire quantitative connaît en effet une crise dans les années 1890, qui est étroitement liée à cette question. Au-delà des causes externes, liées à la valorisation de domaines historiques peu pénétrés par les chiffres (histoire politique, histoire des idées, micro histoire) et des causes structurelles (évolution des modes de financement ; réduction des bataillons de chercheurs; formation statistique des historiens assez faibles) , cette crise provient surtout d’une remise en cause des catégories utilisées dans les études prosopographiques. La critique porte principalement sur la démarche téléologique qu’emploient les chercheurs.
En parcourant la bibliographie spécifique à l’histoire quantitative, nous nous sommes aperçu que, dans de nombreux cas, les catégories utilisées pour décrire l’univers social étaient des constructions dont le contenu était largement conditionné par le contexte national dans lequel elles avaient été construites. Des catégories socioprofessionnelles, telles les cadres, dont le « contenu » diffère d’un pays (Angestettle en Allemagne, professionals dans les pays anglo-saxons) ou d’une époque à l’autre, à la notion de population active, qui ne recouvre pas les mêmes réalités de 1800 à 2000, ce sont bien ces catégories qui posent problème.
Comment fonder un travail sur l’évolution de la population active, si la notion de population active elle-même évolue au cours du temps ? Cet obstacle ne semble pas insurmontable, mais il implique un travail « d’archéologie linguistique », ou d’étymologie, et d’explicitation constante des concepts utilisés.
Un journal d’information, antiparlementaire et catholique : les invariants du contenu du Roussillon
Cette première approche du journal propose donc une étude quantitative à partir de la base constituée. Elle vise, sans encore entrer dans l’analyse des articles, à définir des grandes tendances qui aident à dresser un profil du journal . L’exploitation de notre base de données grâce à l’utilisation de tableaux croisés, permettra d’obtenir cette vue globale, avec un certain recul, du corpus dans son intégralité. Ce sont ces coordonnées ainsi obtenues qui définiront ce que l’on appellera la structure du discours du Roussillon. Deux premiers graphiques aident à se familiariser avec ce type d’approche.
La haine du régime parlementaire, dominante du discours du journal
Le premier graphique présente l’évolution statistique de la répartition des différentes thématiques abordées par le journal. Il est assez difficile d’y percevoir l’évolution d’une thématique en particulier, du fait de la superposition des informations, mais il permet d’appréhender cette structure de manière globale.
Une première observation conduit à identifier les thématiques dominantes. La première d’entre elles, qui semble être une véritable constante dans le discours développé par le journal, est l’antiparlementarisme. Le Roussillon, organe monarchiste, est sur l’ensemble de la période concernée farouchement opposé à la politique gouvernementale, et fait du combat contre le régime parlementaire sa préoccupation majeure. Ainsi, sur les onze années qui ont fait l’objet de notre dépouillement, l’antiparlementarisme est-il le thème le plus fréquemment relevé à sept reprises, et trois fois le second. La seule année qui fait exception est l’année 1920, où il ne représente que 9,6 % des articles.
En effet, à la sortie de la Première Guerre mondiale, l’extrême droite s’est rapprochée du régime. Les royalistes, dont l’Action Française représente alors l’organisation largement majoritaire, ont fait taire leur haine de la République au nom du patriotisme, et ont rejoint l’Union Sacrée. La ligue soutient Clemenceau puis Poincaré durant la guerre, si bien qu’à l’issue du conflit, les milieux parlementaires côtoient la droite extrême, et la chambre « bleu horizon » comporte une trentaine de députés ligueurs, parmi lesquels Daudet, élu à Paris.
Les années qui suivent l’armistice voient donc une certaine pacification des relations entretenues entre le gouvernement et les nationalistes ligueurs. De plus, l’anti-germanisme de ces derniers les pousse à soutenir la politique d’occupation de la Ruhr défendue par Poincaré.
Ce n’est qu’avec l’assassinat de Marius Plateau, secrétaire de l’Action française, en 1923, et le retour du Cartel des gauches, l’année suivante, qu’ils retombent dans l’opposition. Le Roussillon, s’étant rapproché de l’Action Française à partir de 1906, il semble qu’il ait adopté une position similaire à celle de Maurras et connu une évolution semblable à l’échelle locale.
A cette exception près, l’antiparlementarisme avec 25,3 % des articles en moyenne sur l’ensemble de la période, est le thème le plus souvent abordé.
D’autre part, il occupe une part assez stable au cours du temps : si les valeurs du taux d’apparition de la thématique sont comprises entre 10 % et 36 %, l’écart type de ces valeurs est de 0,08. C’est pourquoi l’antiparlementarisme sera l’objet d’un chapitre de ce mémoire.
Questions de politique intérieure, réponse aux préoccupations du lectorat
Trois autres thématiques apparaissent en moyenne dans plus de 10 % des articles.
Avec un taux moyen de 13,4% d’apparition, les questions de politique intérieure constituent le deuxième thème le plus fréquemment traité. Ces articles sont partagés entre des questions d’ordre national (60%) et des questions d’ancrage plus local (37%). En effet, si Le Roussillon est ancré dans l’échelle locale et prête une attention soutenue à la vie de la communauté, qu’il s’agisse de la ville de Perpignan ou des alentours – dans les cantons de Prades, Céret et Rivesaltes –, il porte également son attention à la politique nationale.
Ce faisant, Le Roussillon répond ici à plusieurs préoccupations.
En effet, l’essor de la presse s’est effectué corrélativement à une expansion du lectorat et de ses attentes. Les progrès de l’instruction, accentués par les lois Ferry de 1881-1882, en même temps qu’une entreprise républicaine de politisation des masses, avaient permis l’émergence d’un lectorat de plus en plus important.
Dès lors, si, en 1870, pour l’ensemble de la presse nationale, on comptait un tirage de 37 numéros pour mille habitant, en 1914 ce chiffre atteignait déjà 244.
Cette même dynamique a accompagné l’apparition d’une certaine conscience civique, suscitant une demande sociale d’informations locales, nationales et internationales. « Le lecteur, s’il veut connaître les nouvelles du monde qui peuvent avoir des conséquences sur sa vie, souhaite ne rien ignorer de ce qui s’est passé tout près de chez lui. », résume Christian Delporte dans Histoire de la presse en France.
Pourtant, si l’on se réfère au second graphique « Graphique 2. Structure du discours de presse dans le journal Le Roussillon, en fonction des thèmes abordés par les articles, pour les périodes 1886 – 1906 et 1920 – 1934 », qui permet une approche diachronique de la structure du discours, au regard des deux périodes étudiées, on constate que la part des articles consacrés aux questions de politique intérieure reste très stable : 13,6% pour la première, et 13,1% pour la seconde.
Aucune évolution significative n’a lieu dans ce domaine. Sans doute le milieu aristocratique de la droite royaliste roussillonnaise était-il déjà préoccupé par les questions de politique intérieure dès 1886.
L’empreinte de Joseph de Maistre et Louis de Bonald : du dissolvant national à l’intérêt général
Dans le sillage de Burke, le philosophe français Joseph de Maistre, fustige, lui aussi, la Constitution. Son originalité tient à l’interprétation théologique qu’il dresse de la Révolution : elle serait un châtiment divin qui touche le peuple français, impie et régicide. Cela n’exclut pas pour lui une régénération ; au contraire, elle aurait une « fonction providentielle » . Il ajoute à ce providentialisme une haine de la religion protestante. En effet, celle-ci, soumettant les croyants au libre examen, aurait dissout la société là où le catholicisme faisait du lien : « le fils de l’orgueil, le père de l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le protestantisme ». Il voit alors un lien direct entre la religion réformée et le libéralisme parlementaire et économique. En supprimant les intermédiaires entre l’Homme et Dieu, la religion protestante aurait, à son tour, contribué à détruire les hiérarchies sociales. La traduction politique de ce libéralisme chrétien aurait enfin conduit au parlementarisme. Le Roussillon publie en 1906 un article de Justin Rousseil, qui met en parallèle les événements récents et les premières victoires révolutionnaires :
Et bien est ce que cela n’a pas un relent à la fois de presbytérianisme anglais et de protestantisme suisse, qui répugnait absolument, avec la notion même de « hiérarchie » essentielle, à l’économie divine de l’Eglise. Est-ce qu’aussi ce coup d’œil rétrospectif sur destentatives hétérodoxés du précédent âge, ne fait pas de suite penser avec angoisses à ces fameuses « associations cultuelles » de demain peut être, filles impures, elles également, de je ne sais quelle laïcité hybride, qui s’inspire tour à tour, par Rousseau, de Calvin et d’Henri VIII par voltaire. Ce n’est, en effet, un mystère pour personne, de nos jours, que la Révolution relève du Philosophisme dont le malfaisant génie, essentiellement exotique, n’eut jamais rien de français.
La double référence aux Lumières et aux pères du protestantisme, témoigne de cette association entre la religion protestante et la Révolution opérée par les contrerévolutionnaires. Apparaît également la logique argumentative développée par de Maistre, par cette évocation de la suppression des hiérarchies induite par la Réforme. Comme pour Burke, la référence à de Maistre n’est pas explicitée, mais ce discours atteste de l’adhésion du journal à ses théories. En effet, ces auteurs ont contribué à ériger le système de représentation qu’a adopté Le Roussillon, et leur influence s’en ressent constamment.
Autre grande figure de l’idéologie contre révolutionnaire, Louis de Bonald est, quant à lui, directement évoqué par le journal. Contemporain et ami de Joseph de Maistre, il revient sur l’individualisme engendré par les Lumières.
Selon lui, la société ne serait pas « une somme d’individualités plus ou moins bien unies les unes aux autres », mais une « entité supérieure à laquelle chaque individu a pour devoir de se soumettre». A ce titre, la démocratie serait impossible puisque chacun, incapable d’atteindre l’intérêt général transcendant, y défendrait ses intérêts particuliers. Cette critique bonaldienne, devient vite un credo systématique de l’idéal contre révolutionnaire. On la retrouve également dans les pages du Roussillon, comme dans cet article, intitulé justement « L’intérêt général », signé Léon Robert Gallois, du 4 février 1920 :
La République contre le peuple », analyse de la nature de l’antiparlementarisme dans Le Roussillon
La structure globale du discours dispensé par Le Roussillon a révélé la prépondérance de la thématique antiparlementaire.
Avec 25,3 % d’apparition dans les articles de notre corpus, elle est la plus représentée. Nous avons mis en lumière le fait que le journal mettait en avant les articles les plus critiques, et c’est sans surprise que l’on constate que les articles traitant d’antiparlementarisme se trouvent souvent en première page. Nous proposerons, pour illustrer cela d’une approche de notre corpus différente de celles adoptées auparavant. Les champs « Page du journal » et « Taille de l’article » du tableur permettent en effet d’isoler les articles qui « font la Une » du journal. Nous les définirons comme les articles qui occupent plus d’une colonne au sein du numéro, et sont situés en première page. Ce faisant, nous éliminons les petits articles qui figurent parfois en première page, pour combler les blancs lors de la composition du journal par les typographes, généralement moins intéressants. Cette approche fournit des résultats sur l’approche globale, et témoigne sans doute davantage des volontés réelles des éditeurs du journal. De même elle est plus sujette à faire apparaître les enjeux conjoncturels.
|
Table des matières
INTRODUCTION
Une chronologie fondée sur l’histoire du nationalisme
Du projet à l’objet : le choix du Roussillon journal local d’obédience royaliste, catholique et
nationaliste
Les termes du débat sur la nation dans les années 1880
Les Annales, et les premiers jalons d’une histoire du nationalisme
Les travaux constructivistes, réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme
Histoire de la presse, étude de contenu
Saisir les enjeux de l’histoire culturelle : du paradigme des rédacteurs du Roussillon, à l’imaginaire
de ses lecteurs
CHAPITRE I, DES INVARIANTS DU DISCOURS AU RENOUVELLEMENT DE LA POSTURE
MILITANTE : APPROCHE STATISTIQUE DU DISCOURS DE PRESSE
I/ CONSTRUIRE UNE METHODE ADAPTEE : UNE TABLE DE DONNEE IDOINE POUR L’ANALYSE DU ROUSSILLON
De la source à la donnée sérielle, transformation du matériau historique
Constitution d’un corpus par échantillonnage systématique
Organisation d’un système clos, fonctions du système ou comment l’historien devient démiurge
Présentation de la table
II/ UN JOURNAL D’INFORMATION, ANTIPARLEMENTAIRE ET CATHOLIQUE : LES INVARIANTS DU CONTENU DU ROUSSILLON
La haine du régime parlementaire, dominante du discours du journal
Questions de politique intérieure, réponse aux préoccupations du lectorat
De la religion aux affaires étrangères, les autres préoccupations du journal
2/ EVOLUTION DE LA POSTURE MILITANTE
1886 – 1906 : Promouvoir ses idées, défendre ses militants
1920 – 1934 : sous le signe de l’Action française
CHAPITRE II, UN JOURNAL ROYALISTE SOUS LA IIIE REPUBLIQUE
I/ L’HERITAGE CONTRE-REVOLUTIONNAIRE AU FONDEMENT DU PARADIGME DES REDACTEURS DU ROUSSILLON
L’héritage de Burke dans Le Roussillon : déterminisme et hiérarchies naturelles
L’empreinte de Joseph de Maistre et Louis de Bonald : du dissolvant national à l’intérêt général
La question du corporatisme dans Le Roussillon, Albert de Mun, La Tour du Pin
II/ DE L’ATTENTISME A L’ACTIVISME : LA POSTURE DU ROUSSILLON A L’EGARD DU ROYALISME
Les journalistes du Roussillon à la conquête des organisations royalistes du département
Une représentation statistique du royalisme corrélée aux évolutions de la doctrine politique ?
1886 – 1906 : Survivance de l’idée royaliste
1920 – 1934, démontrer la supériorité de la monarchie
III/ LA MYTHOLOGIE ROYALISTE DANS LE CONFLIT DES IMAGINAIRES POLITIQUES
L’élaboration d’une mythologie royaliste dans Le Roussillon…
… En conflit avec la mystique républicaine
CHAPITRE III, « LA REPUBLIQUE CONTRE LE PEUPLE », ANALYSE DE LA NATURE DE
L’ANTIPARLEMENTARISME DANS LE ROUSSILLON
I/ REPUBLIQUE ET DEMOCRATIE, LES CRITIQUES ONTOLOGIQUES DU ROUSSILLON CONTRE LE REGIME
L’inconstance du système républicain
La démocratie disqualifiée
II/ DE L’ARMEE A L’ECONOMIE, LA CRITIQUE DE LA POLITIQUE D’ETAT
« L’armée républicaine » contre l’intérêt national
Les difficultés économiques du régime, motif chronique
III/ LA PERVERSION MORALE DE LA REPUBLIQUE
L’amoralité du régime
Critique des institutions civiles
L’utilisation de figures archétypales pour ériger deux modèles moraux antinomiques .
IV/ VERS UNE ACCEPTATION DE LA REPUBLIQUE ?
Le paradoxe de la représentation statistique de l’antiparlementarisme
D’une critique ontologique à une critique empirique ?
V/ CONSTRUCTION RHETORIQUE DE LA CRISE DU REGIME
Des manifestations locales de la crise… à la crise du régime
Contagion parlementaire et permanence de la crise
CHAPITRE IV, ESSAI DE TYPOLOGIE DU LECTORAT DU ROUSSILLON
I/ UNE MINORITE ROYALISTE EN TERRAIN REPUBLICAIN ?
Ampleur de la mouvance royaliste depuis les renseignements généraux
Les résultats électoraux comme source pour évaluer les effectifs royalistes
Considérations qualitatives sur l’influence des royalistes dans les Pyrénées-Orientales, depuis les
renseignements généraux
II/ DEFINIR LE LECTORAT : DES RENSEIGNEMENTS GENERAUX AU CONTENU DU JOURNAL
Elite économique et jeunesse catholique
Discours de presse et opinion publique
Approche déductive : Les deux cercles du lectorat du Roussillon
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ETAT DES SOURCES
ANNEXES 1
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Télécharger le rapport complet