La représentation politique des femmes en Écosse

Le mouvement féministe

Les origines du mouvement féministe britannique sont largement attribuées aux luttes pour le suffrage féminin menée par les suffragettes au début du XXe siècle – un mouvement parallèle avait vu le jour aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle. Les débats sont toujours vifs quant à la définition de l’origine exacte du féminisme, car les suffragettes ne furent pas les premières à s’opposer à la société patriarcale, mais elles parvinrent en revanche à faire changer la législation. On peut parler de féminisme moderne dès la fin du XVIIIe siècle, avec la Défense des droits de la femme  de Mary Wollestonecraft. Cependant, il n’était alors pas encore de mouvement organisé, ni de revendications exprimées auprès des responsables politiques, par exemple, et c’est ainsi que l’on peut comprendre son travail : She saw women as degraded by the flirtatious and chivalrous behaviour of their male companions, but the reader who expects the Vindication to announce a programme of sweeping radical reform will be disappointed. The book essentially calls for a revolution in manners .
Ce que montre Valerie Sanders, c’est l’aspect privé et individuel du féminisme de Mary Wollestonecraft, qui s’adressait aux autres femmes de la classe moyenne. Il fallut attendre un siècle de plus pour que des revendications féministes se fassent entendre dans la sphère politique, davantage que particulière : le féminisme moderne émergea ainsi au Royaume-Uni en même temps que la nationalisme moderne vit le jour en Écosse.

L’implication des féministes dans la vie associative

À la suite – et en parallèle – de la formation des groupes de sensibilisation , des réseaux d’associations, plus ou moins structurés, se sont organisés. De nombreux écrits furent alors publiés afin de diffuser les savoirs et les données jusque-là manquantes.
Enfin, certaines femmes, souvent actives dans le mouvement associatif, se sont engagées politiquement à l’échelle locale.

Campagnes et associations de défense des droits des femmes

Comme évoqué plus haut, la conséquence de l’émergence des idées féministes de la deuxième vague fut notamment la création de nombreuses associations de défense des droits des femmes. Elles étaient souvent à but unique, comme ceux évoqués par Sheila Rowbotham : égalité de salaires, droit à l’avortement ou loi sur l’homosexualité. Les femmes alors engagées dans des causes féministes œuvrèrent en parallèle du système politique dit normal ; c’était le moyen le plus efficace à leur disposition de combattre certaines injustices dans la vie des femmes, et aussi de faire entendre leur voix afin d’éveiller des consciences à de nouveaux thèmes qui émergeaient dans les débats de société. Les groupes de pression ne furent pas les seules structures à émerger, d’autres cherchèrent à apporter aide et soutien aux femmes sur le terrain.
Ces associations agirent dans un but précis, et lancèrent des campagnes d’information pour alerter les Écossais-es quant à des questions qui concernent la vie des femmes, que ce soit pour faire prendre conscience des violences que certaines subissent (comme le viol), ou bien pour faire valoir les droits des femmes (tels que le droit à l’avortement). Parfois ces campagnes furent menées par des organismes liés aux collectivités locales et non par des organismes composés de bénévoles. C’est le cas de Zero Tolerance , une campagne lancée par le Edinburgh District Council et visant à dénoncer la violence des hommes sur les femmes, de décembre 1992 à mai 1993.

Les publications

Par ailleurs, un des organismes les plus importants, car travaillant pour toute l’Écosse, et ce toujours de nos jours, est Engender . Il fut créé – entre autres – par Alice Brown et Esther Breitenbach, dans le but de faire des recherches sur les femmes, leur situation en Écosse, et même leur représentation politique. Cette organisation partit du constat d’un manque de données sur les femmes en Écosse et chercha à combler ce vide par la publication de statistiques et leur analyse. Elle est entièrement gérée par des femmes et veut explorer la situation des femmes dans tous les domaines (sociaux, économiques et politiques). Il s’agit d’une organisation pour les femmes qui officie toujours. Engender publie annuellement son Gender Audit, un compte rendu de la situation des femmes en Écosse. Mais Engender publie aussi une revue et continue à publier des ouvrages consacrés à certains aspects de la situation des femmes en Écosse.
Cet organisme s’est associé à de nombreux groupes de réflexion sur les questions liées aux femmes mais aussi aux questions constitutionnelles (de la représentation des femmes surtout), en envoyant des représentantes telles que Sue Innes, pour ne citer qu’elle.

Vers la défense de la place des femmes en politique

Il sera question ici des raisons idéologiques et scientifiques (philosophiques) qui permettent d’assurer que la représentation politique d’un pays se doit de se doter d’une part non négligeable de femmes en son sein, pour des raisons démocratiques notamment.

Théorie de la représentation : pourquoi il faut davantage de représentantes en politique

La philosophe politique Hanna Fenichel Pitkin a théorisé la représentation dès 1967 et c’est sur son ouvrage que ce segment s’appuie. Elle ne décrit pas la représentation simplement en termes stricts telle que nous l’entendons, mais plutôt au sens large de rendre présent (pas au sens littéral du terme) quelque chose qui ne l’est pas . Elle rappelle la polysémie historique du terme représentation, et base son explication sur une histoire linguistique. Ainsi, le terme de « représenter », en français évoqua pendant longtemps des images, des objets inanimés qui incarnaient des abstractions ; plus tard seulement (au XIIe siècle, par exemple), ce terme renvoya au fait d’agir au nom de quelqu’un d’absent. Le développement sémantique fut le même pour la langue anglaise et l’Oxford English Dictionary atteste d’occurrences au XIVe siècle du terme « représenter » signifiant « rendre présent quelqu’un à quelqu’un », « symbolisant  ou incarnant concrètement ». Puis, au XVIe siècle, le mot renvoie au fait de remplacer quelqu’un, prendre sa place, et enfin agir en tant que mandataire .
En premier lieu, un des sens du terme est donc lié au domaine de l’art, et c’est seulement au XVIe siècle que le mot prend le sens qu’elle détaille par la suite, celui qui renvoie à la sphère politique. Pour la philosophe, toute compréhension du concept de représentation débute avec Hobbes qui explique : « Men create a commonwealth by contracting each with every other, to authorize one among them to represent them all.  ».

La fin de l’élue modèle ?

Les paragraphes précédents ont permis de justifier la revendication d’une présence notable de femmes dans les institutions politiques. Pourtant, tous les partis politiques ne furent pas immédiatement convaincus, encore moins par l’idée qu’il fallait agir afin de faire évoluer la représentation politique. Pour les partisans de l’intervention, il paraissait clair que les modèles (les rares femmes aux postes les plus hauts) ne suffisaient pas ou plus. Beaucoup de partis mettaient en avant (et le font toujours) des figures notables comme génératrices de vocation, comme modèles pour de jeunes femmes intéressées par la politique. Or dans les années 1970, 1980 et même 1990, les deux femmes prépondérantes sur la scène politique en Écosse sont Winnie Ewing et Margaret Thatcher : peut-on pour autant les considérer comme des références en matière d’engagement politique chez les jeunes (ou moins jeunes) femmes de l’époque ? Winnie Ewing fut la première femme politique écossaise de renom, et elle a été rendue emblématique partiellement à cause du petit nombre de femmes en politique. Il est légitime de se demander si elle a pu susciter des vocations chez d’autres femmes, en inciter à s’engager politiquement et aussi chercher à mettre la question de la parité au centre des débats auxquels elles participaient. Winifred Ewing devint célèbre très tôt et sa longue carrière fut certainement un exemple pour des femmes qui envisageaient de s’engager en politique. En revanche, si elle a fait de la scotticité un de ses thèmes d’action majeur, elle ne s’est jamais battue pour les causes chères aux féministes.

La conséquence du conservatisme social sur le recrutement politique des femmes

Dans les partis politiques, certains responsables ont pu exprimer l’idée que l’électorat verrait d’un mauvais œil l’intervention du parti dans la sélection des candidat-e-s, qu’il était préférable de laisser les femmes venir d’elles-mêmes sur le devant de la scène, notamment dans les partis attachés à la liberté de choix des candidat-e-s et à la notion de modèles, comme les conservateurs et les nationalistes.
Alors, si les femmes se sont finalement tournées vers la question constitutionnelle, espérant pouvoir intégrer le sujet de leur représentation au débat, les hommes engagés en politique n’ont pas spontanément et majoritairement vu cet aspect comme une avancée positive. En effet, lorsqu’une société fonctionne sur un modèle depuis si longtemps, il est difficile pour ceux qui le dominent de voir un tel changement d’un bon œil. Or le changement était bien en marche, et l’opinion publique lui semblait assez favorable dans les années 1990, ce qui pourrait indiquer un certain retard des hommes politiques sur les hommes de la société civile. L’enquête de l’institut de sondage britannique Independent Communications and Marketing, ICM, publiée par The Scotsman le 11 mars 1994 le montre avec ces résultats : 85% des personnes interrogées pensaient qu’il n’y avait pas assez de femmes en politique, 76% pensaient que les partis devaient faire des efforts pour intégrer des femmes, 72% pensaient que les gouvernements prendraient de meilleures décisions si les femmes étaient plus impliquées en politique, et 75% n’étaient pas d’accord avec l’idée que les hommes sont meilleurs en politique que les femmes .
Mais la réalité des partis politiques restait bien différente de l’opinion publique qui admettait la nécessité d’une meilleure représentation politique des femmes. Tout d’abord, comme l’indique Alice Brown les femmes étaient très présentes dans les partis, puisqu’elles en constituaient la moitié des membres, mais elles étaient écartées des postes les plus importants. De plus, elle souligne aussi, d’après son enquête , les différences entre les partis, en écrivant que les femmes engagées au sein du parti conservateur se sentaient écartées des hauts postes par d’autres femmes, alors que dans le parti travailliste, c’étaient les hommes qui empêchaient la progression des femmes.

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Table des matières

Introduction
Première partie (1979-1997): de la marginalité à l’institutionnalisation 
Chapitre 1 – Les renouveaux nationaliste et féministe
1 – Deux mouvements encore marginaux prennent de l’ampleur
2 – Un terrain d’action commun s’ouvre aux deux mouvements : le chemin vers la dévolution
Chapitre 2 – Vers une représentation politique hommes-femmes plus équilibrée
1 – De la défense de la place des femmes dans la société à l’idée qu’elles doivent être présentes dans le domaine politique
2 – De la nécessité des mesures : la campagne pour le 50/50 face aux mesures plus modérées
Chapitre 3 – Les obstacles à la mise en œuvre institutionnelle de la parité 
1 – Les contraintes politiques
2 – Les contraintes légales
Chapitre 4 – Le Scotland Act (1998) – le modèle adopté 
1 – Le fonctionnement du parlement
2 – La problématique de la représentation des femmes marginalisée
Deuxième partie (1998-2009): du modèle à la réalité 
Chapitre 5 – Le « seuil critique » atteint 
1 – Les sélections et les élections
2 – Qui sont les élu–e–s?
Chapitre 6 – Un parlement féminisé ? 
1 – Peut-on parler de gouvernance féminine?
2 – La vie politique : changée en profondeur ?
Conclusion
Annexes
Annexe 1 – Listes des femmes élues à la Chambre des communes pour des circonscirptions écossaises depuis 1979
Annexe 2 – Résultats des élections au Parlement écossais (1999-2003-2007)
Annexe 3 – Détails des calculs des Indices d’Homogénéité de Genres
Annexe 4 – Transcriptions des entretiens
Bibliographie
1 – Sources primaires
2 – Études
3 – Dans les médias
Index des acteurs-trices politiques

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