La représentation de l’espace dans La princesse de Clèves (1678)

Le texte littéraire, au même titre que le texte géographique, élabore une certaine conception de l’espace. Le discours littéraire établit entre la spatialité et la société, entre les lieux et son usage un rapport complexe mêlant parfois croyance convention et psychologie. De ce rapport découle un espace, une certaine harmonie qui obéit à des règles. A ce titre, la littérature peut dévoiler d’autres aspects de la spatialité dans la vie de l’homme, dans ses comportements, et ses affects que celle théorisé par la géographie. Cette remarque semble rejoindre le point de vue d’Yves Reuter dans l’analyse du récit lorsqu’il affirme :

« Tout discours, tout texte, tout récit renvoie au monde. Il ne peut faire autrement puisque […] on ne peut construire un univers fictionnels et le comprendre sans référer à nos catégories de saisie du monde. Tout objet, personnage ou lieu d’un récit, aussi surprenant soit-il, est constitué de déformations, ajouts, suppressions, entorses, par rapport à ceux que nous connaissons déjà. Même si le narrateur insiste sur le côté extraordinaire de ces êtres, il les décrit au travers de catégories animales ou humains de notre univers ».

Il semble que dans ces propos, Reuter affiche une présence de représentation volontaire ou involontaire de l’espace dans toute fiction littéraire. Autrement dit, l’espace a toujours une place importante dans toute création littéraire. Dès lors que les textes ne peuvent pas ne pas donc se référer au monde, par quels procédés devraient-on prendre en compte cette notion de monde et de catégories animales ou humaines de notre univers pour reprendre les termes de Reuter? Dans tous les cas, une réponse à une telle question pourrait déjà nous obliger à penser que l’espace dans la littérature est avant tout un phénomène social puisque le monde lui-même est défini par les sociétés qui se différencient selon les lieux et les époques.

Fort de ce constat, nous avons jugé nécessaire de mener une étude sur ce que pourrait être la représentation de l’espace dans la Princesse de Clèves de Madame de Lafayette et dans Les Caractères de La Bruyère. Pour quel intérêt alors ? Nous savons qu’au XVIIème siècle, plus particulièrement de 1660 à 1685, se développe le classicisme, auquel on assimile souvent à tort toute la littérature du XVIIème siècle.

Pendant la monarchie absolue de France, s’est développée une littérature d’ordre, soumise à des règles précises, attachées à l’essentiel plutôt qu’aux détails, à la recherche de la concision et de la clarté de l’expression. Il y a lieu, également, de souligner que cette période était dominée, en grande partie, d’une littérature de cour. Ainsi, fleurit au cours de cette période une multitude d’auteurs de talent et une diversité de chef d’œuvres littéraires favorisant ainsi une littérature mondaine . L’esprit classique repose donc sur une conception du monde achevé qui obéit à des lois rigoureuses, auxquelles tout écrivain classique essaierait de se conformer. Mais, cette prédominance du classicisme ne signifie pas uniformité. Si les écrivains sont unis par un certain nombre de constantes qui font d’eux des classiques, ils proposent des réalisations différentes, qui dépendent à la fois de leur personnalité et des genres pratiqués.

Ainsi, si Madame de La Fayette se distingue, dans le genre du roman , par la publication de La Princesse de Clèves, La Bruyère aura réussi dans les Caractères . Le choix de ce corpus découle d’un constat général. Notre lecture de ces ouvrages nous fait penser que les deux écrivains ont fait (chacun à sa manière) une représentation de la cour et tous les autres espaces qui gravitaient autour de celui-ci. Dans un contexte très particulier qui s’avère être le règne de Louis XIV, Madame de La Fayette et La Bruyère ont su montrer par leur talent une certaine originalité dans la représentation de l’espace tout en restant dans une dynamique bien logique de leur époque.

Nouvelle historique, roman d’analyse psychologique sont tant d’appellations utilisées par bon nombre de critiques et de chercheurs pour désigner La Princesse de Clèves. Quant aux Caractères de La Bruyère, c’est fréquent de les réduire à une simple satire de la société du XVIIème siècle. Loin de contester ces appellations et ces considérations qui, d’une certaine manière semblent ne relever que de la thématique, nous pensons qu’une approche narratologique, voir linguistique, permettrait de montrer que ces deux ouvrages doivent aussi leur sens et leur originalité au fait qu’ils offrent un décor significatif sur ce que pourrait être la représentation de l’espace dans un ouvrage de fiction. Nous pensons que ces ouvrages, abordés du point de vue de la langue ; du rapport entre la littérature et de la réalité ; de ce que pourrait être signifiant et signifié ainsi que les rapports qu’ils entretiennent, peuvent apparaitre comme de véritable support d’analyse de la notion d’espace. Dans la mesure où ils sont tous nés dans un contexte mondain, dominé par une société très organisée où la langue a excellé dans un raffinement notoire, la Princesse de Clèves et les Caractères pourraient bien pourraient s’avérer plus représentatif de ce monde respectives de ce monde et de cette catégorie animales ou humaines de notre univers.

PRÉSENTATION DE LA SOCIÉTÉ DE COUR

COMPOSITION ET CARACTÉRISTIQUES 

Composition de la cour

L’écrivain classique préfère ne pas choisir ses exemples dans la vie quotidienne mais s’inspirer de l’antiquité, ne pas représenter les gens du commun mais, des princes et des rois. C’est ce fait explique que dans les œuvres de Madame de Lafayette et de La Bruyère l’espace dominant et le plus défini reste la cour. Dans La Princesse de Clèves ce milieu apparait comme étant un espace divisé entre deux principales familles : la famille royale et les princes de sangs. Quant aux Caractères de la Bruyère, étant une imitation parfaite des Caractères de Théophraste, ils mettent en exerce l’idéal de l’honnête homme vivant dans la cour c’est-à-dire une présentation nette des gens de cour. En somme, Les Caractères donne à voir la société et les hommes qu’ils examinent. La cour française au XVIIème siècle peut être considérée dans les œuvres de Madame de Lafayette et de La Bruyère comme le centre de la vie, l’emblème tout à la fois du siècle de Louis XIV.

Retenons que la société du XVIIème siècle est organisée de manière hiérarchisée. Au sommet de cette hiérarchie, nous avons le roi détenant toutes les forces vives de la cour. L’importance du roi dans la société française est d’autant plus significative dans la mesure que ce dernier est considéré comme le représentant de Dieu sur terre et à ce titre monarque absolue régnant et en même temps premier guerrier du royaume. Cette double posture lui valait respect et considération par rapport à ses sujets. C’est ce que confirme exactement L. Bély quand il affirme :

« Les sujets obéissent au Roi et le respectent comme des enfants face à leur père. Le roi n’a de compte à rendre qu’à Dieu, mais il doit donc agir selon la volonté de Dieu, avec justice pour le bien de ses sujets en conservant leur confiance (…) Le monarque maintient le bon ordre de la société, assurant à chacun la place que Dieu lui a donné. Il apparait comme l’arbitre suprême entre les intérêts divergents et entre des confessions religieuses qui s’affrontent. Il s’impose comme le dispensateur de toute justice, le créateur de toute loi et le défenseur du royaume » .  

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Table des matières

INTRODUCTION
1ère PARTIE : PRÉSENTATION DE LA SOCIÉTÉ DE COUR
Chapitre I : COMPOSITION ET CARACTÉRISTIQUES
1-1. Composition
1-2. Caractéristiques
Chapitre II : UN ESPACE RÉGLEMENTÉ
2-1. La bienséance classique
2-2. Un cadre d’acception de l’amour et du désespoir
2èmePARTIE : L’ESPACE ET LE VRAISEMBLABLE
Chapitre III : LA REPRÉSENTATION DE L’ESPACE
3-1. Littérature et réalité
3-2. La distance temporelle et les lieux
Chapitre IV : LA COUR, UN ESPACE FORTEMENT HUMANISÉ
4-1. La cour, un espace réceptacle de l’humain
4-2. La langue comme facteur spatial
3ème PARTIE : L’ESPACE ET LA MORALE
Chapitre V : LE RAPPORT ENTRE L’INTERIEUR ET L’EXTERIEUR
5-1. Une opposition spatiale
5-2. L’espace intérieur : la peinture de l’homme
Chapitre VI : L’ESPACE COMME LIEU DE REFUGE
6-1. L’évocation de la fuite et du repos
6-2. L’espace comme condition d’exercice du jugement de l’homme
CONCLUSION

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