La réponse aux besoins de santé spécifiques des femmes syriennes au Liban

Les facteurs liés au genre et la situation des réfugiés influencent l’état de santé global des femmes syriennes au Liban

Dans ce premier chapitre, il convient donc de revenir sur les conditions de vie dans lesquelles vivent les femmes syriennes au Liban et qui peuvent influencer leurs besoins en matière de santé. Pour ce faire, j’ai décidé d’articuler ce chapitre autour de trois grandes idées. Le premier axe concerne la place particulière des femmes en situation de conflit et de crise, qui détermine grandement leur environnement et les nouveaux besoins auxquels elles font face. Le deuxième axe aborde les besoins des femmes syriennes au Liban. J’ai décidé de faire du thème des violences et des tensions subies par les femmes réfugiées un axe à part, ayant trouvé un grand nombre de sources à ce sujet, ce qui constituera donc un troisième axe.

La place des femmes en temps de conflit et de crise : entre position inégale et acteur de changement social

La situation des femmes syriennes au Liban ne relève pas d’une situation de conflit dans le sens où le Liban, comme entité nationale si il y a, ne se situe pas en situation de guerre envers un autre Etat. Il est vrai que certaines fractions politiques interviennent en Syrie, je pense notamment au Hezbollah, et que des affrontements ont eu lieu dans la région de Ersal (Nord-Est du Liban) au début de l’été 2017. Le pays n’est pas en situation d’affrontements armés permanents sur l’ensemble du territoire. De plus, le Liban connaît des tensions internes, si bien que le terme de conflit renvoie autant à une dimension interne qu’externe. Au delà des débats sur le terme de conflit concernant le Liban, il semble inévitable de dire que la révolution syrienne a plongé le pays dans une situation de crise. Même si le Liban présentait déjà avant la révolution syrienne de 2011 des infrastructures fragiles, les événements n’ont fait que renforcer cette situation. Le nombre de réfugiés démesuré par rapport aux infrastructures provoque une situation de déséquilibre et donc de crise. Ce sont les raisons pour lesquelles il m’a semblé essentiel de revenir sur des thèmes tels que la place des femmes dans les conflits, ou sur les femmes en situation de crise, ceci pouvant expliquer la situation des femmes syriennes venues se réfugier au Liban. Une grande partie des sources et de la littérature à laquelle j’ai eu accès concernant la place des femmes dans les conflits aborde principalement le problème d’accès aux ressources qui est différent selon les hommes et les femmes, ainsi que le changement de rôle entre hommes et femmes en société. Le thème des violences est souvent mentionné mais nous l’aborderons plus tard dans ce chapitre.

La place des femmes en temps de conflit : un sujet relativement récent sur la scène internationale et dans le monde académique

Dans un premier temps, il me semblait important de revenir sur la place des femmes dans les conventions et conférences internationales. Ces conventions et conférences n’influencent pas de manière directe l’environnement dans lequel les femmes vivent en temps de conflit mais elles influencent pour une grande part l’aide apportée par les instances internationales, les ONG internationales ou locales. L’aide proposée par ce type d’organisation influence en revanche l’accès des personnes aux services de santé, notamment dans le contexte libanais où le système de santé est en grande partie soutenu par les ONG locales ou internationales.
La situation des femmes et le thème de genre ont fait leur apparition dans les traités et conventions internationales depuis le milieu du XXème siècle. Les droits humains des femmes sont largement cités dans des textes fondamentaux généraux tels que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948) ou encore la Convention de Genève sur les droits économiques, sociaux et culturels (1966) . A côté de ces conventions générales, d’autres sont intégralement dédiées aux femmes, la plus connue étant la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) de 1979 dont l’application de l’ensemble des articles pose problème dans un certain nombre de pays par ailleurs. Cette dernière convention citée s’inscrit dans un cadre plus large au niveau international de lutte contre les violences et les inégalités envers les femmes à travers le cycle des conférences mondiales pour les femmes. Ces conventions qu’elles soient d’un ordre général ou particulièrement dédiées aux femmes ont permis l’inscription des problèmes concernant les femmes à l’agenda international.
Cependant, il faut attendre le milieu des années 1990 pour voir des conventions concernant la place des femmes dans les conflits et processus de paix apparaître. C’est notamment après la quatrième conférence mondiale pour les femmes à Beijing en 1995 que les thèmes femmes dans les conflitsou encore genre et conflits sont devenus des thèmes importants dans les débats internationaux. Les textes n’abordent pas seulement la place des femmes durant les conflits mais aussi leur place dans les situations d’après-conflit et notamment dans les processus de paix. La conférence de Beijing appelait également la communauté académique, scientifique, ainsi que les politiques à porter leur attention sur l’importance du rôle des femmes dans l’activisme pour la paix . De même, la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (2000), affirme que la perspective de genre dans la résolution des conflits devrait apporter un soutien aux initiatives de paix initiées par les femmes. Si certaines conventions internationales cherchent à protéger les femmes victimes de violences, ces dernières conférences et résolutions citées appellent aussi à leur participation en tant qu’acteur dans le processus de résolution de conflit.
Concernant le monde universitaire et académique, un grand nombre de travaux est disponible au sujet des femmes dans les conflits et en situation d’après-conflit. Une partie des travaux met en relation les rôles genrés en temps normal en société avec le rôle tenu lors du conflit. Autrement dit, le rôle et les caractéristiques associées aux hommes et aux femmes sont les mêmes en temps de conflit qu’en temps normal, dans le sens où les caractéristiques déjà existantes sont reproduites voire même exacerbées en temps de conflits. Par exemple, les femmes sont souvent associées à des caractéristiques maternelles et seraient plus aptes à soigner les blessés ou à soutenir les familles des victimes, aussi bien en temps de conflit qu’en période d’après-conflit. De même, si l’on suit une définition essentialiste des relations de genre, les hommes seraient par nature plus violents que les femmes et donc plus amenés à combattre. Alors que les femmes au contraire par leur nature biologique seraient plus amenées à s’occuper de la famille ; et à être considérées comme des victimes étant plus faibles physiquement que les hommes. Et si l’on se positionne vis-à-vis d’un point de vue constructiviste des relations de genre, les hommes seraient associés à des caractéristiques masculines, plus enclines à la violence, alors que les caractéristiques sociales des femmes rejetteraient plus l’idée de la guerre et du conflit que les hommes.

La question de l’ accès aux ressources et le changement des rôles sociaux : les conflits comme possibilité d’émancipation pour les femmes ?

Une grande partie des rapports des organisations internationales ou de la littérature aborde les impacts des conflits sur la place des femmes et l’accès aux ressources ainsi que sur les relations hommes-femmes. Que ce soit pour l’accès aux ressources ou les changements dans les rôles genrés, les conflits permettent à la fois aux femmes d’être actrices au sein de la société et de la famille, mais ils sont également catalyseurs des violences ou inégalités entre hommes et femmes pré-existantes dans les sociétés d’avant-conflit.
Encore dans un grand nombre de sociétés actuellement, le rôle des femmes en société est associé à l’éducation des enfants et ou au foyer, tandis que l’on attend des hommes qu’ils subviennent aux besoins de la famille. En temps de conflit, cet équilibre est remis en question. Premièrement, du fait d’un plus grand nombre de décès parmi les hommes, une part importante des femmes se retrouve seule à la tête du foyer. De même, la situation de déplacement entraîne la dislocation des familles ce qui assigne ainsi un nouveau rôle pour les femmes . Ceci les amène à travailler, s’occuper de la famille en même temps, prendre les décisions pour le foyer. Certaines se retrouvent même militantes ou combattantes. De plus, elles s’ouvrent à l’espace public, place réservée aux hommes dans certaines sociétés. C’est ce que j’ai pu constater lors de mon entretien avec Nahida, responsable du magasin Menna de l’association Amel à Beyrouth. Elle affirmait que pour certaines femmes syriennes, le fait d’être venu au Liban leur avait permis de s’ouvrir, et d’avoir plus de relations sociales . Elles occupent de cette manière un rôle social habituellement occupé par les hommes. Selon les travaux réalisés parmi la population déplacée soudanaise par Asma Abdle Halim, rapportés dans un article d’Irénées , les hommes seraient même moins aptes que les femmes à effectuer certaines tâches manuelles dans le but d’avoir un revenu pour la famille. Or les tâches manuelles sont en général associées aux hommes.
Cependant, les opportunités conquises par les femmes en temps de conflit ne perdurent pas toujours.
Dans un contexte d’après-conflit, la situation peut parfois revenir au contexte d’avant-guerre, instituant ainsi les inégalités hommes femmes déjà existantes. Certaines femmes ayant occupé des tâches habituellement effectuées par les hommes, peuvent se retrouver rejetées par la communauté, ceci pouvant être mal perçu. De plus, le rôle des femmes en temps de guerre, par les libertés qu’elles peuvent se voir accorder, peut avoir des conséquences sur leurs relations avec leur mari ou au sein du foyer après le conflit.
Concernant l’accès aux ressources, il est souvent affirmé que les femmes ont moins de possibilités que les hommes. On peut entendre par ressources plusieurs aspects : les ressources financières, l’aide humanitaire, la participation également au processus de décision politique. Là encore, le thème des ressources comme celui des rôles genrés présente une ambivalence. Une partie de la littérature et des sources sur ce sujet affirme que les femmes sont écartées du processus de décision et qu’elles ont un accès limité aux ressources. Or une autre partie de la littérature présente la situation inverse. Les conflits, et particulièrement les périodes d’après-conflit seraient une opportunité pour les femmes de voir leur place dans le processus de décision politique devenir plus importante. Un tiers des pays qui ont 30% de femmes ou plus au parlement, ont connu récemment dans leur histoire un conflit, ou une période de transition démocratique. De même, lors de mon stage à Amel Association International, j’ai remarqué qu’un grand nombre de bénéficiaires du projet sur lequel je travaillais était des femmes. Soit parce qu’elles étaient venues au Liban sans leur mari, soit parce qu’elles sont plus disponibles, soit parce que les hommes ont parfois honte de demander et ce sont donc les femmes qui se rendent auprès des ONG. La situation du Liban est différente de celle d’un pays en conflit comme nous l’avons dit précédemment. Cependant, des caractéristiques propres aux femmes en temps de conflit peuvent être appliquées aux femmes déplacées de Syrie au Liban.

Les conditions de vie des femmes syriennes au Liban : une situation précaire à l’origine d’un environnement social et économique spécifique influençant leur état de santé

Dans cette sous-partie, il s’agira de présenter l’environnement social et économique dans lequel vivent quotidiennement les femmes réfugiées syriennes au Liban dans le but de comprendre leurs besoins spécifiques en matière de santé. Pour essayer de visualiser leurs conditions de vie, je me suis appuyée sur la lecture de quelques articles de presse mais surtout sur des rapports d’ONG tels que ceux d’Amnesty International au sujet des femmes réfugiées au Liban intitulé Je veux un endroit sûr. Les réfugiées de Syrie déracinées et sans protection au Liban . J’ai également consulté le rapport 2017-2020 du Lebanon Crisis Response Plan (plan d’action national entre le gouvernement libanais, acteurs internationaux et locaux présents au Liban pour répondre à la crise syrienne). Les visites de terrain au cours de mon stage ainsi que les personnes rencontrées lors de mon séjour au Liban m’ont également aidée à visualiser ces conditions de vie. A la suite de mes lectures et de mes constatations, trois principaux facteurs ayant un impact sur la santé des réfugiées m’ont semblé importants à mettre en lumière. Le premier concerne la situation illégale des réfugiés syriens au Liban, le deuxième facteur concerne le manque de ressources financières dû principalement aux difficultés à trouver un emploi stable, et troisièmement la précarité du logement.

Les difficultés pour obtenir une situation légale pour les réfugiés syriens au Liban limitent leurs capacités d’autonomie

Pour commencer, le terme et le statut si l’on peut dire de  »réfugié » au Liban peut faire objet de débats. En effet, le Liban n’a jamais signé la Convention de Genève de 1951 ainsi que le protocole de 1967 qui sont tous deux relatifs à la protection des droits des réfugiés. Au niveau interne, le gouvernement libanais ne dispose pas de lois ou de règlements relatifs à la protection des droits des réfugiés sur son territoire. En revanche, si le Liban n’a pas signé la convention de 1951 et son protocole de 1967, il a ratifié l e Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD).
Jusqu’en 2014, les autorités libanaises avaient pourtant laissé les Syriens assez libres pour rentrer sur le territoire sans restrictions particulières. En revanche, depuis janvier 2015, le gouvernement impose des conditions difficiles pour les Syriens voulant renouveler leur permis de séjour pour résider au Liban. Les personnes déplacées de Syrie ont deux solutions pour renouveler leur permis de résidence : soit elles présentent leur document prouvant qu’elles sont inscrites au HCR, soit elles doivent chercher le sponsor d’un citoyen libanais. En 2015, même les personnes étant inscrites au HCR devaient chercher un sponsor si elles ne pouvaient pas attester sur l’honneur qu’elles ne travaillaient pas. Durant l’année 2016, l’attestation sur l’honneur pour de ne pas travailler fut changée par la loi libanaise par l’attestation sur l’honneur de résider qui peut-être signée aux bureaux de la Sûreté Générale et reste gratuite. En revanche, les Syriens voulant rester au Liban tout en travaillant doivent payer la somme de deux cent dollars pour pouvoir renouveler leur permis de résidence . Les démarches administratives sont lourdes, les autorités demandent certains papiers officiels que certains réfugiés syriens ont tout simplement perdu ou qui sont restés en Syrie. Et surtout, la démarche reste très onéreuse. Une dépense en plus pour certaines familles qui n’ont pas les moyens de financer une telle démarche. A savoir que les bureaux administratifs ne se situent pas toujours près du lieu d’habitation des réfugiés, ceci nécessitant des dépenses supplémentaires pour le transport qu’encore une fois certaines familles syriennes ne peuvent pas se permettre de payer. De plus, le fait de devoir chercher un sponsor auprès d’un citoyen libanais peut dans certains cas conduire à la dépendance vis-à-vis d’une personne. D’après les chiffres du HCR, le nombre de syriens n’ayant pas de titre de résidence en règle était de 9% en janvier 2015 et est passé à 61% en juillet 2015, soit en l’espace de 6 mois.
Hormis la démarche en elle-même qui reste coûteuse pour certains réfugiés, ce sont les conséquences de ne pas avoir un titre de séjour en règle qui restent handicapantes. Sans papiers officiels en règle, les personnes réfugiées syriennes sont considérées comme illégales sur le territoire libanais et peuvent être susceptibles d’être arrêtées, d’être mises en détention ou de se faire expulser de manière arbitraire. De cette manière, les Syriens peuvent être confrontés à une violation de leurs droits, ne pouvant recourir au système judiciaire s’ils sont victimes d’un crime, n’ayant pas de titre de séjour officiel. Le fait de ne pas avoir de papiers en règle limite leurs déplacements au sein du territoire libanais. Un grand nombre de réfugiés syriens affirme avoir peur de se faire contrôler aux checkpoints. Même si les hommes ont plus de chances de se faire arrêter que les femmes, elles ressentent tout de même la peur de se déplacer, selon le rapport d’Amnesty International sur les femmes réfugiées syriennes au Liban . Nous l’aborderons plus tard, mais cette crainte de se déplacer constitue une barrière pour se rendre aux centres de santé, pour se rendre sur un lieu de travail éventuel ou pour accompagner les enfants à l’école par exemple. Cette crainte de se déplacer s’inscrit dans un contexte plus général d’insécurité, et de manque de confiance vis à-vis des autorités libanaises également.

Un manque de ressources financières principalement dû aux difficultés de trouver un emploi stable

Lors de mon séjour au Liban, ou même lors de mes précédents séjours en Turquie, j’ai pu rencontrer des jeunes personnes venues de Syrie qui ne semblaient pas être dans une situation de précarité extrême. Soit parce qu’elles travaillaient et pouvaient financer leurs études en même temps, soit parce que leur famille restée en Syrie ou venue au Liban ou en Turquie avait les moyens de les soutenir financièrement dans leurs études ou pour leurs dépenses quotidiennes. De même, lorsque je discutais avec Nahida au centre de Amel de Ayn el Remmaneh à Beyrouth, elle  me disait que certaines bénéficiaires qui venaient participer aux activités avaient des ressources financières correctes et avaient en réalité de quoi dépenser. Cette image rompt totalement avec celle qui est montrée dans les médias concernant les réfugiés syriens.
Cependant, si certaines personnes venues de Syrie ne se trouvent pas dans une situation de précarité, ceci ne concerne pas la majorité. Même pour les personnes n’étant pas dans une situation de pauvreté, si elles ont un travail ou autre, la vie reste difficile, notamment dans les grandes villes comme Beyrouth où le niveau de vie reste cher. D’après les travaux du LCRP, le pourcentage de foyers des déplacés Syriens en dessous du seuil de pauvreté a augmenté. En 2016, 71% des foyers se trouvaient en dessous de ce seuil contre 49% en 2014. A travers la documentation que j’ai pu lire, il est vrai que les femmes seraient peut-être plus concernées par le manque de ressources financières, surtout lorsqu’elles sont chefs de famille, mais dans l’ensemble la pauvreté semble concerner toutes les catégories de la population réfugiée.
Je dirais dans un premier temps que le manque de ressources est principalement dû au fait que les personnes déplacées de Syrie ont des difficultés à trouver un emploi, et surtout un emploi correctement rémunéré. D’après le rapport du Lebanon Crisis Response Plan (LCRP) de 2017 2020, le nombre de Syriens en âge de travailler est estimé à environ 340,00 personnes dont environ 36% ne travaillerait pas. Cependant, deux tiers des Syriens considérés comme employés  travaillent moins de 15 jours par mois, de même qu’une grande partie de ces personnes ne gagne pas assez pour couvrir les dépenses quotidiennes . De plus, le travail est exercé en général dans des conditions difficiles, dans le domaine de l’agriculture ou de la construction, pouvant ainsi avoir des conséquences sur leur état de santé. L’absence de permis de résidence valable accentue l’exploitation ou l’emploi sous-rémunéré pour les personnes déplacées de Syrie.

Des logements et une situation sanitaire précaires ont un impact sur l’état de santé des femmes syriennes réfugiées

Le dernier élément que j’aimerais mettre en lumière concerne le logement et les conditions sanitaires. Comme je l’ai dit plus haut, certaines personnes venues de Syrie trouvent un travail, ou ont un capital financier important, et peuvent avoir accès à un logement décent, ou partagent le logement en vivant en colocation mais tous les Syriens ne sont pas dans cette situation. Une grande partie des personnes déplacées de Syrie vit dans des logements insalubres. Pour ceux qui vivent en ville et notamment à Beyrouth, ils viennent pour une grande part s’installer dans les zones pauvres de la ville, et parfois même dans les camps palestiniens, comme à Chatila par exemple concernant Beyrouth. Pour ceux qui vivent à l’extérieur des villes, ils s’installent dans des camps informels, dans des tentes de fortune, avec de rudes conditions surtout pendant l’hiver où les températures peuvent descendre jusqu’à -5°C dans certaines régions du Liban, sans parler des installations sanitaires précaires. D’après le rapport du Lebanon Crisis Response Plan, 24% des déplacés de Syrie vivent dans des conditions insalubres et 17% vivent dans des installations informelles en 2016.
Les lieux d’habitation sont différents mais les difficultés sont à peu près similaires parmi la population réfugiée. Le faible salaire ou l’absence de salaire ne permet pas de louer un logement correct car les prix des loyers sont élevés, surtout à Beyrouth. De même que pour pouvoir résider dans une tente, louer une parcelle de terre reste parfois difficile à payer. Le témoignage d’une femme syrienne du rapport d’Amnesty International résume bien la situation que peuvent vivre des personnes déplacées de Syrie au quotidien : « Je dois payer le loyer de ma tente le 15 du mois. Le propriétaire n’attend pas [qu’on paie], et je dois parfois aller mendier de l’argent pour pouvoir payer le loyer». Elle ajoute : « Je vis dans une tente avec 10 autres personnes. La tente fuit. Nous avons demandé une bâche pour recouvrir l’endroit où l’eau s’infiltre, mais personne ne nous a aidés. Nous sommes trois veuves et nous vivons ensemble avec nos enfants ». C’est ce qu’a confié Rajaa, femme syrienne âgée de 50 ans vivant dans la plaine de la Békaa près de Barr Elias . Au delà du prix des loyers, certains réfugiés se sont plaints au sujet de la saleté, l’insalubrité de leur logement, et même l’invasion des rongeurs ou des insectes dans les camps informels ou même dans certains immeubles des villes. Certains camps manquent d’installations sanitaires, ainsi que d’un approvisionnement en eau ou en électricité. Et quand cet approvisionnement existe, il est parfois illégal et coûteux. De même, le nombre de réfugiés arrivant de Syrie a fait pression sur les infrastructures libanaises, surtout concernant l’eau et l’électricité, pouvant limiter davantage l’accès à ces services de base. Les mauvaises conditions sanitaires et le manque d’eau propre peuvent avoir un impact direct sur la santé car elles peuvent être à l’origine de maladies, notamment chez les enfants, comme l’hépatite A, la dysenterie, ou des maladies transmissibles.

Les tensions et violences à l’égard des femmes déplacées de Syrie au Liban constituent un environnement nuisible pour leur santé et développement personnel

Depuis le début des révoltes en Syrie, personne n’est épargné par les violences sous toutes leurs formes : arrestations, détentions, torture, scènes de guerre et de bombardements, de même que les déplacements forcés à l’intérieur et en dehors de la Syrie peuvent constituer une certaine forme de violence. Au début du conflit, durant l’année 2011-2012, les actes de violence étaient principalement commis part l’armée du régime, mais avec la radicalisation du conflit et l’intervention de multiples groupes armés, les actes violences n’ont plus de camps, y compris les violences sexuelles . Il est vrai que les hommes pendant les combats en Syrie sont victimes de violences morales et physiques (y compris sexuelles pour certains). Cependant les femmes, comme dans une grande part des conflits, subissent plus de violences, du moins des violences différentes.
Dans le cas syrien, un certain nombre d’entre elles sont détenues pour être échangées contre des prisonniers, ou encore pour obtenir des informations sur un membre masculin de leur famille si celui-ci est impliqué dans des forces d’opposition par exemple. Les conséquences de ces violences, et notamment sexuelles, sont considérables au niveau personnel bien entendu, mais également au niveau sociétal dans un pays tel que la Syrie où la société reste clivée concernant le rôle des hommes et des femmes, et où l’honneur de la famille repose sur les femmes. Si bien que les femmes victimes de viols ou sorties de détention sont exposées à des représailles, à des crimes d’honneur ou se retrouvent parfois seules, leur mari ou famille les ayant parfois rejetées . Les violences sexuelles en Syrie actuellement, anéantissent l’organisation sociale et sont un moyen de contrôler la société d’une certaine manière par la peur . Ces violences pour les femmes déplacées de Syrie au Liban et ailleurs, sont à l’origine de problèmes de santé spécifiques.

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Table des matières
REMERCIEMENTS
RÉSUMÉ
ABSTRACT 
SOMMAIRE
LISTE DES SIGLES
INTRODUCTION 
Partie I : Les besoins spécifiques des femmes syriennes réfugiées au Liban en matière de santé
Chapitre 1 : Les facteurs liés au genre et la situation des réfugiés influencent l’état de santé
global des femmes syriennes au Liban
Chapitre 2 : Les besoins de santé spécifiques des femmes réfugiées syriennes au Liban
Partie II : La réponse aux besoins de santé spécifiques des femmes syriennes au Liban
Chapitre 1 : L’accès aux soins au Liban entre fragmentation et inégalités
Chapitre 2 : L’imbrication de l’aide internationale et locale pour répondre aux besoins de santé
des femmes réfugiées syriennes au Liban
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE 
SOURCES
GLOSSAIRE 
TABLE DES MATIÈRES
ANNEXES 
LISTE DES TÉMOINS

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