Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
L’environnement [2, 33]
L’altération de la barrière cutanée par un microtraumatisme, la macération, l’occlusion favorise le parasitisme par les dermatophytes
les coiffures traditionnelles chez la femme noire, en l’occurrence les tresses serrées, en traumatisant le cuir chevelu exposent le stratum corneum à l’invasion par les dermatophytes;
l’application fréquente de pommades occlusive sur le cuir chevelu favorise le maintien et la prolifération des champignons, à partir des arthrospores qui s’y trouvent ;
l’absence de soins capillaires sur les tresses laissées en place des mois durant constitue un facteur favorisant le maintien et le développement éventuel des dermatophytes sur le cuir chevelu,
les microtraumatismes liés au rasage chez les garçons constituent une porte d’entrée des spores par altération de la couche cornée de l’épiderme ;
l’échange de peignes et de brosses permet la dissémination des agents pathogènes.
la dépigmentation artificielle [43].
Le changement de la température et de l’altitude peut aussi jouer un rôle
une température de 25-30°C est indispensable à la croissance dermatophytique, certains s’accommodent de la chaleur humide et de la chaleur sèche [12] ;
l’altitude jouerait un rôle sur l’incidence des dermatophytes, plus élevée au niveau de la mer qu’en montagne. Les teignes trichophytiques se rencontrent plus volontiers en altitude et celles à M. audouinii au niveau de la mer [33].
Les teignes tondantes
Elles sont plus fréquentes chez les enfants d’âge scolaire, entre 4 et 12 ans [56]. Elles sont peu fréquentes chez le nourrisson et chez l’enfant d’âge préscolaire. Elles sont exceptionnellement après la puberté. La teigne tondante se caractérise par l’apparition, sur le cuir chevelu, d’une ou plusieurs plaques d’alopécie apparente, sur lesquelles les cheveux sont cassés plus ou moins au ras du cuir chevelu. En absence de traitement, l’évolution se prolonge jusqu’à la puberté, moment auquel intervient la guérison spontanée [34]. Néanmoins, on peut observer des teignes tondantes chez les adultes en cas d’immunodépression ou de traitement par des corticoïdes au long cours. Un portage asymptomatique peut exister chez des mères d’enfants teigneux. Les véritables lésions cliniques sont rares. Les teignes tondantes guérissent facilement sous traitement. Plusieurs types de teignes tondantes peuvent être distingués selon les manifestations cliniques et biologiques [14]. Mais, deux dermatophytes peuvent coexister (Trichophyton soudanense et Microspore langeronii), et entrainer le même tableau clinique, ce qui rend difficile cette classification clinico-biologique [21].
Les teignes tondantes microsporiques [14]
Elles entraînent des lésions peu nombreuses, une à trois en moyenne, mais de grande taille (deux à cinq centimètres de diamètre). Les cheveux sont cassés à quelques millimètres au-dessus du cuir chevelu et sont recouverts d‘une multitude de petites spores blanches donnant un aspect grisâtre. Le cuir chevelu a un aspect squameux plus ou moins inflammatoire.
Ces plaques sont fluorescentes à la lumière de Wood [37].
Les teignes tondantes microsporiques d’origine humaine sont causées par M.audouinii. Quant aux teignes tondantes d’origine animale, le Microsporum canis est l’agent étiologique principal [37].
Les teignes tondantes trichophytiques
Les teignes trichophytiques (Trichophyton tonsurans, violaceum, soudanense) réalisent des petites plaques grisâtres de 1 à 2 cm de diamètre, de forme irrégulière, renfermant des cheveux fragiles se cassant à leur émergence, mélangés à des cheveux normaux [37]. Ces plaques peuvent fusionner en formant de plus grandes plaques incomplètement alopéciques. Parfois, il existe seulement des zones prurigineuses et squameuses bien visibles chez les petites filles originaires d’Afrique subsaharienne au niveau des raies laissées par les coiffures traditionnelles [14].
Le kérion [14, 17, 21]
L’affection commence par un ou plusieurs placards érythémato-squameux, arrondis et prurigineux. Quelques jours plus tard, ces placards se tuméfient et se couvrent de pustules folliculaires qui laissent soudre un pus jaunâtre lorsqu’elles se rompent. Les cheveux et les poils s’éliminent alors spontanément. Des adénopathies satellites douloureuses sont souvent présentes. Une fièvre des céphalées et des courbatures peuvent exister. Une régression spontanée sans séquelle, après quelques mois d’évolution est possible. L’atteinte du cuir chevelu peut être accompagnée de folliculites à distance [32].
Les teignes faviques [21]
Il s’agit d’une teigne inflammatoire, de transmission anthropophile, due à Trichophyton schoenleinii [14]. Le début est insidieux, marqué par des plaques croûteuses surélevées, grises, jaunâtres ou jaune soufre, de contour irréguliers et de taille variable. La lésion caractéristique est le godet favique, situé à la base des cheveux. C’est un amas de croûtes jaunes en forme de cratère d’où sortent des cheveux. La lumière de Wood entraine une fluorescence verdâtre des cheveux malades sur toute leur longueur. Les cheveux ne sont pas cassants. L’odeur de souris n’est perceptible que lorsque les lésions sont étendues. En l’absence de traitement, les lésions évoluent toutes vers une alopécie cicatricielle [17].
Les autres formes de teignes du cuir chevelu [17]
Il s’agit des favus sans godet :
Le favus pityroïde, décrit en 1874, réalise des placards érythémateux légèrement surélevés, d’étendus variables, recouverts d’une couche assez épaisse de squames adhérentes. Les cheveux ont les mêmes caractères que ceux de la forme favique
Le favus impétigoïde se présente sous forme de placards recouverts de croûtes de couleur jaune brune, très adhérentes traversées par des cheveux ternes et grisâtres ;
Le favus papyroïde se présente sous forme de lésions croûteuses grisâtres, adhérentes recouvrant une surface exulcérée et suintante.
Le diagnostic différentiel
De nombreuses affections dermatologiques peuvent simuler une teigne, imposant ainsi un prélèvement mycologique.
La pelade ; elle se manifeste par une absence d’anomalie du cuir chevelu. Celui-ci reste lisse, non recouvert de squame. La maladie s’associe parfois à des manifestations auto immunitaires ou à l’atopie. Les cheveux en « point d’exclamation », caractéristiques, sont très utiles pour poser le diagnostic.
La fausse teigne amiantacée elle est caractérisée par la présence de squames blanches jaunâtres englobant les cheveux par paquets.
Le Pityriasis capitis : le cuir chevelu est envahi par des levures du genre Malassezia, mais les cheveux restent intacts.
Le psoriasis du cuir chevelu : il se manifeste sous forme d’un casque squameux débordant la lisière avec un érythème net et des cheveux intacts
Les alopécies cicatricielles (post traumatiques)
Les pseudos pelades (lupus érythémateux disséminé, lichen plan, sarcoïdose, sclérodermie localisée…)
Les folliculites bactériennes, lorsqu’il s’agit d’un kérion.
LE DIAGNOSTIC MYCOLOGIQUE
Il comporte 3 trois étapes : l’examen macroscopique, l’examen microscopique et l’examen après culture.
Examen macroscopique des lésions en lumière de Wood
L’examen en lumière de Wood (UV) est d’une utilité relative [17]. Devant une suspicion de teigne du cuir chevelu, un examen en lumière de Wood doit être réalisé dans une pièce où l’obscurité est totale. Ses résultats sont variables et dépendent de l’expérience de l’opérateur [3, 36, 37]. Une fluorescence faussement positive peut s’observer en présence de topiques médicamenteux ou de crèmes capillaires. Une fluorescence bleu verdâtre, en l’absence de signes inflammatoires, doit faire évoquer une teigne à Microsporum langeronii [15, 36]. L’absence de fluorescence est de règle pour les Trichophytons [15].
Les objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques sont de:
Déterminer le profil épidémiologique des teignes du cuir chevelu chez l’adulte
Préciser les formes cliniques de teignes du cuir chevelu chez l’adulte
Identifier les espèces responsables de teignes du cuir chevelu chez l’adulte
Déterminer les facteurs de risque associés à la teigne du cuir chevelu chez l’adulte
Matériels et méthodes
Cadre d’étude
L’étude était réalisée dans les services de Dermatologie de l’Institut d’Hygiène Social de Dakar et de l’Hôpital Aristide Le Dantec, des Maladies Infectieuses de l’Hôpital FANN, aux consultations dermatologiques de l’hôpital militaire de Ouakam, du centre de santé Philippe Maguilène Senghor de Yoff, et dans les Laboratoires de Mycologie de Dantec et de FANN.
Type et période d’étude
Il s’agit d’une étude descriptive et analytique, effectuée sur une période de 9 mois, du 15 Décembre 2015 au 15 septembre 2016.
Population d’étude
Notre étude portait sur tous les adultes consultant aux services de dermatologie des Hôpitaux Aristide Le Dantec, IHS, Maladies infectieuses de Fann, Phillipe Maguilène Senghor, Ouakam, chez qui le prélèvement était réalisé aux Laboratoires de Mycologie de Le Dantec et de FANN.
Définition de cas
Etait considéré comme cas, tout adulte présentant des plaques et/ou des squames au cuir chevelu alopéciantes ou non avec examen mycologique positif à l’état frais et/ou à la culture. .
Critères d’inclusion
Etait inclus, tout patient âgé de plus de 18 ans qui présente une teigne du cuir chevelu avec une confirmation mycologique.
Critères de non Inclusion
Les critères de non inclusion étaient :
Un examen mycologique négatif ;
Un refus de participer à l’étude ;
La perte de vue.
Recueil et collecte des variables étudiées
Les données des patients étaient recueillies grâce à un questionnaire préétabli et standardisé. Etaient collectées :
Les données sociodémographiques (l’âge, le sexe, la profession, l’adresse, l’origine géographique…)
Les données de l’enquête cosmétologique
Les données cliniques (les signes fonctionnels, les lésions élémentaires au cuir chevelu, leur mode de regroupement et leur topographie, les signes associés…), les autres pathologies intercurrentes
Les résultats de l’examen mycologique (examen direct microscopique, examen macroscopique et microscopique après la culture).
Le traitement prescrit (molécule, posologie, durée du traitement)
Et l’évolution clinique des patients
Répartition selon le terrain
Répartition des cas selon l’existence d’une immunodépression
Une immunodépression était retrouvée dans 17,3%(n=21) des cas. Les états d’immunodépression retrouvés étaient les suivants : les connectivites, le diabète et la corticothérapie au long cours.
Une connectivite était notée dans 42,8% (n=9) des cas. Chez les 2 patients, la teigne du cuir chevelu était la circonstance de découverte de la connectivite. Un diabète était retrouvé dans 52,4% (n=11) des cas. La teigne du cuir chevelu était la circonstance de découverte du diabète dans 24%(n=5) des cas. La figure 5 montre la répartition des cas selon le type d’immunodépression.
La sérologie HIV était négative chez les 77 patients (63,6%) chez qui elle a été recherchée. Concernant la corticothérapie au long cours, elle était notée dans 7 cas de connectivite et un cas d’amygdalite chronique.
Etude Analytique
Pour l’étude analytique, il existait une relation statistiquement significative (p=0,001) entre la localisation des plaques et l’âge des patients. En effet les femmes âgées de plus de 38 ans ont plus de chance de développer des formes diffuses. De même, la forme diffuse était plus fréquente chez les femmes que chez les hommes avec un p=0,004 statistiquement significatif. (Tableau XXI).
Nous avions retrouvé une relation statistiquement significative entre la négativité de l’examen à la lumière de Wood et le trichophyton, avec un p=0,000002. De la même manière, la relation était statistiquement significative (p=0,01) entre la positivité de la culture et la négativité de l’’examen à la lumière Wood. Ailleurs, nous n’avions pas retrouvé de relation statistiquement significative entre les variables. (Tableau XXII, XXIII).
Représentativité et Limites
Nous avons recruté nos patients dans 5 structures sanitaires de Dakar, parmi lesquelles figurent les 2 centres de références de prise en charge dermatologique du Sénégal. Durant notre période d’étude, le nombre de malades ayant consulté dans ces deux centres s’élevait à 5437 malades pour le Service de Dermatologie de Le Dantec et à 9182 malades pour le Service d’IHS.
Les limites de notre étude sont l’irrégularité ou l’absence de recueil dans certains sites de recrutement et l’impossibilité d’effectuer un prélèvement mycologique pour certains patients. En partie, les croyances locales pourraient jouer aussi un rôle, car elles font que les malades préfèrent consulter, en premier, les tradipraticiens ou les salons de coiffure. L’absence de recrutement dans certains sites serait liée, en partie, au cout de l’examen.
Validité
La validité interne de notre étude s’appuie, d’une part sur la relation entre la négativité de l’examen à la lumière de Wood et la positivité des dermatophytes du genre trichophyton, d’autre part, sur la relation entre la positivité de la culture et la négativité de l’’examen à la lumière Wood. Pour le premier lien, il s’explique par le fait qu’une fluorescence verdâtre s’observe lors d’une teigne à Microsporum langeronii [16]. Concernant le lien entre la positivité de la culture et la négativité de l’’examen à la lumière Wood, il est dû au fait que le trichophyton est l’espèce isolée dans 74,3% des cultures positives.
Pour la validité externe, la prédominance féminine, rapportée dans la littérature, est retrouvée dans notre étude. De même, dans notre étude, les espèces prédominantes (T.soudanens et M.audouinii) sont les mêmes que ce qui est rapporté dans la littérature africaine.
Aspects épidémiologiques
Sur une période de 9 mois, nous avons recensé 205 cas et inclut 121 cas de teigne du cuir chevelu représentant en moyenne 0,62 % des consultations au Service de Dermatologie de l’HALD et de 0,90% à l’IHS. Ces fréquences sont similaires au 0,63% retrouvé par Ndiaye et al [48], dans une étude réalisée au service de Dermatologie de Le Dantec, en 1998, sur une période de 4 ans.
Au Sénégal, entre 2008 et 2013, l’incidence des teignes du cuir chevelu a baissé avec une incidence maximale de 46,82 % en 2009 et minimale de 22,02 % en 2013 [47].
En Tunisie, l’incidence de teigne du cuir chevelu, dans la région du Centre tunisien et dans d’autres régions du pays, a connu une baisse progressive au cours des 26 dernières années, passant de près de 800 cas au début des années 1980 à 90 cas en 2008[51]. Cette même baisse est observée dans les autres pays maghrébins comme le Maroc [24]. Ceci peut être attribué à l’amélioration des conditions d’hygiène de la population et à la plus grande facilité d’accès aux structures de soins au moindre signe suspect.
Par contre, en Europe, cette fréquence est de plus en plus importante du fait de l’augmentation du nombre de cas dus aux souches anthropophiles. Dans l’étude de Foulet et al, elle est de 87%. Cette augmentation s’explique par les vagues d’immigration que connaissent les capitales européennes [29].
Le sex-ratio de 0,09, retrouvé dans notre étude, concorde avec celui de Ndiaye et al [48]. Par contre, d’autres études réalisées par Ndiaye et al en 2009 [46] et Ndiaye et al en 2015 [47], au Service de Mycologie de Le Dantec, avaient montré des valeurs supérieures à la nôtre, soit respectivement 0,56 et de 0,21. Au Maroc, Elmaataoui et al, avaient noté un sex-ratio de 0,25 [24]. Quant à Mebazaa et al [40], Françoise Foulet et al [29] et Saghrouni et al [51], ils avaient retrouvé un sex-ratio supérieur au nôtre, soit respectivement 0,4, 0,43 et 0,5. Cette prédominance féminine pourrait s’expliquer, d’une part, par les fréquentations des salons de coiffure, mais aussi la pratique de la dépigmentation artificielle aux dermocorticoïdes, et d’autre part, par la profession ménagère qui augmente le risque de contamination par les enfants teigneux et par les objets souillés [54]. Dans notre étude, la moyenne d’âge des patients était de 36,12 ans avec des extrêmes de 19 ans et 70 ans. Au Sénégal, Ndiaye.M et al [48] avaient trouvé une moyenne d’âge de 32,9 ans, qui est quasi similaire à la nôtre. Au Maroc, les mêmes valeurs étaient retrouvées par Mebazaa et al [40] et Saghrouni et al [51]. Quant à Elmaataoui et al [24], ils avaient retrouvé une moyenne d’âge légèrement plus élevée (40,9 ans).
Cependant, notre série montre que la teigne du cuir chevelu est plus fréquente chez les adultes âgés de 19 à 38 ans, qui représentaient 64,4% des cas. Pour cette tranche d’âge, les 80,2% rapportés par Ndiaye.M et al [48] sont largement supérieurs aux nôtre. Mais, nos résultats sont proches de ceux de Ndiaye. D et al [46], qui avaient noté une fréquence de 48,2% pour la même tranche d’âge. Ces résultats montrent que, dans notre contexte, les adultes jeunes sont les plus atteints. Contrairement à ces données de la littérature Africaine, les publications européennes et américaines montrent que les teignes de l’adulte s’observent plus fréquemment chez les femmes âgées et ménopausées. Ce fait est rapporté par Ilona et al [33], en 1994, Matthew et al [39], en 1993, et Vannini et al [53], en 1996. La sécrétion de sébum, considérée comme facteur de protection de l’adulte contre les teignes du cuir chevelu, de même que les hormones sexuelles pourraient expliquer les résultats observés dans la littérature occidentale. En Afrique subsaharienne, l’atteinte plus fréquente chez les jeunes adultes serait due, en partie, aux pratiques cosmétiques [29, 40, 45].
Notre travail montre que les patients d’origine urbaine sont plus représentés, avec une fréquence de 82,6% que ceux d’origine rurale. Ce qui est en discordance avec les données de la littérature. Au Maroc, la fréquence de 65% retrouvée par Sara Fejry et al [25] est en deçà de la nôtre. Cette discordance est renforcée par les données d’autres auteurs comme Mebazaa [40] et Vignie [54] qui avaient retrouvé 80%. Ces fréquences ne reflètent pas la véritable répartition des teignes, car la majorité des patients consultés et adressés aux laboratoires sont d’origine urbaine et que les patients d’origine rurale n’ont pas, souvent, les moyens d’accéder à ces soins.
Dans notre étude, presque la moitié de nos patients étaient des wolofs. Ils représentaient les 48,8% des cas. Cette prédominance des wolofs a été aussi trouvée par Ndiaye et [48]. Ces résultats s’expliqueraient par le fait que les wolofs sont majoritaires à Dakar.
Dans notre série 64,7% étaient sans profession. Les femmes au foyer étaient prédominantes avec 51% des cas. Ce qui pourrait toujours être expliqué par un contact permanant des femmes avec les enfants mais aussi une contamination par l’usage d’objets souillés dans les salons de coiffure. Par ailleurs nous n’avons pas de lutteurs, ni de jardiniers, ni de vétérinaires.
La majorité de nos patients, soit 72,8%, avaient un niveau socio-économique bas. Les mêmes résultats sont rapportés dans la littérature où les teignes du cuir chevelu se voient préférentiellement dans les classes sociales les plus défavorisées [36,54]. Le manque d’hygiène et la promiscuité, favorisant la dissémination des champignons, pourraient l’expliquer.
Aspects cliniques
Chez la quasi-totalité de nos patients le délai d’évolution était précisé. Il était de 0 à 2 ans dans la majorité (65,6%) des cas. Dans l’étude de Ndiaye [48], la majorité des patients (78,5%) avait un délai plus court allant de 0 à 1 an. La pauvreté des signes cliniques des teignes du cuir chevelu chez les femmes, se traduisant souvent par un simple état pelliculaire, entrainerait cette négligence [28,52]. Par contre, chez 4 patientes (3,3%) de notre série, la teigne a commencé depuis l’enfance. Dans l’étude de Ndiaye [48], deux patients de sexe féminin présentaient une teigne évoluant depuis l’enfance. Nos résultats sont en contradiction avec ceux de l’étude de Badillet [7], sur des jeunes immigrés d’Afrique Noire, où la majorité des teignes de la femme adulte évoluait depuis l’enfance. Ceci confirme la longue durée d’évolution des TCC.
Presque la moitié de nos patients avait déjà consulté ailleurs, soit 51,2%. Quant à la majorité de ces patients, elle avait consulté durant les deux dernières années (83,9%).
Cependant, le traitement traditionnel était le premier recours avant l’inclusion, chez 62,3%.
Plus de la moitié des patients (60,3%) avaient des cas similaires dans leur famille. Ces résultats concordent avec ceux de Ndiaye et al [48] et Foulet et al [29], qui avaient retrouvé une fréquence de cas similaires dans la famille, respectivement à 65,6% et 60 %. Ces résultats seraient dus à la possibilité d’un portage sain chez les adultes, ce qui pourrait entrainer l’entretien de l’infection au sein de la famille.
Dans notre étude bien que 46,7% des patients fréquentaient les salons de coiffure, toutes les femmes se tressaient. Chez les hommes, la moitié se rasait dans les salons de coiffure. Parmi ceux qui se coiffaient dans les salons, 68,4% s’y rendaient plus de 5 fois/an. Dans leur étude, faite en Côte d’Ivoire, Adou-bryn et al [2] avait trouvé que la fréquentation du coiffeur public est un facteur de survenue de teigne.
Comme l’ont montré plusieurs auteurs [2,29,40], la transmission interhumaine des dermatophytes est souvent liée aux habitudes de coiffures traditionnelles, qu’elles soient réalisées dans la famille ou chez les coiffeurs spécialisés. Et chez les hommes, la tondeuse est considérée comme l’objet responsable de la contamination. Dans l’étude d’Adou-bryn et al, la tondeuse donne 45,5fois plus de chance de contracter la teigne que la paire de ciseaux [2].
Chez les patients qui fréquentaient les salons, 30% avaient effectué un traitement sans satisfaction. Ce qui signifie que les salons de coiffure constituent aussi un lieu de consultation en cas de pathologie pilaire.
Dans notre étude, la dépigmentation était retrouvée exclusivement chez les femmes, soit 64% des cas. Dans l’étude de Ndiaye al [48], cette pratique était plus fréquente avec 73,33 %. Ces données rejoignent celles qui sont rapportées par la littérature européenne et américaines [33, 36, 41]. D’après ces études, l’application de dermocorticoïdes semble jouer un rôle déclenchant ou révélateur de teigne du cuir chevelu. Cependant, dans l’étude de Ndiaye et al [48], l’utilisation de dermocorticoïdes seuls était plus importante, avec une fréquence de 81,8%, contre 9,9% dans notre série. Ce qui signifierait que la dépigmentation aux dermocorticoïdes est de plus en plus abandonnée dans nos régions. Ceci grâce à une bonne conscientisation des femmes aux complications de la dépigmentation artificielle.
|
Table des matières
PREMIERE PARTIE : Revue de la littérature
I. GENERALITES.
I.1. Rappel
I.1.1. Le cuir chevelu
I.1.2. L’agent pathogène
I.2. Physiopathologie
I.3. Les facteurs favorisants
I.3.1. L’hôte
I.3.2. L’environnement
II. LES FORMES CLINIQUES
II.1. Les teignes tondantes
II.1.1. Les teignes tondantes microsporiques
II.1.2. Les teignes tondantes trichophytiques
II.2. Le kérion
II.3. Les teignes faviques
II.4. Les autres formes de teignes du cuir chevelu
II.5. Le diagnostic différentiel
III. LE DIAGNOSTIC MYCOLOGIQUE
III.1. Examen macroscopique des lésions en lumière de Wood
III.2. Examen direct au microscope
III.3. Examen après culture
IV. LE DIAGNOSTIC HISTOLOGIQUE
V. LA BIOLOGIE MOLECULAIRE
VI. LE TRAITEMENT
VI.1. But
VI.2. Moyens
VI.3. Indications
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I. METHODOLOGIE
I.1. Objectifs de l’étude
I.1.1. L’objectif principal
I.1.2. Les objectifs spécifiques
I.2. Matériels et méthodes
I.2.1. Cadre d’étude
I.2.2. Type et période d’étude
I.2.3. Population d’étude
I.2.4. Définition de cas
I.2.5. Critères d’inclusion
I.2.6. Critères de non Inclusion
I.2.7. Recueil et collecte des variables étudiées
I.2.8. Ethique
I.2.9. Analyse statistique
II. RESULTATS
II.1. Etude descriptive
II.1.1. Aspects épidémiologiques
II.1.1.1. La répartition des patients selon le lieu de recrutement
II.1.1.2. La répartition des cas selon les caractéristiques sociodémographiques
II.1.1.2.1. Répartition selon l’âge
II.1.1.2.2. La répartition selon le sexe, l’origine géographique et l’ethnie
II.1.1.2.3. La répartition des cas de teigne du cuir chevelu selon la profession et le niveau socioéconomique
II.1.2. Les Aspects cliniques
II.1.2.1. Répartition des cas selon la durée d’évolution des symptômes en an
II.1.2.2. Répartition selon le délai entre la 1ère consultation et l’inclusion
II.1.2.3. Répartition selon le lieu de la 1ère consultation, le traitement reçu et l’existence de cas similaire dans la famille
II.1.2.4. Répartition des patients selon les habitudes cosmétiques et la fréquentation des salons de coiffure
II.1.2.5. Répartition selon la pratique de la dépigmentation artificielle et les produits utilisés
II.1.2.6. Répartition selon le terrain
II.1.2.6.1. Répartition des cas selon l’existence d’une immunodépression
II.1.2.6.2. Répartition selon l’existence d’un contact avec des animaux
II.1.2.7. Répartition selon les signes fonctionnels
II.1.2.8. Répartition selon les signes physiques
II.1.2.8.1. Répartition selon les lésions élémentaires
II.1.2.8.2. Répartition selon la topographie des lésions
II.1.2.9. Répartition selon les autres affections cutanées et terrains pathologiques associés.
II.1.3. Les aspects paracliniques
II.1.3.1. Répartition selon les résultats de l’examen mycologique
II.1.3.2. Répartition selon les agents pathogènes retrouvés après la culture
II.1.4. Les aspects thérapeutiques
II.1.4.1. Répartition selon les molécules utilisées et leur voie d’administration
II.1.5. Répartition selon l’évolution clinique
II.2. Etude Analytique
III. DISCUSSION
III.1. Représentativité et Limites
III.2. Validité
III.3. Aspects épidémiologiques
III.4. Aspects cliniques
III.5. Les aspects paracliniques
III.6. Les aspects thérapeutiques
III.7. Aspects évolutifs
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES
Télécharger le rapport complet